Chapitre 13

Rayn repousse le roi qui tourne sur lui-même pour lui asséner un coup d'épée. C'est tout juste si le soldat a le temps de parer son attaque que Daraen enchaîne par une fente sur son flanc. Il esquive, enfonce le pommeau de son arme jusqu'à la garde dans l'aine de son adversaire pour le forcer à reculer.

À présent immobiles, les deux hommes se jaugent en silence, peinant à reprendre leur souffle.

Rayn doit l'admettre, s'entraîner à l'épée avec son ami est sans aucun doute le meilleur divertissement que puisse lui offrir la vie de château. Il ignore si c'est le roi qui a progressé ou si c'est lui qui a fini par rouiller à cause du manque d'exercice, mais leur affrontement est plus serré que ne l'était le précédent dans ses souvenirs. Ils ont toutefois une chose en commun : Une fois encore, il gagnera.

Comme une tradition instaurée par les deux combattants, ils ont de nouveau parié. Le vainqueur pourra demander ce que bon lui plaira au perdant. Cette fois cependant, les enjeux sont demeurés secrets. Cela rajoute plus de piment à ce duel. Et Rayn compte bien imposer sa volonté au petit roi.

Ce dernier charge le premier. Un estoc au niveau de l'épaule. Quel manque flagrant d'originalité. Rayn baisse sa garde, prêt à faire usage de la même prise qui a mis fin à leur précédent duel.

— Pas cette fois, claironne Daraen qui se penche avant de faucher les jambes du soldat qui s'écroule.

Alors que le monarque se pense vainqueur, approchant la pointe de son épée vers sa victime comme il termine chacun de ses combats, Rayn verrouille son poignet d'un geste trop vif pour que Daraen ait le temps de réagir, le forçant à lâcher son arme. Ses jambes viennent alors s'enrouler autour de son bassin et, en un instant, le roi se retrouve couché sur le sol sous le corps de son adversaire.

Rayn tire un poignard de sa botte et plaque sa lame contre la gorge exposée.

— Vous êtes mort, lâche-t-il avec un petit sourire narquois.

Le roi se dégage, frotte son poignet endolori avant de lever les mains en signe de reddition.

— Demande-moi vite ce que tu veux avant que je ne change d'avis.

L'expression de Daraen trahit son appréhension. Sans doute craint-il une autre demande en faveur d'Evelyn, mais le soldat ne va certainement pas commettre deux fois la même erreur. Cette fois-ci, sa demande sera personnelle.

Enfin, il va savoir ce qu'il est advenu d'Émilia.

— Je voudrais...

Sa voix meurt en même temps que le fil de ses pensées, son regard perdu dans les yeux noisette de son souverain. Qu'allait-il dire, à l'instant ?

Il secoue la tête, tente de remettre ses idées en place. Oui, que voulait-il tant savoir au point d'avoir défié son ami une fois de plus ?

À bien y réfléchir, sans doute cherchait-il à le punir. L'humilier dans un domaine où Daraen pense ses capacités bien au-dessus des autres. Effacer cette aversion de son regard chaque fois qu'il pose ses yeux sur les enfants Prester. Lui faire regretter de l'avoir ainsi ignoré.

Impardonnable.

— Alors ? l'incite le roi qui commence à perdre patience.

— Laisse-moi te punir, lâche Rayn qui en a oublié le vouvoiement d'usage.

Il n'a pas fini de prononcer ces mots que sa main a déjà commencé à défaire la boucle de ceinture du jeune homme. À présent allongé au-dessus de lui, il laisse ses mains se balader sur son torse de porcelaine et sa langue glisser jusqu'au nombril. D'étranges papillons viennent s'agiter dans son bas ventre en sentant les frémissements du roi sous ses caresses.

— Je suis un homme, lui fait remarquer Daraen qui ne cherche pas pour autant à l'en empêcher.

Cette remarque amuse le soldat, un sourire carnassier étirant ses lèvres.

— Impossible de se tromper, lui répond-t-il avant de dévorer son entrejambe sans la moindre hésitation.


Rayn ouvrit les yeux, en nage. Peu à peu, les gémissements laissèrent place au chant des oiseaux. Incrédule, il lui fallut un moment pour rassembler les pièces éparses de ce rêve pour essayer d'en faire un puzzle cohérent. Et cohérent, il ne l'était pas du tout.

D'une main tremblante, il couvrit ses yeux. De nouveau plongé dans le noir, il tenta de calmer les battements anarchiques de son cœur, calant sa respiration sur le cours de la rivière qui s'écoulait en contrebas.

Malgré tous ses efforts, il ressentait le besoin d'exprimer ses pensées de vive voix.

— Attends, j'ai vraiment pris ça dans ma bouche ?

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