L'Éternelle (prose)
Je n'ai pas la force de cloîtrer
Au fin fond des grottes de mon royaume estropié
La statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté.
Mais c'était il y a plusieurs mois,
Et pourtant je reste à rêver de toi :
Ma statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté de mes doigts.
Tant de fois ais-je essayé
D'en façonner une nouvelle qui pourrait différer
De la statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté !
Mais tu restes et demeure en moi,
Et je lutte, mais ne puis penser qu'à toi :
Ma statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté de mes doigts.
Car les suivantes ne m'ont intéressé
Et encore aujourd'hui ne puis-je me détourner
De la statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté.
Et pourrais-je vivre sans toi ?
Qu'étais-je avant toi,
Ma statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté de mes doigts ?
Alors ne puis-je que me lamenter
Et pleurer de l'immuable, pleurer de l'inévitable immobilité
De la statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté.
Une Sylphide taillée dans le marbre froid
A eût raison de moi.
Elle est la statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté de mes doigts.
Morte mais jamais brisée,
Chimère mais jamais oubliée,
Il me semble même des fois
Entendre l'écho voluptueux qu'est sa voix.
Et je ne peux plus avancer.
Se pourrait-il qu'au fond de moi
Le désir ne m'accompagne pas ?
Et je reste, morbide esseulée
Face à la statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté;
Face à la statue qu'avec tant de coeur
J'ai sculpté de mes doigts.
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