50. Olympe {partie 2}

« Love is choosing, the snake said
The kingdom of god is within you
Because you ate it »




Je rejoignis les jardins aux fleurs colorées qui parsemaient le sol. Un pâle reflet de l'Élysée, tout aussi illuminé. Mes pas démunis de douceur s'engouffrèrent entre les arbres de fruits et ma mine inquiétante fit fuir les dryades qui s'amusaient pour rejoindre une colline plus lointaine. L'étang dans lequel des naïades m'observaient étrangement de leur chevelure parfois colorée et leur visage si pur, n'était qu'une flaque dans le paysage. Les femmes des eaux, certaines étaient mortelles pour les humains, nommées les sirènes en écho à leurs sœurs maudites et devenues oiseaux lorsqu'elles suivaient le même chemin. Elles étaient aussi séductrices que Merope.

– Artemis ! m'interpella une voix connue, et j'accélérai le pas sans parvenir à le semer.

Il m'attrapa par le bras pour m'arrêter, avec un désespoir, et nos âmes semblèrent être liées à nouveau par le fracas d'une douleur vive de nos maux.

– Lâche-moi, Apollon, lui ordonnai-je coléreuse, et il s'exécuta.

– Écoute-moi s'il te plaît, me supplia-t-il, laissant un visage plus enfantin se dessiner.

– Pourquoi ?

– Parce que nous sommes une famille, me fit-il remarquer comme je l'avais fait autrefois, et le changement des rôles ne fut que plus cuisant.

– Non, tu me l'as dit, bien que j'y croie encore. J'aurais pu t'écouter, mais tu le savais. Vois-tu ? Je n'ai pas provoqué la mort de ton seul et unique ami. Il veut ma peau, c'est un monstre. Je ne veux pas entrer en conflit avec toi, mais je le veux avec lui.

Je fus tentée de revenir sur mes paroles, mais je sus que tenter de retrouver notre complicité dans ces temps de traîtrises et ma colère intérieure à l'encontre de l'Olympe ne ferait qu'ouvrir définitivement un gouffre entre nous d'un tremblement de terre. Le temps qu'elle se referme pouvait être bien trop long. La rancune en moi m'empêchait de faire ce pas comme je l'avais toujours souhaité, et lui aussi.

Il avait toujours été à mes côtés tout comme moi, mais dans cette guerre, je préférais que les jumeaux combattent différemment. Qu'importait l'herbe claire sous nos pieds, les oiseaux aux nuances des cieux qui dansaient dans les airs ou encore les doux arbres fruitiers qui appelaient au plaisir de la vie.

– Laisse-nous lui parler.

Je regardai par-dessus son épaule pour apercevoir Athéna et Aphrodite qui demandèrent une fois de plus à Apollon de partir et de nous laisser. Je me mordis la lèvre pour lui donner un avis contraire, celui qu'il reste pour permettre le retour des jumeaux archers une dernière fois. Mais au regard noir que lui lança Aphrodite, je sus qu'elle ne lui permettrait pas, et que sa tentative d'approche allait à l'encontre des conseils.

Il posa pourtant un regard empli de tristesse sur moi qui brisa mon cœur, ressentant à nouveau ce vide en mon âme avant qu'il ne parte. Mon pied se déplaça discrètement en avant, prêt à la rejoindre pour remettre tout en question. Lui parler de notre grand frère devenu eidolon, emprunter une autre voie, mais nous n'étions pas ainsi à abandonner nos combats facilement. Et les déesses allaient à l'encontre de cette idée.

– Artemis ? m'appela Aphrodite, sentant que j'étais prête à bafouer leurs plans, mais ses yeux humides par la culpabilité firent taire l'envie d'envoyer valser leurs mots loin de moi.

Fenrir me voulait, soit. Il était temps que nous réglions cette haine entre nous et que je lui montre ce que la reine du monde sauvage était capable. Sauvage, maudite, solitaire, tout comme lui, et déterminée à ne pas abandonner. Le nom précédait, faisant de nous les modèles de la noblesse, mais il périra sous mes coups, et je l'enverrais aux enfers.

– Que savez-vous de Merope ?

– Rien, mais elle a disparu depuis la prise d'otage de l'île.

– Elle est en vie, les corrigeai-je. Mon frère ne vous l'a pas dit ?

– Non, mais nous allons partir à sa recherche. Chios n'est pas importante, pour le moment. Aphrodite ?

– Je suis désolée, je n'ai jamais voulu cela, sanglota-t-elle, incomprise par moi qui me tournai pour l'écouter et percer les vérités de son visage qui me déstabilisaient. Je n'ai jamais cru que tout prendrait autant d'ampleur, continua-t-elle, versant des larmes, et Athéna fut contrainte de prendre le relais.

– Artemis, il y a un fait bien plus condamnatoire que la guerre. Nous sommes alliés à Asgard, et si père ne veut pas que tu participes, c'est pour te garder en vie. Prête à remplir ton devoir.

– Quel est donc mon rôle ? questionnai-je inquiète, et ce fut la déesse de l'amour qui d'une voix d'une profondeur tremblante, me répondit.

– Te souviens-tu que je me trompe qu'une fois et non deux ? Je suis la déesse de l'amour, mère adoptive d'Éros, mais je ne détiens pas la vérité, et je fais des erreurs. Je suis désolée, pardonne-moi, m'implora-t-elle, saisissant mes mains qu'elle serra avec force, cherchant mon pardon.

Elle laissa couler des larmes chaudes le long de ses joues brillantes avant de me lâcher, fouillant dans sa besace pour en sortir un papyrus qu'elle me tendit. D'une main sûre, je le saisis tout en lui jetant une œillade avant de le dérouler, étonnée de ne pas recevoir de plaquette gravée qui m'aurait rassurée par sa faible importance.

Je parcourus le mélange de pictogrammes de l'ère des mégalithes et de bâtonnets, hiéroglyphes crétois. Je refusais de reconnaître les mots inscrits qui défilaient, et je dus relire à maintes reprises jusqu'à ce que chaque mot se grave dans ma tête. Mon cœur cessa de battre et je lâchai le parchemin qui tomba sur l'herbe humide, récoltant la rosée du matin.

Levant des yeux rougissant vers elles, je cherchai une réponse à cette condamnation à mort qui traduisait les ronces qui avaient toujours lésé ma peau. Une torture gravée, sans pour autant que je n'en connaisse leur provenance tracée à l'encre par un roseau venu d'un empire bien plus puissant, ancien, et civilisé que le nôtre.

En ce jour sacré, l'empereur d'Asgard, Odin, ainsi que l'empereur de l'Olympe, Zeus Jupiter, nous nous engageons à travers le mariage des héritiers de notre famille impériale, le prince Fenrir d'Asgard et la princesse Artemis Diane de l'Olympe, à une alliance qui réunira enfin nos deux empires ainsi que les deux côtés des terres de glace.

– Pourquoi ? fut l'écho à ces mots emplis d'un désespoir profond, et Aphrodite ne sut que répondre, se dissimulant derrière ses mains qui recueillaient ses larmes.

– Tu es différente, tu l'as toujours été, me révéla Athéna sans jeter un regard au papyrus qui gisait à mes pieds, faiblement soulevé aux coins par le vent. Tu sais qui tu es, une femme maudite et différente. Père a tenté de garder ton instinct rebelle entre les murs pour faire de toi qu'une déesse mineure, mais nul ne peut garder en cage une louve. C'est impossible. Un jour où l'autre tu te libérerais de tes chaînes et c'est ce que tu as fait sans avoir conscience de qui tu étais réellement. Je suis la déesse de la sagesse et Apollon est venu me demander conseil sur le volcan qui sommeille en vous, attendant son heure. Artemis, il serait temps que tu parles avec ta mère, entre ses mains elle te libérera pleinement et les liens seront définitivement rompus. Tu ignores les pouvoirs de transformation qu'elle recèle.

– Elle m'a abandonné, crachai-je. Ta manière de jouer ne m'est pas inconnue. Ne fuis pas le sujet bien que tu sois insensible à ma peine, car tu es bien trop grise, bien trop neutre pour avoir un avis personnel et non objectif. Pourquoi ? Je te préviens, c'est la dernière fois que je te mets en garde, la menaçai-je, croisant les bras et ravalant mes larmes de haine qui rougissaient mes yeux, et les froissements de la robe rosée d'Aphrodite caressèrent l'air.

– L'alliance aurait été puissante. Asgard, l'Olympe, la paix entre l'occident puissant et l'orient proche, le scellé des alliances et de nos commerces. Tu descendais de l'Hyperborée par ta mère, et lui de Jotunheim, vous aurez réuni ces deux terres de glace séparées depuis la nuit des temps par un mur, et les hyperboréens étaient eux-mêmes une frontière pour séparer Vanheim de ces terres des géants. Tu es bien trop importante pour être perdue dans la nuit et te façonner a été un échec. Tu t'échappes toujours du contrôle des autres, et la seule à réussir l'exploit de se rebeller.

– Quel est donc l'avantage de me le montrer ?

– Tu serais un instrument de paix en cas de défaite.

– Dans quel sens, éclaire-moi de tes plumes grises emplies de la sagesse stratégiquement rusée que je ne saisis pas, raillai-je.

– Je suis la déesse de l'amour et je sais comment ces choses fonctionnent. Le pacte serait encore valable si Fenrir n'est pas mort. Nous perdons, tu l'épouses pour nous sauver et créer une alliance.

– Et si je refuse ? les provoquai-je, rictus en coin.

– Analyse et réfléchis aux conséquences. C'est une stratégie de guerre. Le mariage nous sauvera.

– Je ne vous dois rien, bien au contraire. Je suis votre salut.

– Nous savons que ton cœur s'est épris d'un autre homme, mais l'honneur passe avant les sentiments. Tu as la possibilité de choisir ton chasseur, vivre la vie que tu souhaites aux côtés de personnes chères à ton cœur, ta famille, mais tu condamneras l'empire à sa décadence et la mort de tant d'innocents. Soit tu acceptes cette alliance, renonçant à ta vie pour laquelle tu as tant combattu, sacrifiant et ne cessant de perdre pour t'élever et obtenir le désiré. Mais tu nous sauveras, tu obtiendras la paix et tous te seront reconnaissants. Les mortels chanteront ton nom, te construisant des temples de bonne grâce. Jusqu'à la fin des temps.

Je fermai un instant les yeux, laissant les lettres voler dans ma conscience, traçant deux chemins au sein d'un carrefour et les chiens du monde des morts, envoyés d'Hécate et accompagnés des reptiles de la déesse des serpents me regardaient. Patientant de leurs yeux viscéraux.

– N'oublie pas, partager l'Amour avec un mortel peut être la source des plus affreuses souffrances.

Les mots qu'elle prononça sonnèrent lointains, je ne les ignorai pas, mais refusai de suivre ce supplice des divinités, celle d'être si proche des humains que l'envie de se mêler à eux les consumait à petit feu avec l'impossibilité d'en faire qu'un. Garder les distances du monde d'en haut et de la terre et celui d'en bas n'était pas le désiré, car il ne nous était pas interdit. Source de fantasmes inassouvis.

Les enjeux résonnaient dans ma tête sur les instruments de métal qui me faisaient souffrir, ils étaient bien trop importants, ne pouvant être ignorés, ni d'un côté ni de l'autre. Le bonheur ou le malheur ? La persécution ou la paix ? L'amour ou l'alliance ? La traitrise ou l'héroïsme ? Moi, ou eux.

Je m'étais tant battue pour sauver les mortels lors de la guerre des forêts, j'avais combattu ma liberté contre la révolte de Lycaon, je me trouvais aujourd'hui face à l'impasse de la guerre du sang.

– Le choix est difficile, mais le meilleur ne peut être plus clair. Tu ne peux pas te permettre de le choisir, lui. Dans l'existence, les sacrifices sont nécessaires, tu le sais. Sois aussi honorable que ton frère, enfonça-t-elle le poignard, ignorant qu'il était revenu des étoiles. Entre tes mains le destin des personnes est tenu. Le choix n'est pas difficile, nous t'aiderons à ne pas t'éloigner du chemin.

Les mots entravèrent ma gorge, ceux de leur assurer que je ne les suivrais pas, mais à la place, des larmes silencieuses coulèrent, désemparée par le doute qui s'insinuait en moi sans laisser le choix évident sortir. L'Olympe ne m'avait jamais aidé, et ils m'utilisaient. Me rebeller serait mener aux bourreaux des innocents, jouant avec leurs vies. Bien que je sois une déesse, je possédais de dernières parcelles de cœur que je perdais lorsque la cendre envahirait ces paysages lumineux, plongeant le monde dans le chaos des héros. Je refusais d'épouser et m'abaisser, mais pourrais-je le tuer dans une chambre ? J'étais une chasseresse et pas une noble.

Les rôles s'étaient inversés, d'une manière ma famille m'avait tourné le dos et l'Olympe me venait en aide, pour ses intérêts. Le cœur qui palpitait dans ma poitrine, repoussant mes lèvres qui s'entrouvraient, poussées par l'alliance qui faisait tanguer mon esprit face au refus de mon âme.

J'étais damnée face à une menace qui s'approchait, mais je ne savais que choisir. Le devoir ou le déshonneur ?

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Après elle se dit déesse vierge.

La meuf a eut plusieurs prétendants, Lycaon veut l'épouser, elle a été fiancée deux fois dont à Fenrir (ce dernier contrat tient toujours puisque il n'est pas mort) et est en couple avec Hippolyte (soit dit en passant, elle a déjà couché avec)

Excellent exemple de déesse qui a fait vœux de rester chaste! Félicitations!


Artemis se retrouve face à un choix cornélien.

Whahahaha!

Sans oublier que les dieux souhaitent qu'Artemis choisisse Fenrir et non Hippolyte!
Ah oui! Parlant de ce dernier!

Personne ne l'aime, tous souhaitent sa mort, il est mortel et est une menace pour l'Olympe puisque il est le facteur qui fait qu'Artemis hésite.


Je n'en dis pas plus.

Joie et Amour

Choix cornélien et début des événements que j'attendais avec impatience!

Que va choisir Artémis?

Que feriez vous à sa place?

Devoir ou déshonneur ?

Il n'y a plus que un chapitre sur le passé entre justement Artémis et Fenrir puis l'avant dernière partie nommée:

Entre vie et mort

Sur ce, danse de la joie

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