51. Alliance {partie 2}

« But if I choose the darkness instead? »

« Et si je choisissais les ténèbres à la place ? »

Les murs étaient recouverts de peaux de bêtes sauvages, apportant chaleur à la pièce carrée et intime. Des sièges de bois rustre se trouvaient face à une table sur laquelle des instruments primaires avaient été posés tels que des silex. Les doigts se tortillant, je regardai avec un pincement au cœur Fenrir être emmené dans une pièce voisine, m'abandonnant à la merci de mon père.

La porte qui nous séparait fut laissée entrouverte, permettant à mes yeux curieux d'observer le déroulement de la conversation depuis la place assise que m'avait désignée mon paternel d'un signe de tête, sans un mot. Je ne suivis pas ses gestes. Je préférai prêter l'attention de mes oreilles au père et au fils à quelques pas à peine dont l'échange tumultueux était pourtant d'une profonde affection qui se noyait dans les tissus de laine qui recouvraient les murs et leurs vêtements.

– Fenrir, tu ne peux pas continuer ainsi.

– Mais père, tenta-t-il avant d'être coupé d'une voix qui ne voulait pas paraître dure.

– Tu sais ce qu'il t'arrivera si tu continues sur cette voie, le prévint Loki.

– Cela m'est bien égal ! répliqua-t-il, empli d'une colère sans chaînes.

– Tes yeux...

– Je sais, elle les a vus ! Cela ne me dérange pas, que tous les voient. Ils me condamnent tous sans me connaître, mon nom leur suffit et mes actes n'y changeront rien !

– Baisse d'un ton avec moi.

– Je suis désolé, mais je ne peux pas faire autrement. Je suis né ainsi, lâcha-t-il dans un élan de haine.

– Tu peux toujours changer, mon fils.

– Non, je suis un monstre, il n'y a rien d'autre à dire. Je l'accepte, c'est ainsi, souffla-t-il, haussant les épaules, démuni.

– Fenrir, commença-t-il d'une voix calme, posant les mains sur ses épaules et se plaçant à sa hauteur. Ce que nous sommes ne nous définit pas. Nous pouvons toujours choisir. Qu'est-ce que je dis toujours ?

– La magie et toute autre chose ne sont pas de nature, le mal. Cela dépend de comment nous l'utilisons et qui l'utilise, à quelles fins. Nous avons le noir et le blanc en nous, un combat éternel, à nous de décider qui nous nourrirons. Notre vie nous appartient, et nous avons des choix. Qu'importe la destinée.

– Exactement. Je ne veux pas que tu te perdes comme d'autres l'ont fait. Un jour dans ta vie tu seras confronté à un choix, et ne fais pas au moment venu, le mauvais.

– Je le ferai certainement et les conséquences m'importent peu.

– Non, cela ne t'est pas égal. Il ne peut l'être à personne. Fenrir, ce n'est pas une malédiction, mais un don.

– Non, c'est une malédiction, contesta-t-il, déterminé à s'attacher à sa damnation.

– Ne me coupe pas, mon fils. Je sais comment tous te regardent et tu agis pour qu'ils continuent. Avec une violence qui n'est pas nécessaire, repoussante même. Je t'ai déjà prévenu ce qu'il adviendra si tu continues sur cette route. Ta nature, et ce chemin peuvent être dissociés.

– C'est trop tard père... Mon nom me colle à la peau ainsi que les murmures de l'oracle, Mûré.

– Il est toujours temps de recommencer.

– Comment ? Je l'ai dans le sang. Je ne peux rien y faire. Tu connais le destin.

– Si, tu le peux. Une bête sauvage sommeille en toi et un jour elle se réveillera et ce jour-là soit tu la contrôleras soit...

– Je perds mon humanité.

– Exactement, mais cela n'arrivera pas. Il faut juste que tu reprennes les choses entre tes mains, lui conseilla-t-il, amenant le geste à la parole avec douceur. Ne te laisse pas envahir par ce que les autres pensent que tu es, tourne le en ta puissance. Saisis un nouveau départ et ne laisse pas la nature sauvage t'avaler dans ses profondeurs. Ne la suis jamais, n'écoute pas ses murmures incessants, le conseilla-t-il entre ces murs de bois. Si une destinée t'appartient, c'est à toi de la modeler pour la rendre bonne.

– Que dois-je faire ? questionna-t-il avec un élan d'espoir dans ces ténèbres.

– Lie-toi d'amitié avec Artemis, comme tu l'as fait avec son frère.

– Pourquoi elle ?

– Vous pourriez vous entendre.

– Cette princesse parfaite ? Oubliez, père, jamais, elle ne voit pas la vérité en face et je ne me battrai pas à sa place. Elle n'est pas celle que je croyais qu'elle était. Je préfère céder que de me lier avec elle. Elle n'est pas celle que j'avais vue. Elle se cramponne à une illusion, contrairement à moi qui accepte la nature. Je ne peux pas perdre mon temps.

– Tu penses le contraire mon fils, se moqua-t-il gentiment en esquissant un sourire, et à l'unisson, nous grimaçâmes.

– Et pourquoi pas une autre femme, si c'est ce que tu veux ?

– Car elle est étrangère, princesse de l'Olympe.

Je l'entendis exprimer son mécontentement bien exagéré, dissimulant aux yeux du monde l'éclat de ses yeux qui recélaient le fond de ses pensées. Certainement une haine plus grande à mon égard, et son père le lâcha, se relevant avant de saisir un objet minuscule qu'il lui tendit.

– Tiens mon fils, un cadeau, il te servira autant et même plus que tes fleurs. Il est temps que tu le possèdes enfin.

Je plissai les yeux, cherchant à savoir le précieux, et me penchai même, perdant l'équilibre et tombant de mon siège, attirant l'attention. Les yeux de Fenrir se tournèrent vers moi, devinant que je l'avais écouté. Il en devint rouge de colère, prêt à bondir, mais son père referma la porte sans un mot. Je me relevai rapidement, gardant un regard sur la porte de bois, le cœur lésé par ces paroles étonnantes que j'avais surprises. J'en étais restée brumeuse.

– Artemis, me rappela mon père d'une voix sévère.

– Oui ?

– Vous me décevez, fit-il remarquer, et je baissai les yeux. Vous ne pouvez pas espionner, c'est une véritable honte.

– Je le sais, soufflai-je, et un silence s'installa avant qu'il ne continue.

– Je veux que vous deveniez amie avec lui, m'ordonna-t-il.

– Il ne le veut pas, vous venez de l'entendre.

– Je n'ai rien entendu. Vous avez dû rêver, ils étaient trop loin et notre ouïe n'est pas si aiguisée. Cette amitié doit naître, ce sera ainsi.

– Pourquoi ?

– Pour des raisons que vous êtes encore jeune pour comprendre. Faites des efforts, c'est à vous de les faire, souleva-t-il, et la culpabilité me submergea.

– Le problème est lui.

– Taisez-vous ! Vous n'avez rien à dire.

– Il me rend la vie impossible ! sanglotais-je, redressant mes épaules qui arrêtèrent l'élan désireux de me relever, et ma robe colorée retomba le long de mes membres tandis que je reprenais place sur le tabouret.

– Il tente de vous approcher, mais ne sait pas comment. Cessez de dire des absurdités, c'est vous le problème, comme toujours.

– Mais père...

– Il n'y a pas de mais ! Vous allez faire ce que je vous ordonne ! cria-t-il tout en se levant. Vous allez vous lier d'amitié avec lui. Demain, vous irez tous les trois avec votre frère jouer à un quelconque jeu, s'emporta-t-il. Vous devez vous lier d'amitié avec ce prince sinon vous décevrez notre empire !

Je sentis la colère prendre racine en moi, naissant avec Fenrir et jaillissante dans mon être avec mon père. Le sang tournait dans mon corps avec révolte, la rage m'aveuglait, je ne voyais plus que la voûte nocturne.

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