Chapitre 13

PDV Alex

Le chaos.

Il régnait un chaos total parmi les apprentis assassins. L'issue finale du dernier combat de la première épreuve avait mis le sang des hommes déjà éliminés en ébullition. Nous en arrivions, pour ce seul combat, à un bilan de deux blessés graves, à tel point que les blessures des trois autres en paraissaient dérisoires.

Effectivement, nous avions eu droit à un combat d'une incroyable fourberie et d'une magistrale puissance... mais qui aura pour conséquences un gros retard dans les entraînements et pour les prochaines épreuves, ainsi qu'une certaine hostilité entre les cinq concernés.

En parlant d'eux... Les trois qui tenaient encore -difficilement- debout sortaient à l'instant de l'arène. L'un avait du sang qui lui dégoulinait dans les yeux tandis que son acolyte boitait, le dos courbé. Le bras du troisième faisait un angle étrange et la grimace de son propriétaire nous confirmait ce que l'on pensait tous: la douleur devait être présente à chaque mouvement, même le plus infime...

A leur vue, les gardes portèrent automatiquement la main à leur arme. Cela me réconforta dans l'idée que mes hommes sont loin d'être naïfs: même blessés, ces trois personnes font partie des plus dangereuses du royaume. Et tant qu'ils tiennent debout, ils sont capables de tuer en une poignée de secondes.

Heureusement pour toutes les personnes présentes, ils se dirigèrent directement vers les médecins, auprès desquels ils s'assirent. Tous les regards étaient braqués sur eux, le mien ne faisant pas exception.

Ah, quelle journée! Plusieurs dizaines de blessés et des combats parfois spectaculaires. Nous méritions tous une bonne journée de sommeil. Journée, oui, car le soleil pointait déjà le bout de son nez, le combat final ayant duré plusieurs heures.

Balayant la foule -assez dispersée sur l'immense terrain- du regard, je vis le prince Joris, lui-même observant Jennyfer qui se faisait soigner sa cheville droite. Levant les yeux, j'aperçus le roi à la fenêtre. Croisant son regard, je lui adressa un respectueux signe de tête. Il recula alors et se fondit dans la pénombre de son bureau, disparaissant de mon champ de vision.

Il était temps pour moi de grimper sur l'estrade.

- Assassins, la première épreuve touche à sa fin. Il est temps pour vous de prendre un repos bien mérité. Il n'y aura pas d'entraînement aujourd'hui ni demain, vous avez donc tout loisir à dormir et vous détendre. Passez une bonne journée.

Ils partirent tous assez vite, ayant sûrement hâte de manger et de s'écrouler sur leurs lits respectifs, d'ailleurs peut-être les deux en même temps...

Je vis alors Jennyfer s'éloigner, soutenue par un Lucas à la tête bandée et suivie de près par Khalis, le bras droit dans le plâtre. Je doutais fortement qu'ils aillent directement dans leurs chambres; ils se dirigeaient plus probablement vers l'infirmerie, où Jay était soigné depuis son combat en demi-finale: il aura droit à de belles cicatrices en souvenir de cette première épreuve.

PDV Blaise

Je ne sursautais pas lorsque la porte s'ouvrit violemment sur mon plus jeune frère.

- Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête?!

Je pris le temps de me retourner calmement avant de me risquer à répondre.

- De quoi parles-tu? Il ne me semble pas avoir commis quelque folie ces derniers jours.

Je le vis devenir rouge de colère et serrer les poings.

- Je te parle de la raison pour laquelle mon jumeau risque volontairement sa vie juste pour se divertir! Je ne comprends même pas pourquoi tu continues cette pratique barbare!

Je ne répondais pas, sachant d'expérience que tout ce que je pourrais dire ne ferait qu'envenimer les choses. Je me contentais donc de le regarder droit dans les yeux sans montrer une quelconque émotion.

Lorsqu'il se rendit compte que je ne comptais pas répondre il détourna la tête, une mèche de ses cheveux de jais si différents des miens retombant insolemment sur son front, puis il se calma instantanément. Lorsqu'il redressa enfin la tête, je lui demandais de fermer la porte pour que nous puissions parler calmement.

Il s'exécuta puis revint vers moi. Je lui indiquais d'un geste de s'asseoir puis je pris place face à lui.

- Castel... Je n'avais pas le choix.

- On a toujours le choix... martela t-il, ses yeux d'onyx fixés sur moi.

Si seulement il savait tout ce qui se passait en ce moment... Je soupirais en fermant les yeux, le poids des responsabilités pesant sur mes jeunes épaules. Il dût s'en rendre compte car il reprit plus doucement:

- Je suis désolé, Blaise. Je sais qu'il y a bien des choses que j'ignore et que tu dois prendre en compte pour faire ces choix. Et je sais aussi que rien n'est plus simple depuis la mort de...

- Tu n'as pas à t'inquiéter, le coupais-je un peu sèchement, ne souhaitant pas entendre la fin de sa phrase. Je te promet de renforcer la sécurité pour les prochains mois.

Puis j'ajoutais, d'une voix que je voulais plus détendue:

- Vas te préparer, nous déjeunons dans une demi-heure.

PDV Alex

Je me réveillais au bruit des violents coups frappés à ma porte. En grognant, je jetais un coup d'œil à ma montre posée sur la table de chevet et grognais encore plus en constatant que je n'avais même pas eu droit à cinq heures de sommeil. Je me redressais enfin en me frottant énergiquement le visage afin d'être un peu plus alerte pour ce qui allait suivre.

- Entrez! Lançais-je d'une voix claire, sachant parfaitement que mes hommes n'auraient pas laissé passer n'importe qui.

Moins d'une seconde plus tard pénétrait dans ma chambre un Prince Joris à l'allure débraillée. Celui-ci m'adressa alors son fameux sourire satisfait. Je soupirais et me passais la main dans les cheveux avant de ne laisser s'échapper qu'un seul mot dans un soupir:

-Qui?

Son sourire s'élargit encore, dévoilant des dents avec pour seule imperfection une dent partiellement cassée depuis son enfance.

- Une veuve en manque d'aventure.

Il eut alors le culot de m'adresser un clin d'œil alors que mes yeux s'écarquillaient et que je m'étouffais avec ma propre salive.

- Mais tu n'as donc aucune limite?!

Il se contenta de rire en réponse et de s'installer tranquillement sur la chaise de mon bureau.

-La pauvre s'ennuyait à mourir, moi aussi, alors nous nous sommes distrait mutuellement. Reprit-il avec un haussement d'épaules et en levant les yeux au ciel. Et puis elle n'a que 27 ans, ce n'est pas comme si elle était vielle!

Je me pinçais l'arrête du nez entre le pouce et l'index, n'en croyant pas mes oreilles.

- Je préfère ne pas connaître de quelconques détails... J'espère tout de même que tu ne m'as pas réveillé juste pour m'annoncer que tu as couché avec une énième fille, qui plus est une fille qui a dix ans de plus que toi?

- Je te ferais remarquer que ce n'était pas une fille, mais une femme: comme tu l'as parfaitement fait remarquer, elle a de l'expérience... Et, non, je ne suis à la base pas venu pour ça.

Joris se redressa et pris un faux air pompeux pour m'annoncer:

- Sa Majesté vous convie au déjeuner de la famille royale, et vous prie ne ne pas venir en uniforme car vous n'êtes pas invité en tant que Capitaine de la Garde Royale mais en tant qu'ami estimé.

Puis il perdit son expression hautaine et éclata de rire. Il se releva enfin en me regardant droit dans les yeux.

- Allez, je te laisse te préparer. Nous passons à table à midi.

Il ouvrit la porte, m'adressa un nouveau clin d'œil et sortit aussi vite qu'il était entré, me laissant seul perdu dans mes pensées.


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