[2] Chapitre 1
LILY
Je crois que je vais vomir. Ça me donne des vertiges.
Je ne peux pas croire ce que j'entends, pourquoi devrions-nous nous battre ? D'accord, il prend juste des mesures au cas où, mais dans quel monde avons-nous atterri ? J'étais déjà choquée par toute la violence à laquelle j'ai assisté étant captive, mais là, le Sergent nous parle de guerre. Je ne sais d'ailleurs pas exactement en quoi cela consiste, dans l'Asile, nous utilisons ce mot quand on se dispute avec quelqu'un, mais rien de bien sérieux. D'ailleurs, contre qui devrons-nous nous battre si ça dégénère ? Dans l'Asile, la paix règne, les gens s'entraident et la violence n'est en aucun cas tolérée. Personne n'a besoin d'être violent étant donné que l'Asile se charge de notre bien-être.
Je jette un œil à Riley qui a l'air aussi perdu que moi. Son regard est dans le vague, il a l'air de réfléchir, ou alors il est totalement sous le cloc. Riley a appris à se battre étant donné qu'il a intégré le programme de Protection et Combat mais moi, je ne sais absolument pas. Ces derniers jours ont été plutôt violents et sanglants, je ne me pensais pas capable d'enfoncer un couteau dans de la chair humaine et pourtant, je l'ai fait. J'ai tué un homme de sang-froid et je devrais être dégoûtée de moi, mais je n'avais pas le temps de réfléchir, il fallait se battre. Et puis, Kyle est mort. Je me sens un peu plus vide maintenant, tous ces cadavres m'ont vidée de mon énergie, de mon esprit. J'aimerais retrouver la vraie moi, celle qui ne s'appelle pas Lily. J'aimerais connaitre la vraie personne que je suis, mon nom, ainsi que ma personnalité. Je veux savoir ce que j'aime, ce qui me terrifie, je veux connaitre mes meilleurs souvenirs. Je sais que la vraie moi ne tue personne.
— Lily ? demande Riley.
— Oui ?
Je sors de ma transe, je n'ai rien entendu de ce qu'il s'est dit. Riley a donné sa réponse ? Il a accepté d'intégrer ce groupe ? Ou a-t-il refusé ? Et moi, que vais-je faire ? Je m'imagine retourner dehors et tenter de survivre parmi les arbres et les fous furieux : non merci.
— C'est d'accord, je vous donne ma parole, je réponds.
Riley me fixe étrangement. Quoi ? Est-ce que j'ai dit une bêtise ? Riley a refusé ?
— On te demandait juste si tu allais bien... t'es toute pâle, on dirait que tu vas vomir, me dit-il.
Alors il n'a pas donné sa réponse et moi, j'ai donné ma parole sur un coup de tête. De toute façon, je ne me vois absolument pas retourner dehors et j'espère que Riley fera le même choix que moi. Il serait vraiment stupide de se mettre ces hommes lourdement armés à dos. Et puis, ils ne nous ont pas manqué de respect pour le moment, ça m'a l'air d'être la bonne alternative. Le Sergent note quelque chose dans un carnet, ma réponse, peut-être.
— Et toi ? demande-t-il à Riley qui a l'air totalement paniqué.
— Oui, c'est d'accord.
Un large sourire se dessine sur le visage du militaire. J'espère qu'il ne nous a pas tendu un piège et qu'on ne va pas regretter ce choix.
— Très bien, dit-il. On va donc vous détacher les mains. Cette journée va être vraiment mouvementée pour vous deux. On va devoir vous faire passer des tests médicaux, on vous fera visiter et on vous présentera aux autres. Vous devrez aussi répondre à quelques questions.
— Et nos questions à nous ? demande Riley. On a besoin de savoir ce qu'il nous est arrivé et Kyle nous a assuré que vous allez nous aider...
— Chaque chose en son temps, répond le Sergent.
— Est-ce qu'on va retrouver notre mémoire ?
— Qu'est-ce que je viens de dire ?
Riley souffle et s'enfonce dans son siège. C'est vrai que le suspense que nous impose le Sergent est agaçant, j'aimerais aussi avoir des réponses maintenant, mais Riley doit apprendre à s'écraser un peu.
— Pour commencer, je vais me présenter. Je suis le Sergent Davis Colton. Vous pouvez m'appeler Colton ou Sergent, c'est comme vous voulez. Je suis le dirigeant de cet endroit mais ne vous en faites pas, je n'ai pas pris la grosse tête.
Il a joint un clin d'œil à sa parole, je ris nerveusement. Il a l'air à la fois strict et amical, c'est assez déstabilisant. Je me demande comment il peut faire figure d'autorité. J'ai voulu le comparer au dirigeant de l'Asile mais je me rends tout juste compte que je ne sais rien de lui, ou elle. Je ne me souviens de rien à ce propos.
— Je suis l'autorité supérieure de cet endroit, le seul à qui vous devez obéir. J'ai des hommes que j'ai nommés sous-chefs, je vous les présenterai. Ils pourront vous demander certaines choses de ma part. Sinon, vous n'avez à obéir à personne d'autre qu'eux et moi.
Maintenant qu'il mentionne la présence d'autres personnes, je me demande combien de gens vivent ici, s'ils sont sympathiques, s'il y a des enfants ou des jeunes comme nous. Je me demande aussi pourquoi Colton se fait appeler Sergent, a-t-il été sergent où est-ce pour se donner une certaine prestance ?
— Comme je vous l'ai dit, il y a plusieurs règles ici mais vous les connaitrez temps voulu. Vous devez retenir que chacun doit respecter les autres, pas de vol, pas d'agression, pas d'esclandre. C'est tout ce que je vous demande, après, vous faites ce que vous voulez. Compris ?
— Compris, je réponds.
Riley hoche la tête, il a l'air de bouder parce qu'il n'a pas eu ses réponses quand il le désirait. Je le comprends, mais plus nous coopérerons et plus vite ce moment arrivera.
— Bien. Maintenant, passons aux choses sérieuses. Vous n'allez évidemment pas rester là les mains dans les poches, vous allez devoir travailler. Vous verrez les différents boulots à faire ici et vous obtiendrez celui qui se rapproche le plus de vos compétences. Le mieux est que vous fassiez quelque chose dans lequel vous êtes doués, on n'a pas le temps de former tout le monde.
— Et on y gagne quoi ? demande Riley.
Le Sergent rit.
— Il y a tout à gagner, mon garçon. Nous travaillons dans l'intérêt commun, si personne ne travaillait, personne ne vivrait. Alors considère que ta paie sera de manger et de vivre, ce qui est une très bonne chose si tu veux mon avis.
Colton fouille dans sa poche et en sort un trousseau de clefs. Il nous fait signe de tendre nos mains et je m'exécute sans attendre, je n'attendais plus que ça, la libération de mes poignets meurtris par le métal froid, aiguisé et trop serré. Une fois mes mains libres, je fais tourner mes articulations, ça fait du bien d'être libre. Il libère également Riley.
— Maintenant, vous allez tous les deux être soumis à un interrogatoire séparément. Je vous demande de leur dire toute la vérité et de ne rien leur cacher.
— Pourquoi ? je demande.
— Pour tout savoir de vous. On ne peut pas se permettre d'accueillir n'importe qui. Vous avez l'air fort sympathiques mais on doit quand même savoir à qui on a affaire. Rien ne vous empêche de mentir, mais je me suis engagé à vous offrir une totale transparence à propos de nous, alors je vous demande de faire de même.
— Qui nous dit que vous n'allez pas nous la faire à l'envers ? demande Riley.
Même si je le trouve agressif, je dois bien avouer qu'il pose les bonnes questions.
— C'est vrai quoi, continue Riley. On doit vous obéir et faire tout ce que vous nous demandez mais nous, on ne sait rien de vous, ni de ce qu'il se passe.
— Je comprends ce que tu ressens. Tu as peur de donner ta confiance à n'importe qui et tu as bien raison. Mais je t'assure que vous n'avez rien à craindre. Je vous promets — pour ce que ça vaut — que vous aurez toutes les réponses à vos questions très vite. Alors, c'est bon pour vous deux ? Je peux toujours vous laisser partir, ça ne tient qu'à vous.
— Non c'est bon, je réponds. N'est-ce pas Riley ?
Il me regarde de travers, Riley n'aime pas l'autorité et il aime le faire savoir.
— Oui, répond-il finalement.
— Parfait.
Colton s'empare d'un talkie-walkie et appuie sur un bouton.
— Ils sont prêts.
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