62. Garm {partie 2/2}
« Death doesn't discriminate
Between the sinners and the saints
It takes and takes and takes
And we keep living
Anyway»
« La mort ne discrimine pas entre
Les coupables et les saints
Elle prend et prend et prend
Et nous continuons tout de même à vivre »
– Je suis navré de t'avoir délaissé quelques instants, reprit-il, et je posai mon regard sur le corps évanoui de la jeune fille sur son amant, miroir d'une vie qu'elle nous avait cachée, nous qui la pensions chasseresse et rêveuse, innocente dans un monde de fous et qui s'était pourtant éprise du bras droit, du chef de guerre, de Kuncad.
Un nom qui me sonnait bien plus familier que l'entente éphémère à Corinthe, ville des mélanges qui dans son sillage nous avait séparées. Et mon âme criait une peine inconnue. Un deuil de plus.
– Bientôt, la Grèce, Asgard et le continent tomberont à mes pieds et tu seras à mes côtés, observant le mont de ta famille se détruire aux mains des géants qui jailliront bientôt de terre, destinés à un dieu pour le tuer. L'histoire se terminera, pour vous du moins.
– Jamais je ne serai de votre côté ! criai-je lorsque je ne voulais que l'affirmer d'une voix impériale, et je sentis une brûlure au creux de mon dos prouvant ma perte de contrôle.
– L'Olympe t'a trahi, ta communauté est décimée, l'une de tes sœurs t'a empoisonné, ton amant n'est plus sans oublier que tu as tué ton propre frère et que bientôt le volcan explosera. Dis-moi donc, quelles sont tes chances de combattre encore ? Abandonne. Tu céderas, promit-il, et je me tus, tentant de garder en mémoire les promesses d'Hippolyte qui m'avait fait jurer de ne jamais laisser la sombre forêt m'engloutir. Différente et si battante, je t'admire, Artemis, mais le volcan en toi n'est pas endormi bien que tu aies été élevée pour le taire, mais une nature ne peut être effacée. Hippolyte, Candeon ou Orion, n'est qu'un ancrage passager à éliminer, mais ton jumeau s'en chargerait, plaisanta-t-il, ouvrant une plaie. Le pauvre chasseur qui se lie à une déesse en pleine guerre, je ne l'avais pas prévu, mais c'est un cadeau du destin. L'amour dans un lieu où tout espoir avait disparu, même celui soufflé par votre sœur qui est bien moins naïve que je le pensais, mais au cœur d'or. Peut-être l'amour fraternel ne permet pas de céder aux ténèbres, car il protège, mais le véritable amour, si, affirma-t-il, me faisant frémir de crainte et je le vis tendre l'oreille avant de sourire machiavéliquement. Viens chère enfant, sors des bois.
Je suivis son regard qui fixait une jeune femme jaillissant d'entre les arbres, se dirigeant à pas lents et sensuels, telle une lionne, vers nous. Elle s'arrêta à ses côtés, s'inclinant légèrement, puis, me foudroya de ses yeux émeraude, les cheveux courts frôlant ses épaules et aux mèches éclaircies par une poudre. Une expression qui était le reflet du sourire de Garm était affiché, et ses ongles rouges tapotèrent le bras de son chef, le caressant même et laissant les pans de sa robe violette l'effleurer, le gardant sous son emprise d'alliance. Le poignard à sa ceinture d'or étincela.
– Merope, que fais-tu ici ? questionnai-je, abasourdie.
– Il est vrai que vous vous connaissez, j'avais presque oublié. Hippolyte et Oarion ont grandi ensemble, meilleurs amis, frères. Un meurt de votre flèche, l'autre veut se venger comme d'autres, mais finit par vous aimer. Douce tragédie telle que je les aime, récita-t-il d'une voix de poète, prenant plaisir à clamer ce qu'il savait et les autres ignoraient.
Cette abomination se délectait des révélations soudaines qu'il dévoilait à petit feu, se permettant une telle prise de risque, perdant le temps précieux pour faire souffrir émotionnellement ses ennemis avant de tenter de les garder auprès de lui suite aux blessures reçues.
– Il y a toujours plusieurs côtés à l'histoire, et tu ne sais même pas qui est Hippolyte, ou du moins certains secrets. Tu ne connais pas tout le passé, d'aucun. Ni Oarion, ni Hippolyte, ni personne. Pour gagner, il faut prendre connaissance de l'histoire et cela a été ta plus grande erreur. Ne pas creuser dans les mystères tapis dans l'ombre. Une reine, mais mauvaise stratège.
– Artemis, si tu savais comme je te hais ! s'exclama Merope, le coupant sous un sourire satisfait de ce dernier et abattant sa main sur ma joue sans que je ne frémisse sous ce geste, attentive à ses mots qui coulaient, torrentiels. Je me suis alliée à Garm, car je sais qu'il fera en sorte que tu perdes tout, que tu cèdes, car tu ne mérites que cela ! continua-t-elle sur sa lancée rapide et vengeresse, haineuse d'une folie aveuglante issue du pourpre du vin. Je t'ai dit que Hippolyte m'a trahi, il a promis de te tuer et ne l'a pas fait. Vous vous aimez et pour que tu passes de l'autre côté il faut que tu te sentes coupable de la mort de quelqu'un. Tu l'as tué de ta main, mais il est revenu. Je suis heureuse de t'annoncer que tu n'as pas pu le protéger plus longtemps. J'ai adoré plonger ma main dans son torse, saisir son cœur, le sentir battre puis l'arracher dans un gémissement de plaisir. Poser mes lèvres sur sa bouche en sang tandis qu'il mourait au pied d'un arbre, gardant comme unique image mon visage vengeur et sachant que tu étais perdue. Tu l'as tué et le temps que tu le retrouves trois jours se seront écoulés et tu ne pourras plus le ramener, finit-elle d'une voix brisée, même sadique, mais étrangement contrôlée.
Un cri de peine jaillit de ma gorge et mes jambes cédèrent à l'annonce de sa mort qui peinait à atteindre mon âme. Je pleurais dans l'espoir de dissimuler cette vérité, consciente que lorsqu'elles se tariraient je comprendrais qu'il était parti. Tué par ma rivale qui de simples mots m'avait décrit ses derniers instants sans aucune pitié, me le jetant à la figure sans me prévenir. Et la prudence s'était dissipée dans les airs depuis que j'avais commis l'irréparable.
J'avais tué pour eux, poussée par leurs susurrements qui m'attiraient dans mon gouffre, me dictant de me laisser envahir et de détruire sans obtenir l'aide de quiconque. Bien que je me sois retenue, je l'alimentais chaque jour. Qu'importait si je me droguais, si je me laissais envahir par ma faiblesse, si j'y répondais de temps à autre, ou si je cherchais refuge dans la forêt sauvage, chassant. Je gémissais, ressentant la douleur de ses mots tranchants qui étaient prononcés par mon esprit.
Recroquevillée, je me sentais flotter dans les limbes du néant, plongée dans le chaos aveuglant et gouttant aux gouttes de sang qui m'appelaient. Les larmes chaudes parvenaient à peine à faire fondre la glace de mon cœur, mais je ne pouvais pas abandonner. Pas maintenant, pas devant eux, car c'était la seule chose qui me restait.
– Permets-tu à l'humanité de revenir dans le monstre ? me fit-elle remarquer d'une abyssale peine.
Je relevai les yeux humides, rougis par la souffrance, et une seule question franchit mes lèvres.
– Pourquoi ?
– Nous avons tous quelque chose à tirer d'une guerre. Ils veulent réveiller le volcan en toi, moi je veux te faire souffrir. Nos deux buts se croisaient à la perfection. Ils avaient besoin de moi, moi d'eux. Plus nous étions, plus forts nous devenions, et j'ai appris à survivre, utilisant mes atouts et manipulant plus d'un, goûtant à cette folie de l'hybris, me révéla-t-elle, sourire au coin.
– Pourquoi ? répétai-je sans comprendre. Que t'ai-je fait ? insistai-je, et je vis ses lèvres trembler, accueillant ses larmes silencieuses.
Elle saisit ma joue, y enfonçant ses ongles pour m'obliger à la regarder droit dans les yeux pour qu'elle me plante dans les oreilles la source de ses tourments.
– Tu as détruit ma vie ! s'exclama-t-elle de rage et tristesse. Les dieux ont tout, mais font souffrir les mortels ! Je l'aime, tu l'as tué ! Tu as tué Oarion ! Il m'avait promis de m'épouser, il croyait trouver de l'aide auprès de toi pour convaincre mon père. Je l'ai prévenu, et il n'est jamais revenu, finit-elle en sanglotant. Je l'aime, il était le seul à se soucier de moi, un cœur empli de tristesse, et à me redonner goût à la vie. Désormais, ce qui me maintient sur terre est l'envie de vengeance, de justice pour des êtres qui pensent être intouchables.
Elle me lâcha, lançant ma tête en arrière, séchant ses larmes de sa main munie d'une bague de bronze au rubis. Je l'observai, les lèvres scellées qui entravaient ma bouche. Était-elle la raison du retour de mon frère ? Elle l'était, et je peinais à imaginer Oarion s'être épris de cette femme qui autrefois pouvait en être une autre. Avant que je ne lui enlève son unique raison de vivre.
– Tu l'as tué stupide garce, monstre ! Sans l'once de pitié d'une humaine ! Je le vengerai, Hippolyte ayant refusé de le faire. Il est désormais mort, payant sa trahison. Je condamne à l'éternité tragique tous ceux qui entravent mon chemin. C'est à ton tour de voir ce que cela fait de ne plus avoir personne, d'avoir tout perdu, comme moi.
Elle s'emportait dans la douleur abyssale du deuil, les yeux recouverts par le voile noir des veuves. Déchue, elle avait trouvé refuge dans la folie de l'ivresse, goûtant au vin pourpre, se délectant de la puissance de ses ancêtres. Et particulièrement désireuse de montrer que, bien que mortelle, elle valait les dieux. Prête à se mesurer à eux.
– Je suis désolée, mais je t'en supplie, laisse-moi le retrouver et le ramener, pitié, suppliai-je en vain, ne recevant qu'un gloussement de folie en retour, brisé par les blessures de la vie, mais soufflé par une survivante semblable à moi, mais mortelle.
– Pitié ? Tu ne l'as eu pour personne. Non, tu mérites ce qu'il va t'arriver. Une âme pour une âme, le prix à payer. Tu as détruit ma vie, à mon tour de détruire la tienne. J'ai tout mon temps, nous avons toute la nuit pour te pousser à céder, me promit-elle, appuyant ses pouces sur mon front et je les sentis se chauffer, m'immobilisant et fixant mes yeux dans les siens dont les éclats de bronze s'illuminèrent tout comme ce bijou de vigne sur ses cheveux. Nous allons voir ce que c'est de jouer avec les sentiments d'une déesse en équilibre frêle. Je vais te montrer mon histoire, que tu réalises ce que tu as provoqué, ce que tu as détruit, et fais à moi comme à tant de victimes. Que tu voies ce que bientôt tu deviendras, m'affirma-t-elle, prête à me faire revivre cette dernière nuit, me plongeant dans ces illusions.
Un cri étouffé de douleur s'échappa lorsque le torrent de magie s'insuffla en moi, fermant les paupières à Merope qui d'une mélopée difficilement audible, accompagnée d'un sourire vengeur et fou, me fit savoir que je souffrirais de sa puissance.
Un véritable hurlement qui plia les feuilles de sang dans les bois, les faisant tomber et rendant nus les arbres, jaillit de ma gorge. Il se répandit tel un écho qui poussa les êtres à se boucher les oreilles avant que le passé ne se déverse dans mon esprit, me montrant la destruction sauvage et cruelle qu'était Artemis.
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Bonjours mes victimes!
Avant toute chose sachez que que c'est Fenrir qui a été choisi pour les Bonus de ce concours! Même si je prévois d'autres Bonus qui risquent d'être des chapitres complets (2 déjà)
Revenons à ce chapitre
Et oui! La vérité est là!
Tout d'un coup, c'est fait exprès qu'elle explose et que vous soyez tout aussi perdu qu'Artemis! Et c'est pas finit
A ne pas réaliser les choses comme:
Merope💜Oarion
Hippolyte RIP encore une fois
Que tout est prévu depuis des années
Et beaucoup plus!
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