Chapitre 25

Daraen avait profité que toute l'attention soit rivée vers les exploits de sa fiancée pour filer. S'il pouvait encore entendre les détonations de la chasse et les acclamations qui les suivaient, il était soulagé de ne plus participer à cette boucherie. Il préférait et de loin le charme de la nature dans toute sa splendeur, loin des hommes et de leurs insatiables désirs de possession et de destruction.

Alors qu'il s'aventurait plus profondément dans une partie de la forêt qu'il ne connaissait pas, laissant son cheval décider de leur destination, une goutte vint s'écraser sur sa main, puis une seconde, et il leva les yeux vers le ciel. De gros nuages d'orage avaient pris possession des cieux, dissimulant le soleil à sa vue, et une pluie battante s'abattit sur la région.

Rapidement, un brouillard dense prit possession des lieux, transformant la forêt en un monde d'épais coton blanc où plus rien ne filtrait, excepté le son régulier de la pluie.

Daraen mit pied à terre et caressa le chanfrein de sa monture pour la rassurer, la laissant mordiller du bout des lèvres quelques mèches de ses cheveux.

— Il est temps de rentrer, mon grand, lui chuchota-t-il tout bas en posant son front contre celui de l'animal. Tu n'auras pas peur, hein ?

L'étalon était encore jeune et Daraen avait eu peu d'occasions de l'emmener explorer le monde extérieur. L'orage était une première pour lui et le mouvement incessant de ses oreilles témoignait du grand stress auquel l'animal était sujet.

— Tout va bien. Je suis avec toi.

Alors que la bête semblait encline à s'apaiser, la détonation retentit, si proche que Daraen aurait pu croire que le chasseur se tenait juste à côté de lui. Le garçon n'eut pas le temps de se protéger. L'étalon se cabra, surplombant son cavalier de toute sa hauteur.

La dernière chose qu'il vit fut les sabots qui s'abattaient sur lui.

La douleur, la pluie ou le froid, peut-être bien les trois, le tirèrent des ténèbres qui l'enveloppaient. Il fixa longuement le ciel, à la recherche de réponses pour dénouer les entrelacs chaotiques de sa mémoire. Une douleur aiguë lui vrilla la tête et il porta une main mal assurée à son front sur lequel il restait des traces de sang.

Petit à petit, ses pensées se remirent en place. L'orage, le cheval, le coup de feu... Depuis combien de temps était-il inconscient ? Impossible de savoir sans le soleil, toujours porté disparu. Tout comme son cheval qui avait dû détaler après s'être emballé. Il pouvait tout de même supposer sans trop se tromper qu'une bonne heure s'était écoulée.

Une fois parvenu à se redresser sans avoir l'impression d'être sur une caravelle en pleine tempête, il observa autour de lui. Une entreprise bien inutile, cela dit. C'est tout juste s'il parvenait à voir ses mains une fois les bras tendus.

— Bon, lança-t-il dans le vide pour se donner du cœur à l'ouvrage une fois stable sur ses deux jambes. La chasse doit être terminée et, connaissant les nobles, ils ont dû retourner au château sans moi. Autant chercher un abri jusqu'à ce que la pluie se calme.

C'était la première fois qu'il se retrouvait dans pareille situation et le calme avec lequel il y faisait face le surprit.

Ses pas, bien qu'incertains, le menèrent jusqu'à un abri de chasseur laissé à l'abandon. Par chance, du bois sec était encore entassé dans un coin de la masure. Il ne fallut que quelques minutes à Daraen pour allumer un bon feu devant lequel il se planta dans l'espoir de se réchauffer.

Sous les douces caresses du feu, il pouvait sentir sa peau tirailler. Elle était si froide qu'un rien était devenu douloureux. Il préférait cependant souffrir de la chaleur que se laisser mourir de froid à petit feu.

Il resta ainsi un long moment, à regarder les langues de feu claquer dans la cheminée, les braises crépitant comme des flocons de neige incandescents. Depuis combien d'années n'avait-il pu s'abandonner ainsi à pareille oisiveté ? Les jours se suivaient sans lui laisser le temps d'y penser mais, maintenant qu'il profitait de ce trop rare repos, il réalisait les années sacrifiées.

Il éternua et ses pensées dérivèrent vers ses vêtements détrempés. Il n'avait pas le choix. Ses doigts s'agrippèrent aux pans de sa chemise qu'il ôta prestement avant de la laisser tomber à ses pieds. Il s'apprêtait à enlever ses braies lorsque la porte du logis s'ouvrit en grand.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top