19 - Grimpeurs

Le petit maître soigneur et incendiaire, commence à retrouver sa passion pour les nouveautés. Il a toujours espéré voir des choses à la hauteur de son imagination, et là c'était plutôt pacifique. Il a soudain cet intérêt, qu'il ne manque pas de souligner par ses interrogations.

- Jack ! c'est quoi les colonies, et les grimpeurs ?!

Son enthousiasme le fait sourire, et tout fier de pouvoir lui apprendre, mains sur les hanches, menton levé et ton enjouée, elle lui répond :

- Les colonies vois-tu, sont les communautés construites au coeur des "mués" : les mondes conquis par les seigneurs. Enfin de ce que je crois savoir et comprendre. Et les grimpeurs petit, normalement euh.... C'est... Comment on peut lui expliquer ? vient-il se tourner vers sa tante qui réplique :

- Ceux qui montent les paliers. Et c'est plus difficile qu'on ne le pense. On ira à leur planque tout à l'heure.

Arwan se contente d'hocher la tête et de se moquer gentiment de Jack qui fait l'idiot...

Il n'y a pas assez de mots pour décrire la magnificence et le spectaculaire de ce à quoi ils sont en train d'assister. Éblouissant en est un.

C'est une révolution technique et physique qui gouverne le paysage. Le naturel rencontre le mécanique, et les engins qui sont proposés sont pour le moins originaux.

Il y a une esthétique artistique, mise en avant par les sculptures rattachées aux machines, des boutons spéciaux qui donnent une envie irrésistible de les presser, d'appuyer même si ça pourrait provoquer la fin du monde.

C'est robotique, mais très coloré. Il y a des fumées bleu, orange et rose qui sont même parfumées d'une belle odeur d'épices. Les bruits de ces objets animés sont agréables. Ça ressemble à celui d'un train lorsque l'on est bien au chaud à l'intérieur.

À l'entrée, une inspection très spéciale est parvenu jusqu'aux corps des aventuriers. Et ce, sans prévenir. Les mini-mongolfière se transforme comme des transformers pour devenir des ailes en métal doré, semblables à celles des libellules. Véloce, ils déboulent sur le navire.

L'un d'eux crie "INSPECTION", tandis que Jack chuchote "fait comme moi."Les yeux rivés sur le véritable capitaine à ses yeux, il mime le moindre geste. De l'ouverture de la bouche, et les cuillères désagréables venant triturer les visages, jusqu'à la course en rond, comme un chien qui essaie d'attraper sa queue. .

Le jeune homme s'écrase au sol, se fait mal et proteste :

- À quoi ça sert sérieux !!

Tout le monde le regarde dans un silence imposant. Jack s'agite silencieusement et lui fait des grimaces qu'il comprend comme étant des insultes, vu sa tronche toute rouge. Dame Moon le regarde avec déception, et la capitaine se tient la tête, choquée.

Un homme s'avance vers lui. Balèze, chaque pas est comme celui d'un ogre géant prêt à le manger tout crue. Torse nue, avec une grande ceinture où se trouve de multiples gadgets inconnus, il en prend un qui s'avère être une sorte de talkie walkie avant de s'exprimer d'une voix rauque.

- Code 2, comment dois-je l'appréhender ?

Une voix radiotéléphoné lui répond, entre quelques grésillements ;

- En observation, à l'étage moins trois.

- Bien.

Emporté, attaché, emmené de force vers une partie de la ville en montgolfière, voilà son triste sort. Sa majesté Moon devait l'emmener voir l'érudite, mais c'est plutôt le scientifique, qu'il va aller voir.

Le navire tremble. D'un coup. Comme si la coque avait heurté quelque chose. Ce sont des rails qui se sont mis à s'accrocher par-dessous. Un système unique. La frégate qui se voit maintenant défiler à toute vitesse sur le canal. Le bateau-train voltige sur les eaux .

L'horizon somptueux nous délivre de nombreux endroits avant la vile. Sur les côtés, on peut voir des campements militaires où des soldats s'entraînent, ainsi que des garages où sont réparés moult objets.

Des espèces de robots, montés par des hommes, des femmes, et mêmes des enfants. Il y en a qui combattent, d'autres qui dansent, et même sur un stade de foot; ils gagnent tout le temps.

Ils y sont presque. Il y a une ville immense, tout en rond qui se dessine par un port de plaisance, accompagné par un long et large lac munis de canaux, qui ne fait qu'entourer l'immense ville qui se construit en cercle. Il y a beaucoup d'espaces et de couleurs différentes, beaucoup de mouvements.

On distingue d'abord de grandes tours à l'architecture exceptionnelle et novatrice. C'est un merveilleux duo qui propose des engrenages et des œuvres d'art, avec de nombreux motifs, sculptures et peintures qui semblent représenter la paix, l'amour, la nature et la résistance.

Les rescapés de l'inspection veulent retourner auprès de l'archange, et Jack veut retrouver le petit mais impossible de savoir où ils l'ont emmené, du moins pour l'instant.

Au quais, tout est étonnant. Il y a du monde, une galerie marchande faite de joyaux introuvables ailleurs, beaucoup d'espace pour circuler, mais le plus surprenant c'est la hauteur et la forme des tours. On peut voir des rangées d'entre elles former un quartier, tout autour, circulairement. Il y a des rails où des wagons circulent en hauteur, mais il semble il y avoir une séparation entre les différents lieux.

Notamment par la différence notable entre le coin des tours qui entoure la ville entière, et les petites tours des murailles et autres habitations en pierres. Le sud est plutôt médiéval. Il est coloré par les eaux obscures, les cristaux et les pierres précieuses, toutefois nuancés par de nombreuses inventions qui rôdent : liquides, mélanges et autres joyeusetés.

Leurs habits sont plutôt pauvres, ou bourgeois de l'ancien temps. On y voit très rarement des calèches se balader, les chevaux sont étrangement cornés. Généralement, il y a des soldats qui accompagnent ces riches individus.

À côté de cela, l'on remarque une différence immanquables, partout où notre regard se porte. Il ne semble il y avoir aucun être, aucun animal ni Hommes dénués de singularité. Des cornes aux ailes, des langues immenses au long cou, personne ne pouvait être considéré comme normal. Mais qu'est-ce que la normalité finalement ?

Ils semblent heureux, et c'est la seule chose qui compte pour Jack qui sourit avant de parler à voix haute.

- Ils sont eux-mêmes, c'est le principal.

D'abord angoissé par la différence, la peur de l'inconnu n'est éternel qu'à celui qui ne s'intéresse pas réellement à ce qui est en face de lui...

Jack est très loin de se préoccuper de l'extraordinaire. Il en est fan, et ne souhaite qu'une chose, que sa vie en soit rempli jusqu'à la fin. Mais s'il y avait bien une chose extraordinaire qu'il n'avait pas anticipée, c'est bien ce qu'un petit homme comme lui pouvait bien lui apporter.

L'innocence qui, lorsque l'on grandit, s'amenuit peu de peu. La sensibilité, qu'il a tendance à mettre au second plan, alors qu'elle doit être un moteur, une force pour espérer gravir les obstacles de la vie. Le pirate apprend, et réapprend à être d'abord Jack avant tout. Une personne, plus qu'un capitaine.

Il balaie du regard son environnement, puis s'interroge. S'il manque de repères,les autres sont là pour l'aiguiller. Il a largement le bagou pour soutirer quelques infos qui sauraient le mettre sur la voie.

Du côté d'Arwan.

Le garçon a un bandeau sur les yeux, les bras et les mains cordés. Quelqu'un vient lui retirer tout inconfort. Libre de tout mouvement, il se retrouve dans une petite salle, sur une chaise, en face d'une table noire comme l'obsidienne. Une pièce qui n'est éclairé que par une petite lanterne accroché sur un mur. Le jeunot se lève et se met en garde, déterminé.

- Je me laisserai pas faire ! Affirme-t-il à celui qui est assis en face de lui.

Une jambe pliés sur l'autre, il semble s'enlever les sourcils en trop avec une pince à épiler. Il a un miroir à sa disposition et se regarde en venant agiter sa bouche comme s'il allait embrasser. C'est un brin au long cheveux long. Il est légèrement maquillé, ses yeux sont d'un noisette profond, alors que ses contours sont d'une peinture noirâtre.

Il dispose d'un chapeau tout aussi sombre qu'il fait tourner d'un doigt avant de répondre, d'une voix douce et profonde, à faire froid dans le dos.

- Je préfère ME refaire le portrait, comme tu le vois bien.

Un jeu de mot qui aurait pu le faire rire s'il avait été détendu. Son cœur bombarde d'adrénaline. Il ne sait pas quoi lui répondre, alors il se contente de le laisser parler.

- Vois-tu, on m'a signalé un code 2. C'est celui de l'agressivité, des gens pas très dociles. Ça veut dire, jeune homme, que tu es soupçonné d'être un déphasé. Et nous, oh ! On a horreur de ça... Alors pour que l'on ne perde pas notre temps, tu vas répondre gentiment à mes questions.

- C'est quoi un déphasé ?

- Des gens qui ont perdu la raison, transformés par les seigneurs pour en faire leurs soldats, leurs espions. On doit changer sans cesse l'inspection à cause de ça. L'agressivité est un signe. Car lorsqu'on complique leurs missions, ils deviennent comment dirais-je, enragé. Je vois qu'en parlant avec toi, que tu es doué de raison. De calme et de de sang froid. De surcroît, tu trembles. Je n'ai vu aucun déphasé avoir peur.

La peur m'a sauvé ? C'est tout ? Je suis libre ?

Cependant. On change d'inspections parce qu'ils deviennent plus malin, plus fort. Mon job, c'est d'empêcher que l'ordre vienne perturber la paix de notre colonie. lance-t-il avec fermeté.

- L'ordre !? Je sais où ils sont, je sais où sont leurs bases, je pourrai même vous y emmener si vous voulez, mais je dois partir, je dois aller...

- Tais-toi. Tu n'es pas au commande, ici. J'aimerai bien savoir comment un "enfant" a bien pu atterrir pour la première fois au cœur d'une colonie, ce n'est vraiment pas commun.

- Les enfants, pas commun ? attendez vous pensez que je ne suis pas un enfant?

- Oh allons, un peu de jugeote. Tu vois souvent des enfants traverser des portails pour aller dans d'autres mondes ?

- Je sais pas vous, mais j'ai vu une enfant avec une armure de cristal, des rats qui parlent, et tout un tas d'enormités du même genre hein.

- Ah, tu veux la jouer comme ça. Écoute, tu as de la répartie, alors par respect, je vais t'accorder une dernière chance de m'expliquer ce que tu fais là, avant de finir emprisonné.

- Okay ! Pas besoin d'en arriver là... Je viens des.. souterrains ! J'ai croisé des gens là bas qui m'ont dit qu'il y avait un sanctuaire, euh, une communauté et me voilà !

C'est bien ce que dirais un enfant. Une réplique qui ne manque pas de spontanéité, alors que l'hautain gentilhomme plisse les yeux avant d'abandonner.

- Bon d'accord, tu peux partir. Je vais simplement régler des formalités, attend un peu.

"Un peu ", dans sa langue, équivaut apparemment à une heure. Il voulait aller au petit coin mais ne pouvait même pas sortir. Il n'a pas eu le choix, pour cette raison même, que d'user de son pouvoir pour s'échapper. Excepté qu'il ne pouvait pas créer un incendie, dans une pièce confinée il aurait été la première victime. Mais sous la colère, une petite étincelle a commencé à se déployer sur la porte. Qu'il a éteint, étouffé par son tee-shirt. Le voilà torse nue maintenant. Voilà qu'il se ramène,enfin, tout juste après l'incendie. Finalement c'est un garde qui est venu, et qui l'a renvoyé.

Le soucis, c'est qu'ils l'ont mis à la porte, dehors, en terre inconnue. Sans rien. Ni aucune connaissance ni moyen immédiat de retrouver ses pairs. On peut dire qu'ils ne sont pas commodes ces gens-là. Ils n'ont pas chercher à savoir s'il avait des parents, et ne l'ont pas remis auprès de ceux qui l'ont emmené.

Mais c'est quoi ce bazar ?!

- Raaah mais je me retrouve toujours dans la mouise ! Hurle-t-il en pleine rue.

À peine eut-il prononcé ces mots qu'une main est venue se plaquer contre sa bouche. Il se retourne et remarque que c'est son meilleur ami narcissique, qui se refait la coiffure. Il lui chuchote à l'oreille : " Je sais qui tu es, Arwan, et je connais ton oncle."

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Prochain chapitre : Pour le progrès.



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