49. Palais {Partie 2}
"Trust yourself
You have survived a lot, and you will survive
Whatever is coming"
"Aies confiance en toi
Tu as survécu à beaucoup
Tu survivras à ce qui arrive"
Mon corps se sentit cogner contre un torse corpulent et brûlant, et à peine relevai-je la tête que je fus plaquée contre le mur avec une extrême délicatesse. Des lèvres chaudes s'unirent aux miennes avec une passion destructrice, les épousant par la volonté du destin et leurs ferveurs furent reconnaissables. Mes mains vinrent entourer son cou tandis que les siennes se posaient avec possession sur ma taille, m'embrasant par cette interdiction que je brisais. Une déesse et un mortel unis dans la nuit.
– Tu m'as manqué, me susurra-t-il à l'oreille d'une voix grave, faisant rebondir son souffle sur mon visage, effleurant mon nez.
Mes yeux furent engloutis dans les siens de ce bleu clair rappelant la glace, marbré des nuances vert vif, se mélangeant avec perfection et égalité. Sa chaleur m'enveloppait, sa présence me rendait davantage insatiable, et l'envie de me noyer dans le sang à ses côtés détruisant le monde et imposant une domination, me saisit.
– Cela fait à peine quelques jours, soufflai-je.
– Je le sais, répondit-il avec un sourire espiègle sans me quitter du regard, profitant tout comme moi de ce partage dans un coin du palais.
– Que ferais-tu si un plus long écart nous séparait ? le taquinai-je, jouant avec mes doigts derrière son cou tout en m'écartant pour le détailler.
– Je deviendrais fou, lâcha-t-il dans un souffle rauque accompagné d'un sourire avant qu'il ne dépose un baiser chaste sur mes lèvres, m'ôtant un rire cristallin qui s'arrêta à sa mine soucieuse.
– Que se passe-t-il ?
– Il vaut mieux que je reste plus longtemps à Athènes, m'avoua-t-il, fuyant mon regard, et je sentis sa prise sur mes hanches se resserrer.
– Loin de moi ? lui fis-je remarquer d'une voix teintée de déception.
– Je n'ai pas le choix, princesse, m'assura-t-il, déposant un baiser au creux de mon cou qui me fit frémir, et je ne pus m'empêcher de rétorquer que j'étais reine, l'amusant. Je le sais, tu es ma reine à moi, me confia-t-il empli d'amour éternel tout en déposant un baiser à la commissure de mes lèvres puis sur mon front, sur ma cicatrice, pour m'amadouer.
Mais je restai froide bien que j'étais consciente qu'il restait pour sa sécurité et que tout comme moi, nous avions conscience du danger.
À ces pensées dévastatrices qui nous opposeraient jusqu'à la fin des temps, nous poussâmes un soupir à l'unisson, les yeux baissés, enlaçant nos mains avec désespoir. Nous savions notre couple maudit par le poison des immortels.
– Hippolyte, je dois t'avouer une confession, avançai-je, saisissant ce moment pour lui révéler les envies meurtrières de mon frère trop protecteur et ses yeux me poussèrent à continuer, apercevant mes lèvres tremblantes. Apollon veut ta mort, il a juré sur le Styx qu'il nous séparera.
– Pourquoi ? s'enquit-il après un long silence.
– Il veut me protéger, et ne prête sa confiance à aucun homme qui m'approche. Jusqu'à il y a peu, nous étions en accord, puis, tu es arrivé et étrangement personne, ni même mes sœurs, ne te portent dans leur cœur. Toutes te craignent, mais je ne me délierai pas de toi. Je t'aime et je te le promets, personne ne te fera du mal. Tu as raison, il vaut mieux que tu restes dans ce palais. Loin des affaires d'immortels.
Je n'osai pas continuer, le questionner sur ce ressenti que tout être avait, dont moi-même. La peur, la méfiance, la haine et ce sentiment de danger. Il n'était pas un monstre, il n'était ni haïssable ni égoïste. Pourtant, leurs yeux reflétaient une autre image de lui à l'instant qu'ils les posaient sur ce mystérieux chasseur, attirant les ombres sur son aura. Un véritable prince caché.
– Qui va te protéger toi si tu me repousses, tu es tout autant en danger que moi.
– Je suis la déesse, l'immortelle, je ne crains rien. Je reviendrai pour toi lorsque la tempête passera.
– Je ne veux pas rester ici. Il faut combattre, ensemble.
– J'ai approuvé la décision que tu as prise il y a peu, lui fis-je remarquer fermement.
– Tu crains un danger imminent. Tu es en danger.
– Tu l'es plus que moi. Ne sois pas mêlé à tout cela, ordonnai-je d'une voix stricte. Tu es mortel, et pour l'heure, tu ne peux pas te tenir à mes côtés.
Il ne répliqua pas, m'accordant la parole finale et je le vis en colère, menaçant le monde qui faisait barrière de son regard étincelant. Mais il n'y pouvait rien, ni même abattre les divinités qui nous contrôlaient. Son regard se promenait sur les parcelles de mur aux tons du désert lorsque le soleil se couchait, fou, sans les poser sur moi. Sur mes pupilles qui cherchaient les siennes, puisant dans mon être le courage nécessaire pour le questionner sur son passé, brûlant ma langue sans jamais être suffisant.
La crainte à l'égard de cette vérité était croissante et les paroles de Merope résonnaient en moi, insinuant un doute maladif dans mon cœur qui m'empêchait de franchir le pas. Le lacet de cuir qui pendait à son cou brillait de mille feux, en écho à mon pendentif qui m'avait accompagné.
– Il faut croire que notre destin est tracé sur ce tableau aux nuances grenade, soufflai-je d'une voix brisée, caressant quelques cheveux corbeau aux éclats de flammes qui frôlaient la pulpe de mes doigts agrippés à son cou. Condamnés à vivre une relation dans l'obscurité des bois dont nul ne se réjouit, finis-je, sentant mes yeux s'humidifier devant ce malheur qui se joignait aux autres de ma vie, et il vint saisir mon visage en coupe, m'obligeant à plonger dans ses yeux tandis que son pouce recueillait la perle qui avait coulé.
– Je t'interdis de dire cela, nous sommes en temps de guerre, c'est normal. Mais je te promets que tout s'arrangera, nous trouverons le moyen.
– J'ai fui la noblesse, elle me répugnait. Ses règles, ses lois, hiérarchie anarchique. Les palais, les rois, les vizirs, les princes et princesses, les paysans. Ma course effrénée ne m'a pas séparé d'eux, elle n'a fait que m'éloigner. Et aujourd'hui, ces chaînes reviennent. Qui le sait dans ta famille ? Pour nous ?
– Thésée l'a deviné.
– Tâche que nul ne le découvre, sinon ton avenir sera d'errer dans l'Hadès. Les mortels peuvent devenir immortels sans être des dieux. Tant de tyrans et d'hommes ont fini dans le tartare, condamnés à jamais. Je ne veux pas que tu subisses le même sort. Comment se porte Deimophon ?
– Bien, très bien. La protectrice des enfants refait surface ? me demanda-t-il d'un air malicieux, éveillant le souvenir d'une question qu'il m'avait posée il y a depuis plus de deux cycles lunaires et auquel ma réponse ne lui avait jamais fait écho.
Mais ce poids qui avait besoin d'être délivré pour être partagé avec lui était nécessaire, comme poussé par un ressenti intérieur empli de honte.
– Il se trouve que oui, il fallait que je te le dise. Cette conversation est restée plantée dans le sol depuis la dernière fois, commençai-je d'une voix presque amusée avant de reprendre, plus sérieuse, plus féroce. Je ne suis pas devenue la protectrice des enfants pour la mort de ce prince égocentrique d'Asgard que j'ai causé, mais pour moi. Et cette culpabilité d'avoir provoqué pas uniquement sa mort, mais celle de tant d'autres enfants durant cette guerre. C'est égoïste, mais un besoin juste. Skotia avait raison, si je le revoyais, je n'hésiterais pas à lui planter une flèche si proche du cœur qu'il agoniserait comme une bête au sol, le semant de ses gouttes de sang et plongeant le monde dans ses derniers râlements de souffrance sous mes yeux délectés de cette vision sanguinaire, lui susurrai-je à l'oreille d'une voix aussi mauvaise que mes airs cruels.
Je le sentis frissonner à mes paroles sanguines bien que je perçus ce rictus au coin des lèvres, comprenant mes envies de voir couler le sang de mes ennemis. D'entendre leurs derniers cris sans aucun dégoût. De sentir leur sang sous mes doigts.
– Qu'importe le temps durant lequel nous serons séparés, guette les fusions du jour et de la nuit, guette l'aube et le crépuscule. Tu m'apercevras à l'horizon, chaque jour. Je ne te ferai pas défaut, ajoutai-je avant de venir l'embrasser avec passion.
Il délaissa mes mains pour les poser à nouveau sur mes hanches, m'attirant contre lui et son torse nu grâce à l'unique pagne qu'il portait. Mes doigts glissèrent dans ses cheveux corbeaux tandis que j'approfondissais le baiser. Le cœur dansant contre ma poitrine, se laissant emmener dans ces nouvelles émotions encore avec timidité, je me sentais être emportée dans ce monde d'une passion destructrice.
Un toussotement interrompit notre danse. Dans un même mouvement, nos têtes se tournèrent vers l'arrivant qui nous toisait sévèrement, avec haine même. Essoufflés, nous l'observâmes quelques instants et je sus par ses yeux qui dévièrent un court moment sur mes lèvres qu'elles étaient gonflées et étaient devenues aussi rouges que mes joues cramoisies.
– Hippolyte, Artemis, articula-t-il avec difficulté.
– Thésée, salua Hippolyte d'une voix aigre.
– Roi Thésée, répondis-je à mon tour, gênée.
La rivalité entre les deux hommes se faisait ressentir avec une telle force qu'un courant glacial fit faiblir l'intensité des torches. Calmement, je posai ma main sur son torse tendu pour le calmer, et les battements de son cœur cognaient avec une rage bestiale. Ils étaient davantage ennemis que je le pensais.
– Vous faites cela dans vos appartements, releva-t-il, décroisant les mains pour balayer l'air.
Je souhaitai disparaître, laissant mon esprit vagabonder sur les possibilités qui auraient pu arriver s'il ne nous avait pas interrompus. À ces pensées, un sourire au coin de mes lèvres se dessina.
– Tâchez de vous souvenir pour la prochaine fois, ajouta le roi, suivant son but que je devinai sans peine.
La jalousie s'était déjà insufflée en moi et ses anciennes conquêtes les alimentaient. Je n'étais pas la première, je ne l'ignorais pas. Les paroles de Thésée pouvaient courir jusqu'à mes oreilles, je ne tomberais pas dans cette acerbité mesquine.
Un bourdonnement animal retentit silencieusement, résonnant contre ma paume que j'appuyai plus fermement pour lui faire savoir que j'étais là. Et que s'emporter par son côté animal lui était interdit, tout comme il l'avait ordonné avec moi.
Pourtant, il ne se laissa pas convaincre aussi facilement, son grondement retentissant à l'encontre de Thésée, me faisant resserrer les dents. Les hommes se laissaient emporter facilement pour protéger et ne pas perdre la personne qu'ils aimaient. Les femmes également par ailleurs, mais d'une manière bien différente et plus brutale, et j'en serais la preuve, sans aucun doute. Un sentiment humain, mais je refusais qu'il se laisse envahir tout comme moi. Je regrettais certains morts. Il devait en être de même pour le criminel.
Son aura joignant ses menaces intérieures, je posai une main sur sa joue, l'obligeant à me regarder de ses yeux coléreux auquel je parlais avec les miens, le rassurant sur mon amour. Ses iris reprirent leur couleur mortelle.
– Touchez-la, et vous le regretterez.
– Je sais que je ne dois pas approcher directement une déesse, fut son unique réponse. Je vous prierai d'aller vous préparer pour la réception de ce soir. Voir si vous accueillez les jeunes filles comme autrefois tenta-t-il d'une vois amère, et les deux hommes se jaugèrent.
– Bien, répondit Hippolyte d'une voix dure avant de se tourner vers moi pour venir me chuchoter à l'oreille. Ne l'écoute pas, il ne m'a jamais aimé, ne l'oublie pas. Je te promets que rien ne t'arrivera ni à toi ni à moi. Nous nous reverrons, je te le promets, finit-il déposant un doux baiser d'amour sur mes lèvres avant de partir sans donner une dernière mise en garde à son cousin.
Je décidai de l'imiter, mais passant aux côtés de Thésée, ce dernier empoigna violemment mon bras pour m'arrêter et me toiser.
– Sachez déesse que je vous déconseille d'aller plus loin avec lui. Il est encore temps de tout abandonner. Vous n'avez pas la moindre idée de qui il est réellement, me prévint-il, et je me dégageai sans avancer, ni même reculer.
– Vous n'êtes pas le premier à me le dire. Cessez donc tous de vous opposer à notre amour qui est réel, répétai-je, ridicule. Je ne sais vos vues sur lui pour le nuire, mais je vous déconseille de passer par moi. Entre nous, l'amour est réel.
– Il peut l'être, mais ne vous êtes-vous pas posé la question pourquoi tout le monde est du même avis ? Les humains ne ressentent pas les sentiments ou le danger comme les animaux, mais nous la ressentons tout de même, différemment. Ils la ressentent à son égard. Questionnez-vous et faites le bon choix, celui de tout laisser, ou vous le regretterez.
– Vous n'avez pas à me donner d'ordres, lui fis-je savoir impérialement.
– Je vous mets en garde contre un monstre. Il n'est jamais bon de jouer avec le feu.
– Le danger m'a toujours attiré, répliquai-je tout en le menaçant de mon aura immortelle, mais il ne bougea pas.
– Le danger finit toujours par faire payer son prix. Il est encore temps de tout changer.
– Je ne le ferai pas, j'ai choisi ma voie et c'est ma destinée. Vous n'avez aucune idée de qui nous sommes.
– Bien au contraire, je vous connais. Tous les deux. Écoutez ce que j'ai à vous dire. Vous le regretterez et souffrirez. Un roi se doit de se mettre du côté des gagnants. Mon choix a été fait. Ne dites pas que je ne vous ai pas prévenue, déesse Artemis. Vous vous engagez dans une route pleine de souffrance.
– Je n'abandonne jamais, je suis celle qui chasse.
– Le passé ne s'applique pas toujours au présent. Il est facile de changer d'avis pour la survie. Ne l'oubliez pas, vous êtes encore jeune. Nous faisons tous des erreurs et vous savez que vous n'êtes plus la chasseresse vierge, mais la chassée aux mains salies.
– J'aime jouer avec le feu et me brûler faisant obscurcir ma peau ne m'effraie pas, car c'est ma lumière à moi. Je suis la lune croissante, je suis l'aube et le crépuscule de la chasse, je suis celle qui voit dans la nuit. Comprenez-le, le danger et les ténèbres sont mon habitat dans la sombre forêt éclairée par les rayons argentés qui mènent mes pas sur terre vers le ciel. Les limites de mon royaume, le monde sauvage, finis-je d'une voix tranchante, puis je tournai les talons, m'éloignant, avant d'être coupée.
– C'est de l'autre côté.
Je l'écoutai, revenant sur mes pas, sans le remercier ni même le saluer, retrouvant la sortie sous mes yeux flamboyants, déterminés à abattre ma puissance sur le prochain, ressentant le danger que j'étais.
Aucun garde n'était présent dans la cour. Ma monture était au centre, prête, que je chevauchai pour fuir ces lieux, les paroles hantant mon esprit. Il avait raison, tous se méfiaient mis à part moi. Devais-je aussi placer un doute dans les airs ? Il était temps que la vérité éclate, ma patience n'était pas sage. La fois prochaine, il m'écouterait et me répondrait, s'il n'était pas trop tard.
Dans le ciel, le soleil décroissant rejoignait la terre, plongeant la Terre dans les nuances sanguines jusqu'à l'horizon au trait aussi aveuglant que sombre. Tandis qu'au loin, le manteau étoilé tombait en évanescence sur le monde, l'endormant.
Le prochain chapitre is coming dans une semaine, et il s'annonce très intéressant avec le conseil à l'Olympe annoncé il y a très très longtemps (vous l'avez certainement oublié)
L'Olympe et Artemis devra faire face à un choix cornélien.
Oui, je vous balance ça sans pression
Des idée?
Sur ce bye
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