Chapitre 42. Réunion foireuse
Chapitre 42. Réunion foireuse
Essaim
« Maxime et Anna ont dû partir précipitamment ce matin, ils ne seront pas présents à cette réunion. Mais Max m'a chargé de la diriger en son nom, annonce Thomas.
– Ça marche. Ils sont vraiment bons tes gâteaux Essaim, t'as chopé ta recette où ?
– Secret familial, c'est ma grand-mère qui me l'a transmise.
Je sens le regard mauvais de Tamar se poser sur moi. Elle est tendue à l'extrême, pour une raison que j'ignore.
– Hum hum, passons au sujet de la réunion. Où en est Akaji et qu'est-ce qu'on va en faire ? Marie, on en est à combien de ventes ?
– Vous allez jamais le croire... 18 110 ! Ce qui fait 181 100 euros en cinq jours, vous vous rendez compte ?!
Marie siffle pour exprimer tandis que Thomas se contente d'un léger sourire.
– C'est pas mal. Mais n'imaginez pas que tout cet argent va atterrir dans vos poches, ce qui ne va pas partir en prélèvements obligatoires appartiendra à Akaji. Le vent a bien poussé les voiles de notre navire, il faut maintenant penser à la suite. André, quels projets sont à notre portée avec un tel budget ?
– Eh bien je pense que...
– Moi non.
L'homme qui vient de s'opposer à l'idée qu'André n'a même pas eu le temps de formuler est un pur inconnu. Je veux dire, je ne l'avais jamais vu à une réunion d'Akaji.
L'ambiance s'est tendue d'un seul coup. Même Thomas a l'air gêné.
– Mattias, laisse-le finir.
– Eh bien, comme l'avait suggéré Marie cette nuit en voyant la bouteille...
Cette dernière se met à glousser. Les yeux de Mattias sortent de leurs orbites. Il saisit André par le col.
– Y a un de nous qui est en trop ici !
En une demi-seconde, Thomas a saisi le poignet de Mattias. Il a pris un air pire que sévère.
– Arrêtez de crier, j'ai mal à la tête, gémit Tamar.
– Si tu t'étais pas enfilé autant de shots cette nuit aussi...
Marie caresse sa tête avec affection. Cela ne suffit pas à détendre Thomas. Il ne relâche son emprise seulement quand Mattias fait de même.
– Vous deux, dans le bureau de Maxime. Tout de suite. »
Ils le suivent sans rechigner. En refermant la porte derrière lui, Thomas me jette un regard pensif. Il doit se demander jusqu'où Maxime l'autorise à aller en son absence.
La pression redescend dans la salle de réunion. Seulement, un étrange silence règne. Les membres d'Akaji baignent dans une atmosphère tendue.
Je ne veux pas être payé autant pour rien, c'est mon rôle d'assurer leur épanouissement au travail ! Le meilleur point de départ est déjà de mettre les choses à plat.
« Euhm, ça semble assez stupide comme question, mais pourquoi ils se sont embrouillés en fait ?
– C'est vrai que t'étais pas là toi ! En fait, avant que Maxime ne devienne le patron, Mattias était en charge de toute la comptabilité. André a environ les mêmes capacités, donc ils font un peu doublon, m'explique Marie.
Tamar semble décuver d'un seul coup.
– Tu parles ! La vérité c'est que Mattias a passé son nouvel an avec sa famille, et que sa copine l'a passée avec nous, et en partie à déconner avec André.
Marie se met à tousser, gênée.
– Je savais pas que vous sortiez ensemble...
Mon ignorance ne doit pas être très intéressante aux yeux de Tamar puisqu'elle se met à bailler et prend son sac à main pour un oreiller.
– Qu'on sortait ensemble plutôt, je vais bientôt le quitter. On s'aime plus autant, et j'en ai marre de sa jalousie, surtout quand elle concerne un mec qui pourrait être mon père.
Je n'ai rien à redire. Eythan m'a appris que la jalousie n'était qu'une mauvaise manière d'exprimer sa peur de perdre quelqu'un. Aucun des deux n'ont l'air d'être en tort.
– Au moins tu sais ce que tu veux...
– Bon, comme l'a dit Thomas, on devrait réfléchir à la suite. Je sais pas vous... Enfin toi apparemment, je sais pas ce que t'en penses, mais j'ai envie qu'on saisisse notre chance pour créer quelque chose de plus grand qu'une simple boutique.
Au-delà de la Jeunesse, c'est l'occasion rêvée pour moi de faire partie de quelque chose de gros, de quelque chose dont je serais fier.
– Ouais, on pourrait créer un repère officiel pour les membres de la Jeunesse !
– En faisant quoi par exemple, t'as des idées ?
– Je sais pas... Un groupe de discussion avec des rôles et des niveaux à atteindre ?
– Pourquoi pas... Il faudrait qu'on en discute avec toute l'équipe, mais ça me plaît. Par contre ça risque de nous prendre beaucoup de temps et d'énergie pour le mettre en place. Une idée de projet moins ambitieux ?
– Eh j'suis censé te soutenir, pas travailler à ta place ! Je rigole bien sûr, vu combien je vais être payé... Pourquoi pas un tee-shirt spécial qu'on offrirait qu'à ceux qui nous ont acheté un certain nombre d'articles ? Ou encore plus simple : une tenue officielle pour nous, le staff d'Akaji, avec nos noms et nos pôles cousus dans notre dos.
– J'avoue, c'est de l'arnaque de te payer si peu alors que c'est toi qui fait tout le boulot ! En vrai t'as grave de bonnes idées, j'demanderai à Maxime de t'augmenter. Par contre pour la tenue Akaji... Ça va pas être pour aujourd'hui.
– Hein, pourquoi ?
– On sait déjà pas si André ou Mattias seront là la semaine prochaine, on se créera un uniforme quand l'équipe sera stable.
– T'as pas tort. D'ailleurs ça m'étonne de pas avoir vu Hélène à la réunion, elle est dans le groupe WhatsApp non ?
– En effet. Elle vient de recevoir une offre d'une école privée, ça lui a rappelé qu'en attendant de pouvoir retourner en cours, le monde ne s'est pas arrêté. Elle a peur que travailler avec nous empiète sur ses cours et lui fasse rater le brevet. Et toi, tu reprends pas les cours bientôt ?
– À peu près en même temps qu'elle, dans un mois je crois. Et moi aussi j'ai reçu la proposition de l'internat. Mais bon, je porte pas autant d'importance et d'intérêt aux études qu'elle. Je me plais plus ici qu'au collège, surtout maintenant qu'Eythan m'a dit qu'il n'y retournera plus.
– Si seulement c'était toi qui choisissais si t'y retournais... T'es beaucoup plus utile ici qu'à commenter des documents.
– Merci du compliment. Mais ouais, malheureusement à quatorze ans j'ai pas le choix. Mais vous inquiétez pas, je continuerai à venir même après avoir repris.
– Cool. »
N'ayant rien à répondre, je laisse le silence régner. En attendant le retour de Thomas, Mattias et André, il n'y a plus rien à faire. Devrais-je quand même faire la conversation pour ne pas rendre cette réunion foireuse, ou au moins faire passer le temps plus vite ? Je crois que oui.
« Alors, pourquoi Maxime et Anna ont dû s'absenter aujourd'hui ? Ils ont pas fini leur nuit du nouvel an ? Enfin si c'est trop personnel me dis pas hein...
– Hein, t'es pas au courant ? Ils sont partis à Lyon veiller sur Eythan.
Un sourire inquiet déchire mon visage.
– Je sais qu'il s'agit de son frère et de sa belle-sœur, mais Eythan a pas besoin qu'on veille sur lui.
C'est plutôt lui qui a toujours veillé sur moi.
– Hum... Eythan est à l'hôpital. »
Ses mots me transpercent le cœur. Avant même que mon esprit le comprenne, mon corps s'est levé et s'est mis à courir vers la porte. Je ne m'arrêterai pas avant d'être au chevet d'Eythan.
« Essaim ! »
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