Chapitre 10


Janvier 2010

Galopant parmi les blés, le cheval accéléra la cadence sous les ordres de la jeune fille. La crinière fouettant l'air, les rayons du soleil reflétaient sa robe noire. Ses sabots frappèrent le sol avec puissance tandis que les blés s'écartaient dès qu'il arrivait, tel Moïse avec l'océan. Annie ouvrit ses bras, se laissant emporter par cette liberté qui la couvrait de bonheur. Le vent caressait sa peau et s'engouffrait dans ses cheveux blonds attachés en chignon.

Reprenant la cordelette autour de l'encolure de son cheval, Annie continua de le faire galoper parmi la grande étendue de blés sans vouloir s'arrêter. Dès qu'elle montait à cheval, elle revivait. Le cheval était sa parenthèse. Son anti-douleur, son oxygène. Tous ses problèmes s'évaporèrent comme par magie. Monter à cheval, c'était sa liberté. Il était sa liberté. Du haut de ses dix-sept ans, la jeune adolescente avait traversé une phase difficile suite au décès de sa mère. Plongée dans des sombres pensées, Annie regardait souvent la fenêtre en silence, se demandant : A quoi bon vivre ? Pourquoi vivre quand on avait perdu quelqu'un de cher ? Le cancer du sein n'avait laissé aucune merci pour sa mère. Annie la voyait s'affaiblir de jour en jour. Ses cheveux tombaient jusqu'à qu'ils ne disparaissent tous. Son visage était blanc, livide et ses yeux tombaient de fatigue mais elle continuait de lui sourire en lui disant :

- Ça va aller.

Annie n'était pas dupe. Elle savait très bien qu'elle souffrait. Ses yeux parlaient même si ses mots les contredisaient.

Maintenant trois mois qu'elle était partie. Mettant un pied à terre, elle regarda la falaise qui se dessinait sous ses yeux brumeux de larmes. Elle sentit le cheval brouter un peu plus loin pour se remettre de cette longue course à travers les blés. Annie, elle, regardait l'océan en silence où les mouettes dansaient au-dessus, attendant le retour des pêcheurs. Le cœur serré, elle se mit à hurler à plein poumons. C'était un cri de douleur. Un cri qu'elle ne pensait pas un jour réaliser. Elle s'effondra au sol, à genoux, explosant en sanglots. La bague qui entourait son index était tout simplement le dernier souvenir de sa mère. Sa mère qui ne reviendra jamais.

- Vie ta vie, Annie, sourit-elle en caressant sa joue. La vie est trop courte pour la gaspiller et nous n'avons pas de deuxième chance. Tu rencontreras de nombreux obstacles sur ta route, que tu devras surmonter. La vie est remplie d'épines mais aussi de fleurs. Comme le dit Jean Jaurès, Annie. Le courage, c'est de comprendre sa propre vie. Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille. Alors arrête de pleurer mon cœur et sois forte.

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