Chapitre 17
Rayn traversait les couloirs au pas de course, ne prêtant guère attention aux personnes qui croisaient son chemin.
Cela faisait des jours qu'il cherchait Daraen et pas moyen de lui mettre la main dessus. L'état de son ami lorsqu'ils s'étaient quittés en ville l'inquiétait et sa mystérieuse absence n'arrangeait pas les choses. Il savait le roi doué pour les éviter, sa sœur et lui, mais jusque-là, le soldat s'était bien débrouillé pour le débusquer de sa tanière chaque fois qu'il en avait envie. Pas cette fois.
Agacé par ce nouveau silence, alors que les choses commençaient enfin à s'arranger entre eux, il se dirigeait vers le dernier endroit qui lui vint à l'esprit. Plutôt, l'endroit qu'il avait fouillé en premier lieu et qu'il ressentait le besoin de vérifier à nouveau.
Lorsqu'il parvint enfin au terrain d'entraînement, l'ambiance délicieusement électrique habituelle n'existait plus. Il y régnait un silence de mort que même les soldats, rassemblés dans les tribunes, n'osaient rompre.
Discrètement, Rayn se joignit à eux. Il s'avança jusqu'au premier rang et s'installa à côté de Jeff, un jeune chevalier dont il s'était lié d'amitié au fil de leurs entraînements communs.
— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? chuchota-t-il tout bas sans quitter l'arène des yeux.
— Une exécution publique, répondit le garçon dont la voix chevrotait. Un exemple pour rappeler aux soldats ce qu'il arrive quand on oublie les responsabilités au profit des privilèges.
Au cœur de l'arène, l'épée vengeresse de Daraen s'abattait sans répit sur le condamné qui peinait à tenir sur ses deux jambes.
David Marden posa un genou à terre et para l'attaque de son roi à bouts de bras. Ce dernier avait mis tant de poids dans son coup que le soldat se recroquevilla peu à peu malgré tous ses efforts pour résister. Daraen déstabilisa son adversaire en retirant son arme avant de faire un moulinet par le bas, heurtant l'épée de son assaillant de plein fouet. L'arme de David lui échappa des mains pour tomber dans son dos quelques pas plus loin.
Le noble, trempé de sueur, en profita pour reprendre son souffle. Il était désarmé, le combat était terminé.
— Va ramasser ton épée, aboya le roi. Ramasse-la et bats-toi sérieusement, sinon je risque fort de te tuer par mégarde.
Rayn ne put retenir un sifflement admiratif. Il avait beau lui avoir dit la même phrase par le passé, dans la bouche de Daraen, elle prenait directement beaucoup plus de poids.
Le jeune Marden ne s'exécuta pas immédiatement, pensant d'abord à une blague. Les yeux sombres de son roi lui confirmèrent rapidement le contraire. Il parvint à se redresser après plusieurs tentatives infructueuses et se traîna lamentablement jusqu'à son épée. Les muscles de ses bras tremblaient de manière incontrôlable, peu habitués à être si durement rudoyés. C'est tout juste si le soldat arrivait encore à soulever son arme.
La lame de l'épée avait-elle à peine quitté le sol que Daraen chargea. Il visa l'épaulette. Le choc renvoya David manger la poussière.
— Debout.
Marden obtempéra, se relevant à grand-peine.
— Arme à la main.
Il lui fallut du temps mais le soldat finit par brandir son épée face à son adversaire. Il n'arrivait toutefois pas à la soulever plus haut que son bassin, laissant tout le haut de son corps sans protection. Ce n'est pas là que Daraen frappa.
D'une balayette, il faucha les jambes de son garde qui s'écroula une fois de plus, face contre terre. Incapable de se relever de nouveau, il roula sur le dos, avalant l'air à grandes goulées.
Rayn fronça les sourcils. C'était pire qu'une exécution publique. Daraen piétinait l'honneur du noble du pied sans la moindre vergogne. Pas pour en faire un exemple, non. Le roi n'agissait que pas pur instinct de vengeance.
— J'en peux plus. J'abandonne, s'époumona le soldat qui ne parvenait à retenir des larmes brûlantes d'amertume et de frustration.
Puis il hurla de douleur.
Daraen avait planté son épée dans le sol, sectionnant sa joue au passage. Le noble aurait le déshonneur marqué à vie sur son visage.
— À compter de ce jour, s'écria Daraen, assez fort pour que tous les soldats en soient témoins, Davis Marden est banni de la Garde Royale astréenne. S'il n'est pas destitué de son titre de noblesse, les portes d'une quelconque carrière politique au sein du royaume lui sont définitivement fermées.
Puis, ignorant l'homme blessé gémissant à ses pieds, il se tourna vers ses troupes qui gardaient le silence.
— Ni notre armée ni le gouvernement de ce pays n'ont besoin d'indolents dans leurs rangs. Quiconque dérogera à ses obligations envers le peuple et la couronne sera immédiatement révoqué de la Garde Royale.
Son regard croisa celui de son ami parmi la foule. Il s'y accrocha un moment avant de se détourner et de quitter le terrain d'entraînement. Rayn seul savait qu'aussi beau que puisse être son discours, il ne s'agissait de rien de plus que d'un mensonge.
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