61. Guerre {partie 2/2}
« One day or another our
Human side loses
It has to »
« Un jour ou l'autre notre côté humain perd.
Il le faut »
Un grognement retentit, et je me retournai pour faire face au loup qui me fixait de ses yeux plus brillants que les autres, aussi rouges que le sang à mes pieds. Le poil doux, le visage fin, les pattes puissantes, il ne tarda pas à m'attaquer sans annoncer son amorce. Il était d'une intelligence plus humaine qui se mêlait à l'instinct, mais moins forte que la mienne qui l'esquiva, l'éraflant.
Il n'abandonna pas, m'attaquant avec plus de ferveur et s'avérant un adversaire de taille. Je me défendais de mes mains et de ma dague, le blessant sans qu'il ne tombe au sol. Il plantait ses griffes dans ma peau, ses crocs dans ma chair, mais j'ignorais la douleur, cherchant à l'éliminer et perdant le sens du jeu précédent, consciente qu'il pourrait me tuer contrairement aux autres.
Ma vue était floutée, je percevais à peine les mouvements, laissant mon instinct décider, et par chance, le destin m'offrit une ouverture que je n'hésitai pas à saisir, le voyant faiblissant et les plaies ouvertes qui le vidaient de son sang. J'enfonçai ma lame dans le creux de ses côtes et il poussa un cri de douleur. Blessé mortellement, il s'effondra au sol et se transforma en humain.
Usant de ses dernières forces, la bête se plaça sur le dos et ses yeux désormais d'un bleu très clair sans pour autant être platine, fixaient le ciel. Nu, blessé, en sang, il respirait toujours d'un son rauque, et sa chevelure claire, châtain, était mouillée par la sueur. Son corps saignait de toute part des lacérations de mes ongles et de ma lame, en particulier la plaie sur le côté qui le vidait de son sang, provoquant des gémissements à mesure qu'il sentait la vie le quitter. Mais l'attente serait bien longue et douloureuse. Condamné à l'agonie.
Il était certainement le bras droit de Lycaon, le chef de guerre, la malédiction était sa force, car sans elle, je le savais incapable d'attaquer s'il n'y était pas poussé. Il s'accrochait à la vie, faisant appel à ses pouvoirs pour survivre, mais il mourrait. Je m'en étais assurée.
Je l'observai silencieusement, tentant de reconnaître ses traits tout en reprenant mon souffle et ressentant un semblant d'élancements ardents. Ma chevelure tombait sur mon visage, s'y collant sur le sang sec, me donnant des lueurs folles. La peinture de guerre avait giclé sur moi et mes doigts qui auraient pu tracer des symboles protecteurs n'y étaient pour rien. J'essuyai ma bouche qui avait été aspergée des larmes de la vie avec délicatesse de ma main carmin, la tâchant que plus.
Le goût n'était pas un régal pour mes papilles, mais il ne me dérangeait pas. Les plaies parsemaient mon corps lésé, ma robe méconnaissable était en lambeaux et avait perdu sa pureté. Je fis face au camp, sentant des présences, tournant le dos à la forêt, et je me sentis me réveiller enfin.
Un tapis de corps sans vie parsemait les chemins entre les tentes en feu. La mort était partout, imposant le vide dans le silence de la nuit qui consumait de ses feux mon royaume. Je reçus un coup de poignard dans mes entrailles face à ce paysage que je ne croyais pas, mais la respiration du mourant derrière moi me confirma la réalité.
Des silhouettes se distinguèrent du voile nocturne, telles des ombres, des fantômes qui inhalaient ce qu'ils voulaient, se dirigeant vers moi en silence. Blessées, en larmes. Une dizaine de chasseresses survivantes lorsqu'elles étaient plus d'une centaine, principalement des nymphes.
– Skotia ? demandai-je, la reconnaissant, lorsqu'elles s'arrêtèrent côte à côte, mais elle ne répondit rien, aucune n'eut le temps d'ajouter une dernière parole.
Des craquements retentirent derrière, venant des profondeurs de la forêt, attirant mon attention. Des hommes aux iris rouges jaillirent d'entre les troncs, à peine plus nombreux que nous, mais suffisamment pour nous encercler. Ils jetèrent à peine un regard aux corps étendus à terre. Je tentai de les suivre des yeux, nous toisant avec intimidation jusqu'à ce que je croise un vieil homme dont je murmurai le nom. Lycaon, le tyran maudit. Il me sourit méchamment avant de fixer les bois comme ses semblables, comme mes chasseresses, et je fis de même.
Ils attendaient un être qui ne tarda pas à se dévoiler. Une silhouette féminine se détacha de l'ombre, mais lorsque j'aperçus l'éclat d'argent que reflétait la lune sanguine, je sus qu'une lame était appuyée sur son cou. Je devinai qu'elle n'était pas seule. Le silence était unique maître et les prêtres eux-mêmes n'auraient pas pu imposer leur savoir dans ce conflit, uniquement le crépitement des flammes résonnait dans la forêt.
Un jeune homme se révéla, aussi maigre qu'une brindille, aux yeux rubis, aux cheveux graisseux, longs et noirs, mais surtout, il était vêtu d'un haillon cachant à peine sa nudité. Il tenait Opis en otage et s'amusait avec sa lame sur son cou, un cruel sourire. Elle tremblait et pleurait et je n'eus pas de mal à comprendre qu'elle avait été abusée, une fois de plus.
– Artemis Diane Olympus, prononça le jeune homme, me fixant de ses yeux brillants. Tu es belle et j'espère plus sauvage que ta seconde, dit-il, léchant sa joue, et elle n'osa émettre un mouvement de recul. Elle ne fut pas très résistante, n'est-ce pas ma jolie ?
– Lâche-la, ordonnai-je, me retenant de le tuer sur-le-champ.
– Tu ne peux rien faire.
– Je peux t'atteindre et t'enfoncer ma dague dans le cœur, monstre.
– Essaie d'avancer, me mit-il au défi avec ironie.
Mon pied se souleva doucement, mais je ne pus pas le poser. Un regard au sol, un cercle fin était tracé sur l'herbe et mon étonnement s'échappa à mesure que j'avançais ma main avec lenteur et que je sentis une résistance sous mes doigts. Je relevai mes pupilles sur lui.
– Une prison d'énergie.
– Bien deviné belle princesse, ou devrais-je dire naïve reine. Il est si dommage qu'elle doive mourir, ajouta-t-il, regardant Opis. Elle est plaisante, je l'aurais bien gardée.
– Ne la tue pas !
– Elle a fait ce qu'elle devait. Je vais la tuer et nous pourrons enfin aborder ce qui nous intéresse. Elle n'était qu'un petit rempli trou. Je m'ennuyais à vous voir mourir. Je voulais un divertissement pour attendre, répondit-il, touchant de sa main libre le corps d'Opis qui frissonna de peur à son toucher, mais ne se débattit toujours pas, traumatisée par l'acte qu'il lui avait fait, les souvenirs ressurgissant, et je serrai les poings comme toutes.
– Artemis, commença-t-elle, les larmes aux yeux. Je vous ai servi comme j'ai pu. Au nom de toutes, nous avons accepté de nous sacrifier pour vous. Ma vie s'arrête ici, mais vengez-nous, Artemis, me supplia-t-elle dans un sanglot rapide et désespéré.
– Comme c'est touchant ! Vous n'auriez jamais dû jurer allégeance à une déesse maudite comme elle. Mais qu'importe, nous faisons tous des erreurs. Bonne nuit, ma douce, ce fut un plaisir d'avoir partagé ma couche.
Il enfonça le poignard dans sa gorge et la trancha sans pitié. Je détournai les yeux, mais ne pus ne pas l'entendre s'étouffer avec son sang qui envahissait sa bouche, ses toussotements qui résonnaient dans le silence rêche, puis son corps qui tomba au sol. Je regardai à nouveau.
Son cadavre étendu sur l'herbe avait les paupières ouvertes, et ses mains encerclaient sa gorge d'où du sang coulait encore. Je retins une larme, Opis était partie, elle qui avait tant souffert et qui s'était accrochée aux chasseresses pour vivre. Elle avait fini par s'y tuer, son visage figé dans la terreur.
– Tu es assez lâche pour détourner les yeux face à la mort que tu as causée comme tant d'autres ?
– Je ne suis pas lâche.
– Elle est juste dégoûtée par vous, s'exclama une voix que je reconnus, Skotia, mais elle fut ignorée.
– Tu as provoqué tant de morts, de souffrance. Tu détruis tout ce qui t'approche, les plongeant dans la tragédie. Un monstre, tu l'es. Si tu doutes encore, regarde son cadavre, réfléchis à ce que tu as causé, à ce que tu causes toujours.
Je détournai encore davantage les yeux du corps et tentai d'ignorer l'odeur de la mort qui planait. Elle était morte, comme toutes les autres, pour moi. Je ne provoquais que la mort, la semant même de mon gré et y prenant du plaisir, mais lorsque ceux à qui je tenais étaient touchés par cet incendie, je ne pouvais nier, mais je devais affronter. Il me provoquait dans le but de me faire craquer, je l'avais remarqué. Il souriait d'un sourire sadique.
L'homme s'avança dans ma direction, ses yeux brillaient dans la nuit ténébreuse, mais je n'y distinguai pas la folie. Au contraire, j'y voyais une intelligence animale qui ne me rassura pas. Il s'arrêta à quelques pas devant moi, sans son sourire toujours présent au coin.
– Fenrir, finis-je par prononcer avec haine, mais il éclata de rire.
– Il est vrai que ces temps-ci tous n'ont cessé de me confondre avec lui à mon plus grand bonheur. Tous cherchaient la mauvaise personne, mais je te rassure Artemis, nous ne nous sommes jamais vus. Laisse-moi me présenter. Je me nomme Garm.
Oups... Pas encore de Fenrir XD Il arrive, une chose à la fois Ahahaha
On se retrouve la semaine prochaine, mais d'ici là un petit jeu est prévu, très joyeux pour vous remonter le moral avant les feux!
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