Chapitre 51

Croiser les aiguilles, enrouler la laine, passer dans la boucle et glisser la maille. Le cliquetis des aiguilles résonnait dans toute la maison dans un rythme de plus en plus régulier. À force de s'exercer, Émilia avait pris le coup de main et voyait avec fierté son travail prendre forme.

Cela faisait plusieurs heures maintenant qu'elle s'évertuait à tricoter des petits chaussons comme le lui avait montré Sophie. Elle tenait absolument à tricoter elle-même les premiers vêtements de son enfant et que tout soit prêt pour son arrivée. C'était sa manière à elle de lui souhaiter la bienvenue dans ce monde, elle qui la première l'avait rejeté.

Installé dans la cuisine, Rayn fredonnait une comptine pour enfant qui s'adaptait plutôt bien à la cadence des mains de l'apprentie tricoteuse. Une habitude qu'il avait prise ces derniers temps et qui ne collait pas à l'image que le soldat renvoyait naturellement. Par son côté romantique et paternel, il avait réussi à la séduire une nouvelle fois, ce qu'elle se garda bien de lui révéler.

La comptine qui emplissait l'espace, Émilia ne la connaissait pas avant de l'entendre quelques jours plus tôt. Selon lui, c'était sa mère qui la lui chantait lorsqu'il était malade. Un des rares gestes d'amour dont lui avait témoigné cette femme superficielle qui manquait cruellement d'instinct maternel.

— Oh ? Tu aimes le son de la voix de papa, Daraen ?

— Il a bougé ?

Amusée par la surprise qu'elle avait perçue dans sa voix, Émilia se tourna vers Rayn et lui fit signe de la rejoindre au coin du feu, un petit sourire étirant ses lèvres.

Lorsqu'il posa une main sur le ventre de son amante, il sursauta. Il pouvait sentir les petits pieds de leur enfant cogner énergiquement sous le nombril. Dansait-il ou cherchait-il à sortir au plus vite ? Les futurs parents s'amusaient à deviner ce que pouvait bien ressentir cet être si fragile.

— Quel impatient. C'est qu'il sera un vrai petit guerrier notre Daryon.

Les deux jeunes gens se mesurèrent du regard avant de sourire et de s'embrasser. Ils appréciaient plus que tout ces moments où ils pouvaient se témoigner leur amour sans avoir à s'inquiéter d'être surpris.

Les mains baladeuses de Rayn glissèrent le long de la chevelure d'Émilia, s'attardèrent sur ses épaules avant de descendre jusqu'à la poitrine de sa belle, si ferme, si belle...

— Bas les pattes, s'amusa-t-elle en frappant le dessus de ses mains.

Et surtout à laquelle il n'avait pas le droit de toucher.

Dieux ! ce qu'il avait envie d'en profiter. Il aimait beaucoup ses petits seins mais il restait un homme et voir ainsi cette poitrine généreuse, gonflée par le lait maternel, juste sous yeux et ne pouvoir s'en délecter... Une véritable torture.

Elle rit de plus belle en croisant le regard faussement triste de son compagnon et l'embrassa une fois de plus, accentuant leur baiser.

Les jours étaient vite passés et ils avaient fini par s'acclimater à ce cocon moelleux plein d'amour et de liberté auquel ils n'auraient jamais cru pouvoir un jour goûter. Ils savaient que les jours continueraient ainsi, loin de tous les tracas du reste du monde, et que rien ne pourrait venir entacher leur bonheur.

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