Chapitre 7
24 novembre 2021
L'amnésie se décrit comme une perte partielle voire totale de la mémoire. Elle peut être due à des traumatismes que le cerveau souhaite absolument éradiquer ou à des accidents tels que des crises cardiaques ou des accidents qui touchent directement la tête.
Annie était victime d'une amnésie partielle et depuis son réveil, elle avait réalisé des prouesses exemplaires. Malgré le fait qu'elle avait encore énormément du mal à garder en mémoire le nom de ses proches et à les reconnaître, Annie arrivait à écrire et à se remémorer quelques objets qu'on lui montrait. Pour ce qui était des séances de kiné, elle marchait presque normalement malgré les quelques pertes d'équilibre. Armin restait toujours à ses côtés en cas d'éventuelle chute.
Écrivant dans son journal le rendez-vous qu'elle venait de faire avec le neuropsychologue, elle décrivit la séance et les résultats. Parfois, elle analysait du regard Armin qui souvent, était assis dans le siège de la chambre, son pied reposé sur son genou, la tête dans un bouquin. Elle s'amusait à décrire son mari dans son journal afin de se remémorer d'un possible détail qui débloque ses souvenirs. Il y avait peu, elle avait rencontré Hitch qui l'avait serré dans ses bras malgré le fait qu'elle soit elle aussi étrangère à ses yeux. Armin avait dû lui rappeler qui elle était et elles avaient longuement discuté. Ce qui avait surpris Annie, c'était que la brunette avait versé des larmes une fois sortie de la chambre. Son amnésie ne la faisait pas seulement souffrir elle mais tout son entourage. Son père avait retenu ses sanglots quand elle l'avait regardé en demandant :
- Qui êtes-vous ?
Une douleur si poignante de voir son enfant qui ne reconnaissait pas son propre père. Mais Annie restait placide, de marbre, regardant sans émettre une seule émotion ses proches qui pleuraient sa douleur. Pourquoi ils pleurent pensait-elle ? C'est elle qui souffrait et qui était clouée dans un lit. Eux, ils pouvaient continuer de vivre. La femme qui la précédait avant l'accident, les aurait sûrement serré dans ses bras, les rassurant que tout allait rentrer dans l'ordre, mais la femme qu'elle incarnait à présent, restait stoïque sans rien dire.
- Annie ?
Elle releva la tête. Avant, elle ne répondait pas à ce prénom qui sonnait étranger à ses oreilles mais avec du temps et de la patience, elle s'était souvenue de son identité : Annie Leonhart.
- Ça va ?
- Oui, pourquoi ?
- Tu semblais pensive, sourit le blond.
Annie sourit et reposa son attention sur son journal intime puis sur l'alliance qui la liait à Armin. Elle ne se rappelait toujours pas du jour où il l'avait demandé en mariage. Souvent, il avait beau lui raconter dans les détails ces évènements mais à chaque fois, elle l'oubliait. Elle s'en voulait de devoir demander à Armin de répéter toutes les deux secondes. Elle en avait honte et semblait être un véritable poids pour lui.
- Pourquoi tu ne pars pas ?
Le blond redressa à nouveau la tête mais cette fois ci, son sourire fut remplacé par une incompréhension.
- J'ai perdu tous mes souvenirs. Pourquoi restes-tu avec moi ? Tu perds ton temps.
Il referma son roman et le posa près de son sac. Annie l'observa se lever et venir s'installer sur le lit d'hôpital à ses côtés.
- Que dis-tu ?
- Je suis un boulet. Il est possible que je ne retrouve jamais la mémoire. Je ne veux pas te ralentir. Je ne sers à rien que ce soit dans la vie réelle ou même dans mes rêves. Je suis incapable d'imaginer quelque chose ou à me rappeler d'un détail. On a beau me jeter des bouées pour m'aider, je continue à me noyer. Tu me dis ton prénom, je l'oublie trois secondes après. Ce n'est pas une vie.
- Annie.
- Je le vois dans tes yeux. Je ne suis pas aveugle. Tu es détruit. Tu te fais du mal. Il est possible d'abréger cette souffrance si tu pars maintenant et que tu me laisses.
- Annie, arrête, coupa rapidement le blond en attrapant ses mains. Si je voulais partir, je l'aurais fait. Tu peux m'insulter de tous les noms, je ne partirais pas. Tu t'es remémorée une phrase que je t'ai dite durant une soirée : Quoique qu'il arrive, je t'aimerai toute ma vie. Je suis du genre à tenir mes promesses.
Annie ouvrit la bouche mais le blond la devança.
- Je t'ai passé cette alliance, continua Armin en prenant doucement sa main droite, où était située la bague. Car j'étais persuadé que je serai ton mari. Je me voyais vivre à tes côtés et fonder une famille et ce n'est pas une amnésie qui va nous empêcher de vivre notre bonheur. Même si tu oublies, tu écris et tu te remémores certains petits détails. C'est un début. Annie, le travail sera long mais je resterai à tes côtés jusqu'au bout.
Elle ne répondit pas, se contentant de boire chacune de ses paroles de ses yeux bleus.
- Je me fiche que tu ne me dises pas « je t'aime » de manière directe. Je me fiche que tu ne me prennes pas dans tes bras comme tu le faisais auparavant. Aimer, c'est savoir dire je t'aime sans parler.
- C'est de Victor Hugo ?
Armin l'observa, bouche bée avant qu'un sourire brillant ne se dessine sur ses lèvres.
- Tu vois que tu as des souvenirs !
La blonde camoufla un petit sourire, la tête baissée avant de la relever quand elle sentit une pression sur ses mains.
- Tu es ma première pensée lorsque je me réveille et la dernière lorsque je vais me coucher. L'amour passe au-dessus des maladies lorsqu'il est sincère. S'il le faut, je te donnerai des ailes pour que tu puisses voler et t'en sortir. S'il le faut, je te donnerai ma mémoire pour que tu puisses revivre nos souvenirs. Alors s'il te plaît Annie ne me rejette pas. Je partirai seulement quand je te reverrai sourire. Sourire comme cette femme que j'ai connu et qui est cachée quelque part en toi. Elle dort encore et il suffit de la réveiller de sa prison de cristal.
La jeune femme serra sa mâchoire, le regard vitreux de larmes et elle ferma les yeux quand deux bras masculins l'encerclèrent d'amour.
- Tu vas réussir, murmura-t-il. J'ai confiance en toi. Même si cela dure des années. Je t'attendrai.
Annie ferma les yeux avant de les rouvrir, apercevant un homme en blouse, une charlotte et un masque chirurgical qui les regardait à l'entrée de la chambre avant de s'éclipser.
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