Tome 1 I Chapitre 12 - Ladies Team
"Now I've watched all my castles fall
They were made of dust, after all
Someday all this mess will make me laugh
I can't wait, I can't wait, I can't wait.."
*******
— Je viens de sortir les poubelles Sybille, tu veux que je fasse quelque chose avant de partir ?
— Non, c'est bon. Merci pour ton aide, la fermeture sera moins dure ce soir !
Alors que Sybille trie des cartons de confiseries, je fixe la pendule du hall. Elle indique vingt heures.
— Tu m'as l'air bien pressée ce soir, tu as quelque chose de prévu ?
— On sort avec ma coloc, d'ailleurs, elle ne devrait plus tarder à arriver, elle passe me prendre après son cours de yoga.
Timing parfait, je vois Veronica qui s'approche de la porte vitrée, ses cheveux blonds attachés en une queue de cheval. Je lui fais signe de rentrer et de nous rejoindre.
— Viens, je prends mes affaires et on peut y aller.
Veronica s'installe sur un sofa de la salle d'attente et admire les lieux. Le Magic a un charme désuet qui interpelle toujours. On a l'impression de remonter dans le temps. Je suis pourtant loin d'imaginer le voyage que mon amie veut entreprendre...
— Je me sens comme une VIP maintenant que tu bosses ici, c'est la classe. Peut-être que je devrais te demander de me faire entrer en douce avec Parker un de ces soirs, je suis sûr que l'idée pourrait lui plaire !
— Toi et ton Parker ! Tu connais Sybille ? Sybille, voici Veronica. Veronica, voici Sybille.
Sybille ne peut s'empêcher de rire face à l'esprit décalé de ma colocataire. Leurs bonnes humeurs respectives sont au diapason.
— Les sièges du cinéma ne sont pas aussi confortables que tu penses, crois-moi d'expérience, s'exclame Sybille en saluant ma colocataire, un rictus grivois sur le visage.
Alors que j'enfile mon manteau et vérifie que je n'ai rien oublié, Sybille reprend la conversation.
— Alors les filles vous avez des plans pour ce soir me disait Sky ?
— Une soirée étudiante comme tant d'autres. Tu veux venir avec nous ? propose Veronica, sans savoir que je suis la seule à débaucher.
— Non merci, je fais la fermeture, et après, je rejoins un garçon !
— Tu ne m'avais pas dit ! lui fais-je remarquer en cherchant mon écharpe des yeux.
— Pourtant c'est le cas et nous préférons les tête-à-tête, me dit Sybille avec un clin d'œil.
— J'en connais un autre qui désespère un peu d'intimité.
— Ah ? répond Sybille, curieuse.
— Son beau footballeur !
Et voilà qu'elle recommence. Quand il s'agit de ma vie privée, Veronica est la première à l'étaler, surtout si sa concerne ma relation avec Josh. Elle joue autant les entremetteuses que les critiques et ne rate jamais une occasion de se moquer de moi à ce sujet.
— Attends, mais tu n'étais pas déjà avec lui à la soirée Halloween. C'est bien Josh, c'est ça ?
— Tu as vu Josh ? demande Veronica sans me laisser le temps de répondre.
— Oui ! Un sacré numéro ! En parlant de numéro, on a passé la soirée à chercher le sien dans le sac-poubelle de la confiserie !
— Tu avais omis ce détail, Sky !
Nous voilà dans un épisode de Gossip Girl. Je m'attends d'un instant à l'autre à voir les filles se taper un high five dans les mains. Depuis quand se connaissent-elles déjà ? Trente secondes ? Note pour plus tard : ne jamais les remettre dans la même pièce. Elles débattent de ma relation comme si je n'étais pas là !
— OK, mais si c'est le même gars, pourquoi est-il si désespéré ?
— Elle t'a pas raconté ? Sky a eu la bonne idée de se baigner avec son Jules dans le lac Monroe, en plein mois de novembre. Madame a fini enrhumée pour quelques jours. Je crois qu'éternuer coup sur coup et renifler du nez constamment lui a ôté tout sex-appeal auprès de son copain, elle ne l'a pas vu depuis.
— C'est pas ça, mais il ne voulait pas prendre le risque de choper mes microbes avec l'entraînement et tout ça ! expliqué-je.
Les filles échangent une œillade complice qui m'agace.
— Bon, on va filer avec Veronica. On doit encore passer à l'appart se changer...
— Se faire belles, me corrige Vero.
— Se faire belles, oui... Tu gères, tu es sûre ?
— Positif !
— Génial. À la prochaine alors Sybille !
Ma collègue me fait un petit signe de la main, tandis que Veronica se fait prendre en flagrant délit à essayer de voler un pop-corn qu'elle engloutit voracement.
Ma coloc et moi remontons vers les dortoirs par Kirkwood, c'est le chemin le plus court, mais c'est aussi la rue du Village Deli's. Habituellement, je passe sur le trottoir d'en face, juste pour m'épargner le risque d'y croiser Ash. Mais Veronica étant avec moi, elle ne soucie pas de ce détail. Lui expliquer que j'évite le lieu de travail de Ash entraînerait une conversation que je n'ai pas envie d'avoir. Alors je suis, sans rien dire.
Nous parvenons à hauteur du restaurant, par chance, Ash n'est pas en train de prendre sa pause clope devant. Je le vois derrière les fourneaux avec son bandana et ses tatouages. Le restaurant est encore plein à cette heure, il ne mettra pas les pieds dehors tout de suite. En passant, je remarque deux filles qui fument près de l'entrée, en parlant bien trop fort.
— Il t'a dit de venir à quelle heure déjà ? J'ai froid !
— Tu veux voir son texto ? RDV Deli's, ramène une copine. T'auras plus froid très longtemps, non, mais regarde-le-moi, un cuistot tatoué, il va te cuisiner comme personne !
C'est une blague ? Non mais dites-moi que c'est une blague.
— Mais quelle ordure ce type, laché-je sans retenue pour moi-même.
— Sky ?
— T'as entendu ces deux filles ? Elles ont été conviées à un plan à trois...
— Avec Ash ? Fais pas l'étonnée, je t'avais prévenu qu'il était du genre...
— C'est pas ça ! la coupé-je. Mais je peux pas supporter que ce type commande des filles comme il commanderait des pizzas !
Les yeux de mon amie font des allers-retours de Ash vers les deux nanas.
— J'avoue, même si elles ressemblent plus à des sili-cônes glacés qu'à des pizzas...
Je fixe mon amie un instant avant de percuter son jeu de mots, et me mets à rire avec elle. Notre hilarité n'est pas encore retombée qu'elle me dit :
— Attends, j'ai une idée.
Ma colocataire adopte son timbre spécial Veronica, c'est-à-dire celui que les voisins peuvent entendre des mètres à la ronde. Elle m'agrippe le bras et fait mine de regarder par la vitre.
— Hey, c'est pas le cuistot que tu as failli te taper la dernière fois ? Et dire qu'il était bourré de morpions, t'as bien fait de t'enfuir en courant. Y'a des gens qui mangent encore dans ce restau, j'ai envie de vomir.
Je manque de m'étouffer de surprise et camoufle un rire derrière mon écharpe tout en continuant d'avancer avec Veronica pour dépasser le Village Deli's. Je jette une œillade discrète aux deux filles qui semblent en train de se disputer. L'une d'elles commence à s'en aller sous les protestations de l'autre, qui finit par la rejoindre en courant de l'autre côté de la rue, la suppliant de l'attendre.
Ce mec me débecte. Il joue au gentil parent avec Elias, mais il ne se prive pas d'incarner le pire exemple possible pour un petit garçon. Si c'est là son sens des responsabilités, il aurait dû y réfléchir à deux fois avant de faire un enfant aussi jeune. Je plains sa copine, profondément.
Une fois arrivé au dortoir, j'ai à peine le temps de me poser sur mon lit que mon téléphone sonne. Ma mère. J'hésite. Veronica me fait signe qu'elle file sous la douche lorsque, finalement, je porte mon cellulaire à mon oreille.
— Allo, maman ?
— Bonsoir ma petite Sky. Comment vas-tu ? Je ne te dérange pas ?
Un instant, j'envisage de lui mentir, mais pour une fois, je veux jouir du privilège d'habiter loin d'eux et de faire ce qui me chante.
— À vrai dire, je m'apprêtais à sortir avec mon amie là.
— À cette heure ? Mais ce n'est pas du tout raisonnable.
Mes doigts se mettent à taper nerveusement sur le bureau, j'attrape un crayon pour les
— Non, ce qui n'est pas raisonnable maman, c'est l'heure à laquelle je vais rentrer, et je te parle pas de l'état.
— Sky !
Je change de sujet, juste pour ne pas qu'elle me harcèle.
— Pourquoi tu appelles ? Il y a un problème à la maison ?
— Non, je voulais parler de ton retour pour Thanksgiving. On se réjouit d'avoir notre petite-fille à la maison. Mais ce que tu me racontes me fait peur.
— Ne t'inquiète pas, maman. Je plaisantais. Et donc quelle est cette urgence avec mon retour pour que tu m'appelles aussi tard.
— Difficile d'appeler avant, puisque notre petite fille a décidé de prendre un emploi de caissière.
— Je suis ouvreuse dans un cinéma d'art et d'essai.
— Quelle réussite, vraiment !
Je me contiens pour la seconde fois de la conversation face au sarcasme. Pour le bien de ma pauvre mère et pour ne pas ruiner mon humeur qui remontait la pente.
— En tout cas, avec ton père, nous avons revu récemment les Clarks. Adrien était présent, il est toujours aussi charmant. Quand je repense au couple que vous formiez ; avec lui, tu avais un avenir tout tracé, si seulement tu n'avais pas tout gâché.
Mes doigts empoignent l'oreiller de mon lit, j'ai presque envie de hurler dedans pour faire sortir toute cette tension en moi.
— Bref, c'était pour te prévenir que nous lui avons proposé de venir passer Thanksgiving avec nous. Ça sera l'occasion de retrouvailles pour vous.
Et là, pour le coup, j'ai déjà du mal à digérer la dinde du repas. Mon ventre est noué et j'envisage toutes les solutions pour annuler mon retour.
— Je dois te laisser, Maman, parviens-je à articuler en tentant de garder un ton aussi neutre que possible.
— Ça ne te dérange pas, ma chérie ?
— Merci, Maman. Grâce à toi j'ai une raison de me saouler ce soir, lâché-je en raccrochant.
Je suis à deux doigts de lancer le portable contre le mur, mais pour le bien-être de ce dernier, je le laisse juste retomber sur le matelas. Ne pas pleurer.. Je reste paralysée au beau milieu de la chambre. Quand Veronica sort de la salle de bains, un quart d'heure plus tard; elle me trouve là, toujours immobile.
— Tu n'es pas encore changée ? C'était qui au téléphone ?
— Ma mère...
— Oh... Et ?
Devant mon silence, elle se rapproche et appose délicatement sa main sur mon épaule, pour m'encourager.
— Elle a eu la grande idée d'inviter mon ex à Thanksgiving.
— Mais... pourquoi ?
— À ses yeux, il a tout du très bon parti.
Mon amie hésite, pourtant elle propose avec sincérité :
— Tu veux qu'on annule la soirée ? Je peux rester avec toi ici, si tu veux. Tu n'as plus l'air d'humeur à faire la fête.
Je me tourne vers elle, plus résolue que jamais.
- Bien au contraire Veronica, je suis d'une humeur explosive ! Et ce soir, c'est the night !
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