Chapitre 21

LILY

Kyle m'a emmenée dans la fourgonnette noire, il a ouvert les portes arrière et m'a jetée à l'intérieur. Il est entré à son tour et a commencé à fouiller dans une boite posée sur le sol. Je suis vraiment en rogne contre Riley, il n'avait qu'une mission, une seule. S'il ne s'était pas endormi, il aurait vu que du monde arrivait, un convoi de trois voitures, ça n'est pas rien. Il aurait pu démarrer et au moins tenter de les semer. Là, nous étions piégés, encerclés et nous n'avions pas d'autre choix que de coopérer.

Kyle a l'air de m'en vouloir, ce qui est assez paradoxal, il était mon bourreau et m'a avoué qu'il me soutenait parce qu'il n'était pas d'accord avec les règles du groupe. Je me suis enfuie, ce qui est totalement normal, et je lui ai épargné sa vie alors que Riley allait lui tirer dessus. Il n'a pas besoin de se montrer aussi froid, j'ai presque l'impression d'avoir affaire à un clone de Jordan. Il farfouille toujours dans sa boite, tandis que je suis assise sur le sol, depuis qu'il m'a poussée à l'intérieur du véhicule. Il trouve une cordelette et m'attrape le bras pour me lever avec une force phénoménale. Il ne se préoccupe visiblement plus de me faire mal et ce n'est pas pour faire semblant, nous ne sommes que tous les deux à l'arrière de la fourgonnette. Il me pousse sur l'un des sièges et s'accroupit devant moi, m'attrape les poignets puis me lie les mains, un peu trop fort. Il ne me parle pas et son regard ne croise le mien à aucun moment. Je scrute son visage et remarque qu'il a une marque rouge au niveau de la pommette, il a dû se faire punir à cause de moi.

Une fois qu'il m'a bien ligotée, Kyle s'assied sur un siège en face du mien, mais son regard est dirigé vers la fenêtre. Le véhicule s'active, nous démarrons. Je suis étonnée qu'ils ne m'aient ni assommée ni bandé les yeux, ils doivent probablement se dire que de toute façon j'ai déjà bien vu où se trouvait leur endroit. La route n'a pas duré longtemps, le paysage a défilé à une vitesse impressionnante, on dirait qu'ils n'ont pas de limitations de vitesse ici. Lorsque la voiture s'immobilise, Kyle se lève et m'attrape par le bras, toujours aussi violemment. Je ne dis cependant rien, je ne me plains pas, ce serait inutile. Il ouvre les portes et nous sortons, il fait toujours nuit dehors. Je constate que les autres véhicules sont également arrivés, je vois aussi que Riley sort de celui qu'il a volé. Lorsqu'il me trouve, il m'adresse un sourire, le genre qui dit « je suis tellement désolé ». Je le fusille du regard. Je sais que ce qui est passé est une erreur humaine, et que ça n'est pas en le détestant que ça arrangera les choses, au contraire, nous devons rester unis, mais quelque part, je suis tellement en colère que je ne peux m'empêcher de lui montrer mon mécontentement.

Jordan sort du véhicule dans lequel j'étais, c'est lui qui conduisait. Toutes les personnes présentes s'en vont en direction du bâtiment dans lequel j'ai été gardée captive, à l'exception de Riley, Jordan, Kyle et moi. Je vois que Riley aussi a été ligoté, il tente de capter mon regard mais moi, je n'en ai pas envie, je suis trop occupée à me demander si je vais mourir aujourd'hui. Je me rends compte que c'est la première fois de ma vie que je me demande si je vais mourir, l'Asile nous maintient en vie, je n'ai aucune raison de mourir. Sauf que je ne suis plus dans l'Asile, j'ai toutes les raisons de mourir.

J'aurais mieux fait de regarder Riley au lieu d'essayer de donner sens à ce qu'il se passe, un mal de tête fulgurant m'assaille, j'ai envie de compresser mes mains dessus mais je ne peux pas, je suis ligotée. Alors je crie, je ne peux même pas m'en empêcher. Je m'agenouille au sol, mais Kyle me tient fermement le bras, ce qui me fait être dans une position très inconfortable mais je n'y peux rien, mon corps est trop lâche, je ne tiens plus debout.

— Qu'est-ce qu'elle fout ? s'énerve Jordan.

— Relève-toi et arrête de crier ! m'ordonne Kyle sur un ton autoritaire.

Ce n'est pas comme si je pouvais me contrôler, ça ne me fait en rien plaisir d'être dans cet état-là.

— Lily, arrête de réfléchir, me dit Riley d'une voix rassurante.

—Toi, tu la fermes ! lui crie Jordan.

Le blond s'avance vers moi et me relève violemment, il me plaque contre la fourgonnette.

— Écoute-moi bien, je ne sais pas à quoi tu joues mais tu vas te calmer tout de suite, me menace-t-il.

— Ma tête..., je me plains.

— Elle a quoi, ta tête ?

— J'ai mal.

— Tu arrêtes ça tout de suite ou je vais te donner une raison d'avoir mal et tu pourras crier, tu auras toutes les raisons de le faire.

— Jordan...

C'est Kyle qui a parlé. Les deux se lancent un regard entendu, comme s'ils avaient une quelconque connexion mentale. Jordan me lâche, attrape Riley à la place et tous deux avancent en direction du bâtiment qui ressemble à un hangar géant. Je me retrouve seule en compagnie de Kyle et nous regardons tous deux au loin. Jordan se retourne et pointe son index et son majeur devant ses yeux plus tourne ce geste en direction de Kyle, pour lui faire comprendre qu'il le surveille puis continue sa route. Kyle secoue la tête et m'attrape le bras. Je me demande comment il a pu changer aussi abruptement, je croyais qu'il faisait semblant mais nous sommes seuls. Il pourrait me parler mais il n'en fait rien, il me tire simplement le bras et nous allons dans la même direction que tous les autres.

Une fois à l'intérieur du hangar, l'ambiance est sombre et glauque, les murs sont anthracites. Il y a plusieurs couloirs qui se croisent, de nombreuses portes, je ne vois cependant plus Jordan et Riley, je me demande où ils sont allés. Quant à Kyle et moi, nous empruntons un couloir et je me retrouve rapidement dans une cellule, j'ai l'impression que c'est la même que celle où j'étais mais au fond, ce n'est peut-être pas le cas s'ils ont plusieurs salles similaires.

Kyle me laisse les mains ligotées et s'en va, sans me prêter plus d'attention. Mon mal de crâne s'est estompé petit à petit mais je suis tellement obstinée que je sens qu'il va revenir d'une minute à l'autre. Je me demande s'ils savent quelque chose, s'ils ont les informations manquantes à ma mémoire. Je n'oserai pas poser la question, ils n'ont pas l'air très enclins au dialogue. Alors je m'adosse à un des murs et ferme les yeux, je n'ai rien à faire d'autre de toute façon, même réfléchir m'est défendu.

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