Dès l'enfance, ancrée dans un monde exécrable

Asharia: A travers mon vécu, je vous conte mon histoire..Chronique
PARTIE 7:

[Ellipse temporelle.]

J'ai eu 15 ans le mois dernier. Juin. Le dix-huitième jour du mois. L'hiver approchait à grands pas. Pourtant, le soleil ne cessait d'assommer les cocotiers. Mes pieds se souviennent de la liberté d'antan, lorsqu'ils heurtaient le sol jaunâtre africain. La caresse du sable chaud.

Durant ces quelques années, ma mère avait su que j'avais tout raconté à mon père car elle nous avait écouté. Elle me l'avait bien fait regretter, et elle disait que ce n'était pas fini. Le pire n'était qu'à venir.
Quand à mon père, il se contentait de ce taire, il me rappelait tout le temps que la patience était une vertu. Alors je l'écoutais, je savais qu'il avait raison, alors j'encaissais les coups bas de celle qui autrefois me nourrissait de son sein.
La vieillesse l'avait bien rongé la carcasse. Et l'amour que mon père portait pour elle s'estompait à la vitesse du temps.

Ce jour là, ma vue se portait devant ma fenêtre. M'offrant ainsi un paysage. Le soleil semblait fuir les interrogations des humains et menaçait de s'abîmer vers l'Atlantique. Le ciel, embrassé par les passions, paraissait plus bas que d'habitude. Laissant pendre une traînée de lumière rousse qui couvrait la cime des cocotiers. Seules les femmes en retard dans leurs tâches ménagères, revenant des puits, remarquaient ce léger vent du crépuscule qui s'engouffrait sous leurs pagnes.

-DESCENDS ASHARIA VITE COUR !
  Les cris de ma mère retentissaient dans toute la maison.

Arrivé dans le salon d'une vitesse incontestée, je vis mon père affalé sur le canapé. Ce n'était pas dans ses habitudes de s'asseoir de cette façon. Il aimait tout être bien assis mais confortable à la fois. La tête haute, menton droit. Regard dirigé droit devant lui. À la guerre comme à la guerre.
Cependant, en me rapprochant un peu plus, je m'aperçu qu'à sa respiration était irrégulière. 
Il ne bougeait presque plus. J'alla vers lui, je posa sa tête sur mes genoux. D'un mouvement lent et dense, il posa sa main sur mes cheveux.

Je savais que ce jour arriverait. Je le savait. Mais pas si soudainement. Je le savais car il le savait.

Je pleurais, je ne faisais que pleurer, je tremblais, je suffoquais. Je récitais des dou'has pour lui. Il sera ma main.

-Je t'avais dit que la patience était une vertu. Je savais que j'avais une maladie très grave et qu'il me restais que quelques années à vivre. Désolé de ne t'avoir rien dit mais je ne voulais pas que tu te rende malade à cause de moi. Je viens de te léguer toute ma fortune, tout mes biens, tu le mérite ma fille et quand t'en aura l'occasion, part d'ici et fait ta vie, va en Europe et trouve un lieu avec tout ce qu'il te faut ma fille. Fuis les vautours de chez nous et vas t'en.

-Je te le promet baba, je te le promet.

Ach Adou An Lahila Hahilala Wa Ach Adou Ana Mouhamadou Rassouloulah.

Tels furent les dernières paroles de mon père sur terre. Selon lui, c'était la meilleure fin que pouvait lui réserver le bon Dieu. Aux côtés des siens.

-AAAAAAAAAHHHHHH Baba tu peux pas me laisser pas toi aaaaaaah pas toi. Ne me laisse pas. ALLER OUVRE LES YEUX. TU VOIS JE TE PREND LA MAIN. ALLER ARRETE TA PLAISANTERIE BABA TU PEUX RESPIRER.
Ne me laisse pas.. me laisse pas.. me laisse pas..

Chaque seconde sonnait comme un tonnerre. Cette image de mon père mort revenait en boucle dans ma tête. Lorsque j'arrivais à me canaliser, cette petite voie me rappelait ce dont je refusais de croire. Après tout, ce n'était qu'un rêve. Demain à mon réveil, il sera tout aussi en forme qu'aujourd'hui.

On dit parfois que les rêves se transforment en réalité. Moi, c'est cette réalité que je voulait en faire un rêve.

Les obsèques de mon pere eurent lieu sept jours après sa mort. Mon coeur était ravagé par la douleur, la tristesse et la rage. Il venait d'arracher une partie de mon coeur puis s'envola. Il emporta mon coeur dans sa tombe.  

[...]

Les jours et les mois passèrent. J'étais tombé dans une dépression aussi profonde que l'océan et aussi sombre que l'enfer.
Ce côté était la plus sombre de ma vie, la plus noire. Je ne mangeais plus, ne buvais plus ou le minimum de survie.

Et surtout, j'avais perdu la voix.

La mort de mon défunt père m'imposa un mutisme. Je savais que je pouvais parler, mais j'en avais pas le courage ni l'envie. Dieu m'avait enlevé mon pilier, mon sang, ma chair, mon bonheur, mon conseillé. Je me sentais pas capable de tenir la promesse que m'a faite mon père.
Je devenais vielle fille, que personne ne voulais approcher, ou qu'on touchait du bout des doigts. Même ma sœur avais peur de me voir. Je l'a comprenais. J'étais laide avec des cernes, maigre, moche. J'étais morte de l'intérieur et je le faisais ressortir de l'extérieur.

Parfois je me réveillais ne pensant que ce n'était qu'un rêve, et donc que mon père sommeillait dans sa chambre. Alors lorsque je me levais, j'allais dans sa chambre pour lui sauter dessus et le réveillais comme au bon vieux temps. Je sautais dans son lit et c'était plat. Je réalisais que ce n'était qu'un rêve, je pleurais les larmes de mon corps en entier. Jamais j'aurais cru pouvoir dire un jour son nom suivit de "Allah y Rahmo". Enfin pas si tôt..

Elle, ma mère s'en était remise après une semaine de chagrin. Je penses qu'elle ne l'aimais pas vraiment mon père. Un si bon homme avec une femme aigri. Néanmoins son sang coule dans mes veines, je crois que j'ai pris un peu plus du côté de mon père.

Je n'avais pas parler à ma mère du dernier souhait de mon père, je penses qu'elle ne le savait pas, je penses que mon père le lui avait cacher. Il savait que ma mère était une croqueuse de diamant et qu'elle n'en voulait qu'à son argent. Pauvre femme, si elle savait. Je ne comptais pas lui dire, car je penses que si mon père ne lui avait pas dit avant moi, c'est qu'il y avait une raison.

Alors je me tus.

Ma mère m'envoyait souvent, en faite elle me prenais pour sa bonne, et quand je lui refusais, elle venait me taper avec un bois. Mais à quoi bon ? J'étais morte alors pourquoi vouloir me tuer une deuxième fois?

Mon seul refuge se trouvait dans la religion pour pouvoir faire des dou'has à mon père. Je voulais vraiment que Dieu puisse lui ouvrir les portes du paradis. J'avais lu ça dans un livre. Alors j'en faisais tout les jours pour lui. Il m'arrivais même parfois de parler à Dieu pour lui confier ce que j'avais sur le cœur, car je n'avais pas de confident, et pour moi Dieu était le meilleur confident car il pouvait  nous écouter sans nous trahir.

Je me disais vraiment que jusqu'ici, j'avais eu une vie très mouvementée. J'en avais marre de cette famille, de cette vie, de ce sort qui s'acharnait sur moi. Je me demandait si un jour j'allais pouvoir enfin être tranquille.. Mon envie de partir se manifestait.

La suite tu liras, dans la prochaine partie elle sera...

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