V | o poor icarus.






i always had a repulsive need
to be something more than human

























C'était comme traverser l'enfer, sans l'amour qu'Orphée l'y avait porté. Tom ne devait pourtant se retourner lui aussi, où la silhouette d'Eurydice s'évanouirait loin de lui. Cela durait depuis une semaine déjà.

Tom pouvait sentir la présence de Théodora derrière lui mais dès que son regard s'y portait, elle n'était plus là. D'aucun ne savait qui était réellement la proie ici.

Théodora faisait de sa présence une constante, s'était mis en tête d'emprunter les mêmes chemins que Tom, rendant la chasse insupportable, interminable. Parfois, ce n'est pas elle, tard dans la nuit, lorsque Tom rejoignait sa chambre et son lit, il pouvait sentir ses choses l'épier.

Peu importe quand et où, quelque chose de Théodora le suivait et le rendait totalement fou. Elle-même ne pouvait le nier, le pousser à la folie était une possibilité. Et ce n'était qu'une conséquence méritée pour lui d'avoir fourrer son nez là où il ne devait pas.

Mais plus que ça, c'était véritablement grisant. De voir cet être splendide, si enclin à la contenance perdre peu à peu son calme.

Théodora caressait délicatement sa plume sur les cicatrices de sa paume alors leur professeur d'Histoire de la magie parlait encore et encore sans se soucier si nul écoutait. Et peu écoutait. Tom n'écoutait pas, puisqu'il devait bien être le seul à voir cette ombre près de leur professeur, ce n'était pas la sienne, ce n'était pas un reflet. C'était la noirceur que l'on voyait si on s'attardait un peu plus à la chercher.

Théodora était quelques rangs derrière le jeune Jedusor, et de sa place, elle le voyait fixer ce point qui n'existait pas pour d'autres, et qui n'existait pour lui que puisqu'elle lui en avait donné la clé pour le voir.

Il s'agissait du dernier cours de la journée, le soleil déclinait à vue d'œil et rapidement en Écosse à ce moment de l'année. À mesure que plus de noirceur envahissait la pièce, plus d'ombres faisait leur chemin près du jeune sorcier. L'entourant, l'enfermant. Peut-être prenait-il alors conscience qu'il n'y avait jamais eu de chasse, qu'il était pris au piège depuis qu'il s'était perdu près de ce qui lui appartenait.

Grisant, réellement, exquis, oserait-elle même.

Le professeur Binns annonça du même ton monotone que leur cours prenait fin et le brouhaha des élèves couva vite le reste de ses paroles. Adina faisait partie de celles et ceux s'afférant à quitter la salle de cours. Théo' ne pouvait lui en tenir rigueur, la même excitation l'éprenait quelques minutes avant de rejoindre la forêt.

La jeune serdaigle savait alors qu'il ne lui servait à rien de se précipiter, son amie devait déjà être bien loin. Elle ne put faire plus de quelques mètres en dehors de la salle avant d'être délicatement arrêté par une emprise autour de sa taille.

- Je ne pourrais pas te voir ce soir comme prévu, ma douce, avoua Alexis en abandonnant sa taille alors qu'elle se tournait pour être face à lui.

Il encadra son visage de ses deux mains, la délicatesse de son toucher accentuée par son doux sourire devaient suffire à pardonner son abandon.

- Nous ne sommes pas encore fiancés et tu m'abandonnes déjà ? rétorqua-t-elle, faisant mine d'être véritablement blessée par cela. Tu ne m'as même pas laissé les trois ans de passion des débuts.

Il lui sourit et plongea pour un profond baiser avant de la laisser partir. Elle feignit de ne pas remarquer le regard de Jedusor, au loin sur elle et rejoignit sa salle commune. Il ne fallut longtemps à Théodora pour remarquer que quelque chose n'allait pas chez son frère. À vrai dire, il ne lui fallut qu'un regard vers lui.

Maxime Rivers rongeait ses ongles, assis sur leur banquette habituelle, il fixait le ciel comme attendant une information divine.

Sa sœur ne perdit pas de temps, ignorant momentanément les appels de ses amies et arriva à sa hauteur. D'un mouvement discret de la main, elle lança les sorts de confusion.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Est-ce que c'est maman ? demanda-t-elle brusquement.

Maxime infirma ce qui rassura déjà bien assez la sorcière qui prit le temps de s'asseoir à ses côtés.

- Rien de grave, désole de t'avoir inquiété.

Il continua de triturer ses doigts, maintenant qu'il n'y avait plus rien à ronger.

- Alexandre a été choisi pour diriger le congrès. Helen me l'a annoncé par lettre ce matin.

Le chef du congrès, chef officieux de la famille Rivers, celui-ci devait se charger de réunir leur famille en cas de danger, de vol d'artefacts mais surtout pour décider de la politique à suivre. Le plus âgé de la prochaine génération n'était pas nécessairement choisi pour ce rôle.

C'était pourtant le cas, et Théodora voyait l'amertume grandir chez son frère. Ils étaient tous deux les deux derniers Rivers à fréquenter les bancs de l'école. Il était commun d'attendre que tous soient présent pour voter leur prochain chef.

La menace de Grindelwald avait sûrement accéléré les choses. Le mage noir n'allait pas tarder avant de requérir le soutien de sa famille et ils avaient besoin d'un chef plus jeune et plus influent pour considérer son offre prochaine.

Alexandre dénonçait et luttait peut-être contre le sorcier au ministère, dans ses discours, tout cela publiquement. En tant que chef du congrès, il pouvait aisément se placer de l'autre côté de l'échiquier.

- C'est stupide de ma part d'avoir cru que je serais choisi. Papa ne l'a même pas été.

L'aigreur, la jalousie, et pourtant, l'amour et l'admiration brillaient tout en même temps dans les yeux de son frère. Théodora se demandait si Maxime ressentait la même chose pour Alexandre qu'elle nourrissait pour sa sœur.

Cette constante de ne jamais être ce qu'on regarde en premier. L'ombre.

Elle en doutait. Même dans son malheur de ne pas être le premier né Rivers, il restait un homme et l'héritier du nom.

- Est-ce si important que ça ? osa-t-elle demandé, sachant à peine prononcer qu'elle aurait dû se taire.

Le regard de son frère fut dur à encaisser. Et aussi proches étaient-ils à ce moment, ses yeux confirmèrent le fossé qui se perpétuait entre eux.

- Je veux être utile à ma famille, Théodora, je sais que tu ne peux pas comprendre puisque-

- Je suis utile à notre famille, trancha-t-elle aussi abruptement qu'il l'avait fait. Pas en participant à la microsociété créée avec votre congrès, vos règles et vos stupides réunions, tout ça calqué sur le ministère anglais.

- Comment peux-tu te dire utile en niant toute appartenance à ce qui fait de notre famille celle qu'elle est ?

Elle claqua sa langue contre son palais, lui faisant comprendre de la laisser terminer.

- Je suis utile à notre famille en perpétuant la magie qui nous a été transmis, en perpétuant la seule chose qui nous différencie encore des autres sorciers.

Maxime n'affirma rien de plus, ne voulant vexer sa sœur. Théodora finit par le laisser seul à ses pensées, si elle n'était pas utile à leur famille à ses yeux, pourquoi perdrait-elle son temps à soigner ses états d'âme ?

Le dîner arriva bien assez rapidement pour détourner Théodora de sa colère froide et lui apportait son lot de consolation. Elle n'avait pas besoin de croiser le regard du serpentard pour le sentir. Cela picotait sa peau, tant qu'elle se mit à penser qu'il cherchait à la blesser avec sa magie, ce qui ne l'étonnerait pas.

Théo' pouvait comprendre la recherche de l'immortalité, de la gloire, de la puissance, d'accomplir l'inaccomplie pour le simple loisir de l'avoir fait. D'être quelque chose de plus que les autres, le rendant implacablement et pleinement un humain comme les autres.

            Tom, de l'autre côté, ne parvenait toujours pas à admettre qu'une telle puissance se résout à plaisanter avec ses nerfs et protéger une source qu'elle n'exploitait pas. Et même de cette bribe de talent magique, il serait le seul à l'observer, puisque cela lui était égal de clamer.

Le jeune Jedusor sortit de sa transe et remarqua qu'il fixait désormais un point vide, Théodora était partie. Sa mâchoire se serra instantanément et il abandonna ses camarades sans un mot, se mettant finalement en tête de renverser la chasse établie depuis une semaine.

            Après de longues dizaines de minutes à arpenter les couloirs de Poudlard, sans un souffle trahissant sa présence, sans le bruissement d'une ombre étrange, Tom avait l'impression de devenir fou. Il avait tant fixé ses cheveux que cela avait ruiné sa parfaite coiffure. Il s'adossa au mur le plus proche, ferma les yeux et inspira longuement.

Il ne pouvait pas décemment se laisser berner par une sorcière moyenne et ses petits tours de passe-passe d'ombre. Le serpentard laissa longuement le calme lui revenir, ou du moins le contrôle. Après quelques minutes, il finit par le percevoir : le bruissement de sa jupe juste à côté de lui.

            Il saisit sa baguette d'une main et la gorge de Théodora de l'autre pour la plaquer contre le mur. Le sorcier ne pouvait toujours pas la voir mais il pouvait la sentir ; comme s'il était parvenu à saisir une tempête.

            - Arrête ça, grinça-t-il entre ses dents, montre-toi.

La nuit d'automne ne lui permettrait sûrement pas de la voir réellement, mais il aurait moins l'air fou une fois qu'elle serait vraiment là. Théodora appréciait pourtant assez bien sa vision à elle, camouflée derrière ses ombres. Le regard de Tom ne savait pas où se poser tandis que le sien scrutait chacune des multiples émotions qui le traversaient.

            Mais la sensation de sa baguette contre sa joue commençait à la déranger, comme celle de la pierre rêche dans son dos.

Lentement, comme une seconde peau, les ombres se détachèrent, tirant légèrement sa chair avec elles et laissant quelques secondes des tâches de noirceur sur les veines de son visage. Tom laissa la surprise parcourir ses traits, il n'avait jamais vu cela, et n'en aurait sûrement jamais l'occasion avec un autre sorcier.     

            Un relent le prit et le mot « gâchis » flottait dans sa tête. Comment cette magie ne pourrait-elle servir qu'à le torturer ? Il ne pouvait qu'imaginer à quel point elle lui serait utile.

Libérée d'une voile noirâtre que posait les ombres sur ses yeux, Théodora avait d'autant plus accès au détail du visage de Tom. Ici et là, elle pouvait déjà voir les plis de ses mimiques, les cernes du travail, la marque que ses ombres avaient fait sur sa joue. Les marques de sa vie et les actions du temps, déjà alors qu'il n'était qu'un adolescent.

            Théodora savait qu'il ne parviendrait jamais à l'immortalité, personne ne l'avait fait. Elle le verrait dépérir et en devenir fou. Quel spectacle alléchant, la folie d'un homme, se dit-elle.

            - Tu pourrais faire tellement plus, Rivers, avoua-t-il finalement, en retirant sa main de sa nuque mais non sa baguette, pourquoi s'entêter à vouloir être cachée ?

Elle sourit, amusée du changement de ton du jeune garçon. La pensait-il si naïve qu'elle tomberait dans le suave de sa voix ?

            - À quoi bon se dévoiler ? Tout disparaîtra à la fin, rétorqua-t-elle en jouant avec la cravate du préfet, régner pour périr, très peu pour moi.

Cela l'enragea, ces quelques petits mots, était-il si susceptible que cela ?

            - Pourquoi choisir d'utiliser tout cela pour me priver moi de construire quelque chose ? questionna-t-il, alors qu'elle sentit sa prise sur sa baguette se raffermir.

Elle ignora ses paroles et clama au contraire :

            - La première fois qu'on s'est parlé, il n'y a même pas deux semaines, j'ai presque cru avoir affaire à quelqu'un de puissant, elle tapotait sa cravate, jouant un air de musique, calme et reposée pendant qu'il bouillonnait. Tu dégageais une impression de contrôle et de supériorité que je n'avais jamais remarquée.

La pause que Théodora marqua fut pire, elle releva les yeux vers les siens, une moue s'installa alors qu'elle reprit la parole :

- Maintenant, je dois dire que je suis quelque peu déçue, j'ai simplement en face de moi un petit garçon qui a peur de mourir, comme les autres...

Tom aurait voulu se ressaisir de sa gorge plus violemment pour la faire payer, ou utiliser sa force magique. Céder à ses pulsions. Mais cela ne lui donnerait que plus raison encore, cela l'humilierait plus. Des gouttes de sueur perlaient dans le dos du préfet à mesure qu'il réalisait ne plus rien contrôler de la conversation.

- J'ai bien plus de projets que tu ignores, exprima-t-il finalement.

Elle hocha la tête en souriant, comme si elle le confortait, comme on encourage un enfant.

- Mais j'en suis sûre, Tom...

Il cligna à plusieurs reprises des yeux, essayant de contrôler sa colère face à cette attitude nonchalante et prétentieuse de la sorcière. Il se reprit et révéla :

- Je pense que Dippet sera particulièrement intéressé de connaître des enchantements de sang, tu ne crois pas ? Ou de découvrir toutes tes escapades dans la forêt interdite ?

Il arqua un sourcil, et face au manque de réponse de la jeune fille, il poursuivit :

            - Ou de comment je t'ai surpris et la manière dont la violence a été ta réaction à deux reprises.

            - Où veux-tu en venir une bonne fois pour toutes, Tom ? exclama-t-elle en retour, callant plus confortablement sa tête sur le mur, le visage rivé vers le sien.

Il sourit, reprenant finalement contenance dans leur échange.

            - Donne-moi accès à la source, rien d'autre ne te regarde ensuite.

Théodora laissa échapper un rire qui manqua de ruiner tout son calme, elle ajouta rapidement :

            - Même si je le faisais, les kelpies te déchiquèteront en un rien de temps et tu seras bien moins beau à regarder, termina-t-elle, en jouant désormais avec son insigne de préfet accroché à sa cape.

            - Tu me feras un plaisir alors de les garder en place.

Elle pesta rapidement, fronçant les sourcils :

            - Ce ne sont pas des chiens.

La clé de sa colère était véritablement ce petit coin d'herbes et ces créatures, comme une enfant avec sa maison de poupée, c'en était presque risible. De voir une potentielle si grande puissance se résoudre à protéger un bout de terre.

            - Mieux alors, tu iras la chercher pour moi.

La, de toutes les merveilles que renfermait la source, il ne s'intéressait qu'à elle, l'eau de jouvence et ignorait sûrement le reste, à son grand bonheur. Elle fit mine de considérer son offre et répondit simplement :

            - Dippet serait tout autant ravi de connaître ta quête d'immortalité, pas vrai ? Tout autant que ton usage de la magie noire pour déjouer mes propres sorts.

Il s'apprêta à riposter mais Théodora ne lui laissa pas l'occasion et déclara :

            - La question étant alors, lequel de nous deux a le plus à perdre, Tom ?

Les ombres revinrent, entourant d'un seul coup la peau de Théodora, et bien assez vite, leur contact se rompu, laissant Tom seul et enragé.



































bonjour, bon ça a pris un peu de temps à revenir mais je vous offre enfin un nouveau chapitre d'as pure as hell en espérant que cela vous plaise !!!
j'écris déjà le prochain mais je vais bientôt reprendre les cours donc ça risque d'être tense niveau écriture!!

j'espère que ça vous a plu, merci beaucoup d'encore me lire, à la prochaine !! (vite j'espère !)

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