Chapitre 5

PDV Jenny

Le cachot était froid et humide. Je n'avais pas eu droit à de l'eau ou à de la nourriture. Le cachot ne possédait rien: pas fenêtre, pas de matelas, pas de couverture, aucun abris contre les intempéries... La porte, en pierre, ne laissait passer aucune lumière, à tel point que je craignais parfois d'être devenue aveugle. L'interstice entre la porte et les murs permettait juste à un courant d'air de se former. Mon corps peinait à se réchauffer en raison de l'eau qui gouttait du plafond et des murs, preuve de l'orage et des trombes d'eau qu'il déversait au dehors.

Je me trouvais depuis maintenant plusieurs heures dans cet endroit puant et même pas digne d'un rat -et pourtant je n'avais pas une grande estime des rats. Les gardes avaient été relevés quelques minutes auparavant et les nouveaux, curieux, s'approchaient de la porte.

Ils ouvrirent une trappe sur le haut de la porte. Je me relevais lentement. Ils seraient la seule distraction de la soirée, alors... autant en profiter! Et puis, si je jouais assez bien mon rôle, peut-être m'apporteraient-ils de quoi me réchauffer.

  - Messieurs. Les saluais-je en inclinant la tête.

  - Mademoiselle? Qu'avez-vous fait pour terminer ici?

Je relevais la tête doucement, leur laissant le temps de me détailler.

  - Le capitaine de la garde royale a pensé que me laisser mourir de froid et de faim ici serait un bon moyen de se faire respecter par les assassins... leur avouais-je avec un air faussement apeuré.

J'entendis un débat à voix basse derrière la porte. Le soldat se tourna finalement vers moi.

  - Nous ne pouvons rien faire pour vous aider, je suis désolé.

Je me laissais retomber par terre d'épuisement. Ce n'était pas cette nuit que j'arriverais à dormir.

  - Nous sommes vraiment désolés, mademoiselle, mais si le capitaine apprenait...

  - Arrêtez-vous là, soldat! le coupais-je. Partez, s'il vous plait...

Il referma doucement la trappe et l'obscurité revint. J'entendis le bruit de ses pas s'éloigner. Je décidais de fermer les yeux, cela ne changeant rien en raison de l'absence totale de lumière.

Le silence régnait depuis que le soldat était reparti, plusieurs heures auparavant, lorsque j'entendis des bruits de dispute plus loin dans le couloir. Les sons étant déformés par l'architecture du bâtiment, je ne reconnu pas les voix. Je savais seulement qu'entre les deux hommes, le ton montait.

Le son des pas des deux hommes se rapprochait, mais ils ne parlaient plus.

La porte s'ouvrit alors que j'étais toujours recroquevillée sur le sol, dos au mur, dans une vaine tentative de conserver un peu de la chaleur de mon corps. Je reconnu le capitaine à quelques mètres de moi. J'éprouvais le plus grand mal à me lever à cause du manque de sommeil et de nourriture.

En effet, pour tester nos limites, le capitaine nous a avait interdis de manger de toute la journée d'hier et nous attendions tous le repas du soir avec impatience.

Lorsque j'arrivais enfin à me lever complètement, chancelante, le capitaine me tira par le bras sans aucun ménagement et je manquais de tomber à plusieurs reprises. Lorsqu'on passait devant le garde de la veille, celui-ci m'adressait un regard désolé, que j'ignorais.

Je failli tomber dans les escaliers, après quoi le capitaine consenti enfin à ralentir.

Il me traîna ainsi jusqu'au terrain d'entraînement ou la lumière du soleil m'éblouit et où tous les assassins étaient déjà réunis. Lorsque mes yeux s'habituèrent à la luminosité, je croisais à travers la foule le regard inquiet de Jay, et je lui adressais un signe de tête pour le rassurer. Ils avaient tous compris la raison de mon état. Je portais les mêmes vêtements que la veille et mon absence de sommeil cette nuit devait se voir sur mon visage.

Le capitaine me lâcha si brusquement que je vacillais. Dès qu'il eut le dos tourné, mon ami s'approcha. Il ne prononça pas un mot mais passa un bras autour de ma taille pour m'empêcher de tomber.

Je vis le prince arriver et parler à mon tortionnaire. Ils se tournèrent alors vers moi et me firent signe d'approcher. Jay me soutenait toujours lorsque je m'avança difficilement vers eux.

  - Jay, pourriez-vous vous éloigner un peu comme hier, s'il-vous-plaît?

  - Si il me lâche, je tombe. Après, c'est à vous de choisir bien sûr! Murmurais-je en regardant le capitaine dans les yeux.

  - Et pourquoi ne pourriez-vous pas tenir seule debout? Fît perplexement le prince.

  - Avez-vous déjà passé une nuit dans ces cachots, Votre Altesse? Et si oui, sans manger pendant 24 heures? Parce que c'est ce qui s'est passé pour moi, lançais-je avec mes dernières forces.

Les trois hommes restèrent sans voix. Jay regarda les deux autres avec haine et cracha:

  - Comment osez-vous laisser une JEUNE FEMME, même pas une adulte, passer la nuit dans un cachot humide et sans nourriture?! Regardez-là! Elle est complètement trempée!

Je n'écoutais qu'à moitié, luttant pour ne pas m'évanouir. Mes yeux se refermèrent d'eux même. Tout me semblait assourdi, je ne pouvais plus lutter. Je sombrais.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top