Hold me tell me life is but a dream - 3/3

Hold me tell me life is but a dream




Yoongi était à genoux, le haut du corps plaqué contre le bois et le bas cambré vers le haut.

Ses bras étaient tendus vers l'arrière, ses mains coincées entre ses cuisses écartées, nouées par d'épais liens en cuir, reliés par une chaîne aux menottes qui entravaient ses chevilles croisées.

Il était complètement nu, un collier étrangleur à dents en acier marquait son cou, un grand blond en face de lui tirant puis relâchant la laisse selon son humeur et l'embout en forme de pénis à l'intérieur du bâillon qu'il portait, était enfoncé dans sa bouche.

Il était installé sur une immense table à manger, de nombreux hommes autour de lui, la plupart installés comme s'ils allaient passer à table, alors que trois d'entre eux étaient debout pour « s'occuper » à tour de rôle de lui.

Nino portait une cagoule noire intégrale, s'amusant avec une bougie rouge, la cire coulant doucement, tel du sang sur le dos pâle et frêle de leur victime.

Evan préférait les coups, utilisant sa canne souple en caoutchouc pour marquer les cuisses de l'enfant, frappant de plus en plus fort, sa folie prenant de l'ampleur à chaque soubresaut de douleur.

L'homme était à sa droite, laissant à gauche toute la place au plus âgé de la soirée, un sexagénaire qui avait entaillé les fesses et les hanches de leur « jouet », de longues traînées pourpres coulant pour souiller le fouet d'Evan, colorant la peau opaline de marques sanguinolentes.

La dague utilisée était précieuse, sans doute hors de prix, son manche gravé et serti de pierres, témoignant de sa valeur.

Yoongi avait failli s'étouffer plusieurs fois, la douleur le poussant à tenter de se débattre, ses sanglots secouant tout son corps, alors que l'embout paralysait totalement sa petite bouche, douloureusement sollicitée.

Ses larmes ne cessaient de couler, ses yeux rouges et gonflés ne faisant qu'accroître le plaisir du blond qui jouait avec son collier, une main gantée tenant fermement la laisse et l'autre, s'activant sur son sexe, s'arrêtant, à chaque fois, juste avant la libération, prenant le temps de se calmer pour pouvoir repartir.

Il ne disait pas un mot, tout comme Nino, qui n'avait d'yeux que pour les traces laissées par la chaleur de la cire, son érection frottant inconsciemment contre la table, face à un tel spectacle.

Seul Evan s'exprimait, accompagnant chaque coup d'insultes, rappelant à Yoongi à quel point il le méprisait, se moquant de le voir jouer les victimes, alors qu'il était plus qu'évident "qu'il appréciait" le traitement offert.

Saburo, le « doyen », cessa soudain de jouer avec la lame de sa dague, mais loin de se sentir soulagé, l'enfant sentit l'effroi l'envahir lorsque le fourreau de l'arme glissa délicatement entre ses jambes, remontant le long de sa cuisse jusqu'entre ses fesses.

Et le rire d'Evan sembla résonner sans fin, lorsque l'objet pénétra son intimité.

Yoongi se réveilla en sursaut, regardant autour de lui, complètement terrorisé, pour la première fois depuis bien longtemps.

Il tenta de se calmer, poings serrés, le drap coincé entre ses mains et la mâchoire crispée.

Il était en colère contre lui, contre tous ces souvenirs qui remontaient et contre sa soudaine faiblesse.

Pourquoi faisait-il si souvent ce genre de rêves maintenant ?

Pourquoi s'était-il endormi tout simplement ?
Depuis quand dormait-il ?

Il n'en avait absolument pas besoin et ne l'avait plus fait depuis sa rencontre avec Wrath, alors pourquoi jouait-il les humains soudain ?

Son regard se porta sur Namjoon, endormi contre lui, un bras autour de ses reins et il se mordit la langue, l'envie de vomir se mêlant à celle de tuer.

Il se défit rapidement de l'étreinte, les images de la suite de son rêve refusant de quitter son esprit.

Pestant contre ses jambes vacillantes, il alluma les jets de l'immense douche italienne au maximum, entrant sans même prendre la peine de se déshabiller, ne retirant son long tee-shirt qu'une fois sous l'eau bouillante.

Très vite, sa peau fut complètement rouge, la température trop haute pour être supportable, mais il ne la toucha pas, accueillant la douleur avec soulagement.

Attrapant la fleur de douche, une fantaisie du brun, accrochée à sa droite, il vida presque la bouteille entière de gel douche dessus, l'odeur de celui qui était la cause de tous ses changements, emplissant la cabine.

Comme possédé, il se frotta rageusement le corps, se blessant plus qu'il ne se nettoyait, l'impression de ressentir les mains de tous les hommes qui l'avaient touché, lui retournant l'estomac.

Il se sentait sale, répugnant comme jamais et plus il frottait, plus la sensation se faisait forte, le poussant à se blesser davantage.

- Yoongi ?

La voix de Namjoon le ramena sur terre et il éteignit rapidement l'eau.

Sans réponse et sentant que quelque chose n'allait pas, le brun était déjà dans la salle de bain. Il ouvrit la cabine, se figeant quelques secondes face à l'état de son amant.

Ce dernier ne lui laissa pas l'occasion de parler, sortant de la douche sans le regarder.

- Qu'est-ce que... Tenta le policier.
- Ça va ! Rétorqua le blond.
- Non, ça ne va pas, tu
- ÇA VA, JE TE DIS !

Namjoon se tut quelques secondes après le cri de son compagnon, qui avait attrapé une serviette, s'enroulant dedans en continuant d'éviter de le regarder, l'ignorant presque.

- Yoon...

L'inspecteur tendit le bras pour saisir la main de Yoongi, mais celui-ci réagit violemment.

- NE ME TOUCHE PAS, BORDEL !

Il avait hurlé, giflant son amant, qui ne broncha pas.

« Don't touch me, I'm fragile.
I'm bitter in my heart.
Mama sold me for candy.
I was ruined from the start. »

Quelques secondes de silence s'écoulèrent, sans que personne ne bouge, comme si tout avait été figé, le sang coulant doucement le long de la joue de Namjoon, la main du blond toujours serrée autour d'une de ses lames.

Le policier trouvait toujours ça fascinant, de voir la rapidité avec laquelle les armes blanches de Yoongi apparaissaient, répondant instinctivement à l'appel, même inconscient, de leur propriétaire.

L'expression du plus petit montrait qu'il n'avait pas eu conscience d'avoir fait appel à elles, mais Namjoon ne le remarqua pas, complètement figé, face à sa main nue.

Il ne l'avait jamais vu sans gant et comme le blond ne semblait ressentir aucune honte à exhiber son corps meurtri, il avait pensé que la cicatrice sous la mitaine en cuir, devait être horrible, insoutenable même.

Mais il n'en était rien, la main était aussi parfaite que l'autre.

Seulement, sur le dessus, se trouvait un dessin que le brun avait reconnu immédiatement.

Un dessin qu'il avait pensé ne plus jamais revoir.

C'était le symbole de l'infini, la variante non fermée de Leonhard Euler pour être plus précis, donnant l'impression d'un S aux allures de serpent, horizontal et stylisé.

« Un tatouage ! Tu as osé te faire marquer comme une traînée ! Et sur la poitrine en plus ! »

Pourquoi Yoongi avait le même tatouage que sa sœur, sur la main ?

Exactement le même.

« L'infini pour notre amour, le S comme son prénom et le serpent pour aller avec son tatouage ! »

Namjoon secoua la tête, troublé par les mots de sa sœur, qui lui revenait en mémoire, après toutes ces années.

Il avait complètement oublié cette histoire.

Yoongi avait remarqué son regard fixé sur sa main et son émoi, mais, secoué par ses émotions et harcelé par ses propres démons, il n'était pas d'humeur à apaiser sa tempête.

Puis, c'était comme ça que les choses devaient se passer.

Il devait arrêter de laisser cette histoire le dévorer ainsi, il devait arrêter de devenir si... humain.

Enfilant son gant, sortant ainsi Namjoon de sa transe, dans un sursaut, il le regarda droit dans les yeux, le visage fermé.

- Tu sais que d'après le Judaïsme, dans l'Ancien Testament, le serpent, symbolise la tromperie, la promesse de connaissances interdites et l'auto-élévation ? Lança-t-il, presque avec mépris.

Puis, sur un rictus hautain, il quitta la salle de bain.

L'officier de police ne mit pas longtemps à se reprendre, se précipitant à sa suite pour comprendre, mais la chambre était déserte et il sut immédiatement qu'il en était de même pour le reste de la maison.

Tentant de calmer son angoisse naissante, il porta une main à la marque que son amant lui avait laissée pour qu'il supporte la distance lorsqu'il s'absentait, se répétant qu'il allait revenir.

Sinon, c'est lui qui irait vers lui.

C'est ce qu'il faisait toujours.

C'est ce qu'il ferait jusqu'à sa mort.

- Tu sais Yoongi, si tu pars d'ici, tous les autres, tout cet endroit, va être réduit en cendres. Tu comprends ?

Le petit n'eut aucune réaction.

Pourquoi le sort des autres l'inquiéterait ?

Il était seul depuis toujours et ne devait se préoccuper que de deux choses maintenant.

Lui et tous ceux qu'il allait détruire.

- Je ne sais pas ce que les deux autres ont trouvé, mais aucun ne t'arrive à la cheville, j'en suis sûr. S'exclama Wrath, visiblement satisfait.

Il recoiffa assez tendrement les cheveux de l'enfant, glissant un doigt contre son visage éclaboussé de sang, avant de le porter à ses lèvres.

- D'accord, je t'aiderai. Souffla Wrath. Jusqu'à ce que tu te sois vengé, tu seras puissant, invincible même. Mais...

Il se pencha à l'oreille du petit.

- ... D'abord, tu dois rencontrer celle à qui tu devras en payer le prix.

L'enfant regarda derrière le démon, une silhouette sans forme réelle, dansait dans l'obscurité, l'ombre glissant sur le sol, jusqu'à lui, avant de se matérialiser soudain.

Une jeune femme brune, à l'allure réservée, presque timide, se tenait devant lui, mais Yoongi sentit immédiatement que son apparence extérieure n'était plus du tout en accord avec ce qu'elle était à présent.

- Je m'appelle Nu Wa, je suis celle qui t'a offert ce petit cadeau. Se présenta-t-elle simplement, tapotant du doigt la poitrine du petit, là où « sa tâche » grondait de plus en plus fort, prenant de l'ampleur à chaque seconde.

Elle sourit, glissant une main sur la joue du blond.

- Si tu le veux, demain tu seras grand, fort et plus personne ne pourra te faire de mal. Continua-t-elle. Wrath t'aidera à vaincre tous ceux qui se mettront en travers de ton chemin et tu feras, ce que tu veux, de tous ceux qui sont venus un jour ici pour t'utiliser.

Elle se pencha pour que son visage soit un peu plus à la hauteur de l'enfant, croisant son regard si particulier.

- Mais j'ai moi aussi des gens qui m'ont fait du mal, des gens qui m'ont enlevé le seul espoir de ma vie et en échange, tu devras les faire payer pour moi.

Elle posa la paume de sa main sur le torse de Yoongi et ce dernier sentit ce « petit fragment » en lui, réagir.

- Vous êtes trois, mais vu ce que je ressens là, je doute que ça puisse être quelqu'un d'autre que toi. Sourit la jeune femme, satisfaite. Je t'ai offert un piège et une arme, s'il te choisit, tout ce que tu auras à faire, c'est de le laisser se prendre dans ma toile et se débattre.

Elle se redressa, s'éloignant un peu.

- Je peux te libérer de cet enfer et t'offrir tout le pouvoir et le sang que tu désires, mais en échange, tu vas devoir faire quelque chose pour moi. Est-ce que tu penses pouvoir ?

Yoongi cognait aussi fort que possible, tapant sans s'arrêter dans le mur en face de lui.

Ni ses os brisés, ni son sang, ne l'arrêtait, la douleur que tous ses souvenirs apportaient, bien trop atroce pour être apaisée.

Ses larmes non plus ne semblaient pas vouloir se tarir et l'idée de pleurer ainsi, ajoutait à sa rage, sa faiblesse aussi insupportable que sa souffrance.

Il se sentait pathétique, aussi impuissant et perdu que lors de son arrivée à l'orphelinat.

Et il détestait ça, il détestait être aussi fragile.

Il avait fait tellement d'efforts et enduré tellement de peine, pour ne plus jamais avoir à supporter de tels sentiments, pour ne plus jamais laisser la moindre émotion prendre le dessus sur lui et aujourd'hui, il avait la sensation que ça n'avait servi à rien, que tout était réduit en cendres.

C'était comme revenir en arrière, comme redevenir l'enfant abandonné qui ne savait pas comment supporter la cruauté que le monde avait à lui offrir.

Et c'était douloureux, tellement douloureux. Il avait oublié qu'une telle souffrance existait.

- POURQUOI ? Hurla-t-il en se tournant vers Wrath, lorsque ce dernier apparut derrière lui.

L'autre l'observa avec attention, son regard, détaillant son visage défait et ses poings en sang, qui avaient déjà souillé ses vêtements et le sol.

Il n'avait sincèrement pas prévu que les choses se passeraient ainsi. Yoongi n'était pas censé souffrir, pas censé perdre la particularité qui faisait de lui l'instrument idéal à sa mission.

Mais il avait fallu que son protégé soit encore plus surprenant que prévu.

Encore plus parfait.

- Arrête ça ! Continua le jeune homme. Fais en sorte que ça s'arrête !

Le démon ne l'avait encore jamais vu ainsi, jamais entendu utiliser un tel ton désespéré et l'image ne lui plaisait absolument pas.

Seulement, il n'y pouvait rien.

Il détailla quelques secondes les traces sur le mur, témoignage de la rage, mais surtout, de la douleur, de celui à qui il était lié.

- Je suis désolé... Souffla-t-il.

Ce n'était jamais bon signe lorsqu'un monstre s'excusait sincèrement.

- C'est quelque chose que tu es seul à contrôler.
- CONTRÔLER ? Explosa Yoongi. Est-ce que j'ai l'air de contrôler quoi que ce soit ?

Il tira sur son tee-shirt taché.

- Je ne veux pas de ça. Continua-t-il sur le même ton. JE N'EN AI JAMAIS VOULU !

De nouvelles larmes coulèrent et il les essuya rageusement, malgré ses mains en sang.

- Toutes ces images, ces souvenirs...

Son regard se perdit dans le vide, alors qu'il ramenait ses bras vers lui, comme pour se protéger.

Il frissonna, secouant nerveusement la tête.

- Non... NON ! Sanglota-t-il.

Terrifié, les yeux fixés sur un point, quelque chose ou quelqu'un qu'il était le seul à voir, il recula.

- Non, non, non !

Wrath fronça les sourcils.

- Gamin ?

Autour d'eux, le décor changea, les ramenant à l'orphelinat, retrouver le jeune Yoongi.

- Hey, arrête ça !

Malgré le cri du démon, les souvenirs continuèrent à défiler, de plus en plus vite, sans qu'ils ne puissent réellement se concentrer sur une image en particulier. Ils étaient comme pris dans une tempête, des fragments du passé tourbillonnant autour d'eux, les emportant toujours plus loin et plus vite.

Le blond avait trébuché, se retrouvant à genoux, les mains sur les oreilles et les yeux fermés, cherchant à fuir toutes les images qui déferlaient, comme si ça allait suffire à faire disparaître les émotions qui le submergeaient.

En d'autres circonstances, Wrath aurait été surpris et incroyablement impressionné, mais là, il était simplement préoccupé.

Bien évidemment, sortir d'ici ne lui demanderait aucun effort, simplement, il était hors de question qu'il parte sans son protégé.

Ils avaient une destruction à accomplir.

Et il n'en avait, plus simplement, aucune envie.

- Stop ! Gémit le jeune homme. STOP ! ARRÊTEZ !
- Yoon, calme-toi ! Hurla le démon, tentant de se faire entendre.

Il y avait énormément de bruit autour d'eux. Les bribes de conversations, les cris et les larmes des différents souvenirs, se mélangeaient, formant une bande son horrible, que Wrath envisagea d'utiliser comme moyen de torture, une fois de retour en enfer.

Sa tentative et celles qui suivirent furent vaines, Yoongi ne l'entendait pas, sûrement même plus conscient de sa présence et incapable de dire ce qui était vrai ou ne l'était pas.

À cet instant précis, en dehors de son passé qui explosait autour de lui, il ne se souvenait sans doute plus de rien.

Puissante ou pas, contrat ou non, l'autre sorcière allait entendre parler de lui.

Une fois la mission finie et sa promotion obtenue, il lui ferait payer au centuple.

Soupirant, il courut jusqu'à son protégé, qu'il plaqua dos au sol, se penchant sur lui avec l'apparence de Namjoon et lorsque le jeune homme croisa son regard, il transperça sa poitrine, jusqu'à ce que sa main atteigne son cœur.

Ses doigts serrèrent l'organe, l'empêchant de battre, les autres faisant de même avec sa gorge.

- Ça suffit. Souffla-t-il contre son visage, d'une voix ferme.

Yoongi ne bougeait plus, seuls ses yeux si vides à une époque, exprimaient toutes les émotions qui le traversaient, la douleur qu'il combattait et les efforts fournis.

Doucement, lors d'instants intenses, qui parurent, une éternité pour le démon, le tourbillon ralentit, avant de finir par se calmer complètement.

Ils étaient de nouveau en haut de la tour géante de la ville, sur le toit et Wrath, qui avait repris l'apparence de son protégé, se redressa, libérant le blond, qui se tourna sur le côté pour vomir une quantité impressionnante de sang.

- Sérieusement gamin, je sais que je t'ai encouragé à être exceptionnel, mais tu ne pourrais pas ralentir un peu ?
- Qu'est-ce... Qu'est-ce qui se passe ? Questionna péniblement Yoongi.

Il n'était plus en colère ou désespéré.

Il était épuisé.

Le genre d'épuisement qui pousse à s'ouvrir les veines ou se tirer une balle.

Le démon soupira, se faisant la réflexion que c'était quelque chose de très humain, qu'il n'avait jamais fait avant que le « gamin » n'entre dans sa vie.

- Ton flic dérangé, tu sais qu'il lui manque un bout d'âme et que c'est toi qui l'as, n'est-ce pas ? Lança-t-il. Que malgré ce qu'on aurait pu croire, le fait que tu te sois totalement débarrassé de la tienne, a fait de toi le réceptacle idéal ?

Le jeune homme hocha simplement la tête, l'idée ne lui plaisant pourtant vraiment pas.

- Ce n'est qu'un fragment, quelque chose qui ne devrait pas t'affecter personnellement. Continua Wrath.
- Mais ?
- Mais tu es une putain de perfection !

Yoongi ne rendit évidemment pas au démon son sourire.

- Tu es en train de reconstruire une âme. Expliqua, finalement ce dernier. À partir du morceau de celle de Namjoon.

Il y eut d'abord un long silence, même les bruits de la ville semblant avoir disparu, puis un rire lugubre secoua le blond, alors qu'il se redressait difficilement.

- Je sais que tu détestes ça, que tu ne t'es pas séparé de la tienne, pour finalement en avoir une autre, mais c'est vraiment quelque chose...
- D'exceptionnel ! Coupa Yoongi. Je sais, je sais... Je suis incroyable !

Il releva la tête, plantant son regard dans celui de son démon.

- C'est ce qu'ils répétaient déjà tous, à l'orphelinat.

Wrath se tendit.

Il allait définitivement dépecer cette sorcière !

Le blond ferma les yeux quelques secondes, donnant l'impression d'être à deux doigts de s'effondrer.

Il avait l'air encore plus fragile que dans son enfance.

- Je suppose que ce n'est pas forcément une mauvaise chose d'être banal. Souffla-t-il. Après tout, pour beaucoup, les exceptions sont des erreurs, non ?

Le démon voulut parler, mais son protégé reprit la parole.

- Tu sais, je t'avais dit que si j'en étais vraiment capable, alors je serais heureux, après avoir tué Min Sik. Murmura-t-il presque. Et c'est vrai, je l'ai été. Mais je ne pense pas que ce soit sa mort qui m'ait comblé.

Il rouvrit les yeux, un sourire fatigué aux lèvres.

- Je n'étais pas seul et j'ai ressenti des choses agréables. J'avais la sensation d'être précieux, de compter. Avoua-t-il. Mais je ne suis pas fait pour tout ça.

Il haussa les épaules, comme si ce n'était pas important.

- Je suis juste une erreur à effacer et je n'ai pas l'intention d'essayer de changer ça.

Wrath ne dit rien de ce qu'il pensait vraiment, sachant que c'était inutile et pas vraiment le moment.

À la place, il reprit son sourire habituel, celui que son protégé jugeait horripilant et qui terrifiait le reste du monde.

- Hey gamin, ça ne te ressemble pas de parler comme ça. Tu ne veux pas un câlin, pendant qu'on y est ?

Yoongi s'éloigna, sautant sur son rebord « habituel », le regard déjà fixé sur le vide à ses pieds.

- Ça doit être ma nouvelle âme qui s'exprime ! Rétorqua-t-il d'un ton plus léger.
- Ouais, tu parles comme ces foutus humains, c'est écœurant.

Le jeune homme sourit simplement en se tournant complètement pour faire face à Wrath, penché vers l'arrière, comme basculant déjà dans le vide.

- Hey Exi, si je deviens vraiment comme eux, est-ce que ça veut dire que je peux aussi faire ça ? Questionna-t-il, avant de se laisser tomber.

« Sale gosse » entendit-il en réponse et il ne put s'empêcher de rire.

Sa chute ne fut pas longue et ce n'est pas le sol, mais un matelas moelleux qui entra en contact avec son dos.

Paupières closes, il ne bougea pas, sachant parfaitement, sans avoir à regarder, même si c'était la première fois qu'il venait, où il était.

La chambre de Ren.

« Fais-moi juste confiance gamin, laisse les choses suivre leur cours pendant que je m'occupe du reste. Je te promets de trouver une solution, de te prouver que comme toi, le bonheur est toujours une exception, quelque chose qui s'arrache aux lois ordinaires de l'existence. »

- Foutu démon... Grommela simplement Yoongi en réponse.

Namjoon ressemblait à un stalker ou un pervers, debout sur le trottoir, les yeux rivés sur un charmant père de famille et ses gosses.

Mais il n'en avait pas conscience, incapable de détacher ses yeux de l'homme en face de lui.

« Shun, c'est l'amour de ma vie ! »

Comment avait-il pu oublier le petit-ami de sa sœur ?

Celui dont elle ne cessait jamais de parler et qu'elle connaissait depuis l'enfance, celui qu'il avait toujours cru, avoir un jour comme beau-frère.

C'était étrange de le voir comme ça, si calme, si « rangé ».

À l'époque, son père le détestait, à cause de son look de mauvais garçon et aujourd'hui, il ressemblait à monsieur tout le monde.

C'était l'hôpital qui l'avait mené jusqu'ici.

Après le départ de Yoongi, il avait ressenti le besoin soudain et étrange, d'aller voir sa sœur et bien que terrorisé, il était allé jusqu'à la clinique, décidé à lui faire face.

Pour lui dire quoi ?

Il n'y avait pas pensé, simplement persuadé qu'il devait y aller.

Mais les choses ne s'étaient pas passées comme prévues.

Il n'avait pas pu la voir.

Non pas qu'elle avait refusé, ou qu'elle était sortie, mais parce qu'elle était morte.

Elle s'était suicidée.

Et c'est son badge de flic et les billets offerts à un infirmier qui lui avaient permis d'en apprendre plus.

D'apprendre comment sa sœur, malgré les doses de médicaments qui l'abrutissaient, suppliait sans arrêt pour qu'on la laisse voir Shun.

Comment ce dernier venait tous les jours, cherchant par tous les moyens à l'apercevoir et comment son père, avait fait en sorte que jamais ça n'arrive.

Lorsque le brun avait soudain cessé de venir et d'appeler, au bout de presque un an, sa sœur s'était emmurée dans le silence, passant ses journées à dessiner un peu partout, jusque sur son corps, des symboles étranges.

Les médecins et infirmiers avaient commencé à la craindre, de plus en plus d'événements inexplicables et effrayants se produisant autour d'elle et la rumeur comme quoi elle était une disciple du diable, s'était répandue parmi les patients, certains s'étant même mis à lui vouer un culte.

Elle avait même changé physiquement, sans qu'aucune explication logique ne puisse apporter de réponse à sa transformation.

Elle n'avait accès à presque rien et pourtant, ses cheveux bruns étaient devenus gris clair, parsemés de mèches pourpres qui semblaient dessiner quelque chose de bien précis. Malgré toutes leurs tentatives pour les couper, les infirmières répétaient qu'ils retrouvaient toujours la même longueur, bien en dessous des fesses et que parfois, ils semblaient « vivants ».

Ses yeux noisette avaient, pour l'un, laissé place à un noir intense, tandis que l'autre, presque blanc, donnait l'impression d'une cécité ou d'une maladie étrange, alors que pourtant, il semblait le plus vif des deux.

Sa peau, à l'origine pâle et délicate, était devenue plus sombre, comme un bronzage orangé offert par des séances d'UV et l'épiderme étaient plus épais et résistant, formant une sorte de protection, qui avait cassé bien des seringues.

Elle était devenue quelqu'un de totalement différent, quelqu'un qui, sans prononcer le moindre mot, terrorisait la plupart du personnel et des résidents et c'est l'argent de son père qui avait permis qu'on la garde et que rien ne filtre sur son étrange état.

La veille de sa mort, isolée des autres, elle avait hurlé pendant des heures, le corps totalement tatoué, y compris le visage et les infirmières qui avaient tenté de la maîtriser pour la piquer, avaient juré que les dessins bougeaient et que sa voix n'était plus celle d'un être humain.

Le lendemain, elle avait été retrouvée morte, comme paisiblement endormie au milieu de la reproduction de son seul « vrai » tatouage, celui sur son sein.

Le symbole de l'infini, celui dont le « S » était associé au prénom de son petit ami, le côté « serpent » rappelant le dessin que ce dernier avait sur l'avant-bras.

L'histoire avait évidemment été étouffée et son père n'avait même pas prévenu la famille que sa fille était morte.

Namjoon avait vécu toutes ces années en l'ignorant, en évitant soigneusement de penser à elle, ne souhaitant pas s'enfoncer plus profondément dans les remords et la culpabilité.

Le récit « fantastique » de l'infirmier ne l'avait pas choqué ou surpris, mais les nouveaux liens qu'il avait fait entre Yoongi et sa sœur l'avait angoissé, une terreur nouvelle et qu'il ne pouvait nommer, prenant vie au fond de lui.

Il s'était soudain souvenu de la passion de son aînée pour la magie et de tous les « grimoires » et objets qu'elle collectionnait depuis sa sortie de l'enfance et il avait compris que ce qui n'était qu'une fascination de petite fille, avait pris une forme plus sombre, à cause de l'horreur qu'elle avait vécue.

Son amant était entouré de démons et tous ses pouvoirs n'avaient rien d'humain, alors aucun des dires de l'infirmier n'aurait pu le surprendre.

Plus jeune, il pensait que la magie noire, les démons et le diable n'existaient pas, que ce n'était que des croyances aussi ridicules que Dieu ou le père Noël. Plus tard, il avait cessé d'y penser, trop occupé à survivre péniblement dans l'enfer qu'était devenu son monde et lorsqu'il avait rencontré Yoongi, pas une seconde, il n'avait pensé que les choses étaient étranges ou impossibles.

Tout était juste comme ça devait être.

Lorsqu'elle avait été internée, sa sœur n'était pas folle, mais elle avait fini par le devenir.

Non pas à cause de l'enfermement, ni même à cause des atrocités que son père lui avait fait subir, mais à cause du manque.

Et ça, c'était quelque chose, qu'aujourd'hui, Namjoon était pleinement capable de comprendre.

Et pour la première fois de sa vie, il avait pu mettre des émotions sur ce qu'avait vécu sa sœur.

Retrouver Shun n'avait pas été difficile ; même s'il ne comprenait pas réellement pourquoi il était là, debout depuis plusieurs minutes, comme un idiot devant son jardin, il n'était pas décidé à bouger.

Il était perdu dans ses pensées, mais malgré les apparences, aucune ne concernait le père de famille ou sa sœur, en fait, il pensait, comme toujours, à son amant.

Le manque commençait à devenir douloureux.

Portant une main à la marque faite par les dents du jeune homme, il soupira, ses doigts griffant sa peau.

- Hey, qu'est-ce que vous faites devant chez moi ?

Namjoon remarqua enfin Shun, debout, l'air énervé.

- Foutez le camp ou j'appelle les flics !

Malgré le ton du père de famille, il ne réagit pas, se contentant de le regarder simplement.

N'appréciant pas vraiment, l'autre s'avança vers lui.

- Vous entendez ce que je dis, espèce de...

Sa voix mourut dans un étranglement étrange, lorsqu'il reconnut enfin l'inspecteur.

Il avança encore, machinalement, les yeux grands ouverts, semblant partagé entre stupeur et crainte.

- Qu'est-ce... Pourquoi... Que...

Il balbutia sans réussir à former la moindre phrase, regardant autour, comme s'il cherchait à savoir si le brun était venu seul.

- Elle est morte. Lâcha, simplement Namjoon.

La douleur flasha dans les yeux de Shun, son regard humide se perdant quelques instants, avant que son expression devienne dure.

Visage fermé, mâchoire contractée, le corps tendu et les poings serrés, il avança encore.

- Qu'est-ce-que tu veux ? Cracha-t-il, agressif.

L'officier de police ne répondit pas, une fois de plus, observant la petite maison si parfaite, avec son jardin bien tondu et la clôture blanche impeccable, se demandant si tout ceci était censé appartenir à sa sœur.

Est-ce que c'est ce qu'elle avait désiré ?
Est-ce que, sans son père, sans lui, c'est ce qu'elle aurait eu ?

Une vie rangée, discrète, dans une demeure de série télé, avec une ribambelle de gosses, un chat obèse et un chien qui perd ses poils ?

Est-ce que l'image qu'il avait sous les yeux, était l'incarnation du rêve le plus précieux de la jeune femme ?

- Pourquoi ? Questionna-t-il finalement. Pourquoi tu l'as abandonnée ?

Ses propres mots le surprirent, mais Shun parut encore plus choqué que lui, son visage trahissant clairement ses émotions.

- Abandonnée ? Répéta ce dernier, abasourdi. Et c'est toi qui oses me dire ça ?

Il avait haussé le ton, la colère commençant clairement à se faire sentir.

- Je l'aimais, moi ! Reprit-il plus fort encore. J'étais le seul à l'aimer !

Il avança encore, se retrouvant à quelques pas seulement de l'inspecteur, la barrière blanche claquant dans son dos.

- Est-ce que tu sais combien de fois, je me suis fait menacer et passer à tabac ? Demanda-t-il. Est-ce que tu sais que je me suis retrouvé à la rue, fait jeter de ma fac et renverser par une voiture ? Tout ça parce que ton enfoiré de père voulait que je cesse de la voir ?

Namjoon était étonné. Non pas par le comportement de son géniteur, mais parce que l'autre n'avait apparemment pas fui.

- Mais malgré tout ça, je suis resté. Confirma le brun. Même sans un sou, sans avenir et à la rue, je suis resté auprès d'elle. Même quand elle me repoussait, quand le simple fait que je m'approche d'elle la faisait frémir, quand elle me cognait en hurlant que je la dégoûtais, je suis resté !

Il avait crié, mais semblait plus ému encore qu'en colère et l'inspecteur se souvint soudain de la façon dont il se comportait avec sa sœur, lui laissant toujours de l'espace, attendant que ce soit elle qui vienne vers lui et réclame de l'affection, s'efforçant de ne jamais la toucher en premier et de ne jamais la surprendre.

Il se souvint des baisers qu'il déposait sur son front ou le creux de son poignet et des fois où il restait simplement debout, sans bouger, pendant qu'elle lui criait des horreurs en frappant son torse de toutes ses forces.

De ses doigts qui se nouaient aux siens lorsque son père entrait dans la pièce et qu'elle se tendait instinctivement, de sa veste dans laquelle il l'enveloppait quand ce pervers la détaillait intensément, amusé de le faire devant son petit-ami.

De la façon dont elle le retenait à chaque fois qu'il semblait prêt à en découdre.

Il se souvint des kilomètres à pieds que le jeune homme faisait afin de la voir tous les jours, du mépris et des commentaires haineux et humiliants qu'il affrontait sans cesse pour pouvoir être avec elle.

À l'époque, il pensait simplement que Shun était un idiot "sans couilles" mais maintenant, il comprenait que si à ce moment-là, il ignorait les abus dont était victime sa sœur, ce n'était pas le cas pour le brun.

Il y a peu de temps encore, malgré les années passées, il n'aurait sans doute pas été capable de comprendre, mais maintenant, les choses semblaient plus évidentes.

- Tu l'aimais... Souffla-t-il, pensif.

Shun parut presque choqué, se demandant s'il était stupide ou dérangé, de ne saisir que maintenant, quelque chose d'aussi évident, mais Namjoon ne s'en rendit pas compte, perdu dans les souvenirs de la veille au soir, qui avaient amené le rejet de Yoongi ce matin.

Le brun n'avait pas vu son amant de la journée, ce dernier semblant jouer à cache-cache avec lui, disparaissant avant qu'il ne puisse l'atteindre et il avait cru devenir fou à le chercher en vain, poussé par la sensation que quelque chose n'allait pas.

Pénétrant dans la boîte de nuit où ils avaient fini par faire l'amour, il y a quelque temps, il le trouva tout de suite, sachant parfaitement vers où aller et regarder.

Il était appuyé au bar, un chauve au physique peu avenant d'après l'inspecteur, collé à lui, les mains glissées sous son tee-shirt trop grand.

Yoongi n'avait aucun pantalon, un jean accroché à l'un des tabourets lui appartenant sans doute et une coupure encore fraîche traversant sa cuisse.

Cette fois-ci, Namjoon n'était pas jaloux.

Il était en colère certes, mais pour des raisons totalement différentes de la dernière fois.

L'envie d'arracher la tête de l'inconnu ne venait pas d'une soudaine pulsion possessive, mais parce que malgré son sourire aguicheur de façade, son amant semblait écœuré, à deux doigts de pleurer ou de vomir.

Ou de massacrer le club en entier.

- Hey ! Sourit le blond en le voyant arriver.

Il paraissait ivre, mais l'inspecteur savait que ce n'était pas le cas.

L'alcool n'avait aucun effet sur lui.

Le chauve le regarda, mais il l'ignora, attrapant la main de son amant pour le tirer vers lui.

- On rentre ! Siffla-t-il, les dents serrées.
- Non ! Je veux m'amuser !

Le brun ne répondit pas, l'entraînant simplement à sa suite et l'inconnu ne fit rien pour les arrêter, sans doute au courant de ce qui était arrivé à la dernière personne qui s'était interposée.

Le couple bouscula quelques danseurs, Yoongi tentant de se défaire de l'emprise de son amant, répétant qu'il n'avait pas envie de rentrer.

Namjoon savait que son compagnon avait les capacités de le tuer en un battement de cils, alors il ignora toutes ses pseudo-tentatives, continuant de le tirer vers la sortie, malgré les coups qu'il recevait.

Yoongi finit par le repousser plus violemment, ouvrant la porte de l'établissement et lorsque l'inspecteur le suivit, il remarqua qu'ils n'étaient pas dans la rue, mais dans « leur » chambre.

Du moins, dans celle de la maison qu'il avait achetée récemment, l'héritage de son père ayant soudain relevé son niveau de vie.

Avant, ça n'avait pas d'importance, mais maintenant, il refusait de vivre dans son ancien appartement délabré.

Hors de question que son amant se retrouve à nouveau dans un environnement semblable à celui de l'orphelinat.

- Évidement que je l'aimais ! Cracha Shun, interrompant quelques secondes son souvenir. Je l'aimerai toujours. Mais je suppose que c'est quelque chose qu'un mec comme toi ne peut pas comprendre.

Le père de famille le bouscula un peu, énervé par sa présence, autant que par son manque de réaction.

- Hein, ce n'est qu'un mot de plus pour toi, non ? Cria-t-il.

- Il était persuadé que je serais sexy en robe ! Rit Yoongi. À l'orphelinat, il y avait un mec avec les mêmes fantasmes, je suis sûr qu'en y retournant, on pourrait bien s'amuser tous les trois.
- Arrête. Ordonna Namjoon, la mâchoire contractée.
- Quoi, tu préfères juste regarder ? Continua son amant. Tu veux voir, que je te montre tout ce qu'ils m'ont fait là-bas ?

L'inspecteur serra les poings.

- Ça suffit !
- C'est pourtant ton truc, non ? Profiter sans trop te salir les mains ? Rétorqua le blond plus fort. Tu es bien un putain de voyeur ?

Il se rapprocha, frappant brutalement le torse du brun.

- Alors pourquoi tu agis soudain comme si tu valais mieux qu'eux ? Hurla-t-il. Comme si tu n'étais pas aussi dégoûtant et détraqué qu'eux !

Un sourire mauvais étira ses lèvres et il glissa ses doigts contre la chemise de Namjoon, s'attaquant rapidement à sa ceinture.

- Aller, dis-moi, qu'est-ce que tu veux que je te montre ? Souffla-t-il. Ma toute première fois, celle où j'ai le plus pleuré ? Ou alors la plus violente, celle où j'ai eu mes cicatrices ?

Le brun lui retint fermement les poignets.

- Arrête ça tout de suite !
- N'aie pas peur, dis-moi tout. Susurra presque Yoongi, le même sourire atroce aux lèvres. Je suis tout à toi.
- Yoon...

La voix de Namjoon était presque suppliante.

- Tu veux qu'on rejoue une scène de ton passé ? S'amusa, malgré tout, son amant. Je suis sûre qu'Exi pourrait prendre sans problème l'apparence que j'avais enfant.

Il marqua une légère pause, passant sa langue sur ses lèvres, avant de se coller à son compagnon.

- Ton père pourrait se glisser dans mon lit. Murmura-t-il à son oreille.

L'autre le repoussa brusquement, mais il continua, plus fort.

- Et toi, tu serais à ta place, derrière la porte ! S'exclama-t-il, un rire dément le secouant. C'est ce qui t'excite, non ?
- ARRÊTE.
- Je te promets de pleurer, de crier et de te supplier du regard. Exactement comme elle !
- LA FERME !

Yoongi se retrouva plaqué à la porte par le corps de Namjoon, la poignée enfoncée dans le dos, alors s'en attendre, il s'empara de sa bouche, lui mordant les lèvres, en se frottant contre lui.

Malgré son comportement et bien que l'excitation se faisait déjà ressentir, le brun savait que ce n'était pas ce que voulait son amant.

Qu'il n'était pas en quête de plaisir et que le moment serait une torture pour lui, alors il le repoussa.

- Tu n'as pas besoin de faire ça. Souffla l'inspecteur, lui caressant la joue.

Le blond tressaillit quelques secondes, un frisson secouant son corps, puis il se reprit, lui crachant au visage en réponse.

- Tu es un lâche ! Le pire de tous !

Malgré le ton de sa voix, ses yeux humides et son expression, commençaient à trahir son véritable état d'esprit.

Le brun s'essuya rapidement avec la manche de sa chemise.

- Je sais. Rétorqua-t-il simplement, sans se décoller de son amant.

Les doigts du plus petit se crispèrent sur sa chemise, alors qu'il le tirait, inconsciemment, davantage contre lui.

- Tu me dégoûtes. Ajouta Yoongi, un sanglot à peine retenu.

Namjoon appuya son front contre la porte, juste à côté de son visage.

- Je sais. Souffla-t-il à nouveau, glissant ses bras autour de ses reins.

Le blond ne parla pas pendant un petit instant, tentant de retenir ses pleurs, avant de finir par craquer, s'accrochant au cou de son amant, le corps secoué par ses larmes.

- Je te déteste. Je te détesterais toujours !

Le brun le décolla de la porte, l'enlaçant délicatement en embrassant sa tempe.

- D'accord, ça me va.

"Why do you have to sell me to those mean old men ?
They cut me up in places, I don't even understand.
It's normalcy to me.
How will my boyfriend understand?
I'm seventeen with a history of a million men.
A million men."

- Je ne sais pas ce que tu es venu chercher, mais je ne veux plus jamais te revoir ! Cracha Shun, ramenant de nouveau Namjoon au présent.

Il cligna des yeux, les baissant vers lui.

- Vous nous avez tout pris, vous avez tout gâché ! Continua le père de famille, hors de lui. Vous avez fait d'elle un monstre et vous avez détruit ma vie !

Le policier ne comprit pas exactement ce qui était sous-entendu, mais il savait qu'il y avait une histoire précise derrière ce qu'il venait de dire.

- Elle est venue me voir une nuit. Souffla Shun, la voix plus basse. Elle est apparue comme par magie, en plein milieu de ma chambre et...

Il marqua un arrêt, soudain mal à l'aise.

- J'avais une nouvelle compagne et on venait d'avoir un enfant.

Il ferma les yeux, une demi-seconde à peine, avant de refaire face à l'inspecteur.

- Il faut me comprendre, j'ai cessé d'aller la voir pour que ton père arrête de la torturer là-bas. Se justifia-t-il. Puis ma mère... Il est allé jusqu'à s'en prendre à ma mère ! Il était prêt à tout pour conserver son secret !

Respirant profondément pour se calmer un peu, il reprit.

- Avec Sei, c'était une erreur, mais même si je n'étais pas capable de l'aimer comme ta sœur, je voulais tenter d'avoir une famille. Seulement, elle n'a pas compris et ne m'a pas laissé le temps de lui expliquer, ce soir-là. Elle s'est soudain transformé en quelqu...quelque chose que je n'avais jamais vu.

Il observa quelques instants Namjoon pour voir sa réaction et comme ce dernier ne le regardait pas comme s'il était dingue, il continua.

- Ses cheveux, sa peau, son corps, sa voix. Tout était différent ! Expliqua-t-il. Même... Même son nom !

Le policier fronça les sourcils.

- Son nom ?
- Lorsque j'ai essayé de la calmer, elle m'a dit qu'à présent, elle s'appelait Nu Wa.

Face à sa mine perplexe, Shun précisa.

- C'est une légende chinoise dont je lui parlais souvent, la légende qui a inspiré mes tatouages, notamment celui sur le bras.

Machinalement, il frotta son pull, juste à l'endroit du motif, tirant sur les manches au maximum.

- Elle est considérée comme la créatrice de l'humanité. Une déesse mi-femme mi-serpent qui se glissait dans le ciel grâce à sa queue. Expliqua-t-il. Quand un mauvais esprit brisa la voûte céleste, Nu Wa recolla le ciel avec la pierre de fusion. Puis elle prit une poignée de terre, la mélangea avec de l'eau et la figure moulée à son image s'anima et devint le premier être humain.
- Et alors ? Même si elle était vraiment devenue cette Nu Wa, ou une autre, est-ce que c'était suffisant pour la considérer comme un monstre, pour la rejeter ?

Namjoon parlait sans comprendre d'où lui venaient cette colère et ce ressentiment.

Il s'exprimait comme si le sort de sa sœur l'émouvait, mais il n'en était rien et l'atrocité de sa nature lui explosait, une fois de plus, en pleine figure.

Même aujourd'hui, il était incapable de ressentir quelque chose pour elle, malgré toute l'horreur vécue, dont il avait conscience.

C'était lui, le véritable monstre.

Lui, son père, ces hommes à l'orphelinat.

Pas sa sœur.

Pas Yoongi.

Et c'est sans doute le parallèle qu'il faisait entre les deux qui l'amenait à tant de colère et de dégoût.

Parce que son amant était la seule et unique personne qui éveillait des émotions en lui, le seul pour qui il était capable d'empathie, de compassion et d'un nombre étonnant d'autres sentiments.

- ELLE LES A TUÉS ! Hurla Shun.

Une femme apparue dans le jardin, s'éloignant rapidement jusqu'à l'intérieur avec les enfants, un nouveau-né en pleurs dans ses bras.

- Elle a cramé toute la maison avec nous à l'intérieur, nous regardant hurler et supplier au milieu de ses flammes démoniaques qui nous torturaient, sans jamais nous achever. Continua le brun. À mon réveil, il ne restait plus que des cendres et moi, entre le corps de mon fils et celui de Sei.

Il releva son pull, exhibant son corps mutilé, couvert de brûlures étranges et repoussantes.

- Et il ne se passe pas une seule journée sans que je ne repense à cette nuit.

"All my friends are heathens, take it slow. Wait for them to ask you who you know.
Please don't make any sudden moves.
You don't know the half of the abuse.

We don't deal with outsiders very well.
They say newcomers have a certain smell.
You have trust issues, not to mention they say they can smell your intentions. You're lovin' on the freakshow sitting next to you.
You'll have some weird people sitting next to you. You'll think "How did I get here, sitting next to you?"


- Où est-il ? Hurla Namjoon.

Deux jours que Yoongi l'évitait et il en était arrivé au point de traquer ses amis pour espérer le trouver.

Ren était au milieu d'un groupe d'hommes. Surprise par l'entrée fracassante de l'inspecteur, elle l'observa sans un mot, se demandant s'il était réellement là, ou si elle planait encore à cause de ses médicaments.

Autour d'elle, ses nouveaux « amis », d'abord aussi surpris que lui, finirent par se reprendre, se redressant rapidement en position défensive.

Le policier sut tout de suite qu'ils n'étaient pas « normaux », mais il ignorait qu'aucun humain ne pouvait normalement trouver ou pénétrer dans l'établissement.

Malgré les regards agressifs, il s'avança, se dirigeant droit jusqu'à la blonde.

Seulement, rapidement, un géant à l'air peu aimable se dressa devant lui, prêt sans aucun doute à le dépecer.

- Je cherche quelqu'un. Lâcha-t-il pourtant, sans la moindre trace de peur.

Son amant était cent fois plus terrifiant que ce clown.

L'énorme main toute bleue du clown en question serra son cou, faisant tout le tour, sans aucun mal et il se sentit soulevé du sol, sa trachée prête à être broyée.

- Il est avec nous.

Ren avait quitté son siège, les talons vertigineux de ses Louboutin rouges, fermement plantés au sol.

La brute tourna un peu la tête vers elle, sans relâcher l'inspecteur et elle les rejoignit rapidement, nullement impressionnée par les géants autour d'elle, malgré sa carrure de brindille.

Posant sans crainte sa main parfaitement manucurée sur le bras de celui qui refusait de l'écouter, elle planta ses yeux droit dans les siens, son regard clair renfermant une folie à peine contenue, que Namjoon n'avait pas vu lors de leurs précédentes brèves rencontres.

Là, tout de suite, elle n'avait pas l'air d'une jeune femme inoffensive et facile à briser.

- J'ai dit, il est avec nous. Répéta-t-elle, plus durement.

Le policier ne put s'empêcher de détailler sa robe blanche plissée, de parfaite fille sage, au liséré rouge, assorti à ses chaussures de femme fatale.

Elle non plus ne semblait vraiment pas réelle.

Finalement, son agresseur relâcha le brun, qui recracha son sang sur ses chaussures, lançant un regard assassin, en réponse au grognement qu'il reçut.

Ignorant la tension, Ren fit un léger signe de tête à Namjoon, pour qu'il la suive.

Ils traversèrent tout le bar, chaque personne présente les suivant des yeux, prêt à leur sauter dessus à la moindre occasion.

Arrivés devant la porte du fond, on leur barra à nouveau la route, mais la blonde ne se démonta pas.

- Je dois les rejoindre. Lança-t-elle simplement.

La jeune femme rousse, au regard bleu électrique, qui gardait l'entrée, fit simplement non de la tête, ses bras croisés sous sa poitrine imposante.

Ignorant son refus, Ren s'avança encore, tentant de la contourner, comme si elle n'était d'aucune importance.

L'autre n'apprécia pas et décidée à lui montrer qui décidait, elle voulut la retenir par le bras. Seulement, avant qu'elle ne puisse l'atteindre, une montagne de muscle s'interposa, serrant sa main entre la sienne, au point de la broyer, si elle avait été humaine.

Namjoon observa Vitium plonger son regard chocolat dans ceux de la rousse qui se ratatina, reculant jusqu'à leur laisser la voie libre.

Personne d'autre n'était intervenu et ils purent entrer sans souci.

Jung Kook lança un regard froid au brun lorsqu'il remarqua sa présence, ce qui n'étonna pas ce dernier, puisque c'était toujours ainsi.

Il ne l'aimait pas.
Il n'aimait quasiment personne.

Mais il s'en foutait, tout ce qu'il voulait, c'était son amant.

"All my friends are heathens, take it slow. Wait for them to ask you who you know.
Please don't make any sudden moves.
You don't know the half of the abuse.

Welcome to the room of people who have rooms of people that they loved one day.
Docked away.
Just because we check the guns at the door doesn't mean our brains will change from hand grenades.
You're lovin' on the psychopath sitting next to you.
You're lovin' on the murderer sitting next to you.
You'll think, "How'd I get here, sitting next to you?"

Une aura familière lui fit tourner la tête, juste au moment où Wrath apparut, sortant d'une autre pièce, entouré de plusieurs autres « monstres ».

Mais le démon n'avait pas la forme de Yoongi cette fois, ni même la sienne et pour une raison qu'il ignorait, l'officier de police était persuadé qu'il le voyait sous sa vraie forme.

Et c'est ce qui le surprenait.

Il avait l'air incroyablement... Normal !

Beau certes, mais presque aussi petit que son compagnon, avec un visage doux et une allure beaucoup plus sage, voire innocente.

En croisant son regard, Wrath sut exactement à quoi pensait l'inspecteur et ça le fit sourire.

Il ne montrait que rarement sa vraie forme, mais aujourd'hui, il avait quelque chose d'important à faire et il se devait d'être présentable.

Park Jimin, c'est le nom qu'il portait lorsqu'il était encore humain, avant de devenir le symbole de la Colère, puis celui de la Destruction.

Et oui, il avait des allures d'ange.

C'était drôle, car il avait fait des choses innommables, avant même de devenir un démon, mais jamais personne ne l'avait soupçonné d'être un monstre, chacun répétant qu'il était « adorable ».

Oui, les gens l'avaient toujours cru inoffensif, doux et gentil.

Il était un garçon serviable, rayonnant et tellement mignon.

Quelle image se faisaient-ils d'un « monstre » au juste ?

Pathétiques, stupides, détestables, humains !

Maintenant, qu'il était un démon puissant, son apparence surprenait encore plus. Du moins, les êtres n'appartenant pas à son monde.

Seul Yoongi n'avait pas été choqué, restant, comme toujours, sa parfaite exception.

Mais ce n'était pas étonnant, il était bien placé pour savoir que les monstres avaient forme humaine.

Après tout, combien de gentils pères de familles et de donateurs généreux, étaient venus « jouer » avec lui à l'orphelinat.

« Le mal n'est jamais spectaculaire. Il a toujours forme humaine. Il partage notre lit et il mange à notre table. »

C'est ce que lui avait dit son protégé lorsqu'il avait découvert sa vraie forme pour la première fois.

Le « gamin » avait toujours été spécial et c'est d'ailleurs pour lui que Wrath était là.

Pour que sa nouvelle et si unique âme, ne soit pas détruite.

Il avait une sorcière à doubler et ces espèces de démons de seconde zone ne voulaient pas coopérer, ne semblant pas se rendre compte qu'ils n'étaient pas en mesure de lui dire non.

Il ne pouvait pas utiliser toute sa puissance pour ne pas attirer inutilement l'attention de celle qu'il voulait vaincre, alors il avait amené Ren et Jung Kook.

Ils savaient les deux très attachés à Yoongi, malgré leurs craintes et c'est cette raison et non leur terreur face à lui, qui les avait poussés à accepter tout de suite.

Et puis, pourquoi refuser un petit massacre de démons ?

C'était bien plus exaltant encore que de prendre la vie d'un être humain incapable de se défendre.

- Il n'est pas là ! Lança-t-il joyeusement à Namjoon, ignorant pour le moment la créature qui pensait en avoir fini avec lui.

Comme si quiconque pouvait s'en sortir après avoir osé lui répondre « non ».

- Où est-il ?

Wrath aimait beaucoup le courage ou l'inconscience de l'inspecteur, c'était agréable de voir quelqu'un d'autre que son protégé, capable de ne pas se liquéfier devant lui, même après avoir vu de quoi il était capable.

Parce que bon, parfois, ça pouvait être lassant de terroriser tout le monde.

Ça ne favorisait pas vraiment le lien social.

Il rit.

- Tu devrais partir pendant qu'il est encore temps, la petite fête risque d'être mouvementée.

Et à peine sa phrase finie, son bras était enfoncé dans le corps de celui qui l'avait irrité en refusant de l'aider, extirpant ses entrailles en lui chuchotant quelque chose dans une langue que peu de gens parlaient encore.

Son geste, bien que soudain et rapide, avait immédiatement réveillé Jung Kook et Ren.

Une faux magnifique au symbole d'Ananké, personnification de l'inaltérable et la fatalité, était apparue entre les mains de la blonde, dont la robe blanche, déjà souillée de pourpre, voltigeait autour d'elle.

Quelques secondes seulement et pourtant...

La jeune femme semblait prendre un plaisir extrême à découper les membres de ses ennemis, donnant l'impression d'exécuter une danse macabre mais gracieuse.

Démons ou pas, les autres n'avaient encore jamais eu à faire à des gens comme eux, ils étaient presque aussi inoffensifs que des humains et malgré leur nombre important, ils ne faisaient pas le poids.

Ces idiots n'avaient même pas été capables de comprendre qu'il fallait les craindre.

Jung Kook était, comme toujours, accroché à sa batte, défonçant tout ce qui se trouvait autour de lui, son rire de plus en plus fort, à chaque giclée de sang.

Il était surexcité, appréciant sans aucun doute possible, de pouvoir se défouler ainsi, lui qui avait dû subir leur présence pesante et leurs regards affamés sur son corps.

Maintenant, il pouvait leur faire payer.

Namjoon ne chercha pas à savoir ce qui se passait et encore moins à fuir.

Hors de question qu'il parte d'ici sans savoir où était Yoongi.

Et puisqu'il n'avait pas de temps à perdre, il était décidé à faire en sorte que la « petite fête » ne se prolonge pas inutilement.

Sans hésiter, il se jeta donc dans la bataille, attrapant la lame abandonnée près d'un cadavre.

Démons ou humains, s'ils étaient entre lui et son amant, ils devaient disparaître.

Wrath explosa de rire, se disant qu'il ne pouvait que donner sa « bénédiction » à présent.

«All my friends are heathens, take it slow. Wait for them to ask you who you know.
Please don't make any sudden moves.
You don't know the half of the abuse.

Why'd you come, you knew you should have stayed. (It's blasphemy).
I tried to warn you just to stay away and now they're outside ready to bust.
It looks like you might be one of us."

Hayashi était un inspecteur chevronné, un flic à la retraite qui avait de nombreuses arrestations à son palmarès et qui n'avait pas pu s'empêcher de s'intéresser aux meurtres récents.

Il avait donc enquêté de son côté, pour finir par arriver aux mêmes conclusions que Namjoon ; les affaires étaient toutes liées et il n'y avait pas un, mais trois tueurs.

Lorsque certaines pistes l'avaient mené vers des personnes en particuliers, il avait décidé d'en parler à un officier toujours en service.

Et évidemment, qui mieux que l'inspecteur partageant sa théorie et affichant le plus grand nombre d'arrestations pour ça ?

Alors, pensant bien faire, il avait appelé Namjoon.

Ce dernier était à bout, complètement miné par l'absence de son amant qui refusait toujours de donner de ses nouvelles ou de le laisser le rejoindre.

Cinq jours.

Jamais, depuis leur rencontre, ils n'avaient été séparés aussi longtemps et le brun qui avait toujours cru être déjà complètement fou et désespéré, commençait à comprendre enfin, ce que ces mots impliquaient réellement.

Il avait tout tenté pour supporter la douleur et combler le manque, mais rien n'avait marché, sa raison s'effritant au fil des essais infructueux.

Cette fois-ci, ce n'était même pas le besoin de faire taire les voix ou de rendre sa vie supportable qui le rendait dingue, mais la nécessité vitale d'être avec son amant.

Yoongi lui manquait.

Et ça aussi, c'était un sentiment nouveau.

Ce n'était pas comme les drogues ou les fois précédentes, la sensation n'était pas descriptible avec des mots ou définissable à l'aide de simples symptômes.

C'était plus compliqué et profond que ça.

Et en même temps, c'était incroyablement simple.

Il avait envie de le voir, de le toucher, de sentir son odeur, d'entendre sa voix, son rire.

"But it's so strange, my life has changed and I am not the same.
I come around but since I'm down it feels uncomfortable.
I try to hide it deep inside but I'm dysfunctional.
I never learned to hold it in.
I gets emotional.
First, implode and then explode.
I am combustible"

La privation de sommeil et les idées noires qui tournaient en boucle dans son esprit ne cessaient de nourrir sa paranoïa et ses terreurs, le persuadant que plus jamais il n'aurait l'occasion d'être avec Yoongi.

Que quelque chose ou quelqu'un cherchait à les séparer.

L'idée était devenue une obsession, une sorte de vérité qui ne cessait de prendre de l'ampleur, engloutissant toute notion contradictoire.

Toutes les nuits, il avait sillonné les rues, comme possédé, laissant de plus en plus de cadavres derrière lui, sans se soucier de qui il tuait, ou d'un quelconque risque d'arrestation.

Dans sa tête, ils étaient des ennemis, des gens qui retenaient son compagnon loin de lui.

Ils devaient donc tous mourir.

Alors, lorsqu'il avait reçu l'appel de Hayashi, Namjoon n'avait pensé qu'à une seule chose ; encore une personne qui voulait faire du mal à son amant.

L'emmener loin de lui.

Et ça, c'était inadmissible.

Déterminé et toujours « en mission », il avait donné rendez-vous au retraité dans l'ancien bâtiment des archives, là où ne restaient plus que les dossiers pas encore informatisés. Et si l'homme avait trouvé le lieu et le choix de la nuit étranges, il n'en avait rien dit, acceptant immédiatement.

Hayashi avait tiqué en voyant son état déplorable, avant de lui sourire, faisant un commentaire sur la vie difficile des « flics comme eux » et Namjoon avait compris que son instinct lui criait de se méfier, qu'une partie de lui avait envie de fuir et l'autre de lui mettre son arme sous le nez.

Mais il n'avait fait ni l'un ni l'autre.

- C'est mon fiancé. Avait-il soufflé tranquillement, après avoir avoué savoir qui était l'un des tueurs.

Le terme était sorti naturellement, le faisant sourire, même.

C'était un joli mot, quelque chose qu'il pourrait répéter toute une vie, sans se lasser.

Le retraité avait écarquillé les yeux et Namjoon avait souri plus franchement, son expression rivalisant sans doute avec beaucoup des démons qui peuplaient la terre en portant des masques d'humains.

« L'Homme a toujours tué pour vivre, l'inverse est une aberration. »

C'est sur le souvenir des mots de son amant qu'il avait porté le premier coup, optant, cette fois-ci, pour la méthode de Jung Kook.

Ces dernières nuits, il avait surtout utilisé des armes blanches, mais ce soir, la matraque oubliée près d'un carton avait attiré son attention.

Une fois le premier coup à la tempe donné et Hayashi au sol, le brun avait à nouveau laissé libre cours à sa rage et sa frustration, frappant l'homme comme s'il était son pire ennemi, responsable de tous ses maux.

Tout ce qu'il voulait, c'était retrouver son amant et lorsqu'à bout de forces, son absence le frappa une nouvelle fois, il s'écroula près du corps, désespéré.

Il suffisait de rester là, jusqu'à ce qu'ils le trouvent avec le cadavre, jusqu'à ce qu'ils l'arrêtent et le mettent sur la chaise électrique.

Roulé en boule, les cheveux baignant dans le sang de sa victime, il ferma les yeux, décidé à ne plus bouger.

À finir comme tous les monstres arrêtés avant lui.

« Emotions get the best of me.
Messed up and then y'all get the rest of me. Depressed and stressed, feel like my destiny.
I know y'all think less of me cause I'm always sick and I can't let it be.
So I just take another couple doses.
Probably be fine but if you get too close you'll find out that I... I'm a little dysfunctional, Don't you know?
If you push me, It might be bad.
Get a little emotional, Don't you know ?
Might fool around and make me mad.
Don't make me mad. »

- Joon ?

Yoongi était penché au-dessus de lui, peinant à croire ce qu'il voyait, sa voix trahissant son incertitude.

Le brun cligna plusieurs fois des yeux, tendant la main pour le toucher, afin d'être sûr qu'il n'hallucinait pas encore, tâchant de sang le bas de son jean en tirant dessus.

Une fois sûr, il sursauta, son regard soudain plus vif, alors qu'il se relevait déjà sur les genoux, son corps toujours aussi épuisé.

S'accrochant au plus jeune, il passa ses bras autour de ses hanches, posant sa tête contre son ventre, comme un enfant craignant que sa mère l'abandonne à nouveau.

Le désespoir se mêlait au soulagement, les deux émotions aussi palpables que sa douleur, sa terreur et son épuisement.

Sans compter toute cette affection et ce plus qui faisait tourner la tête de Yoongi et qu'il n'avait pas envie de découvrir.

Il ne fallait surtout pas mettre de mots là-dessus.

Sinon, tout serait fini, irrémédiablement foutu.

Le jeune homme ne savait pas si c'était sa nouvelle âme ou le fragment de celle de Namjoon qui était responsable de son état et de toutes les nouvelles émotions qu'il expérimentait, mais il fut incapable de retenir les larmes qui coulèrent, celles du brun trempant le bas de son tee-shirt.

Glissant presque timidement ses doigts dans les cheveux souillés de sang, comme s'il craignait que ce geste à lui seul déclenche une catastrophe, il se mordit la lèvre pour tenter de garder le contrôle de sa voix.

- Je suis désolé. Souffla-t-il sincèrement.

« Les choses ne sont jamais aussi précieuses que lorsqu'elles vous échappent. »

C'est que ce Wrath lui avait dit un jour et qu'il ne comprenait qu'aujourd'hui.

De longues minutes passèrent ainsi, sans qu'ils ne bougent, le silence seulement troublé par les pleurs du brun, jusqu'à ce qu'il finisse par se calmer totalement, une forme d'apaisement, presque mystique, l'étreignant.

Inspirant profondément contre le ventre de son amant, il se releva doucement, sans se décoller de lui, souriant en arrivant à hauteur de son visage.

- Tu es là... Lança-t-il simplement, comme si c'était la chose la plus importante au monde.

Parce que c'était la chose la plus importante au monde.

Rien d'autre ne comptait.

Yoongi le laissa essuyer ses joues, malgré les traces de sang que ses manches laissèrent, les poings serrés, ongles enfoncés dans ses paumes pour tenter de ne pas complètement perdre pied.

Namjoon avait vraiment une « sale » tête et le blond avait sous les yeux le résultat de sa fuite, alors que pour la première fois, il expérimentait pleinement la culpabilité.

Comment faire face à son amant en sachant ce qui les attendait ? Comment profiter de ce semblant d'histoire tordue, en connaissant à l'avance le dernier chapitre ?

Tout était voué à être détruit.

Et il était la destruction.

- Je suis désolé... Souffla-t-il à nouveau, incapable de trouver d'autres mots.

Il se serait passé aisément de ces premières fois et de tous ces sentiments.

Pourtant, il ne pouvait nier que c'était addictif et grisant, toutes ces émotions nouvelles, cette possibilité d'enfin ressentir, s'exprimer et offrir.

Même s'il avait cherché à fuir, il en désirait toujours plus. Même les sentiments les plus douloureux, comme le manque, ayant une saveur particulière qu'il s'était pris à apprécier.

Il détestait se souvenir du passé et se sentir faible face à la souffrance engendrée et il haïssait Namjoon de lui imposer tout ça.

Plus encore, il le haïssait de lui donner l'impression qu'avec lui, il pourrait trouver la force d'accepter d'être fragile, blessé et perdu.

Il le maudissait de le pousser à sans cesse revenir vers lui, sans que ça n'ait aucun rapport avec sa présence initiale sur terre ou le contrat de Wrath.

Pourquoi se sentait-il aussi faible et fort à la fois, lorsqu'ils étaient ensemble ?

- Tu es vraiment là !

Le brun sembla frappé par une plus soudaine révélation et cette fois-ci, il enlaça fermement Yoongi, s'attaquant directement à sa nuque avec ses lèvres, ses doigts déjà glissés sous son tee-shirt.

Pris de court par cette soudaine passion et toujours englué dans ses propres émotions, le blond ne réagit pas vraiment, se laissant repousser contre l'étagère la plus proche, quelques cartons s'écroulant sous le choc.

Les mains de son amant semblaient partout sur son corps, caressant chaque parcelle de peau qu'elles pouvaient atteindre, tandis qu'il se pressait avec force contre lui, donnant l'impression de chercher à se fondre complètement, comme pour ne plus faire qu'un.

Et c'était sans doute ça, ces foutues âmes qui voulaient enfin se retrouver.

Lui aussi en ressentait le besoin, l'envie de plus en plus difficile à contenir.

Mais au moment où il allait s'abandonner, une sensation de danger imminent déclencha toutes ses alarmes et avant que Namjoon comprenne quoi que ce soit, il se retrouva poussé sur le côté, des vêtements propres sur le dos et les mains menottées.

Yoongi se précipita pour ramasser la matraque, donnant quelques coups violents dans le cadavre en faisant gicler le plus de sang possible sur lui.

Et l'instant d'après, Jeong Han était là, horrifié, son arme en mains.

L'androgyne avait poussé un cri, passant du corps défiguré, au blond qui le regardait, un sourire sadique aux lèvres.

Le brun voulut parler, mais sa voix était comme scellée.

- Mmm... Mains en l'air ! Bégaya Jeong Han. Et ne bougez pas !

Évidemment, le blond n'obéit pas, se tournant complètement vers le jeune inspecteur, laissant sa langue glisser le long de la matraque.

La terreur et la stupeur de l'androgyne transparaissaient clairement sur son visage devenu presque aussi blanc que le pull à grosses mailles qu'il portait.

Il avait continué à suivre Namjoon par inquiétude et non car il le soupçonnait de quoi que ce soit, persuadé, depuis la soirée au club gay que Yoongi était « nocif » pour son collègue. Mais ces derniers jours, le brun avait été impossible à trouver ou traquer, disparaissant toutes les nuits au coin de certaines ruelles, comme s'il s'évaporait dans les airs.

Et comme il avait déménagé, Jeong Han n'avait pas eu d'autres choix que de mettre un traceur dans sa voiture, espérant qu'il s'en resservirait bientôt, comme cette nuit.

Oui, c'était illégal, immoral et complètement dingue, mais le jeune homme était persuadé que quelque chose de dangereux se tramait, que son collègue était en danger et il voulait plus que tout le sauver.

Peut-être bien qu'en réalité, il savait parfaitement ce qu'il ressentait pour le brun et que ce n'était pas uniquement de l'admiration et du désir.

Ça l'avait en tout cas mené jusqu'ici, jusqu'à cette vision d'horreur qui confirmait son pressentiment.

- Enco... Encore un pas et je... Et je tire !

En réalité, il n'avait sans doute pas le courage nécessaire pour tirer. Mais il était terrifié, tremblant de tout son corps et le coup partit tout seul, à peine les mots prononcés.

Namjoon savait que son amant ne risquait rien, que la balle ne le tuerait pas, comme celle que lui-même lui avait tiré en pleine bouche. Mais malgré cela, l'idée de laisser le projectile le toucher, lui parut insoutenable et comme ses yeux n'avaient pas quittés, une seule fois, les doigts tremblants de son collègue, il sut exactement à quel moment s'interposer.

Sous le choc, Jeong Han laissa tomber son arme, hurlant avant de se figer, comme une statue, le souffle chaotique, affolé.

Le brun s'écroula au sol, aux pieds de son amant, qui le regarda sans réagir tout de suite, surpris par son geste.

Il ne semblait pas inquiet ou malheureux, juste stupéfait et étonnamment, Namjoon se dit que c'était une bonne chose.

Il n'avait pas envie de lui faire de la peine.

C'était douloureux, mais moins que ce qu'il aurait cru et soudain, le ridicule de la situation le frappa.

Il avait toujours souhaité mourir, toujours espéré qu'un jour, quelqu'un l'achèverait ainsi, lors de l'une de ses arrestations.

Jamais la mort ne l'avait ému, jamais il n'avait été touché ou troublé par le décès d'un proche, même pas celui de sa sœur.

Et c'était aujourd'hui qu'il avait enfin quelqu'un pour qui il était prêt à prendre une balle, à se sacrifier, qu'il se rendait compte que pour la première fois de sa vie, il n'avait plus, du tout, envie de mourir.

Il ne voulait pas quitter son amant, il voulait vivre.

« Les tragédies n'ont aucun besoin de logique. Elles se suffisent à elles-mêmes. Le drame humain n'a pas de sens, il n'a ni commencement ni fin. Il est et cela suffit. »

C'était un drôle de moment pour se souvenir des paroles de son professeur de littérature.

Yoongi s'agenouilla à ses côtés.

- Je ne veux pas te laisser... Je ne veux pas mourir... Avoua le blessé honnêtement, lui tendant la main.

Le blond la saisit délicatement, une profonde tristesse dans le regard.

- Je suis désolé Joon. Murmura-t-il en réponse. Mais tu ne peux pas, tu vas devoir vivre.

Et c'est là que l'inspecteur sentit la douleur devenir plus supportable et la balle glisser doucement hors de son corps, se retrouvant entre les doigts de son amant.

- Tu vas vivre. Répéta ce dernier.

Namjoon n'aurait jamais cru se sentir heureux de vivre, ni pouvoir expérimenter une telle euphorie.

À cet instant précis, être capable de ressentir des choses, semblait être un don magnifique, presque aussi précieux que la vie.

Oui, l'idée que la vie était un cadeau le traversa pour la première fois de son existence.

Se redressant, la douleur déjà un lointain souvenir, il attira Yoongi contre lui, un bras fermement enroulé autour de ses reins.

Jeong Han ne réagissait toujours pas, choqué au point de sentir ses jambes se dérober.

À genoux, il croisa le regard de son partenaire lorsque ce dernier tourna la tête vers lui, se sentant comme prisonnier.

Jamais encore, il ne l'avait vu avec tel regard.

La main libre du brun avait déjà saisi son arme fétiche et c'est sans aucune hésitation, ni précipitation, qu'il la pointa vers l'androgyne.

Ce dernier hoqueta, ses joues trempées de larmes, peinant à réaliser ce qui était en train de se passer et avant qu'il ne puisse tenter quoi que ce soit, la balle partit, se logeant pile entre ses deux yeux.

Dire que Yoongi avait essayé de sauver les apparences.

Sa réflexion le fit sourire et il tira doucement son amant pour lui faire face, l'euphorie impossible à contenir.

- Je ne vais jamais mourir, alors ? Questionna-t-il.

Il y a peu de temps encore, rien ne lui aurait paru plus horrible, mais aujourd'hui, c'était comme une promesse de paradis éternel.

Le blond secoua la tête.

- Jamais...

Cela sonnait comme une sentence, mais il ne le ressentit pas, se redressant en soulevant son compagnon avec lui, l'étouffant presque entre ses bras.

Il n'allait jamais être séparé de son amant, maintenant, il en avait la certitude.

Emporté par ce soudain et nouvel élan de bonheur, il ne prêta pas attention à la mine triste et douloureuse de Yoongi, loupant les larmes qu'il retenait.

Plus tard, l'image lui reviendrait sans doute, trop tard.

Plus tard, il regretterait.

Le blond lui, savait qu'ils venaient de franchir une étape de plus vers la fin, que le geste de Namjoon venait de conclure un nouveau chapitre, sans doute l'un des derniers.

Et lui qui avait toujours tellement apprécié tout connaître, souhaita, plus que tout, pouvoir oublier ce qu'il savait, ignorer la cruelle vérité, afin de profiter pleinement de ce doux mensonge.

« Jadis, je pensais que la brutale austérité de la vérité méritait la blessure. Que savoir c'était être. Tous ces mensonges, ces superstitions, ces inconsciences me faisaient honte. C'étaitent, selon moi, des adjuvants de confort, des exhausteurs de bonheur. »

Yoongi était collé à Namjoon, ses deux mains autour de sa nuque, sa tête appuyée contre son torse et ce dernier ne semblait ni prêt à lâcher ses hanches, ni à mettre fin à leur slow étrange.

Leur piste de danse était particulière, mais aucun d'eux n'y faisait attention, même si le blond ne pouvait pas totalement effacer la culpabilité qui pesait au creux de son ventre.

Ce n'était pas des papillons qui s'envolaient, mais des parasites le dévorant de l'intérieur, lui rappelant sans cesse l'horreur de son crime.

Il avait rendu Namjoon complètement fou et loin de jubiler comme Wrath, il en était malade.

Même si le brun avait toujours été spécial, même si selon les normes de ce monde, il était déjà complètement dérangé, il avait toujours réussi à faire illusion, à retenir ses démons pour échapper au pire, mais depuis qu'il était entré dans sa vie, les choses étaient hors de contrôle.

Depuis qu'ils s'étaient trouvés, retrouvés, tout leur échappait.

Même celle qui avait tout manigancé, même celle qui tenait la lame pour graver leurs maux, n'avait pas prévu de telles conséquences.

Ils appelaient ça une réussite, mais Yoongi savait que c'était un pécher.

Il avait tué, torturé et semé le chaos un peu partout sur terre, mais rien ne serait jamais pire que le crime qu'il était en train de commettre.

Rien ne serait plus atroce, plus horrible que son histoire avec Namjoon.

Et malgré tout, comme le « parfait » humain qu'il avait parfois l'impression de devenir, son égoïsme prenait le dessus sur tout et il finissait par conclure que pourtant, rien ne serait jamais plus parfait.

Il était ridicule, les joues colorées et le cœur déchaîné, mais c'était plus fort que lui. En dépit de tout ce qui les attendait, en dépit de la tragédie qui suivait son cours et de la teneur sombre de ses pensées, il se sentait étrangement apaisé.

Pour la première fois de sa vie, il se sentait en sécurité, un sentiment que même un démon surpuissant et des pouvoirs atroces, ne lui avaient jamais apporté.

Alors, oui, il ignorait les cadavres à leurs pieds, le sang autour d'eux et les râles d'agonie de ceux qui n'étaient pas encore morts.

« Il te rappelait de mauvais souvenirs ! »

C'est ce que son amant lui avait lancé, lorsqu'il l'avait trouvé dans le bar très sélect où l'homme qui lui avait fait penser à Junnosuke, aussi bien physiquement que par ses préférences, buvait un verre.

Yoongi avait le sentiment d'être le garde-fou de Namjoon, son tout dernier rempart.

Lorsqu'ils étaient ensemble, le brun arrivait à se contrôler, à se comporter le plus « normalement » possible, sans qu'aucune pulsion ne vienne ébranler l'image d'homme mystérieux qui séduisait tant.

Mais parfois, sans raison particulière, ou connue de lui seul, sa paranoïa et son angoisse prenaient le dessus. La terrifiante impression qu'il allait de nouveau se retrouver abandonné par celui qu'il considérait comme une partie de lui, la seule qui comptait, lui faisant totalement perdre la tête, explosant complètement le masque qui lui donnait un visage humain.

Même s'il l'avait souvent traité de lâche, le blond ne considérait absolument pas son amant comme tel. Maintenant, qu'il pouvait ressentir et subir, il était incroyablement impressionné et triste en pensant aux années que le brun avait passées seul à supporter l'enfer de cette vie sur terre.

Namjoon était fragile, il l'avait rendu ainsi. Mais il était aussi très courageux et ça, c'était inquiétant.

« On n'enlève pas tout à un homme que l'on sait courageux, parce qu'on en fait un fauve incontrôlable. »

Malgré sa peine, Yoongi n'avait fait aucun commentaire en découvrant le massacre.

En dépit de toutes ces nouvelles émotions qui l'engloutissaient, il n'avait ressenti aucune empathie pour les victimes, tout son chagrin et son inquiétude étaient dirigés vers son amant.

Comment allait-il survivre après ça, maintenant qu'il était incapable de revenir à ce qu'il était avant leur rencontre ?

C'était impossible, il le savait.

Alors il s'était laissé enlacer, avait répondu au baiser passionné que le brun lui avait offert, puis ils avaient fini tous les deux dans une banquette en cuir, en face d'un cadavre, une bouteille de whisky hors de prix en mains.

Collés l'un à l'autre, ils avaient oublié les morts autour d'eux, discutant simplement de tout et de rien, passant de sujet aussi sensible que leur passé, à des choses ridicules et farfelues.

Épaule contre épaule et cuisse contre cuisse, ils avaient chuchoté, comme s'ils se confiaient de précieux secrets, craignant sans doute de briser trop vite ce semblant de « bonheur » qui leur était offert.

Ou plutôt, qu'ils avaient arraché de force et qu'ils paieraient cher.

Ils ne s'étaient pas quitté des yeux une seconde, Namjoon fasciné par le regard pétillant de son amant.

Le vide était encore là, mais bien plus petit, plus en retrait et c'était parfait.

Plus magique encore que ce qu'il avait ressenti la première fois qu'ils s'étaient rencontrés.

Et amusé, il avait demandé si ce n'était pas ce que le reste du monde appelait un rendez-vous, avant de se lever en tendant la main à Yoongi.

Bien que troublé et un peu perdu, ce dernier n'avait pas fui, se laissant guider vers le milieu de la pièce pour un slow, bien qu'il n'y ait aucune musique.

Et ils dansaient toujours, oubliant toute notion de temps ou de réalité, toutes ces choses qui comme la normalité n'avaient absolument aucun sens pour eux.

Des mots, ce n'étaient que des mots.

Namjoon fredonnait à l'oreille de Yoongi et ce dernier faisait glisser ses doigts contre sa nuque, chaque frisson provoqué l'apaisant.

Il aurait presque pu s'endormir là, contre lui, mais le cri d'horreur d'un jeune homme portant l'uniforme de l'établissement, l'en empêcha.

Grognant et horriblement agacé, il ne prit même pas le temps de réfléchir, sa lame se retrouvant immédiatement plantée dans la carotide de l'indésirable.

Une moue boudeuse, qu'il n'aurait jamais cru pouvoir avoir, étirait ses lèvres et son amant explosa simplement de rire, avant de s'en emparer, le décor changeant complètement autour d'eux, pour les ramener « à la maison ».

Continuant de s'embrasser, ils se dirigèrent vers la salle de bain, semant leurs vêtements sur le chemin, trébuchant, amusés par leur propre impatience.

C'était toujours comme ça.

Il y avait sans cesse entre eux ce besoin, cette urgence, de ne faire plus qu'un qui prenait le pas sur tout le reste.

Puis le temps n'était pas de leur côté, Yoongi le savait.

Ce qu'ils vivaient était une fuite en avant, une tentative pour repousser le plus longtemps possible le dénouement final.

Ils n'étaient pas faits pour durer, toute leur histoire n'était qu'un bref interlude, un divertissement cruel au milieu d'une sordide histoire.

Et pourtant, malgré l'horreur, les souffrances passées, futures et l'issue fatale, ce cauchemar déguisé en rêve, était ce qu'ils avaient de plus précieux.

Un cadeau empoisonné, impossible à refuser et dont ils avaient décidé de profiter le plus possible, jusqu'à ce que le venin détruise tout.

Le temps était compté et le décompte enclenché lorsque leurs regards s'étaient croisés pour la première fois, touchait bientôt à sa fin.

Souvent, un « tic-tac » atroce résonnait à leurs oreilles, chacun cherchant à l'ignorer, gardant pour lui l'angoisse ressentie à chaque fois.

Ils ne voulaient pas perdre la moindre seconde à avoir peur, ils voulaient juste vivre le plus possible.

Même si pour ça, le reste du monde devait souffrir ou périr.

Ils n'avaient besoin que de l'autre de toute façon et n'avaient pas l'intention de prétendre le contraire.

À l'orphelinat, contrairement à ce que certains esprits ridicules et romanesques auraient pu conter, il n'y avait pas d'entraide ou de solidarité. Personne prêt à prendre la place d'un autre, ou à souffrir pour protéger son voisin.

On avait fait d'eux des animaux, des êtres prêts à tout pour ne pas être celui qui subirait la folie des adultes autour d'eux.

Jeter l'autre aux fauves était l'une des bases de leur survie.

La vie humaine n'avait aucune valeur pour Yoongi, ce n'était pas une notion qu'on lui avait inculquée, tout comme l'amour ou l'amitié.

Pour lui, les gens entraient dans des cases telles que « bourreaux », « victimes » ou encore « sacrifices ».

Utiliser, détruire, jeter.

Il n'y avait pas de différence entre un être humain et un objet, c'est ce que l'orphelinat lui avait appris.

En réalité, là-bas, ils étaient tous des monstres, adultes comme enfants.

"Why should I apologize for the monster I've become ? No one ever apologized for making me this way."

- Tout va bien... Souffla, doucement, Namjoon, comme s'il avait suivi le fil de ses pensées.

Pressé contre lui, il essuya ses yeux humides et Yoongi tourna les robinets dans son dos, allumant les jets de la cabine.

L'eau gelée les attaqua de tous les côtés, la pression réglée pour les « massages » cognant contre leurs corps enlacés, le sang des victimes du bar colorant doucement le carrelage.

- Tout va très bien. Répéta le brun en montant doucement la température.

C'était un mensonge, mais son amant s'y accrocha de toutes ses forces, autant qu'à son cou, lorsqu'il l'embrassa, partageant tout son désespoir.

Sentant la fin proche, Namjoon écarta les jambes de son amant pour pouvoir atteindre ses tétons et ce dernier appuya sur sa nuque en gémissant.

Ses mouvements étaient amples et lents, son bassin se mouvant sensuellement contre celui de Yoongi qui l'accueillait complètement en lui, s'ouvrant un peu plus à chaque fois.

Embrassant son épaule, le creux de son cou puis sa mâchoire, il déposa simplement sa bouche contre la sienne, leurs nez collés et le blond ne put s'empêcher de sourire, lui laissant l'occasion de glisser sa langue entre ses lèvres entrouvertes.

À bout, Yoongi s'accrocha à son dos, soulevant ses hanches en les pressant plus fort pour l'inciter à accélérer et il obéit, se redressant légèrement, les soupirs indécents de son amant l'électrisant.

Celui-ci enroula ses jambes autour de ses reins, ses ongles s'enfonçant dans la chair, alors que ses talons appuyaient sur ses fesses, cherchant à l'amener toujours plus profondément en lui.

Namjoon mordit sa lèvre, la suçotant ensuite et Yoongi saisit son sexe douloureusement tendu pour se soulager, calant son rythme sur celui des coups de reins du brun.

Il suppliait et gémissait de plus en plus fort, criant presque, poussant son amant à complètement perdre pied.

Le brun ne savait pas ce qu'était l'amour, ni si c'était quelque chose qu'il était capable de ressentir.

Jusqu'à aujourd'hui, il s'était toujours cru trop handicapé et monstrueux pour ça, mais les mêmes pensées et questions revenaient de plus en plus souvent dans son esprit dernièrement. Et là, alors que son regard était, comme son corps et son âme, connecté à celui de son compagnon, il sentit les réponses exploser en lui, en même temps que le plaisir.

Peut-être qu'il n'y avait pas qu'une seule forme d'amour, qu'une seule façon d'aimer et qu'à sa manière, à leur manière, ils étaient capables d'aimer.

Peut-être que ce qu'ils vivaient, cette chose atroce, sanglante, douloureuse, addictive et cruelle, était simplement une histoire d'amour.

Parce que si être prêt à absolument tout pour l'autre, que la simple idée de son absence soit insupportable, au point d'en perdre complètement l'esprit et que vos deux âmes soient destinées à ne pas pouvoir exister l'une sans l'autre, si tout ça pouvait être considéré comme de l'amour, alors il était, sans aucun doute, fou de son amant.

Et le terme « fou » était bien loin d'être une image.

Un « non » désespéré franchit les lèvres de Yoongi, mais il ne l'entendit même pas, sa déclaration lui échappant au moment où l'orgasme les faucha tous les deux, leurs mains enlacées.

Ils restèrent un long moment sans bouger, Namjoon allongé de tout son poids sur son compagnon, leurs souffles se calmant doucement, au fur et mesure que le nuage sur lequel ils flottaient se dissipait.

- Je t'aime. Répéta le brun, fasciné par le fait que, pour la première fois de sa vie, ces mots semblaient avoir un sens.

Quelque chose qu'il comprenait, ressentait.

Yoongi le fit basculer sur le dos, le chevauchant, son arme en main.

Ce n'était pas inhabituel ou inquiétant, le jeune homme était autant attaché que lui à son revolver et il jouait souvent avec, même lorsqu'il était simplement perdu dans ses pensées, ou pendant et après le sexe.

Comme maintenant.

- Je t'avais dit de ne pas le faire. Souffla le blond en faisant glisser le silencieux contre le torse de son amant.

Ils ne se quittaient pas du regard, les mains de Namjoon sur ses hanches.

Yoongi n'était pas en colère, il avait juste l'air incroyablement triste.

Jamais encore le brun n'avait ressenti une telle fragilité émaner de lui. C'était comme si toute l'aura démoniaque et puissante qui l'entourait en permanence, avait disparue, comme si sa carapace blindée s'était évaporée.

Namjoon attrapa doucement sa main libre dans la sienne, les posant sur son cœur en nouant leurs doigts.

- Si jamais tu me laisses je... Je...

Il ne finit pas sa phrase, incapable de trouver des termes assez forts pour exprimer ce qu'il désirait dire et Yoongi se pencha vers lui, soufflant contre ses lèvres.

- Je sais... Je suis désolé...

Il l'embrassa doucement, comme il ne l'avait encore jamais fait, déversant en lui tous les sentiments contradictoires qui l'animaient, dans l'espoir de ne pas se laisser submerger, mais au final, ils eurent l'impression de se noyer tous les deux.

- Je suis désolé... Répéta le blond, son amant caressant sa joue.

Il se redressa, reprenant ses caresses avec le canon de l'arme.

- Je me souviens enfin. Et même si j'ai passé mon temps à vouloir me souvenir, je regrette. Murmura Yoongi, un sourire triste aux lèvres. Maintenant, que j'entends parfaitement sa voix dans mon esprit, que je sais parfaitement ce qu'elle m'a demandé, je regrette vraiment.

Namjoon fronça un peu les sourcils et son amant continua.

- À l'époque, c'était comme un cadeau qu'elle m'offrait, je ne comprenais pas en quoi c'était "un prix à payer " mais aujourd'hui...

Il ferma les yeux quelques secondes, alors que le brun sentait sa terreur s'éveiller brusquement.

- Tu ne lui aurais pas pardonné non plus, tu sais. Souffla le blond, l'air épuisé.

Namjoon voulut parler, mais ses mots moururent dans sa gorge lorsque Yoongi amena leurs mains enlacées jusqu'à ses lèvres, embrassant délicatement sa paume.

La tendresse donna envie au brun de pleurer, un chagrin écrasant s'abattant sur lui.

- Moi aussi, je t'aime. Avoua son amant.

Il récolta l'une de ses larmes du bout du silencieux, avant de l'amener à sa bouche et d'appuyer sur la gâchette.

Namjoon avait retenu machinalement son corps, alors qu'il basculait vers l'arrière.

Défiant toute logique, la balle n'avait fait aucun dommage visible, le visage de Yoongi toujours aussi parfait, en dehors du sang qui coulait de sa bouche et qui avait giclé sur les oreillers, le drap, le torse et le visage de son amant.

Ce dernier était totalement hébété, sous le choc de ce qui venait de se produire, la rapidité et la violence du geste l'ayant pris de court.

Son cerveau anesthésié était incapable de construire la moindre pensée cohérente et seuls des sons douloureux sortaient de sa bouche, sa respiration laborieuse lui donnant l'impression d'avoir les poumons en feux.

Il caressa le visage de Yoongi, tentant d'essuyer le sang, des sanglots secouant son corps.

Il ne réalisait pas encore, toujours incapable de comprendre, d'accepter ce qui s'était passé.

Un rire lugubre et cruel qu'il reconnut tout de suite, résonna dans la pièce et il enlaça fermement son amant en fermant les yeux, priant pour quitter cet atroce cauchemar.

Loin de disparaître, la voix de sa sœur se fit plus forte, tandis qu'un froid intense le traversait entièrement, semblant lui lacérer la peau.

"Je t'en ai pris un bout et quand je te le rendrais, tu comprendras."

- TU VAS COMPRENDRE MAINTENANT !

« Il n'existe, je crois, que deux émotions humaines aussi résistantes que la vie : la foi et la haine. »

Hey, Yoongi, est-ce que tu penses pouvoir le faire ? Une fois, le moment venu, est-ce que tu pourras mourir pour moi ?

Namjoon gémit faiblement en ouvrant les yeux.

Il était encore en vie et la douleur atroce de son corps se faisant broyer entièrement, n'était rien en comparaison de celle causée par l'absence de son amant.

Après sa mort, il avait d'abord passé deux jours dans leur lit, collé à son cadavre, se répétant qu'il allait se réveiller, que s'il supportait la souffrance, comme il l'avait fait avant, alors il lui reviendrait, comme toujours.

La voix de sa sœur ne l'avait pas quitté, se moquant de sa douleur, de la façon dont il s'était fait piégé par son plan parfait.

Elle avait consacré tout son temps et sa haine à gagner en puissance, enduré toutes les atrocités nécessaires pour pouvoir lui faire payer de n'avoir rien dit.

Son père était un monstre dont elle n'attendait rien, mais son frère, elle avait eu foi en lui.

Elle ne lui en avait pas voulu d'avoir pris peur et d'avoir gardé le silence sur ce qu'il avait vu cette nuit-là, dans sa chambre, mais le reste...

- Cette technique de l'âme, c'est sur notre géniteur que je voulais l'utiliser, même si je ne savais pas encore comment. Lui avait-elle avoué. Mais lorsque je t'ai supplié le jour où ils m'ont emmenée, de ne pas les laisser me prendre Shun et que tu m'as regardée avec la même expression que cet enfoiré...

Puisqu'il était incapable de compatir à sa souffrance, incapable de se rendre compte de l'horreur de son silence, alors elle avait décidé qu'elle le pousserait à saisir pleinement ce qu'elle avait ressenti en perdant son petit ami.

- Mais Yoongi et toi êtes allés au-delà de mes espérances ! S'était-elle exclamée, amusée. Au début, je n'avais compté que sur ce bout d'âme t'appartenant pour t'attirer et vous lier, je ne comptais que sur le fait que tu serais incapable de survivre sans le silence qu'il t'avait apporté. Mais vous vous êtes soudain mis à ressentir des choses et...

Elle n'avait pas terminé sa phrase, coupée par son fou rire incontrôlable, ravie de la tournure qu'avaient prises les choses.

Et au final, tu es réellement capable de comprendre ce que j'ai perdu !

Un mois que Yoongi était mort et que Namjoon tentait, par tous les moyens possibles, de mettre fin à ses jours, mais absolument rien ne fonctionnait.

Il ressentait la douleur physique de chaque tentative, mais la mort ne venait pas et l'image de son amant s'excusant, car il allait devoir vivre, lui revenait à chaque fois clairement en mémoire.

Maintenant, il comprenait.

Il rit, malgré lui, en pensant qu'il avait cru vivre l'enfer ou souffrir avant.

L'idée lui paraissait ridicule à présent qu'il expérimentait réellement l'absence de Yoongi, après avoir eu la chance de l'avoir à ses côtés.

Ce fragment d'âme qui lui avait été pris il y a des années, lui avait manqué, rendant sa vie difficile, mais ce n'est que la seconde fois, qu'il avait ressenti la déchirure due à la perte d'une partie vitale de son être.

La seule qui compte.

Sa sœur ne s'était vraiment pas trompé, sa vengeance ou sa leçon, peu importe le nom qu'elle souhait lui donner, était parfaite.

Rien ne serait jamais pire.

Le condamner à une éternité sur terre, après lui avoir fait connaître la douce étreinte du paradis.

Même l'enfer, ne faisait pas le poids face à ça !

« Please allow me to introduce myself.
I'm a man of wealth and taste.
I've been around for a long, long year.
Stole many a man's soul to waste.
Every cop is a criminal and all the sinners saints. So if you meet me, have some courtesy, have some sympathy, and some taste. Use all your well-learned politnesse.
Or I'll lay your soul to waste.
Pleased to meet you.
Hope you guess my name. But what's puzzling you, is the nature of my game. »


Tout venait de se figer autour de Namjoon, les nombreuses balles tirées dans sa direction, par l'unité d'intervention aussi, exactement comme dans les films devant lesquels il se shootait à l'époque.

Il avait commis un énième massacre, les cadavres entassés autour de lui, sa lame encore plantée dans le corps d'une victime, le patron de la boutique de « magie » où il était venu chercher un moyen de faire revenir Yoongi.

Si sa sœur pouvait jouer avec toutes ces forces démoniaques, alors il le pouvait aussi.

Frustré de n'avoir, une fois de plus, aucune réponse, il avait à nouveau explosé, ne laissant aucune personne vivante pour témoigner du carnage, avant de se rasseoir tranquillement pour finir de fouiller dans les nombreux livres qui lui restaient encore à découvrir.

C'est comme ça que la police l'avait trouvé, les forces d'élites ayant, il y a peu, débarqué en force, horrifiés malgré leur expérience par ce qu'ils avaient découvert et encore plus, par l'expression et le regard du responsable de ces atrocités.

Namjoon n'avait pas de temps à perdre avec eux et plus les capacités nécessaires pour cacher ce qu'il était, alors il n'avait pas bougé, restant concentré sur sa lecture.

Il était incapable de dire ce qui avait déclenché la rafale de balles, pas vraiment intéressé, vu qu'aucune d'entre elle ne pouvait lui apportait la délivrance tant espérée. Mais lorsqu'aucun projectile ne l'avait percuté, il s'était décidé à relever la tête.

Soudain, il sentit une présence tout près de lui, à sa droite.

Tournant la tête, une lame à la main, il tomba sur le visage, en apparence si inoffensif, de celui qui avait été le démon de son amant.

Il sut tout de suite que quelque chose avait changé, l'autre n'avait plus du tout la même aura.

Il semblait bien plus puissant et effrayant qu'avant, même si personne n'aurait sans doute jamais cru ça possible.

Ren et Jung Kook aussi avaient une aura différente.

La blonde était assise sur la table, ses jambes croisées parfaitement mises en valeur par ses bas résille noirs, leurs nœuds au niveau de ses cuisses, marquant une limitation sexy entre le tissu et la peau.

Elle portait une chemise d'homme rouge, trop grande, qui lui servait de robe et un blouson en cuir énorme, assortie à ses escarpins vertigineux.

Ses cheveux était coupés court, ébouriffés sur le dessus, son blond presque blanc, faisant ressortir son regard clair et sa faux était posée par terre entre ses cuisses, manches vers le haut.

Elle lui sourit, offrant un petit geste de la main et il se fit la réflexion qu'en plus de sembler plus puissante, elle avait l'air plus... Apaisée.

Enfin, autant qu'on puisse l'être dans sa situation.

Jung Kook était plus en retrait, appuyé contre l'une des étagères de la boutique, son regard fixé sur les hommes de l'unité d'intervention, donnant l'impression de se demander comment il pourrait bien les tuer s'il en avait l'occasion.

Mais malgré tout, sa posture était plus détendue, ses épaules relâchées et ses mains enfoncées dans les poches de son jean usé, tranchant avec les souvenirs que le brun avait de lui.

Il semblait moins... Inquiet.

Namjoon savait que Yoongi n'était pas avec eux, mais un autre espoir le traversa et comme s'il lisait dans ses pensées, le démon lui sourit.

- Je suis désolé, je ne peux pas mettre fin à ta vie.

Aussitôt, le regard du brun s'éteignit à nouveau et il se leva, passant entre les hommes d'élites figés pour sortir, avant que son corps ne s'arrête soudain, comme s'il se cognait contre un mur.

Un petit rire résonna derrière lui et il entendit le démon bouger.

- C'est impoli de partir, alors que nous n'avons même pas été présentés.

L'ancien inspecteur ne comprenait pas ce que l'autre lui voulait et encore moins le sens de sa phrase.

Bien sûr qu'il savait qui il était !

Il voulut tenter de bouger à nouveau pour s'éloigner de celui qui était incapable de mettre fin à ses souffrances, mais une sensation inoubliable le fit brutalement se retourner vers ce dernier.

Ce sentiment...

C'était exactement ce qu'il ressentait à chaque fois qu'il était guidé jusqu'à Yoongi.

Le démon avait une main tendue vers lui pour le saluer et l'autre légèrement en l'air, son doigt pointant vers le ciel, une lumière vive, mais complètement noire, pulsant au bout.

- Salut Namjoon, chez vous, on m'appelle Lucifer et je pense avoir une âme qui pourrait t'intéresser !

"There was a boy a very strange enchanted boy. They say he wandered very far, very far.
Over land and sea.
A little shy and sad of eye but very wise was he.
And then one day, a lucky day he passed my way. Then we spoke of many things: Fools and kings. Then he said to me "The greatest thing you'll ever learn, is to love and be loved in return""





FIN
(enfin, jamais vraiment, hélas...)



Musique : "Diabolique mon ange" by Mylène Farmer / "Million men" by Melanie Martinez / "The Drugs don't work" by The Verve / "My old friend" by Emilie Simon / "Better than drugs" by Skillet / "Under my skin" by Skillet / "Bad Girl" by Avril Lavigne feat Marylin Manson / "Heathen" by Twenty one pilots / "Dysfunctional" by tech n9ne / "Sympathy For The Devil" by The Rolling Stones / "Nature Boy" by Aurora

* "Le bonheur est toujours une exception, quelque chose qui s'arrache aux lois ordinaires de l'existence." Alain Badiou
* "Le mal n'est jamais spectaculaire. Il a toujours forme humaine. Il partage notre lit et il mange à notre table." W.H. Auden
* "Why should I apologize for the monster I've become? No one ever apologized for making me this way." The Joker



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