Chapitre 43. Figures de Lichtenberg
Chapitre 43. Figures de Lichtenberg
Eythan
« Alors, on t'a jamais dit de pas marcher sous les arbres pendant un orage ? »
Je l'enverrai bien aller voir ailleurs si je le pouvais. Je suis occupé à comprendre ma situation. Autour de moi, tout est blanc. On se croirait dans une salle de réunion du Klux Klux Klan.
La dame en blanc jette un regard noir à l'inconnu.
« Alors Eythan, comment vas-tu ?
– Bah on est là hein. D'ailleurs on est où ? »
– Tu ne sais pas ce qui s'est passé ? Réponds sérieusement, il faut que nous déterminons si tu as des troubles de la mémoire.
– Bah, je rentrais d'une soirée avec Léa, j'avais mon sac de sport dans la main et... J'ai été touché par la foudre.
Elle soupire de soulagement.
– Ça s'est passé il y a un jour environ. Tu as eu beaucoup de chance : l'éclair t'a touché latéralement et n'a pas rejoint tes organes internes. Si ton cœur ou ton cerveau avait été endommagé, tu ne serais pas dans le même état.
– Cool. Bon puisque tout va bien, rendez-moi mes vêtements et mon sac de sport histoire que je laisse ce lit à quelqu'un qui en a vraiment besoin.
J'ai déjà passé assez de temps dans un hôpital pour mes deux prochaines vies.
– Malheureusement ça va pas être pour tout de suite. Un éclair c'est quand même 30 000 degrés. Tu vas passer quelques tests histoire de connaître l'ampleur de tes séquelles.
– Génial. Vous avez aucune bonne nouvelle ?
– T'es en excellent état pour quelqu'un qui vient de se faire frapper par la foudre. Beaucoup n'ont pas ta chance. Ah et ton frère et sa copine sont là.
Je me demande quelle tête il va tirer.
– Hum hum. Je peux m'entretenir avec lui cinq minutes ?
– Cinq minutes, pas plus. Nous devons vite nous assurer de son état.
Sur ce, l'infirmière me laisse avec cet individu. Habillé d'un costume sobre, il a les cheveux et la barbe rasés de près.
– Vous avez entendu la madame ? Va falloir attendre un peu avant de m'emmener en garde à vue, ricane-je.
Il esquisse un petit sourire.
– Je suis pas flic. D'ailleurs on a eu un peu de mal à les convaincre de ne pas se ramener ici.
J'avoue que je suis surpris.
– Quoi, vous faites partie d'une mystérieuse organisation qui contrôle le monde dans l'ombre ? Je vous préviens, si vous voulez me buter, faites la queue comme tout le monde.
– Je travaille au gouvernement. T'étais censé te pointer à l'Élysée il y a quelques jours. Tu t'en souviens ?
– Ouais j'me suis trompé de train, c'est vraiment dommage hein... D'ailleurs c'est étonnant que le gouvernement me veut toujours de son côté vu ce qu'il s'est passé hier.
– À vrai dire, tu fais pas l'unanimité parmi les ministres. C'est surtout le président qui tient à t'avoir dans sa poche. Actuellement il se charge d'étouffer l'affaire pour que ta réputation soit pas entachée. Oh, fais pas semblant d'être choqué, on sait tous les deux comment ça fonctionne. Par contre, il n'a pas trop apprécié le lapin que tu lui as posé. Dès que l'hôpital t'autorise à sortir, tu vas me suivre bien gentiment jusqu'à Paris. J'ai la permission de te menotter et de bailloner, affirme-t-il avec un sourire cruel.
Je soupire, exaspéré.
– Laissez tomber, l'intimidation ça marche pas avec moi. Je n'ai plus d'autre affaire à régler que celle-là, vous pouvez garder vos fantasmes dans votre rêves.
Vu son physique, il en est tout à fait capable. Un colosse, il n'y a pas d'autres mots.
– Tant mieux, ça m'arrange si je n'ai pas besoin de te forcer. On va avoir quelques heures de route jusqu'à la capitale, je préfère les passer à discuter qu'avec un démon qui braille dans le coffre.
– Ça me va. En revanche, j'ai une condition : je veux récupérer mon sac et absolument tout son contenu. J'imagine que si vous avez tenu les curieux loin de moi, vous en avez fait de même pour mes affaires.
– Ça me paraît être un demande légitime. Allez, plus vite t'as fini tes examens et plus vite on sera sur la route. »
Soit il ignore le contenu de mon sac, soit il n'a pas peur de laisser des armes à un fou de quinze ans, soit il me fait confiance. À tort ou à raison, l'avenir nous le dira.
***
« Eythan ?
– C'est moi. Quoi de neuf vous deux ?
– Toi comment tu vas surtout ?!
C'est mignon il a les larmes aux yeux. Il est à deux doigts de me faire un gros câlin. La seule chose qui l'en empêche est le fait qu'il me connaît. Je ne suis pas un bisounours.
– Les médecins disent qu'ils ont jamais vu ça : je suis en excellente santé. La seule trace qui va me rester c'est...
Je leur tourne le dos et les incite à soulever mon tee-shirt. En plus des cicatrices habituelles qui le constellent, mon dos a gagné de belles brûlures en forme de feuilles. Des figures de Lichtenberg selon quelqu'un de l'hôpital.
Mon tee-shirt retombe et je refais face à ces deux adultes. Mon frère a posé ses deux mains sur sa bouche alors qu'Anna le dévisage de manière sceptique.
– Oh mon dieu...
– Ça va, il aurait pu en mourir. Je dis pas que ses brûlures sont cool, mais il s'en sort vraiment bien.
– Ouais, tranquille.
– Au fait, Hélène nous a chargé de te dire qu'elle essaye de convaincre sa mère et son oncle de traverser la France entière pour te voir, et elle te demande de l'attendre.
– Dîtes lui que c'est pas la peine. Je sors bientôt de l'hosto. De toute façon, je devrais pas tarder à revenir. J'ai juste un petit détour à faire par Paris. C'est un mec du gouvernement qui m'y amène donc vous avez pas à vous inquiéter.
– D'accord... Tu reviens bientôt ? me demande Maxime, perturbé par l'idée de ne plus revoir son frère pendant des semaines.
– Évidemment.
– Au fait, t'as des nouvelles d'Essaim ?
L'air gêné avec lequel il me regarde est plus que louche.
– J'ai pas encore récupéré mon téléphone, mais selon le personnel médical il n'est pas venu me rendre visite, pourquoi ?
– Pour rien, pour rien. »
Mon frère me ment effrontément. Mais je ne m'inquiète pas pour Essaim. Il est trop gentil pour être dans la merde.
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