Partie 5
7x13
Voila... j'ai fait ma 7A : j'ai bien planté mon décor, on voit bien les détails, elle a rencontré tout le monde sans que ça ne mène à rien de passionnant a priori... C'était bien chiant, bien long et bien chiant... (ouai, j'ai fait une répétition, pour que vous compreniez comment c'était chiant globalement cette 7A !). Passons enfin, à ce qui nous amène... héhé...
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High heeled sneakers - rag'n bone man
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"Em' ! Viens voir ! surgit Carl sur le seuil du préfabriqué.
- Carl, je voudrais finir de nettoyer ce flingue... Tu m'as dit que c'était primordial, t'as oublié ? un sourire amusé.
- Faut que tu voies ça, j'te dis..." trépignant en s'approchant de la table.
Emma y a posé son fusil et les parties du 357 démonté gisent sur les chiffons. Elle frotte une des pièces entre ses doigts avec un des linges doux.
"Je te dispense une minute ! statue-t-il en lui faisant lâcher le long canon de l'arme qui tombe sur la table.
Sans lui laisser le temps de protester, le garçon lui saisit le poignet et la tire hors du petit appartement qu'occupent Maggie et Sasha.
Le garçon parcourt à grandes enjambées impatientes la large cours qui s'ouvre devant la belle maison victorienne, allant vers l'imposant portail qui protège la Colline et sa communauté.
"Carl, s'te plait... va moins vite... souffle Emma, le bras tendu, toujours prisonnier de sa poigne. La terre va pas s'arrêter de tourner...
- Vraiment ? demande-t-il joyeusement en la tirant encore doucement devant lui pour qu'elle profite du spectacle qu'il veut partager absolument avec elle.
- Qu'est ce qu'il faut que je reg..."
Carl pose ses mains sur ses épaules, pour la guider et la positionner dans la bonne direction. Emma les découvre tous rassemblés là-bas, calmes, un air de joie, de soulagement envahit l'air même si elle n'entend pas leurs mots. Elle ne voit que les visages réjouis de Rick , Michonne et Maggie, ses mains sur sa bouche, les yeux pleins de larmes. Emma se laisse submerger surtout par leurs sourires à tous. Ils font tous face à quelqu'un qui lui tourne le dos à elle mais qu'elle identifie sans mal, reconnaissant l'arbalète noire ornant la chemise de la même couleur de l'inconnu.
Rick accroche un bras à l'épaule de l'homme qui se tourne alors qu'ils semblent tous venir vers elle.
L'homme s'approche, parlant de sa voix basse, rauque mais calme, au shérif sur sa gauche.
Arrivés à sa hauteur, il tourne enfin son regard qu'il porte d'abord au dessus de sa tête, sur Carl à qui il adresse un sourire fugace avant de tomber sur elle. Elle voit les deux billes bleues se glacer alors qu'elle ne peut que revoir l'image identique, saisissante, dans sa tête : vêtu tout de noir, la fixant froidement à travers ses mèches sombres, planté silencieusement au bord d'un lit, sans pitié, alors qu'elle sent encore Negan en elle, sentant courir un frisson d'horreur et de honte.
Sauf que là, il ne s'agit plus d'un rêve, ni même d'un cauchemar. Le chasseur est bien là, droit, carré, même plutôt imposant. Mais c'est lui qui semble ne plus la voir. Ne plus plus la reconnaître vraiment. Comme indifférent. Comme différent.
Sans s'arrêter, le petit groupe continue sa progression et entre dans la pénombre de l'ancien musée.
"Merci Carl... pour cette bonne nouvelle... j'ai... j'ai des trucs à finir.
- Em', chuis dés... je pensais...
- Pas grave va... c'est normal, se tournant vers lui pour lui sourire tristement, posant une main sur sa joue. Merci mon ange."
Emma regagne le préfabriqué, entrant dans l'ombre de la petite pièce, tombant sur sa chaise, reprenant son activité là où elle l'a laissée. Fermant les yeux pour retenir les larmes qui lui brûlent les paupières.
Dehors, Emma ne perçoit pas vraiment Maggie et Jesus qui viennent s'asseoir tous deux à la table de pic-nic.
"C'est cool qu'il soit revenu du Royaume. Avec quelques armes supplémentaires en bonus visiblement. On est capable de le protéger autant qu'Ezekiel, comme on te protège déjà toi", revendique doucement le jeune homme face à Maggie qui hoche la tête avec son doux sourire.
Emma entend sans comprendre, trop embourbée dans sa joie mêlée de culpabilité de revoir le chasseur enfin libre. Elle n'écoute que sa propre sentence :
"Tu n'as que ce que tu mérites" lui assène sa voix.
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Emma s'éveille en sursaut et en nage, entendant les ronflements, plus ou moins sonores, de chacun autour d'elle. Elle se lève, évitant les endormis à même le sol, entourant ses épaules de la longue couette légère dans laquelle elle s'est blottie sur le tapis du salon. D'une main habile, elle attrape un verre et la bouteille proche, posés sur une petite desserte près de la porte, tenant le tissu serré autour d'elle de l'autre.
Sans bruit, elle sort sur le perron de la grande demeure victorienne et vient s'asseoir, dans l'air tiède de l'été, après avoir descendu deux ou trois marches, sur le grand escalier. A hauteur du plancher, assise de côté, elle se serre un verre du liquide ambré de la grande bouteille entamée. Puis elle porte le verre à ses lèvres fermant les yeux en absorbant une généreuse gorgée de l'alcool trop fort. Elle ouvre la bouche, ne retenant pas une grimace, les yeux plissés.
"Donc, t'as choisi la picole ? lui demande un mégot rougeoyant d'une voix rauque, à l'autre extrémité de l'escalier.
- J'essaie, du moins... camouflant un sursaut de surprise, s'étant sincèrement crue toute seule sur ces marches. Pour tenter d'arrêter de cogiter là-haut, posant un index sur sa tempe. Mais je suis encore... en période d'essai... se versant encore un peu de liquide d'une main gauche clairement hésitante.
- Et c'est concluant ? venant s'asseoir près d'elle, plus haut, sur la première marche.
- Nan... C'est juste dégueulasse... sourit elle. Mais ta clope peut, peut-être, avoir le même effet ? tendant une main vers celle du chasseur, dans la pénombre.
- Nttnttntt... Tu peux toujours t'brosser chérie, c'est pas aujourd'hui qu'tu vas commencer c'te merde là non plus, levant le mégot hors de sa portée, sentant l'épaule de son amie contre son genou droit mais qui se recule déjà, obéissante.
- Ok... haussant les épaules. Alors je vais définitivement me torcher avec ce tord boyau infâme... annonce-t-elle un ton aussi fataliste qu'amusé, en levant la bouteille entamée à sa santé.
- Tu vas ensuite te faire fracasser par Grégory : il y tient plus qu'à tout à sa gnole de merde... lâchant un sourire avant de tirer sur sa cigarette, ne lâchant pas son amie du regard.
- Faut que j'arrive juste à fermer l'oeil un moment... Mais dans ce dortoir, il fait trop chaud et Tara ronfle trop fort... révèle-t-elle gentiment.
- Faut dire aussi qu'elle te fout sa bouche dans l'oreille..." maugrée encore l'homme à moitié moqueur.
Emma ne relève pas, réalisant que le chasseur a sans doute vu que les deux femmes dormaient ensemble sur le plancher du salon, et elle entend alors son ton peut être plus choqué, ou contrarié, que moqueur, revoyant le redneck, un poil homophobe sur les bords, surgir grassement à travers ses mots. Elle se contente de sourire en portant encore son verre à ses lèvres.
Daryl fait voler son mégot toujours allumé d'une pichenette ferme qui l'envoie sur la terre battue bien au delà de l'escalier, tandis qu'il se lève sur le perron, tendant une main vers son amie, assise sur les marches en contrebas.
"Aller. Nouvelle tentative..."
Emma resserre la couverture autour de ses épaules dénudées et attrape quelques doigts de la main tendue de l'homme au dessus de sa tête qui la tirent doucement pour l'aider à se lever. Elle grimpe les quelques marches pour arriver à sa hauteur. Ils jettent un regard à la bouteille et au verre vide.
"Laisse les. Ça va le rendre dingue de les voir là. Et on va voir qui il va oser accuser. Mais ce ne s'ra sur'ment pas toi...
- T'es vraiment qu'un sale gosse en vérité..." avant un rire réchauffé d'alcool, soulagé de rancune aussi.
Mais son sourire se meurt en fixant l'oeil luisant de l'homme adulte au dessus d'elle à quelques centimètres seulement de son visage. Leurs deux mains se tiennent toujours, comme elles se sont attrapées.
"Aller au pieu, p'tite Muskogee...", dit il plus bas, plus rauque, ne la lâchant pas du regard, ne bougeant pas d'un iota non plus.
Puis ils pénètrent à nouveau dans la maison silencieuse. Emma va pour retourner dans le salon, regardant déjà la porte de gauche, visualisant sa place près de Tara, dans la touffeur et la pénombre épaisse qui l'attendent.
Mais les doigts du chasseur, dans sa main, jouent rapidement et enlacent les siens, plus étroitement, alors qu'elle serre son annulaire et son auriculaire dans sa paume.
Elle tourne une nouvelle fois son regard vers l'homme qui lui fait un signe de la tête vers le grand escalier devant eux, alors qu'il fait deux pas en avant, ne lâchant pas sa main.
Emma serre encore un peu plus la couette contre sa poitrine et le suit, tandis que son coeur accélère son battement.
Elle grimpe, debout sur le matelas, comme une gamine qui découvre un lit de princesse, avant de pivoter rapidement sur elle-même, pour faire face à son ami, puis se laissant tomber assise, en tailleur, au milieu des draps défaits, faisant voler ses mèches longues tout autour de sa tête. Emma offre un sourire radieux et enfantin au chasseur silencieux qui l'observe, un demi sourire aux lèvres, revenant vers elle après avoir laissé la porte entreouverte d'un centimètre.
"La vache ! Ça fait longtemps que j'ai pas senti un matelas sous mes fesses ! glousse-t-elle.
Daryl ne peut retenir un pouffement de rire devant la joie innocente, sincère, et surtout déjà légèrement grisée, de son amie.
"Grégory n'a pas pu faire autrement que de me filer cette chambre... Merci Jesus... grimaçant immédiatement à la connotation de ses derniers mots en les entendant sortir de sa propre bouche. Autant qu'on soit deux à en profiter..." haussant les épaules.
Après qu'elle ait lâché sa couette qui la recouvrait jusqu'aux épaules, traînant par terre derrière elle, Daryl l'a regardée grimper sur le matelas, de dos, en débardeur et en culotte, sa tenue de nuit habituelle qu'il lui connaît.
Maintenant, au milieu du lit, assise, se dandinant d'aise, il s'approche et s'asseoit à son tour, s'appuyant contre la tête de lit en bois sculpté, une jambe repliée sous lui, l'autre étendue, la regardant toujours, seulement à quelques centimètres l'un de l'autre. Enfin.
"Ca doit couter un bras ce genre de lit... observant les grands baldaquins, admirative.
- Parait qu'on est dans un ancien musée... y a belle lurette que quelqu'un a dormi d'dans... savourant l'émerveillement visible de son amie.
- Raison de plus...
- Manchot pour un plumard... lâche le chasseur, songeur.
- T'es ignoble... l'air faussement choquée.
- C'est toi qu'as commencé..." la taquine-t-il un fin sourire au coin des lèvres.
Il réalise qu'elle ne peut comprendre le sous entendu avec Merle. Il faudra bien qu'il parvienne à en reparler un jour. Et elle sera sans doute la mieux placée pour l'aider à oser franchir encore ce pas là.
Puis elle bascule pour délier ses jambes et s'étendre de tout son long sur le lit, dans un soupir lourd. Sur le dos, elle regarde encore le plafond un petit moment, étendue, les jambes croisées, les mains sur son ventre.
"Merci Grand Chef..." exprime-t-elle plus doucement, levant la tête vers Daryl, vraiment reconnaissante.
Daryl reste à demi assis, au dessus d'elle, plongé dans sa contemplation silencieuse alors que la jeune femme ne tarde pas à fermer les yeux, se détendant, droite, sa respiration s'allongeant, son ventre se soulevant doucement sous ses mains apposées.
"Merci à toi surtout..." souffle-il, presqu'inaudible, éteignant du bout des doigts les bougies sur le chevet pour qu'elles ne fument pas trop.
Plongé dans le noir, il écoute la respiration vite régulière de son amie enfin près de lui. Il la revoit dans la lumière de la cour, ébloui de la découvrir là et immédiatement interloqué du regard qu'elle lui a offert, le détaillant de haut en bas, comme si elle ne le reconnaissait pas, comme s'il lui était inconnu. Etranger. Dangereux.
Il avait cru un instant que si Carl n'avait pas été dans son dos, elle aurait sans doute fui à toutes jambes. Est ce que sa détention au Sanctuaire l'aurait marqué aussi physiquement ? Sans doute. Peut être. Pourquoi pas ?! Alors il avait continué d'avancer cédant facilement à la pression de Rick près de lui, sentant sa mâchoire et son coeur se serrer d'incompréhension.
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Daryl ferme la porte de la chambre sans un bruit avant de pivoter sur lui même pour aller vers l'escalier. Des pas précipités et peu discrets martèlent les marches avant qu'il voie Tara surgir.
"Daryl, Emma a disparu ! lui annonce-t-elle, inquiète.
- Quoi ? baragouine-t-il
- Elle n'est plus là j'te dis !"
Reconnaissant le pantalon, les chaussures et les trois armes que Tara tient dans ses bras comme elle peut, Daryl sort une cigarette de son paquet chiffonné qu'il cale tranquillement au coin de sa bouche.
"Et donc elle s'est barrée... toisant la brune inquiète.
- ... Ou elle a été enlevée !
- ... au milieu de vous tous dans le salon ? hochant la tête.
- Pourquoi pas ?! Negan fait ce qu'il veut !
- Ce taré est bien trop mégalo pour faire quoi que ce soit en silence ou avec discrétion... et avec toi à moitié sur elle...continuant son hochement de tête réfléchi.
- ... ! Comment...?!
- Elle n'a pas pu aller très loin en slip et avec sa couette traînant par terre comme une foutue princesse, non plus...
- Comment tu sais qu'... ?!
- File moi ton bordel là, putain..." gentiment moqueur.
Daryl prend les affaires des mains de la jeune femme interloquée, avant d'ouvrir à nouveau la porte derrière lui.
"Ce con n'est sur'ment pas Copperfield. Elle s'est pas envolée ta copine. Merci ma vieille. lui claque-t-il la porte au nez, clairement amusé.
Le jour perce les rideaux mais il entend le souffle régulier de la tête enfouie dans les draps. Il pose les chaussures et le pantalon sur le fauteuil près de la table de nuit et va tomber dans l'assise de celui à côté de la fenêtre. Sur ses jambes, il observe d'abord son butin, commençant par le petit manche blanc du couteau dont la lame propre le fait sourire. Elle garde encore cette relique ?!
Puis le holster qui tient un 357 magnum...
"J'croyais qu'il vous avait tout pris... murmure-t-il pour lui-même.
- On m'en a donné un autre..." répond Emma doucement, quelque part dans les draps.
Il lève les yeux vers le matelas, découvrant les pupilles brillantes qui le fixent, les iris couleur de la lumière dont est baignée toute la pièce.
- Et l'H&K ....?
- Celui de Glenn... Il ne l'a pas eu celui-là...
- Celui qu'il leur a piqué dans leur arsenal...hochant la tête, fier. Bien joué mon p'tit pote..."
Daryl soupèse l'arme et en observe l'état.
"Il est propre. ...
- Merci Carl. Il m'a montré deux trois trucs en ton absence.
- ...mais il est vide... pinçant les lèvres de dépit.
- Eze m'a donné quelques cartouches... en plus du 357...
- Elles sont dans ton fute alors, désignant le fauteuil du bout de l'arme, de l'autre côté du lit. Tu connais le drôle de Roi... hochant la tête pour marquer sa compréhension. Et tu l'appelles déjà par son p'tit nom... commente-t-il sans la regarder.
- Tu m'soules Dixon..." se redressant sur le lit, s'étirant de toute sa longueur en travers du matelas pour attraper son linge, découvrant le bas de son corps.
Daryl lève les yeux sur ses jambes encore trop fines et blanches, le bas de son dos, les bras longilignes. Sa peau est moins marbrée de bleus et d'ecchymoses. Ses cheveux défaits se répandent en longues tresses plus ou moins fines, réalisant son changement subtil de style, mais conservant toute son identité si personnelle aux yeux du chasseur.
Il baisse à nouveau précipitamment son regard sur l'arme toujours sur ses genoux, quand elle se retourne rapidement pour enfiler son pantalon en se tortillant encore sur le lit.
"T'irais plus vite à te mettre debout...
- Oui Papa... mais 'fait trop froid par terre... levant ses fesses en se cambrant, la tête disparaissant parmi les oreillers, les talons enfoncés dans le matelas.
- C'est plutôt toi la sale morveuse.
- J'adore ce lit j'y resterais toute ma vie..." retombant étendue, en étoile, rebondissant un peu.
Daryl se lève de son fauteuil et s'approche du lit en lui tendant une main.
"Reviens y ce soir si ça te chante...l'invite-t-il doucement. Maintenant, debout minuscule feignasse...
- Tu rêves... Viens m'réveil..." un sourire amusé.
A sa surprise, il se penche dans un soupir décidé, et elle pense fort une seconde, qu'il va vraiment l'....
Mais il l'attrape par son maillot et la redresse, la soulevant sans difficulté. Elle vient à genoux sur le haut matelas, se retrouvant quasi à même hauteur, face à face, très proche de lui, son sourire mourant dans son souffle, des mèches indomptées plein la figure qu'elle ne pense même pas une seconde à écarter.
Ils se fixent plusieurs secondes. Tout deux saisis de se regarder, n'ayant jamais été aussi proches l'un de l'autre depuis longtemps, leurs têtes pour une fois presqu'à la même hauteur, presqu'à se toucher. Tout deux bien trop surpris de leur comportement pour y céder.
"Tara te cherche...lâche-t-il, plus froid, en s'écartant d'un pas, lâchant le tissu froissé sur la poitrine de la femme, la laissant pantoise.
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Emma s'entraîne au bâton avec sa voisine de couchage quand Daryl déboule telle une furie dans la cour, ne se souciant nullement de les interrompre. Il avance sur la petite femme semblant ne jamais vouloir s'arrêter la bousculant sans aucune hésitation, la faisant reculer précipitamment, l'obligeant à reculer, la guidant jusqu'à la première paroi rencontrée contre laquelle il la plaque sans douceur. La tête d'Emma vient heurter rudement le mur du préfabriqué derrière elle mais elle ne proteste pas, trop saisie de surprise, trop pétrifiée du regard assassin que son ami porte sur elle.
"Dis moi c'qu't'as foutu, bordel de merde ! gronde-t-il sourdement, la dominant, totalement hors de lui.
- Hey ! Fous lui la paix espèce de sale brute de crétin d'redneck débile ! proteste Tara en entendant le bruit de la tête de son amie résonner contre le préfabriqué.
- De quoi...? demande Emma, déjà abasourdie, n'entendant même pas les mots de son amie derrière l'homme qui la domine et occupe tout son champ de vision.
- Du putain d' marché qu't'as conclu avec ce sale enfoiré d'diable !" crie-t-il.
Emma se fige, cesse de lutter, de résister, sous la pression du corps massif de son ami appuyé de tout son poids contre le sien, des doigts serrés sous sa mâchoire, appuyant sur son larynx souple.
"Je voulais te sortir de là, articule-t-elle. Je voulais épargner Olivia et même Alexandria... réalisant que ces mots difficilement prononcés tout haut lui paraissent subitement très prétentieux.
- Et t'as rien trouvé d'mieux que d'te vendre littéralement à ce taré de psycho !? rugit il encore dans son oreille. Mais il a une pièce entière remplie de bonnes femmes, un harem complet de pauvres filles peinturlurées et sapées comme des pétasses de dernier choix ! crache le chasseur, mauvais. T'avais pas besoin d'jouer à la mariée du dernier obsédé du coin...!"
A ses mot, une image aussi fulgurante que douloureuse se forme à son esprit.
Daryl revoit le test de grossesse usagé posé en évidence sur la tablette du cabinet médical, au Sanctuaire. Celui de Sherry. Négatif.
"Parce que tu crois que j'ai eu vraiment le choix, se rebiffe enfin Emma contre lui, soulevée par sa propre haine contre elle -même, le repoussant un peu sans qu'il ne bronche pour autant. Tu crois que j'ai souhaité qu'il me... prenne matin, midi et soir...?!"
Revenu à la réalité, Daryl sent ses mots à elle qui s'enfoncent dans son ventre tel un poignard envenimé du fiel du grand homme en noir, le laissant muet, fixant son amie fulminante contre lui.
"... Que j'ai pris plaisir à faire semblant d'aimer ça ?...Pour demander de te libérer, toi... ? Demander qu'il cesse de nous exterminer tous, un par un ?! Et tout ça pour quel résultat, surtout ?! lâchant un rire amer et grimaçant. Toi, ici, sain et sauf, sans son accord si j'ai compris tout ce que tu ne prends même pas la peine de me dire. Et Spencer et Olivia... pfft ! levant les bras au ciel, envolés ! la voix chevrotante, le corps pris d'un tremblement visible. Tout ça pour finir pauvre pétasse de dernier choix, mimant des guillemets avec ses doigts. T'as raison ! Alors pardon ô vertueux Môssieur Dixon", sarcastique, contre lui cette fois.
Elle le pousse encore une fois, plus rageusement, parvenant à l'écarter un peu enfin, lui permettant de s'éloigner de lui à grands pas, face à tous les habitants, témoins, médusés, mais silencieux.
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