Chapitre 2
Drew s'était mis en marche rapidement. Ary trottinait derrière lui pour rester à sa hauteur. Les rais de lumière venaient se refléter sur le dos pâle et dénudé du garçon et aveuglait la pauvre petite tant son échine était blanche. Elle trébuchait sur chaque racine et, bien vite, elle fut à bout de souffle.
Le garçon semblait plongé dans de profondes réflexions. Après deux heures, Ary tendit le bras vers lui pour attraper son poignet. Il sentit la fillette bouger et fit volte-face. Il bondit en arrière, l'empêchant de le toucher.
– Tu vas trop vite Drew... murmura-t-elle, expulsant ainsi tout l'air de ses poumons.
Elle ramena son bras et le porta à son front.
– J'ai mal à la tête...
Sur ces quelques mots, elle s'effondra, ses longs cheveux bruns se dispersant tout autour de son visage d'ange voilé de transpiration. Tout ce qu'elle vit avant de s'endormir étaient les feuilles dansant au gré des souffles du vent et l'ombre du garçon qui se penchait vers elle.
Ary... Ary... Lève-toi...
La fille se réveilla en sursaut. Le soleil était bien plus haut dans le ciel et elle se retrouvait allongée sur un lit de mousse, une rivière chantant doucement à son oreille. Où pouvait-elle bien être ? Elle se releva sur son séant et chercha des yeux celui ou celle qui l'appelait.
– Drew ? demanda-t-elle naïvement.
Je suis de retour Ary, c'est moi. Tu ne me reconnais pas ?
Aucun doute, cette voix était une voix de femme. C'était une des Voix. Celle qui avait appris les lettres, celle qui avait appris à lire. Ary reconnut ici une amie et sourit.
– Je te reconnais ! s'exclama-t-elle.
Bien. Alors suis mes instructions.
La fillette se leva difficilement. Dès qu'elle fut debout, sa tête tourna et elle tomba en avant, à quatre pattes. Son genou fut égratigné par la roche et Ary retint ses larmes de douleur. Après tout, elle n'était plus une enfant ! Elle se tint le crâne et elle se redressa une nouvelle fois.
Ary, tu dois retrouver Drew au plus vite. Les Ombres vous chercheront à la nuit tombée, vous devez vous cacher. Compte sur lui pour te protéger et, surtout, aie toujours confiance en lui ! Toujours, d'accord ?
– D'accord !
Ary cria à plusieurs reprises le nom de son ami mais jamais une réponse ne fit écho à ses appels. Elle s'adossa un instant et se laissa glisser le long du tronc. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine. Elle paniqua un instant. Et s'il était arrivé quelque chose à Drew ? Elle se dit alors que seule, sans lui, elle n'aurait aucune chance de survivre. Elle avait besoin de lui.
Elle hurla son nom de toute ses forces il ne répondit pas. Elle utilisa l'écorce pour se remettre debout. Dans sa poche se trouvait sa peluche. Elle l'en sortit et la plaqua sous son nez pour se rasséréner. Elle s'égosilla encore et encore en déambulant de longues minutes dans ces bois inconnus. Sans Drew, les arbres ne semblaient pas rassurants... Au contraire, elle avait l'impression d'être coincée dans l'estomac de cette forêt effrayante. Elle se mit à pleurer à nouveau, son doudou ne lui étant d'aucune utilité pour se consoler.
Ses genoux se dérobèrent sous elle. Elle roula sur le flanc puis se mit en position fœtale. La chaleur du soleil était écrasante mais des frissons glaçants la prirent. Elle allait mourir, ici, toute seule. Elle ferma les yeux.
– Ary ?
– Drew ! s'écria-t-elle, envahie par le soulagement. J'ai eu peur... Encore. Excuse-moi.
– Ne t'en fais pas Ary. La peur, ça se contrôle. Je t'apprendrai quand on sera arrivés.
– Mais, Drew... Où va-t-on ?
– Je te l'ai déjà dit.
Ary soupira lorsque le garçon se remit immédiatement en route. La fatigue la menaçait mais elle lutta. Drew, lui, continuait de marcher rapidement sans faire attention à l'état de Ary qui peinait davantage à chaque instant. Au moment où la petite fille sentit que son corps lâchait, une silhouette se dessina entre les arbres. Une bâtisse. Comme si un second souffle venait l'aider à repartir, elle se rua vers la maison en ignorant les appels de Drew qu'elle eut bientôt dépassé.
Arrivée devant la porte, le souffle court, elle tenta de l'ouvrir mais, même bras levés, ses petites mains n'atteignaient pas la poignée. Alors, prise d'une violente colère, elle écrasa ses poignets sur la porte. Drew arriva en courant et lui hurla de s'arrêter.
– Ouvrez-moi ! s'écria-t-elle, de retour dans sa chambre, enfermée.
Incapable de mesurer ses actes, Ary commença à fracasser son crâne sur le bois. Malgré les cris désespérés de Drew, un filet de sang coula le long de sa tempe et son nez saignait abondamment aussi. La porte s'ouvrit et Ary s'effondra.
Quand elle reprit connaissance pour la deuxième fois de la journée, des visages inconnus et souriants lui faisaient face. Sa respiration s'accéléra devant tout ce monde qui l'empêchait d'inspirer correctement.
– Les enfants, laissez la respirer !
Tous les visages se reculèrent et Ary put respirer à nouveau correctement. Elle se redressa en position assise et regarda autour d'elle.
Tout était en bois. Les murs, les meubles... Le sol était recouvert d'un tapis de velours rouge qui semblait doux et chaud. Ary eut presque envie de dormir dessus. Des cadres représentant des personnes étaient accrochés au mur. Plusieurs lits étaient dans la pièce.
– Où suis-je ? demanda la fillette.
– En sécurité, affirma une femme d'un certain âge.
Sa voix est celle qui avait demandé aux autres de s'éloigner d'elle. Le petite fille la remerçia du regard.
– En sécurité ? railla froidement un garçon blond d'une dizaine d'années adossé, les bras croisés, au coin de la pièce opposé au lit d'Ary. Elle a amené toutes les Ombres ici ! Elle est en sécurité jusqu'à la tombée de la nuit, comme nous tous.
Hors de lui, il sortit de la salle en claquant la porte derrière lui. Ary se mit à trembler de peur. Une grande rousse d'environ quinze ans s'avança vers elle et la prit par les épaules. Elle se mit à les frotter de manière rassurante.
– Ne fais pas attention à lui. C'est Taoh. Il en veut au monde entier et, entre nous, il est un peu stupide. Il sait très bien que nous savons combattre les Ombres. Il voulait juste te faire peur. Sinon, je suis Ezyme. Je suis la plus âgée et la plus puissante du groupe.
Tous les membres se présentèrent les uns après les autres. Seules deux jumelles aux cheveux de jais, Thaïs et Théa, avait le même nombre d'hivers que Ary. Elle fut incapable de se rappeler des autres.
Son esprit était trop préoccupé par le terrifiant Taoh mais surtout par l'absence de Drew qui la laissait toute seule au sein de tous ces inconnus.
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