Chapitre 18. Obscurcie par la Haine

Chapitre 18. Obscurcie par la Haine

Eythan

Bordel ! J'ai crié à en cracher mes poumons, pas de réponse. J'ai littéralement retourné la moitié de la forêt. Rien, nada, aucune trace d'Hélène, nulle part. Certes le dernier intrus avec qui j'ai parlé perdait la vie à petit feu. Mais sa fierté exubérante l'aurait forcé à me révéler qu'il avait touché ma blonde préférée, s'il l'avait fait. J'en conclus que ces foutus amateurs n'y sont pour rien cette fois-ci. C'est loin de me rassurer. Rien n'explique le fait qu'elle ne soit nulle part.

J'ai deux hypothèses. Soit je me suis trompé et six adultes sont descendus pour éliminer Hélène. Auquel cas elle est en danger de mort. Soit elle a foutu le camp. Une pièce de monnaie a plus de chances de retomber naturellement sur la tranche que ma première théorie d'être vraie. Je voue une confiance aveugle à ma vue. Alors si elle me dit qu'il n'y en avait que cinq, je la crois.

Je suis plus dubitatif quant à la deuxième. Elle dépend totalement d'Hélène ; je n'ai aucune maîtrise dessus. Il est fort probable, connaissant toute la pression qu'elle a subie, qu'elle ait couru jusqu'à se considérer définitivement hors de danger. J'espère juste qu'elle ne va pas prévenir les autorités. Histoire que je puisse finir mes affaires en toute tranquillité.

Mais merde, non ! Pourquoi est-ce qu'elle se serait cassée dix minutes avant qu'on finisse de s'occuper de cette foutue prise d'otage ? Il ne reste qu'Evaristo et un guignol à abattre, le plus dur derrière nous n'a exigé aucun pacte avec Lucifer. Nous n'avons rien eu à sacrifier : ni argent, ni arme, ni personne. Terminer un projet que j'ai démarré en mon âme et conscience fait partie de mes rares valeurs. Et cette valeur-là rentre de plein fouet dans mon envie de retrouver Hélène.

Cette sensation est vraiment étrange. Une guerre interne fait rage aux quatre coins de mon esprit. Je plains sincèrement mes homologues. C'est si contraignant d'hésiter...

Je dois me reprendre ! Chaque seconde passée à réfléchir est une seconde perdue pour moi, et une de gagnée pour mes cibles. Mon cœur m'attriste pour rien : Hélène mesure facilement plus d'un mètre cinquante. Elle est donc grande. Elle n'aurait pas non plus survécu jusqu'ici si elle n'en avait pas les capacités. Je me fais vraiment trop de souci pour elle...

Je me retourne d'un coup et me dirige vers le collège d'un pas rapide. Rejoindre les derniers intrus me prendra sûrement deux fois plus de temps qu'il m'en faudra pour les éliminer. Même en courant, je mettrais plus de trois minutes à revenir à ce détestable bâtiment. Une pause invoulue pue autant la merde qu'un break inévitable. Je me demande si je dois leur chier sur le visage pour que les intrus comprennent à quel point leur organisation m'emmerde.

Alors que je recroise le chemin d'un cadavre, mon corps se bloque tout seul et se retourne contre mon gré. Cette fois-ci, ce n'est pas mon cœur avide de localiser Hélène qui s'est allié à mon corps pour me contraindre de changer de direction. Mon cerveau cherche à me dire que j'oublie un détail majeur. Mais, après vérification, je n'ai perdu aucun chargeur.

J'observe le paysage et remarque, à une centaine de mètres, une étrange tache blanche flottant dans un buisson. Ce feuillage au bord d'un fossé, fait face à une petite structure en pierre. Ce bâtiment est un mystère à lui tout seul. Il a été commandé par la commune elle-même mais ne sert qu'à la vente de drogues. Pourquoi la mairie d'Occianth créerai-t-il un endroit idéal pour pratiquer une activité illégale ? Celle-là, je vous la laisse. Sans perdre une milliseconde de plus, je me mets à sprinter et m'arrête une trentaine de secondes plus tard, essoufflé. Ladite tache est en fait un tee-shirt arraché.

Le tee-shirt d'Hélène. À l'instant même où je le comprends, mon sang se met à bouillir, ma tête me semble gonfler et mon pistolet glisse dans ma main devenue étrangement chaude. Si et seulement si, un sixième criminel est descendu discrètement, qu'il a chopé Hélène et se venge actuellement sur elle de la manière à laquelle je pense, alors je jure en mon nom de le retrouver et de lui faire subir le pire des châtiments. C'est en passant un bref coup d'œil sur le bas de ce morceau que je réalise que mes mains sont couvertes de sang.

Le rappel que je décime ses compagnons n'atténue en rien ma colère. Je ne ressens jamais aucun sentiment faible lorsque j'arrache les mauvaises herbes. Maintenant que je me suis attaché, personne ne peut plus lui causer du mal sans mourir atrocement dans les secondes suivantes.

Je suis donc le cours du fossé à grandes enjambées tout en analysant chaque détail à ma portée. C'est alors que je la vis. Une forme humaine immobile, à plus d'un demi-kilomètre de ma position.

C'est sans hésiter, en tremblant de rage et la vue obscurcie par la haine que je dégaine et vide mon chargeur dessus. C'est lorsque je recharge mon arme que je comprends enfin que je n'ai aucune chance de la toucher à cette distance. Mon expérience est loin d'égaler celle d'un tireur d'élite. Je continue de me rapprocher du criminel potentiel.
Mais, cette fois-ci, Glock en main.

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