VI.
Frottant la vaisselle en silence, elle garda un oeil discret sur son mari affalé dans le canapé, regardant son émission débile. Il ne travaillait pas aujourd'hui, elle commençait son service seulement à 11 heures, il lui restait alors 2 heures. En réalité, elle voudrait partir avant mais elle devait trouver une excuse afin de quitter la maison, mais là, elle n'avait rien en tête. Reportant son intention sur l'assiette qu'elle frottait, elle la reposa sur le plan du travail, sèche avant de s'occuper du reste. Ici, c'était elle qui faisait tout, son mari était le "pacha", il ne foutait rien, elle était à son service, elle était dominée, si elle se rebellait, elle se faisait frapper. Sa peau le montrait, elle était remplis de coups. Annie avait arrêté de se rebeller sachant qu'elle était sous son emprise et ne pouvait s'en échapper. Elle rangea la vaisselle sans un bruit car monsieur avait horreur du bouquant, si elle le faisait, il hurlait et allait réveiller les voisins. Annie essuya ses mains avec la serviette avant de la reposer à sa place habituelle, elle quitta le salon, se dirigeant vers la salle de bain avant de s'y enfermer. Levant le visage vers le miroir, elle remarqua un bleu qui s'était formé au niveau de son cou. Il l'avait étranglé hier car elle était rentrée trop tard à son goût. Annie camoufla ave ce qu'elle pouvait le bleu avec de la poudre pour se maquiller. Après plusieurs petites minutes elle réussit à le faire disparaitre et personne ne pourrait le voir. Elle sursauta quand elle entendit son "mari" frapper soudainement à la porte.
-" Tu fois quoi là ? Sors ! ordonna ce dernier en frappant encore une fois perdant patience.
- Si tu t'éloignes de la porte.
- Tu as peur de moi ? Tu as peur de moi ?! Sors de là ! Qu'est ce que tu fous ?!"
D'une main tremblante, elle attrapa doucement la poignet, elle devait ouvrir ? Si elle ne le faisait pas il allait défoncer cette porte. Si elle ouvrait, elle allait se faire gifler. Dans les deux cas, elle était fichue.
Et ce fut le cas.
Hitch déposa un verre de jus d'orange sur la table d'un client qui la remercia avant de le boire tout en reprenant sa discussion avec sa femme, enfin cela semblerait être sa femme. Elle repartir près du comptoir où son patron s'occupait de la caisse. Elle se dirgea vers une autre table, prenant une autre commande, retournant vers le comptoir, c'était comme une boucle enfaite. Hitch posa son plateau laissant les trois autres serveurs s'occuper des clients, elle but un verre quand elle aperçut enfin Annie arriver avec 20 minutes de retard. Elle fronça des sourcils en voyant la lèvre de cette dernière entaillée.
- "Putain tu t'es fait quoi ?! dit-elle.
- Hitch ! gronda le patron en donnant les pièces à un client. Un peu de tenue. "
Annie n'eut pas le temps de placer un mot qu'elle fut attrapée par le bras et emmenée à l'écart des autres dans les vestiaires privés des serveurs.
- "Tu t'es fait quoi là ? Il faut soigner cela !
- Non c'est rien, je me suis juste blessée, laisse gronda Annie en posa sa main sur ses lèvres.
- Tu n'es pas douée ricana t-elle en lui tendant un mouchoir. Comment tu t'es fait cela ?
- Je me suis violament mordue la lèvre mentit-elle en enfilant rapidement sa tenue de serveuse. Je prends ton service, merci."
Annie reprit rapidement le service faisant comme si de rien était, prenant les commandes aussi vite qu'elle était venue. Notant tout sur une feuille, partant, revenant, déposant les verres, repartant et encore sans s'arrêter.
Elle toqua doucement à la porte et ouvrit voyant Armin qui l'attendait toujours avec un sourire qu'elle avait désormais l'habitude de voir. Et pour être honnête, elle l'aimait ce sourire, mais elle ne se l'avouait pas. Comme toujours, le chien de ce dernier arriva, trottant vers elle, s'asseyant en face, attendant cette caresse sur sa tête qu'elle fit. Comme Hitch, Armin remarqua cette entaille à sa lèvre inférieure et cela le choqua, se levant avant de s'approcher d'elle. Il leva la main et sans comprendre, elle se baissa par réflexe pensant qu'il allait la frapper. Le blond regarda avec horreur ce soudain réflexe qu'il ne comprit pas:
- "Pardon, je t'ai fait peur ?! s'inquiéta Armin en se reculant. Je ne voulais pas, j'ai juste vu que tu étais blessée et je voulais vérifier, je suis vraiment désolé.
- Non c'est rien dit-elle dégoutée de sa réaction, passant nerveusement sa main droite dans ses cheveux. On commence ?"
Armin resta silencieux et hocha la tête, se mettant en place. Annie changea rapidement ses chaussures avec des talons pour la salsa et le rejoignit sans rien dire. Les yeux dans les yeux, la musique se lança et ils débutèrent leur danse tout en douceur. Elle adorait danser, elle pouvait s'exprimer sans parler, sans dire un seul mot, elle s'exprimait seulement par les mouvements. Comme le disait Jean Dembélé: "On ne vit pas de la danse, on vit avec." ou de Burge: "Pour moi, la danse est un aliment, quelque chose dont j'ai besoin, un peu comme l'air que l'on respire, la nourriture que l'on mange. C'est nécessaire et même indispensable à la survie. Pour moi la danse est un aliment.". Annie sortit de ses pensées quand Armin pressa doucement sa hanche et elle tourna sur elle-même reprenant sa position du départ. Pour une fois, elle se sentait libre, elle était libre de ses mouvements pour seulement deux heures, mais pour elle, cela durait une éternité. Ce jeune homme la faisait sourire comme personne ne l'avait fait auparavant même si il était un peu collant, elle l'acceptait. Quand elle dansait, elle pensait à autre chose, mettant sa vie de côté, vivant son rêve, pensant à quelque chose de gaie et non de dépressif ou de triste comme ce qu'elle vivait au quotidien. Elle vivait dans la peur, dans l'angoisse, elle était terrifiée chaque jour. Le matin elle se levait, son estomac se nouait, ses réflexes étaient aux aguets, si elle disait un mot de travers, la gifle partait, elle en avait l'habitude. C'était son quotidien. Dissimuler les bleus et les bosses était devenu une préoccupation régulière, importante, personne ne devait savoir, personne ne devait voir qu'elle était une victime, elle ne voulait pas être vue comme une victime. Quand cacher n'était plus possible, il fallait mentir: je me suis blessée moi même, je me suis prise une porte, ce n'est rien, cela va passer. J'ai l'habitude ! Quand elle rentrait, le bruit de sa clé dans la serrure, la porte qui s'ouvrit, elle ne savait jamais quel serait son sort. Se faire gifler car elle était en retard ? Se faire frapper quand elle n'avait pas préparé le repas ? Se faire insulter de tous les noms quand elle s'opposait à lui ?
Elle avait envi de mourir mais sans savoir pourquoi, une petite voix lui disait: "Bats toi."
Annie sortit de ses pensées quand ils terminèrent la danse sur la même position que l'autre fois, il la redressa doucement, leurs visages proches. Quelques centimètres les distançaient. Annie se recula rapidement afin de mettre une distance entre eux.
- "On devrait s'inscrire à un concours de danse sourit Armin.
- Tu es sérieux ? Je ne pense pas m'en sentir capable.
- Très, tu danses parfaitement bien et on s'entend super bien, c'est un vrai point positif !
- Et bien oui, si tu veux dit-elle en réfléchissant. Ce serait quand ?
- Je dois me renseigner sur les prochains concours et les thèmes répondit Armin. Mais je te tiens au courant."
Annie hocha la tête, s'apprêtant à partir quand Armin la retint gentiment par son bras droit.
- "Attends, ta lèvre, elle saigne s'inquiéta le blond en touchant la coupure au niveau de la lèvre inférieure. Laisse moi soigner ça s'il te plait."
La blonde comprit qu'elle ne pourra pas le faire changer d'avis et s'assit sur la chaise près de l'ordinateur pendant qu'Armin aille chercher une boite où se trouvait tous les pensements. Annie baissa ses yeux vers le chien qui se faufila près d'elle, contre ses jambes, se frottant gentiment et amicalement contre celles-ci. Souriant, elle passa sa main droite dans le doux pelage de l'animal. Il était très collant mais elle appréciait sa compagnie. Elle leva la tête apercevant le jeune homme revenir au pas de course, s'installant en face d'elle sur la chaise libre et sortit des cottons, pansements.
- "C'est juste une entaille se défendit la blonde.
- Je sais sourit-il. Mais je ne vais pas te laisser partir avec la lèvre en sang, regarde moi."
Annie leva la tête alors qu'il saisit gentiment son visage, tamponnant avec une petite compresse sa lèvre inférieur. Elle sentit ses rougeurs sur ses joues, elle ne comprenait pas, dès qu'elle était avec ce jeune homme, elle oubliait absolument tout. Elle se sentait bien avec lui et même protégée. Annie sortit de ses pensées quand il lui dit que c'était terminé.
- "Tu étais dans tes pensées ? demanda Armin en penchant la tête sur le côté toujours avec ce sourire sur ses lèvres.
- Pas du tout se défendit Annie en avalant difficilement sa salive. Merci.
- On se retrouve demain soir ?
- Comme toujours conclu la blonde en hochant la tête."
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Note de l'auteur:
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