69. Renonciation
« Some Angels are destined to
Fall »
« Certains anges sont destinés à tomber »
L'esprit embrumé pour quelques instants, plongée dans le chaos du néant, je respirais la noirceur des frères du sommeil. Des bourdonnements résonnaient dans mon être, le laissant vibrant par la vie extérieure. Ils me ramenèrent à moi, s'approchant à mesure que mon âme regagnait mon corps étendu au sol, brûlant d'un feu douloureux qui consumait mon être. Une souffrance loin d'être que physique, comme si j'avais perdu une part de moi-même, de mon âme qui s'était détachée.
À travers des larmes inconnues, j'aperçus une scène étrangement tournée et les silhouettes se mouvaient, muettes, accompagnées d'un son retardataire. Un cri d'une virulence telle que la clairière s'illumina des nuances violettes de Skotia retentit, rendant cendres les Berserkers qui la retenaient. D'un geste abstrait, une onde puissante se propagea en direction de nos ennemis, les réduisant à l'état de poussière, libérant Fenrir tandis que le corps d'Arès rebondissait au sol. La masse musculaire ne se redressa plus, goûtant les feux dévastateurs de l'héritière d'Hécate qui brillait des feux des enfers, imposant sa domination aux pieds de l'arbre sacré.
Les yeux qui se fermaient, humant l'herbe devenue humide par les premières gouttes d'une pluie purificatrice dans cette nuit rougie par la lune éternelle dans le ciel, se détachant des nuages dans un halo sanguin, je perçus pourtant le fils du dieu de la malice accourir à mes côtés.
Le corps aussi léger qu'une plume de cuivre, il parvint à me redresser, posant mon dos contre le tronc d'une douceur inquiétante. Il accueillit ma chair lacérée de sa mousse caressante qui provoqua par le contraste hivernal sur ma peau aux lueurs d'été un souffle vivace de mes lèvres ensanglantées. Les graines d'or aussi fines que la poussière se mêlèrent au sang de mon épiderme comme des gouttes tièdes des mers d'orient.
Les paroles éloignées d'Hippolyte me parvinrent, rassurantes et aimantes, une ode à un amour imbrisable. Un songe lointain qui apparut dans un désert aride telle une goutte d'eau réparatrice. Un mirage rédempteur qui se détacha des ténèbres par sa lumière émanant des pétales de la rose. Cette fleur grandissante entre les ronces, une beauté dans cette cruauté sauvage qu'était l'existence. Entrouvrant faiblement mes lèvres, je laissai s'échapper un souffle d'amour qui s'envola dans les airs tempétueux.
Telle une illusion brûlante, ses lèvres se posèrent sur les miennes, chastes, et le goût du sang et des larmes salées se frayèrent un chemin. L'instant éphémère me parut pourtant d'un éternel espoir.
Il se détourna de moi, échangeant avec mes sœurs qui m'avaient rejointe, et je ne distinguai que la blondeur des cheveux d'or de Phoebe et les noirs corbeaux de Skotia, se détachant d'un tableau de quiétude que se voulait être l'ancien chêne. Lui qui avait été souillé par les offrandes à ses pieds qu'étaient les corps du nord aussi guerriers que nous, qu'importait l'influence méditerranéenne. Un leurre cachant nos mains de sang désireuses de rependre la mort.
À travers des paupières tremblantes, je le vis se lever accompagné d'une colère grandissante à l'encontre du dieu de la guerre qui, dans sa poigne rude, tenait un innocent ruban. Inoffensif et fragile d'apparence, aussi doux que les plumes d'un corbeau. Les dieux s'affronteraient une dernière fois et le premier qui tombera provoquera la chute des anges. Je me maudis d'être au sol et de ne pouvoir mener mon dernier combat, mais des mots rassurants me parvinrent. Ceux que j'avais mené tous les combats, et qu'il était temps que je me repose de courts instants. Que je permette à ma cour de se battre pour moi.
Une main tiède se posa sur mon bras et les yeux bienveillants de mes sœurs m'apaisèrent, laissant une douleur déprédatrice s'évaporer dans les airs fragmentés des morts. Dans mon être, le liquide se libéra, mouillant mes jambes d'une preuve de vie dans ce chaos passionnel.
Je clignai des yeux à la vue de mon ventre arrondi, de la sensation de l'herbe mouillée par des eaux étrangement chaudes. L'exclamation de Phoebe ne me laissa que confuse, mais elle ne put continuer qu'un cri de rage retentit, accompagné d'un éclair qui incendia l'arbre voisin au chêne, éveillant la fureur aux flammes qui englobaient les feuilles. Elles devinrent cendres sous les pleurs du ciel qui donnait vie aux sentiments du divin, offrant vie à la nature. Fenrir était tombé, lié à jamais à son destin.
Un éclat, des divinités étaient venues et leurs silhouettes noires se fondaient comme des ombres dans la clairière, se détachant faiblement des troncs à la lisière des bois obscurs, avalant leur lumière. L'herbe pliée sous la pluie croissante accueillait leurs pieds aussi nus que leur âme dans cette guerre.
Les bijoux aussi éclatants que les feuilles de l'ancien chêne d'Aphrodite confirmèrent sa présence, et elle emporta Arès après un coup de sa main accompagné de cris, disparaissant. Elle laissa la guerrière sage au casque et la lance qui brillaient, semblables aux étoiles dans une nuit noire, saisir Fenrir. Elle le menaça de sa lance de son air grisâtre, et il persista à faire face à la sagesse calme.
La dernière silhouette aux cheveux brillant dans cette nuit obscure telle un feu connu, accourut à moi, et, d'une inquiétude qui me fit sourire et couler les larmes de mes joues, me demanda si j'allais bien. Je ne pus pas lui mentir, et je vis une lueur préoccupée passer dans ses pupilles. Il semblait plus apaisé qu'en Hyperborée, comme si les réponses, il les avait saisies de la bouche des pythies.
J'attendis son départ puis son retour comme il venait de me promettre, mais il resta planté, me détaillant, inquiet, une question muette sur le visage qui le torturait de l'intérieur. Les traits plissés, il se tourna vers mes sœurs dont les yeux tantôt fuyants, tantôt nous scrutant étaient hésitants. Les aveux brûlaient leurs lèvres baignées de larmes, et ce fut l'innocence qui annonça au monde que j'étais sur le point de donner vie.
Une femme au sol, en sang et égarée dans la forêt qu'était son royaume attira les yeux de l'univers sur elle. Protectrice des enfants, la chaste chasseresse étendue sur l'herbe mouillée écartait les jambes de son ventre rebondi, offrant à la terre prête l'enfant de la nature qui lui était destiné.
Ce furent les hurlements du père qui se débattait, implorant les dieux de leur clémence pour me rejoindre, m'appelant, qui m'éveillèrent. Je compris par ces échos incessants que j'avais fini par briser toutes lois, réduisant en cendres le monde, amenant une vie qui n'était nulle autre que le fruit de mes fautes incendiaires, mais mon cœur lui appartenait déjà.
Il passa devant moi, cherchant un éclat d'argent dans mes yeux, mais je les fermai, détournant le regard, sourde aux hurlements qu'il me criait, retenu fermement par le dieu du soleil qui avait quitté mes côtés, et la déesse des stratégies. Ils disparurent, emportant le bruit persistant à leur suite, plongeant les sous-bois dans un rythme effréné par les gouttes délicates de la pluie qui s'abattaient au sol, accompagnant les pas d'Illythie. Elle jaillit d'entre les arbres, sa robe blanche flottant autour d'elle et ses cheveux bruns retenus dans un chignon.
Avec une méfiance animale, je l'observai s'approcher, poser sur mon front un linge d'eau qui apaisa mes muscles contractés. Ses paroles furent une mélopée hypnotisant, emmenant mon esprit entre deux mondes qui ne fit que suivre ses ordres. Consciente du travail qui approchait, je la laissai finir de déchirer mon vêtement rouge, écarter mes jambes sur la terre boueuse et me dicter mes faits et gestes.
L'envie de hurler au monde la douleur qui déchirait mon bas ventre me consumait, gesticulant mes membres, soutenue fermement de part et d'autre par mes sœurs. Nue sous la pluie, la sueur recouvrait ma peau aux grains brûlants de froid, la respiration étouffante.
Skotia et Phoebe durent me tenir les bras pour m'empêcher de trop bouger, de me débattre pour échapper à cette torture tandis qu'Illythie maintenait mes jambes écartées pour l'accueillir au moment venu. Leurs paroles lointaines frappaient à mes oreilles, ressentant un corps percer les limites du mien pour sortir, faisant naître en moi la souffrance d'une mère portant en son sein la progéniture de la nature d'une sauvagerie crépusculaire.
Les supplices d'une âme tourmentée, poussant au-delà de ses limites sa force, résonnaient tel un chant mortuaire entrent les troncs, laissant fuir au loin des corbeaux aux ailes noires. La pluie battante fouettait mon épiderme, mouillant mes cheveux. Ainsi que mon visage perlé de sueur, déformé par la douleur qui créait des montagnes sur ma peau sèche, imaginant des rivières d'eau et de sang sur l'herbe détruite.
Les mensonges qu'elles me murmuraient étaient chimériques, me promettant une vie lumineuse au centre de cette tempête qui abattait ses éclairs sur les arbres, incendiant leurs branches comme des flambeaux dans la nuit obscure. Une plainte s'échappa d'entre mes lèvres desséchées, et je tressaillis une fois de plus, me tuant. Dans l'espoir d'apaiser la douleur, je fermai les yeux et psalmodiai de mon cœur brisé, mais encore brûlant d'ardeur, des paroles de ce chant ancien qui poursuivait de ses chiens loups dans la nuit noire les êtres maudits.
Dans les ténèbres éternelles du monde, la nuit se lève
Dans un paysage sombre, mon âme se sent seule
Effrayée, apeurée, abandonnée, démunie de tout rêve
Dans une longue plainte, je te supplie de venir à moi-même
Protège-moi comme je le ferai avec toi sous vents et tempêtes
Ne me laisse pas tomber dans le gouffre de la mer
Ne me mens pas de ces douces paroles envoûtantes
La plante de mes pieds nus effleure les plaines
Perdue, mon échine de roses est recouverte de ronces
Dans mon cœur brisé, je le sens rempli par la haine
Je sais que tu me feras goûter la grenade qui s'enfonce
De mon existence battante, je n'ai jamais éprouvé l'amour
Les sentiments qui habitent mon cœur meurtri ne me sont pas inconnus
La tendresse charmeuse de tes yeux mystérieux et l'étincelle de ta bravoure
Me murmurent que tu me sauveras de ma perte sauvage qui me fait perdre la vue
Dans le miroir je me vois, et fais tout comme moi, avoue la vérité
Qui suis-je dans ce monde d'antan, oubliant la nature mère
Entourée de papillons, je me sens seule dans cette ère félidée
Les sentences de ton être sont les tourbillons de ma mer
Dans mon esprit, les pensées combattent dans les ténèbres et la lumière
En ces temps de la prospérité du sang, toi qui es un guerrier
Ne suis-je à te yeux qu'une conquête dissimulée sous le lierre ?
Je t'en conjure, ne laisse pas les larmes de la rage couler
Les rêves qui habitent mes noires nuits sont vêtus de notre lien condamnatoire
Est-ce cette passion destructrice que je ressens au creux de mon cœur renaissant ?
Je revois nos embrassements qui dansent sous les feux de l'histoire
Notre amour plongera le monde sous les cendres du temps
Les doutes méfiants envahissent mon être aveuglé
Puis-je t'accorder la confiance qui me détruira ?
Les mystères que tu caches me sont ignorés
Le chemin se j'emprunte, à ce sombre destin, me conduira ?
Les raisons m'échappent et je les enfouis, jouant avec ces étincelles
Viens à moi, qu'importe les brûlures, je renaitrai des braises
Ne m'abandonne pas, ne me mens pas, ou tu regretteras celles
Qui ne possédaient pas la soif de la nuit qui déplaise
J'implore le destin...
Je ne faisais que gémir, m'abandonnant à mes larmes qui coulaient, et sentant la fin proche, je poussai une dernière fois dans un râlement rauque venu de mes tripes vides. Au loin, le tonnerre gronda, illuminant le ciel avant de le plonger dans la nuit ténébreuse, dissimulant la lune d'un nuage noir qui étouffa la lumière.
Je patientai de longs instants, les jambes écartées devant la déesse de l'accouchement, mais je n'entendis aucun son, aucun cri, aucun pleur. Le silence de la mort s'était abattu dans la clairière, pesant et obscurcissant. L'aura mystique et ancestral de l'arbre lui-même avait été caché, et j'ouvris les paupières, éveillée. La pluie était un torrent froid et insensible, se mêlant aux yeux abattus des femmes qui peinaient à soutenir mon regard.
– Elle n'a pas survécu.
Suivant ses paroles, le corps de mon enfant à peine plus grand que ses mains, vit naître une flamme. Impuissante, je vis ma fille disparaître, devenant cendres et emportée par une brise inconnue au loin, enlevée de mes bras.
Je sentis mon cœur se briser, et les braises en moi s'étaient éteintes, se tournant en une roche autrefois brûlante qui se changea en glace, durcissant mes larmes qui l'effleuraient. Dans un dernier effort, je venais une fois de plus de perdre, voyant ma vie se transformer en ruines, et plus rien ne persistait. Je n'avais plus rien, anéantie.
Un torrent de rage désireux de détruire le monde, sombrant dans la folie des souvenirs douloureux et hanteurs, j'abandonnai au fil de la rivière de ma tristesse et le sommeil ne me délivrerait pas de cette souffrance.
Je voulais que tout disparaisse, et je céderais s'il le fallait. L'existence que le destin m'avait offerte, me menant sur le chemin sinueux au milieu des ronces, me permettant d'entrevoir les illusions de la rose, n'était qu'un piège maudit. La vie nous confrontait toujours à des croisements, des carrefours, et c'était à nous de choisir notre route. Mais le monde, le destin, nous y poussait souvent, dans les abysses du malheur si provocant. Mes choix allaient à l'encontre des lois, et je m'en délectais, mauvais et destructeurs, se battant dans ce cruel jeu, mais désormais, j'abandonnais la partie.
Je renonçai à jamais à cette lumière qui ne m'avait apporté que tragédie. Qu'importait les cultures d'hier, qu'importait la puissance de demain, qu'importait qui nous étions, nous succombions au destin. Ce qui s'exhumait n'apportait que damnation.
Je ressentais cette humanité, le prix à payer pour notre immortalité. J'avais tué mon frère, j'avais tué mon amant, j'avais tué tous ceux qui avaient croisé ma route. Il était temps de me tuer moi-même.
J'avais déjà traversé les ténèbres des enfers, et je les avais fuies. Aujourd'hui, je n'avais plus rien à perdre. Aujourd'hui, j'embrasserais mes démons.
Je relevai les yeux, fixant la lune de sang qui brillait dans son halo lumineux, le nuage noir avait disparu, laissant place à cet appel meurtrier qui avait provoqué l'angoisse des abîmes d'un désir refoulé. Les gouttes de pluie caressaient mon visage, se mêlant à mes larmes salées. Un éclair déchira le ciel, fendant la nuit, dessinant les contours des nuages gorgés de souffrance aux étincelles prêtent à abattre ma malédiction sur terre, et la lune murmura son accord en moi tel un écho libérateur.
Et dans cette nuit noire, dans cette forêt, au pied du chêne ancien et sacré, dans ce lieu qui accueillit durant toute une nuit la tragédie. À travers les arbres sombres, le hurlement d'une femme, brisée, retentit comme un écho que tous entendirent au-delà de la colère de la tempête, abattant sur la Grèce la pire des malédictions, renonçant à l'humanité lumineuse, cédant de son plein gré, à l'appel du sang.
Ahahaha Non, c'est pas la fin ! Ne vous inquiétez pas XD C'est loin d'être finit ! La guerre est loin d'être finie ! Il y a une suite !
Oh ! Vous parliez de la fin du tome 1 ? Oui, ça se finit comme ça XD Mais par la suite il y a de l'espoir hé hé
Je vous conseils donc vivement de garder ce tome dans votre bibliothèque !
Pour commencer l'Epilogue arrive demain matin avec les explications de la suite et par la suite il y aura déjà la vidéo que je vous prépare, ainsi que un petit quizz pour savoir quel personnage vous êtes préparé avec amour et certainement des Bonus ! Et ce durant tout l'été !
Le Prologue du T.2 arrive jeudi, vous pouvez déjà ajouter le T.2 Phoebe à votre biblio, mais je reviendrais dans la partie expliquant, et bien, la suite. Voilà.
Je sais, tout le monde est mort physiquement ou psychiquement, il n'y a pas eu de survivant, mais il y a une suite !
Artemis a ceder de son plein à l'appel du sang, ce qui était le but depuis le début des méchants, la faire céder et c'est réussi, Merope s'est vengée ! Ou pas, puisque il y a une suite et je rappelle que la guerre n'est pas finie de la sorte hé hé
J'avais sous entendu certaines choses et même promis, mais pas pour le tome 1
Je suis navrée pour vos petits cœurs, mais il y a une suite ! Et vous vous dites certainement Yes! Une suite avec d'autres morts et je vous réponds: Oui, certainement ! Mais c'est la guerre et il faut sauver ! Donc espoir de tout résoudre ! Et que la Sad end devienne une happy pour notre petite Artemis !
Par ailleurs mille merci pour toutes vos questions sur la FAQ! Je m'y attendais pas 😍
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