Chapitre 8. Partie 2. Pas un Super-Héros

Chapitre 8. Partie 2. Pas un Super-Héros

Eythan

Hélène me quitte une nouvelle fois. Pourtant, cette fois-ci, son absence ne me dérange pas. Elle est plus calme et armée. Un détail non négligeable. Son héritage repose à mes pieds. Je la soulève et la dépose dans mes bras. Je profite de cette position pour détailler les courbes de son visage.

    Paraît-il que dormir aux côtés de celle qu'on aime est une des plus belles expériences qu'on puisse vivre. Cela ne m'étonnerait pas, vu ses traits apaisés. Je me demande si je tomberais amoureux un jour. Certes j'apprécie Hélène, mais ce n'est pas la même chose.

J'enroule cette question dans une bouteille et jette le cylindre de verre au large. Celui qui l'ouvrira aura sûrement la réponse. Enfin. L'amour n'est pas une forme de magie absolue. C'est plus une équation à plusieurs inconnues et dont les solutions varient pour chaque personne. Et comme tout problème, je le résoudrai après être sorti d'ici. Libre, les poches pleines de munitions et la tête pleine de souvenirs.

Mon bras gauche se baisse pour descendre la poignée et amener la porte à moi. Je glisse les pieds de la rousse derrière elle pour pénétrer dans la pièce sans efforts. Ma vision s'étant de nouveau habitué à la lumière, je cogne dans une dizaine de paires de pieds avant de caler la quatrième contre un mur. Les os de mes doigts craquent comme leurs rétines quand mes empreintes digitales appuient sur l'interrupteur.

Je crois que certains me détestent. La faible capacité d'adaptation de leurs yeux et l'harmonie des pleurs qui reprend sont deux bonnes raisons pour m'en vouloir. Étonnamment, je ne culpabilise pas le moins du monde. Si ces mioches pouvaient devenir aveugle, je ne m'en porterais que mieux.

Quelques visages m'apparaissent familier. Quelle tristesse de remarquer que les seules personnes auxquelles je peux associer un prénom sont connues pour leur méchanceté. On retient plus facilement les démons que les anges. Ils tendent à devenir majoritaires aussi. Quoi de plus normal quand le décor se métamorphose inexorablement en brasier.

Visiblement, je ne suis pas le seul à souffrir de la chaleur dégoulinante de cette pièce. L'objet de Satan a sa tête posée sur l'épaule de ce qui semble être un garçon.

« Pour chasser en tête de meute il y a du monde mais quand faut montrer les crocs y a plus personne. »

Je connais le prénom que lui ont donné ses parents. Mais je trouve que « Peste » lui va beaucoup mieux. Un pur produit de son environnement celle-là. Malheureusement pour tous, il ressemble plus à une maison de poupée géante qu'à une déchetterie. Elle ne la ramènerait pas autant si elle se ramenait au collège habillée de sacs poubelle. À ma connaissance, elle n'a poussé personne au suicide. Pourtant, c'est bien une des dernières personnes que j'accueillerais sous mon aile. Arrogante, manipulatrice, irrespectueuse... Tout pareil que toi. Gnagnagna.

Je ne sais pas qui est le pire. Cette peste ou le garçon qui lui prête son épaule. Je suis parfaitement au courant qu'on peut s'attacher à de mauvaises personnes. Mais ce gars ne bouge pas le petit doigt alors que je viens d'insulter son amie. Quels lâches.

« Tiens-moi ça. »

Mon Glock lui fait le même effet qu'un taser. Il ne cesse de trembler en ne sachant pas comment se comporter. Doit-il me le rendre ? Si oui, quand ? Si non, où doit-il poser ses doigts ? Devrait-il le braquer sur moi ? L'autonomie d'un zombie amnésique serait plus grande que la sienne. Il fait peine à voir. Alors autant raccourcir ce passage au maximum.

J'essaie de craquer les os de mon cou, sans succès. Cela fait un peu plus de deux heures que je suis réveillé ; il est normal que ma nuque soit déjà en forme. Et puis je n'en avais pas vraiment besoin, tout compte fait. Le corps humain a une certaine logique : le sang ne circule pas arbitrairement, les différents membres peuvent se plier dans un sens bien précis et presque tous les organes gagnent en taille lentement. Il serait contre nature, voire destructeur, de forcer un morceau du corps à diminuer. Exactement comme le harcèlement.

J'ancre ma jambe gauche dans la moquette tandis que je lève et replie ma jambe droite. Avec Violence et Rage, je défonce le crâne de la peste. Je ne suis pas du genre à fantasmer sur les traces de coup dans le mur. Je ne suis pas du genre à fantasmer tout court en vérité. Qu'est-ce que j'en ai à branler du sexe ? Il corrompt plus de gens que l'argent et le pouvoir réunis.

Je me fous bien du sexe. Mais un petit trou dans le mur me ferait vraiment très plaisir. Mon pied insiste un peu avant de laisser tomber quelques secondes plus tard. On ne peut pas tout avoir dans la vie. En tout cas, je ne le peux pas encore.

Je me baisse pour récupérer mon arme. Le zombie étant terrifié par ce qu'il vient d'arriver, je dois la lui arracher des mains. Après un petit tour d'horizon, je me rends compte que tous les otages présents sont aussi médusés que lui. Les pleurs et peurs ont cessé. Tous les regards sont maintenant pointé sur moi. Toute l'attention est maintenant concentrée sur moi. Maintenant, c'est moi la menace.

Les chiens sont moins déterminés à me sauter à la gorge maintenant que j'ai calmé leur maître. C'est jouissif d'enfin être considéré à sa juste valeur. C'est très injuste de se faire sous-estimer. Je crois que c'est même pour cette raison que j'avais décidé de me rebeller. Maintenant... Plus trop. Je m'amuse avec Hélène et c'est la seule chose qui compte.

Je change enfin mon fusil d'épaule. Mon grand sourire et mes yeux excités s'effacent pour laisser place à une bouche fermée et un regard assassin. Je balaye l'ensemble de la pièce et arrête souvent mes yeux sur des élèves au hasard.

« Les coups de feu c'était moi. Ceux qui ont harcelé la rousse seront les prochains. »

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