Chapitre 24

— Je vous confie Evelyn, Mon oncle.

— Où comptes-tu aller par ce temps ? l'interpella Durkhem alors qu'il était déjà remonté en selle.

— Retrouver Sa Majesté, bien évidemment.

Il n'en aurait tenu qu'à lui, Rayn se serait lancé à sa recherche dès sa disparition constatée. Seulement voilà, ces nobles impotents avaient ordonné qu'on les mette avant toute chose en lieu sûr. Privés de la seule autorité supérieure à la leur, les gardes furent dans l'obligation d'obéir et les raccompagnèrent jusqu'au château.

Ce qui n'avait demandé qu'une petite heure à l'aller s'était transformé en interminable traversée du désert. La pluie rendait le chemin particulièrement glissant pour les chevaux et le brouillard empêchait d'avancer rapidement. Lorsqu'ils avaient enfin atteint les grandes portes du palais, ils étaient épuisés et frigorifiés. Des gardes s'étaient précipités pour les escorter jusqu'à l'entrée la plus proche où les attendaient déjà des domestiques, les bras chargés de serviettes préalablement chauffées à la brique.

Rayn avait accepté la sienne avec gratitude mais c'est tout juste s'il s'était essuyé avant de s'en séparer. À quoi bon se sécher alors qu'il serait de nouveau trempé jusqu'aux os sous peu ? Il avait tout de même attendu l'arrivée de Durkhem avant de disparaître sous un rideau de pluie.

À cause de ce détour, il fut obligé de braver la tempête une fois de plus.

Il ignora comment mais il parvint tant bien que mal à retourner à la clairière où s'était déroulée la partie de chasse. Avançant en terrain inconnu, il préféra descendre de sa monture et poursuivre à pieds.

Le son de la pluie couvrait tout autre bruit, le plongeant dans un monde insoupçonné. À l'intérieur de ce monde, il perdait tous les repères qu'on lui avait inculqués enfant et qu'il s'était forgés une fois parti de la demeure familiale. Il ne pouvait plus se fier qu'à ses instincts les plus primaires.

Il trébucha plusieurs fois, s'accrochant à des branches basses ou butant contre un rocher. Finalement, son choix de poursuivre à pieds s'avéra plus que judicieux lorsque, incapable de voir où il mettait les pieds, il dévala une pente raide. Il eut toutefois la présence d'esprit de lâcher la bride de son cheval avant de l'entraîner avec lui dans sa chute.

Le dos en bouillie, il tenta de se redresser et dut s'asseoir une minute. La tête lui tournait. Elle avait dû heurter quelque chose durant la descente. Devant son œil, un liquide chaud et épais brouilla sa vue et englua sa paupière. Pour la première fois depuis qu'elle avait commencé à tomber, il accueillit la pluie comme une amie et offrit son visage à la vue du ciel pour qu'elle vienne le nettoyer.

Il resta assis un moment, attendant que sa monture le rejoigne. Il avait entendu le cheval trépigner un moment au-dessus de sa tête, incapable de descendre la pente trop abrupte, avant de s'aventurer plus loin. Dès qu'il aurait trouvé un passage suffisamment praticable, il viendrait à lui.

— Je suis fier de toi ma belle, flatta-t-il l'encolure de la jument lorsqu'elle revint enfin.

Il grimaça en jetant un œil à sa cuisse. Sa blessure à la tête avait anesthésié tout le reste de son corps alors il n'avait pas vu le bout de bois profondément logé dans sa chair. Sans matériel adapté pour stériliser la plaie, il risquait une infection. Pour ne pas exposer sa blessure à davantage de bactéries, il décida de le laisser là où il était pour le moment.

— Il va falloir que tu m'aides un peu. D'accord, ma belle ?

Enroulant les rênes dans une main et s'accrochant au pommeau de la selle de l'autre, Rayn reprit son chemin en claudiquant.

Avançant pas à pas, tapotant le sol de la pointe du pied à chaque avancée pour éviter de nouvelles chutes, Rayn parvint à se traîner jusqu'à une cabane. Un ancien abri de chasseur qui avait dû être laissé à l'abandon depuis des années à en juger par le lierre juste sous ses yeux et qu'il parvenait tout de même difficilement à discerner.

Il attacha sa monture à une branche basse mais suffisamment solide, désolé de ne pouvoir la mettre à l'abri de la pluie, elle aussi. Puis, suivant les murs de la masure à l'aveuglette, il finit par atteindre la porte.

Inspirant un grand coup, il s'aventura à l'intérieur, priant pour que Daraen ait pu s'y abriter, lui aussi.

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