Chapitre 8. Partie 1. Pas un Super-Héros

Chapitre 8. Partie 1. Pas un Super-Héros

Hélène

« C'est toi !

À chaque nouveau tir, je remettais en question l'origine du bruit. Intrus, Eythan, intrus, Eythan... Même si je soupçonne des munitions subsoniques* vu la faiblesse des détonations, chacune d'elle a produit une véritable explosion dans mon cœur.

Qui a tiré celle-ci ? Et celle-là ? Eythan crierait-il s'il recevait une balle ? Et qu'en est-il de ses opposants ? Pourquoi un tir a aboyé si longtemps après tous les autres ?

- Fais-moi confiance, je ne suis pas prêt de te quitter. Comment elle va ?

Peu importe à présent. Il est là, en vie et n'a pas l'air blessé. Je me surprends à caresser le front de la rousse, un petit sourire sur les lèvres.

- Mieux. Elle s'est endormie.

- Son réveil risque d'être difficile. On ne va pas pouvoir rester ici une éternité. »

Ma pauvre... Savoir qu'on ne peut rien de plus pour elle me fend le cœur. J'aimerais rester auprès d'elle pour continuer à la réconforter. Mais...

Mais Eythan a raison. Avec la musique et le bruit des balles, quelqu'un ne va pas tarder à se pointer ici. Et si à priori, c'est une bonne idée de se poser ici pour enchaîner les intrus ; en réalité, cette stratégie comporte plusieurs gros points faibles. En premier lieu, l'espace. Ce couloir est beaucoup trop ouvert. On peut nous attaquer par deux flancs, plus toutes les salles de cours inoccupées. Même si pour je ne sais quelle raison ils proviendraient tous d'un même endroit, se poserait le problème du nombre. Impossible qu'ils se pointent un à un avec cinq minutes d'alternance.

Mais au fond, nous pourrions y survivre. Je parie qu'on dispose d'assez d'armes à feu et de munitions. La véritable raison pour laquelle on se doit de l'abandonner sont les otages eux-mêmes. Tirer sans arrêt à deux mètres d'eux leur briserait, non seulement leurs tympans, mais aussi leur confiance en eux. Entendre tirer une fois à côté de soi est déjà stressant. Je n'imagine pas la peur provoquée par une fusillade dans la pièce d'à côté, tandis qu'on est enfermé dans le noir.

« J'avais pensé à la renfermer dans la salle de musique. Étonnamment, je crois que c'est l'endroit où elle sera le plus en sécurité.

Étonnamment, je pense qu'il a raison. L'abandonner dans ce couloir nous mettrait en danger. La déposer devant le collège est encore trop risqué. La conduire au commissariat est hors de question ! Qui sait ce qui pourrait se passer d'autre en notre absence...

- Suis d'accord... La vache !

- Quoi ?

- Le conduit me semblait pas si haut...

- Avec de l'adrénaline dans les veines, on oublie toutes limites physiques. Un jour, deux adolescentes ont soulevé un tracteur à la seule force de leur bras. Elles ont juste oublié que c'était impossible et l'ont fait.

- Tu te fous de moi...

- Ce serait drôle mais non. Conclusion, il nous faudrait une échelle pour remonter. Je crois qu'il y en a une dans la montée d'escalier.

- J'y vais ! »

Je retire délicatement mon bras. La tête de la quatrième, privé de mon soutien, retombe contre le mur. Une fois debout, mes doigts essayent de toucher le plafond, sans succès. Je saisis un de mes poignets et le tourne dans tous les sens. Eythanouch me regarde sans trop comprendre. Il doit être étonné que je prenne le temps de m'étirer dans un moment pareil. Mais justement. C'est à cause de cette situation que je m'interdis de me fouler quelque chose.

« Tu peux la déposer dans la salle de musique en m'attendant ?

- C'est d'accord. Prends le Glock au cas où. Si jamais tu tombes sur un problème, t'auras quatre chances pour le régler.

L'arme, prolongement de sa main, est pointée vers le mur. Du bout de mes doigts, je caresse son canon. Ma tête se lève vers la sienne et attend, la gorge nouée. Son regard fébrile mais néanmoins ferme me convainc de le saisir à pleines mains. Il est tout chaud. Et chargé apparemment.

- Je risque rien. Et si jamais j'ai des problèmes tu seras là.

- Je suis pas un super-héros tu sais. »

Je le sur-estime peut-être un peu, mais je veux qu'il comprenne que j'ai confiance en lui ! Il me regarde droit dans les yeux. Un de ces regards capables de déshabiller le plus pudique des cœurs. Un long flux d'air sort de son œsophage.

Mon coéquipier dépose son Glock dans sa capuche. Il baisse les yeux vers son jogging noir et en sort son cutter. Eythan me le confie juste avant de me tourner le dos. Merci. Je me serais sentie mal à l'aise avec un pistolet. S'entraîner sur des cibles en carton et devoir tirer pour sa survie sont deux actions bien distinctes.

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