26 - Ils sont nés, partie I

Monsieur Acheron au regard sévère et impassible, est tiraillé par ce qu'il vient de faire. Il ressent un inconfort, il se demande pourquoi il a fait ça.

'' Est-ce qu'il le méritait vraiment ? ''

Sa conscience, non, son cœur lui répétait que c'était arbitraire. Aujourd'hui, il est dans ses quartiers, à feuilleter les pages des registres, des rapports que les nettoyeurs et privilégiés. Il regarde sur sa montre de poche à clapet, une photo de sa mamie sur la plage, un coucher de soleil pour embellir l'image de son sourire... 

- Mamie, je trouverai un remède. 

Il parcourt la tour, descend les escaliers et se retrouve à longer les arcs de cercle renfoncés dans la pierre. Il ouvre une porte à clé, puis se retrouve en face d'un grande cercle éclairé par une lumière blanche, n'entourant que trois arbres-lombrics. Il s'approche et s'agenouille devant eux avant de s'exprimer :

- Officier Drystan, je me soumets à votre parole. 

La voix profondément imposante rejoint de nouveaux ses oreilles :

- Pourquoi nous avez-vous convoqué ? Notre temps est compté.

- Je serai bref. Je souhaite avoir plus de responsabilité, cela fait maintenant des années que je cherche un remède au déphasement. Je suis le plus compétent d'entre tous, j'ai jugé qu'en cette qualité, je pourrai œuvrer plus efficacement avec les informations confidentielles, je souhaite par conséquent vous rejoindre en tant que magistrat.

- NON ! Personne n'a ce droit, nous dirigerons seul, et vous serez sous notre commandement, est-ce bien clair.

- Pourrais je au moins en savoir plus sur la situation ? j'aimerai être au clair sur l'origine des déphasés pour mieux connaître mon ennemi et- 

- Reste à ta place, officier. Nous pouvons tout aussi bien décommandé les frais de soins que l'on accorde à ta grand-mère...

Cloué au sol, l'officier argenté se crispe, se tord intérieurement, puis cède d'un ton calme :

- C'est bien clair... 

Le retour dans sa tour et sa cabine l'énerve. Il pousse sa chaise qu'il balance et casse, frappe sur son bureau qu'il fissure en criant :

- IMPOSSIBLE DE MONTER EN GRADE ! ILS ME FONT TOURNER EN ROND, J'AI TOUT FAIT POUR EUX, ET EUX, ILS ME CACHENT TOUT...

Il affute sa veste d'un geste nerveux, se reprend en voulant reprendre son travail, assis sur une chaise qui le fait soudainement tombé...

Dans la cellule d'Ayna, quelques heures avant...

Le garçon reprend conscience de son statut d'archange. ''Gagner à la loterie des âmes'' prend une nouvelle fois son sens, par la manière que les autres ont de le regarder. Ils semblent émerveillés, comme absorbés par ce qu'il dégage. Un petit sourire vient démontrer la satisfaction sur son visage, un sentiment de puissance lui rend visite par la même occasion : c'est agréable pour celui qui le réclamait depuis tout ce temps.

Aussitôt cet instant galvanisant passé, un constat nuance ses chevilles enflées : être un archange n'est pas la cause de sa réussite. Il le doit aux efforts, aux onces de bravoure qu'il a pu trouver derrière la peur vécue.

Si la vie l'a aidé, c'est sûrement parce qu'il s'est aidé. Il a su braver ses doutes malgré qu'il n'y ait personne pour le sauver. Quelque part, ce sont des circonstances qu'il aurait préféré éviter, mais il ne regrette rien. Il sait à présent qu'il est devenu plus fort grâce à tout ce qu'il a pu endurer...

Il ne sait peut-être pas à quoi s'attendre, ni comment sortir, mais il se sent soudain invincible. Dans ses pensées, dans la lune de ses émotions, il ne saisit pas que l'hérisson ailé tente de le rejoindre, ses ailles battus devant sa figure.

- Arwan, ARWAN ! OH. EH ! Tu m'entends ? !

Le poney-poisson en rajoute :

- Serait-il pétrifié ? Qu'est-il arrivé à ce pauvre enfant !

- Non je ne suis pas... On peut vraiment être pétrifié, comme médusa le faisait ?!

Bordé par d'innombrables lectures, le jeune artiste se revoit lire des écrits de l'ancien monde, celle que sa mère lui avait passé en répétant plusieurs fois d'être soigneux, qu'il s'agissait sûrement des derniers écrits qui avait vu le jour des siècles avant la grande catastrophe. Il commençait à croire à toutes les légendes, à se dire qu'il pouvait se retrouver nez à nez avec n'importe laquelle d'entre eux. Est-ce que les héros des contes existent aussi ? La frontière entre la réalité et la fiction devenait de plus en plus transparente.

Le poney des caraïbes hennie et donne le ton bourgeoisement :

- Je ne vois pas à quoi tu fais référence, mais je ne pense pas que le temps se prête aux discussions. Voyez-vous, je me vois mal rester une seconde de plus dans ce cachot.

- Exactement ! clame d'acquiescement l'hérisson ailé.

L'enfant porte sa main sur son visage pour venir friper son front de stress et de réflexion, puis il réplique :

- Oui, oui je sais mais, depuis tout à l'heure, je me demande pourquoi et comment mon âme peut-elle avoir du potentiel, et pourquoi vous la voyez, pourquoi je n'en suis pas conscient si je suis le premier concerné ?

Les deux mystiques se regardent avant que le cochon ailé ne lui rétorque :

- Nous vivons longtemps, assez pour développer d'innombrables sens, et celui-ci nous l'avons appelé ''clairvoyance''. Vu la qualité de ton âme, tu devrais tôt ou tard être capable de percevoir au-delà de l'apparence...

- Et bien j'ai beaucoup à apprendre. Dites, ça fond les portes de cachots ?

- Dans la vie, il faut tenter pour réussir, réplique le poney-poisson.

Arwan dépose ses mains sur la porte, qui s'éclairent tout à coup. Il voit ses mains devenir chaude, brûlante, et pourtant, il ne sent que des picotements : il n'y a aucune répercussion sur sa peau. Mais à bien regarder ses paumes en même temps, il remarque qu'elle a changé aussi : des plumes se sont installés au creux de ses mains, illuminés d'une couleur crépusculaire. La porte est chaude, mais pas assez pour la faire fondre. 

 Il recule d'un pas et déglutit, une sueur froide venant faire apparition sur son front. Il ne voulait pas devenir autre chose que lui-même. Soudain, il ressent un lien, une connexion étrange entre son esprit et celui d'un autre. Une migraine s'empare de lui, la fatigue et des vertiges l'emporte à tituber sous les regards angoissés de ses nouveaux amis; Puis il le voit. D'un flash, le Phoenix de ses rêves, l'esprit qu'il a vu sortir de la plume. Il le sent, il sait où il est sans pouvoir comprendre comment c'est possible. 

Revenu à lui, il écarte ses yeux avant de dire :

- Les gars, je sais où il est. Je sais où est mon Phoenix...

L'hérisson ailé, surpris, laisse sa gueule grande ouverte et se tourne vers son compatriote pour lui demander :

- Mais... c'est possible ça ? il n'est pourtant pas... 

- C'est difficile à croire, mais ce serait possible s'il faisait partie de sa famille... 

- QUOI ? ! Mais je ne suis pas un... 

Arwan pense aux plumes qu'il a dans les mains, puis aux âmes, tout fait sens et s'entrechoque dans un chaos qui le pousse à gratter sa tête d'une telle force qu'il s'en arrache les cheveux. Quelques mèches restent dans sa main, le mystique ailé réagit immédiatement en venant voler près de lui :

- Hey, hey.. respire, inspire et expire doucement, tu auras le temps de te prendre la tête plus tard. Tu nous a aidé, laisse nous t'aider en retour ! 

Ces êtres légendaires prennent de l'élan avant de venir heurter en puissance la porte qui s'ouvre d'un coup : elle était entrouverte. Ils s'écrasent alors contre le mur d'en face en criant.

Arwan l'ayant remarqué ricane et se met à se craquer les membres, s'étirer tout en affirmant : 

- J'étais sûr qu'Ayna n'était pas si mauvaise. Je vais la chercher. Elle et ma plume, parce que je suis gentil mais faut pas abuser non plus.

Ces prisonniers atypiques; désormais libre, rejoignent très vite le salon. Le petit, tout excité à l'idée de repartir à l'aventure, se retrouve confronté aux propos de l'étalon marin : 

- Petit.. J'étais ravi de faire ta connaissance, mais j'espère que tu sais que nous ne pouvons pas venir avec toi. Il n'y a aucun moyen pour nous de retrouver notre vie normal, si ce n'est de retrouver la brèche dont nous sommes issu, si tant est qu'elle soit encore là. Il n'y a pas grand monde qui nous veut du bien, on est des cobayes pour vous autres, humains... 

Arwan secoue la tête, les mains sur les hanches, avant de le reprendre sévèrement :

- Moi je connais des humains très bienveillants, je vous ai pas libéré pour que vous vous laissiez recapturer, non mais ça va pas la tête ?! Elle est où cette fichue brèche ?! 

Le jeune aventurier se débrouille pour camoufler les animaux avec les tissus qu'il trouve, prend quelques livres sous les bras car ''le pouvoir c'est le savoir'' lui répétait toujours sa maman; puis s'envole en direction de l'endroit indiqué. 

Ils ne passent pas inaperçu, courent dans tous les sens pour échapper à des fous furieux dans deux, trois ou quatre ruelles, avant de tomber sur le fameux dôme où réside le ''sanctuaire des damnés''. Dès leur approche, ils se font appréhender par les forces en présence. Le plan ? se faire attraper, entrer et tout casser bien sûr ! C'est ce que Jack aurait fait, penses-t-il. 

Excepté que ça ne se passe pas comme prévu. Les voiles drapant le corps des animaux sont arrachés et  les légendaires se retrouvent démasqués : ils finissent dans une cage au cœur de la tente d'un officier, juste à côté de l'entrée de la mine. Ce dernier s'avère être Drystan...

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Comme dit précédemment, je coupe en deux partie ! La deuxième sera dans quelques jours.









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