Chapitre 13
LILY
Durant les deux jours qui sont passés, je suis restée dans ma cellule, je n'ai pas rencontré de nouveau le chef. Je n'ai d'ailleurs pas revu le blond odieux ni sa bande, je n'ai été en contact qu'avec Kyle, qui a été chargé de s'occuper de moi. Il m'a expliqué qu'on le laissait s'occuper des prisonniers comme moi pour l'endurcir, ou quelque chose du genre. Il est venu m'apporter à manger deux fois par jour, il ne me lie plus les mains lorsque je reste dans ma cellule. Il m'a aussi emmenée dans une salle de sanitaires, tout en me bandant les yeux lors de nos trajets. Il m'y mène trois fois par jour, une pour la douche et deux autres réparties dans la journée pour que je puisse aller aux toilettes.
Kyle vient d'entrer dans ma cellule, il n'est pas venu de la journée. J'ai eu le temps de beaucoup réfléchir et je pense que c'est le bon moment. Lors de nos déplacements, je compte le nombre de pas, je fais attention aux directions et à un moment, en allant aux douches, j'ai senti de l'air frais à ma gauche au bout de quatre-vingt pas, puis j'ai entendu une porte claquer et je ne sentais plus l'air. J'en ai déduit qu'une porte menait sur l'extérieur. Le plan est tout prêt dans ma tête, je vais sortir d'ici.
— Tu vas bien ? me demande Kyle.
À chaque fois qu'il vient, il me pose la question. Question que je trouve absolument déplacée étant donné que je suis captive alors non, je ne vais pas bien.
— Oui, je lui réponds tout de même.
— On y va ? me demande-t-il en tendant le bandeau pour que j'approche ma tête.
Un bruit assourdissant retentit et la seconde d'après, le blond est dans ma cellule, l'air vraiment remonté.
— Toi ! hurle-t-il à mon attention.
Il m'attrape violemment à la gorge et me plaque contre l'un des murs et comme il me l'avait confié, Kyle ne fait rien pour l'en empêcher mais je vois tout de même la panique dans son regard.
— Dis-moi la vérité petite conne, dis-moi qui est avec toi ! crie le blond.
— Je ne vois pas de quoi vous...
Ma phrase fut interrompue par une énorme gifle qui me brûle la joue et m'assourdit l'oreille gauche.
— Y'a un gars qui traine dans la forêt, c'est pas l'un des nôtres et il bute mes amis. Tu trainais toi aussi dans la forêt donc tu le connais forcément, dis-moi qui est ce fils de pute !
— Je ne sais pas.
Ses mains se resserrent brutalement sur ma gorge, je tousse un moment, puis l'air se raréfie. Je suis à deux doigts de m'évanouir tant il appuie fort. Il peut me torturer, je ne lâcherai rien, je ne dénoncerai pas Riley. Cependant, je ne suis pas sûre qu'il parle de lui, je ne pense pas qu'il tuerait quelqu'un. Quoique, je ne le connais pas après tout.
— Peut-être qu'elle ne sait vraiment pas, tente Kyle.
— Tu sais quoi, Kyle ? Je pense que ce gars, c'est le même que celui qui t'a tabassé, et c'est son ami. Et toi pendant ce temps-là, tu passes tes journées à t'occuper d'elle comme d'une petite chose fragile, comme d'une putain de princesse !
— On m'a attribué cette tâche je te rappelle, on m'a dit de m'occuper d'elle.
— Ouais mais tu vois Kyle, le problème, c'est que tu la mets trop en confiance parce que t'es bien trop gentil avec elle.
Je vois deux autres personnes arriver dans ma cellule, une blonde et un jeune garçon, qui ressemble d'ailleurs à celui qui m'étrangle, peut-être que c'est son frère.
— Eva, Nick, vous êtes là, annonce mon agresseur en desserrant sa prise sur ma gorge, me permettant de mettre un nom sur ces deux nouveaux visages. Racontez-nous ce que vous avez vu.
— Un jeune brun, il a volé Sam alors qu'il était... mort, annonce Eva.
— Un garçon, jeune, brun, comme ce que décrit Eva, commence Nick. Il m'a dépouillé et après, il a poignardé Trevor. Il l'a tué. Ensuite, il m'a dit de partir et que même si je racontais tout, il serait déjà loin.
Le blond psychopathe fait le tour de la pièce avec l'air de réfléchir, puis s'arrête devant Kyle, un sourire narquois aux lèvres.
— Et toi Kyle, c'est un jeune brun qui t'a agressé ?
— Non. Il avait le crâne rasé et il n'était pas si jeune que ça, ment Kyle.
— Donc tu me dis qu'il y a deux tarés qui sont en cavale ?
— Sûrement. Je n'en sais rien puisque tout ce que je fais de mes journées c'est m'occuper de la prisonnière, vous ne me mettez au courant de rien.
— Tu voudrais participer plus, c'est ça ? lui demande-t-il toujours en souriant. Eva, Nick, vous pouvez nous laissez.
Juste après ces paroles, les deux intéressés s'en vont, nous laissant tous les trois.
— Kyle, continue-t-il, j'ai l'impression que tu t'es attaché à elle. Ce n'est pas ton amie, tu sais.
— Tu racontes n'importe quoi, je viens juste lui apporter la bouffe et je l'emmène aux sanitaires, je ne fais que mon travail.
— Tu sais que ton travail te procure des avantages ? Par exemple, tu peux faire ça...
Le blond s'approche de moi, toujours plaquée au mur, et il s'approche bien trop, comme la dernière fois. Il pose ses mains sur mes hanches et les fait glisser jusque mes fesses. Je tente de le repousser, mais il attrape mes mains et les plaque contre le mur, il appuie tout son corps contre le mien, je ne peux plus bouger ni même me servir de mes jambes pour me défendre. Il pose ses lèvres sur mon cou et l'embrasse, ce qui me donne la nausée, des frissons et une soudaine rage qui me donnerait le courage de le tuer à mains nues si elles étaient libres. Durant toute cette scène, Kyle nous regarde avec une lueur étrange dans les yeux, on dirait qu'il se retient de s'énerver, il a l'air tendu. Je garde mes yeux plantés dans les siens, ça me permet d'oublier ce qui est en train de se passer.
— Jordan, tu devrais peut-être..., commence Kyle.
Je connais enfin le nom du blond, ça sera plus pratique pour moi de le maudire.
— Quoi, Kyle ? C'est pas souvent qu'on a des prisonnières aussi mignonnes. Mais ne t'inquiètes pas, je n'y toucherai pas, je te la laisse, lui dit-il avec un clin d'œil.
Jordan se détache de moi, enfin, et une sensation d'inconfort s'empare de mon corps, je me sens sale. J'aimerais lui sauter dessus et lui faire du mal, même en sachant qu'il prendrait vite le dessus, mais je préfère ne pas faire de vagues, Jordan va s'en aller et Kyle va m'emmener comme prévu aux sanitaires, je vais pouvoir m'enfuir.
— Si tu veux plus de responsabilités, tu vas devoir me montrer ce que t'as dans le ventre et te décoincer. Tu es trop gentil, dit Jordan à Kyle.
— Et qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
Jordan se frotte le menton, il réfléchit.
— Fais-lui du mal.
Kyle semble hésiter, alors Jordan sort un couteau de sa poche et le déplie, menaçant son ami avec. Si je comprends bien, Kyle a plutôt intérêt à lui obéir s'il ne veut pas se faire perforer. Ce dernier s'approche de moi, ce qui décoche un large sourire au blond.
Il se tient tout près de moi, je n'ai aucune idée de ce qu'il compte me faire. Il m'adresse un sourire triste puis, la seconde d'après, son sourire s'évapore pour laisser place à un masque de fer, on croirait qu'il est dépourvu de tout sentiment, qu'il est inexpressif. Ses deux grandes mains s'abattent sur ma gorge déjà bien malmenée, mais je préfère toujours ça que l'infinité d'options qui s'offrait à lui. Il ne serre pas si fort mais je remarque qu'il donne tout pour en donner l'impression. Son regard me crie de jouer le jeu, alors j'agrippe mes doigts à ses mains, le griffant au sang.
— Encore, dit Jordan avec son sourire pervers toujours plaqué aux lèvres.
Kyle ferme les yeux quelques secondes et les rouvre en secouant légèrement la tête. Lorsque son regard croise le mien, il est vide, ses pupilles sont dilatées. D'un coup, il me lâche et fouille dans sa poche, pour en sortir un boitier qu'il me colle sur le ventre. La seconde d'après, une sensation étrange et paralysante s'empare de mon corps, je suis prise de spasmes et je tombe à terre. Je m'évanouis sous le choc et me réveille peu après, en sueur. Je tousse et j'ai l'impression que mon corps est en feu alors que je ne le sens plus. Ce n'est qu'un jeu, c'est pour de faux, je me répète.
Après cette torture, je suis à terre, je m'époumone, les mains posées à plat sur le sol. Des pieds s'approchent de moi, une chaussure s'aventure trop loin et écrase ma main. Je lève la tête, Jordan est au-dessus de moi, il sourit comme s'il était excité par ce qu'il fait, il appuie tellement fort que j'entends mes phalanges craquer. Je n'arrive plus à contenir ma douleur, elle doit s'échapper, alors je hurle.
Il enlève son pied et je garde la tête vers le sol, je n'ai pas la force de la lever et de toute façon, je n'ai pas envie de voir le visage de mes deux bourreaux. J'entends la voix de Jordan retentir :
— Je suis fier de toi Kyle, on va faire une bonne équipe tous les deux.
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