39. Choix {Partie 2}
« You and I are nothing
But wild beasts wearing human skins
We belong to each other »
Je me délectais de la musique qui s'envolait dans les airs, emmenant nos oreilles qui susurraient à nos muscles de se mouvoir en harmonie. Nos paumes se retrouvaient, nos corps se frôlaient, mes pieds quittaient la terre pour rejoindre les cieux ou il me faisait perdre la notion du temps en m'enroulant dans un mouvement aussi torsadé que les ronces.
Mon être était parcouru d'émotions dont j'ignorais l'existence, comme les murmures des légendes des rubans rouge qui liaient des âmes. J'en égarai le sens des grains de Chronos, et ne remarquai pas les personnes qui quittaient une à une les lieux jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une poignée, distinguées par leur cercle d'amitié.
Hippolyte ralentit le rythme, mêlant nos doigts pour suivre à petits pas les notes tout en s'en penchant vers moi, me murmurant une idée plus intime dont l'instant était enfin arrivé.
– Il se fait tard, une promenade au clair de lune, loin de ce monde qui devint ivre et dont les yeux nous jugent bien trop, finit-il sans pouvoir s'empêcher d'être plaisantin, mais j'y décelai une once de jalousie, sauf si je m'y m'éprenais, et que c'était moi.
Et je n'appréciais pas les regards des autres, et certainement les mots de Merope s'étant faufilés dans leurs oreilles. Je ne m'en souciais pas en temps normal, mais l'Olympe pourrait en savoir davantage, et il était préférable que nul ne périsse.
– Pourquoi pas ?
Les doigts enlacés, il me mena à travers les bois, laissant rapidement derrière nous les sons de la fête qui se turent doucement, laissant place au chant de la nature, laissant la quiétude envahir les lieux.
Une légère brise marine s'insinuait entre les arbres, caressant les troncs et emportant à son sillage poétique le hululement des chouettes qui résonnaient en écho. La nuit noire éclairait nos pas de son astre argenté et plein.
Nous n'avions pas quitté nos doigts, mais fixions tantôt le sol, tantôt au loin, sans oser mêler nos regards qui s'éternisèrent. Je le surprenais pourtant à passer une main dans ses cheveux, un geste qui trahissait sa nervosité et sa perte de contrôle de la situation.
Nous foulâmes l'herbe et ses feuilles rouges qui commençaient à tomber jusqu'à ce qu'une petite clairière au bord de la falaise ne se révèle, donnant une vue imprenable sur la ville illuminée. Nous pouvions admirer son port habité, et la mer paisible dont le ronronnement des vagues qui s'échouaient était perceptible si l'oreille était attentive. L'écume se révélait sous la lumière de la lune. D'un accord silencieux, nous nous assîmes sur l'herbe.
– La nuit est belle, finit-il par briser le silence.
– Je ne peux pas te contredire, avouai-je d'une voix flottante par l'atmosphère de ce lieu relaxant. Comment trouves-tu Corinthe ?
Mes yeux le fixèrent une nouvelle fois, admirant le visage de ce mortel qui n'était qu'un reflet de la déesse, et dont l'approche même ne devait être souhaité par nul être.
– L'une des plus belles villes que je n'ai jamais vues.
– Je suis du même avis, elle a su enchevêtrer la civilisation, la sauvagerie, la Grèce unique et les autres empires. Nous laissant nous sentir chez nous sans être envahis, tout en découvrant l'outremer. Permettant à ceux des campagnes se mêler à la vie, rassemblant ce que nous aimons, les festivités aux activités variées pour tous les goûts. Je m'y suis toujours plu, l'unique ville par ailleurs. Son nom me fascine, la jeune fille des feuillages, ou de la fleur. Ou je ne sais quelles similitudes liées à cette notion de famille, de maison sous la voûte étoilée. Ce nom ancien peut avoir tant de sens, mais est lié à la fille et à la nature.
– Je ne peux qu'approuver que cette ville soit pleine de poésie, mais si j'ose, comment vas-tu avec cette guerre ? Tu es celle qui va mener le combat, et le poids doit peser sur tes épaules. Je sais que je n'y suis pas directement impliqué, continua-t-il, et je le coupai.
– Désormais, tu l'es. Tu me l'as dit, Lycaon est revenu. L'Olympe s'est fermé, je suis convoquée à la fin des fêtes et tant de choses m'échappent, tandis qu'elle se rapproche, soufflant sur ma porte avant de la frapper. Je ne veux pas te mettre en danger en te révélant des informations, mais Corinthe me permettra de respirer paisiblement pour un cycle lunaire. Elle me fait du bien, finis-je tout en ajoutant dans ma tête que lui aussi m'apaisait, m'aidait par sa présence, et qu'il était temps que la reine se permette d'être entourée d'alliés, de proches, de sa famille.
Un silence s'ensuivit, et je le vis davantage nerveux, passant sa main dans sa chevelure noire désormais aux reflets bleutés des ailes d'un corbeau. Hésitant, les lèvres entrouvertes, il finit par enlever son collier tout en me confiant une envie hésitante par une timidité que je ne lui avais pas connue. Insécure, tout comme moi par moments.
– Je souhaitais t'offrir ceci, pour te protéger.
Il venait de détacher de son pendentif à tête de loup aux reflets bleus et verts lorsqu'il illuminait la nuit de ses vapeurs claires, un deuxième relié à une fine lanière de cuir qu'il me tendit. Je le saisis avec délicatesse pour l'observer. Un croissant de lune d'un or blanc, fin. Les finitions étaient brillantes et lisses, le travail d'un orfèvre de renom. Le pendentif était parsemé d'éclats de diamants invisibles à mes yeux, mais merveilleux dans la nuit, comme des étoiles dans la voûte nocturne. Interrogative, je plongeai mes pupilles dans les siennes, cherchant une réponse à ce présent.
– C'est un collier qui appartient à ma famille, deux pendentifs en un. Mes parents me l'ont offert avant que je ne parte et la lune était destinée à celle à qui j'offrirai mon cœur, et je souhaitais te le donner, à toi, finit-il sans détacher les yeux des miens, mais d'une voix décroissante avant de passer une main dans ses cheveux, une fois de plus.
– Es-tu certain que tu veux me l'offrir, à moi ?
– Oui, veux-tu que je t'aide à l'enfiler ? esquiva-t-il, retardant l'aveu.
Je hochai la tête, les joues devenues cramoisies, tout en me retournant. Je dégageai mon cou de mes cheveux que je réunis sur ma poitrine. Avec précaution, il passa le cuir autour et attacha les deux bouts, touchant ma peau nue qui frissonna à son toucher brûlant, me cabrant, un mouvement pourtant imperceptible. Mon souffle fut retenu un instant, mes lèvres s'ouvrant avec les premières pétales de volupté.
– Pourquoi moi ? demandai-je une nouvelle fois en lui faisant à nouveau face et cherchant les paroles que j'appréhendais tant.
– Car je t'aime.
Il posa une main sur ma joue et je fermai les yeux à ce toucher passionné et désireux dont la sensation était à la fois brûlante et glacial comme à chaque fois qu'il m'effleurait. Je sentis son souffle caresser mes lèvres avant qu'il ne les pose, délicatement et sincèrement, sans empressement ou le combat intérieur. Je sentis une vague de chaleur naître dans mon ventre, le révoltant, remontant jusqu'à ma poitrine, l'enflammant et éveillant mon cœur épris. Réalisant l'erreur que je m'apprêtais à commettre, je le repoussai, les lèvres restées entrouvertes et humides.
– Je ne le peux.
– Pourquoi ? me questionna-t-il, saisissant mon menton pour que je le regarde, sans le fuir.
– Les divinités ne peuvent pas avoir des relations avec des mortels, soufflai-je, entendant encore les cris des condamnés qui périssaient sous l'égoïsme divin. Et je ne peux pas te mettre en danger.
– Tu es puissante, le danger n'est pas un réel problème. Tu n'as jamais non plus respecté les règles, quelle est ta véritable raison ? me demanda-t-il, décelant dans mes paroles fragiles la part de mensonge, car il en était expert.
Les paupières closes, je pris une grande inspiration, laissant une larme monter aux souvenirs du soleil qui brillait sur la plaine hier. Je rouvris les yeux, désormais embués d'un désespoir calamiteux. D'une voix émue, perdue dans ce désert obscur, sans savoir jusqu'à où il s'étendait, je laissai s'échapper dans un murmure ce secret qui me torturait, me susurrant à l'oreille que, qu'importe mes combats, ma force qui me poussait à continuer... Je ne parviendrais jamais à la fin de la guerre. Et je perdrais à chaque bataille, tant bien même lorsque je pensais que je n'avais plus rien au monde.
– Chaque fois que je suis heureuse, que je pense avoir remporté la guerre et vivre en paix avec ma couronne, un malheur s'abat. Sous la visée de l'empyrée, et maudite. Je perds encore et toujours malgré les genoux qui fléchissent à mes pas. Je ne veux pas te perdre parce que, hésitai-je et ses yeux suppliants m'incitèrent à continuer. Parce que je suis tombée amoureuse de toi. Je t'aime Hippolyte et je me hais pour être tombée dans ce piège que je me suis efforcée à fuir, finis-je dans un sourire déchiré.
– Cette fois ce sera différent, me rassura-t-il, un sourire illuminant son visage. Permets-toi d'être heureuse, de vivre. Tu t'es battue pour obtenir cette liberté, de décider de ton grès ton chemin sans que quiconque ne l'entrave. Déesse, dieu, mortel, ou entité. Tu t'es déliée de tes chaînes malgré tous ceux qui t'enfermaient, et ouvrant les paupières seule. Tu ne peux pas te priver éternellement, avançant aveuglement sans baisser les armes, sans en connaître la fin que tu espérais, car tu penses qu'elle t'est inatteignable. Tu la mérites, plus que quiconque.
– Je ne sais pas, car un pas en avant, et je ne pourrais pas revenir en arrière, brisant plus d'une colonne d'un temple, laissant libre la flamme sacrée sans en connaître les conséquences, lui fis-je part, sentant un vent d'envie de jouer avec ce feu interdit qui dépassait les limites, démontrant à l'empyrée que je ne leur appartenais pas.
– Je ne veux pas t'imposer un choix, c'est à toi de venir à moi si tu t'en sens prête, et décidée, mais sache que je n'ai jamais aimé une femme mise à part toi. Je t'ai aimé avant même de te connaître réellement, avant même de le savoir moi-même.
– Pourquoi moi ? Je ne suis pas, tentai-je.
– Parfaite ? me coupa-t-il. Non, mais je ne t'aime que plus. Tu es la plus belle, la plus forte, la plus déterminée de toutes les femmes. Tu possèdes des défauts, tu as tes côtés sombres comme lumineux, tu es humaine tout en restant divine. Je ne saurais te décrire ma vie sans toi, car désormais, mon cœur est lié au tien éternellement. Je ne te ferai jamais du mal, je t'accompagnerai sur ta route, liant mon destin au tien sans le moindre doute et tâcherai de te protéger, te garder au-delà de cet appel comme tu as su le faire avec moi. Je t'aime Artemis, et je serai ton serviteur comme j'aurais dû en faire le serment lorsque tu m'as accueilli.
Je vis dans son regard qu'il attendait un mot de ma part, une réponse, qu'importait son sens. Le cœur serré, j'hésitais à goûter à la grenade que j'avais tant fuie, imposant l'interdit, bravant tous les autres pour me retrouver à nouveau face à lui, me mettant au défi d'accepter ce que je ne pouvais pas maîtriser, ou de le renier, ressentant les conséquences de ce choix à jamais.
Une lueur illumina mes iris tout comme les siens qui brillaient dans l'obscurité de cette douce nuit. Je l'aimais de mon cœur, de mon corps et de mon âme. La passion coulait dans mes veines, m'enflammant.
– Un jour, regretterais-je ce choix ? le questionnai-je, sourire mauvais aux lèvres et excitée à l'idée de défier les entités divines, enflammant mes ailes une nouvelle fois, et mon attitude qui ne parvenait pas à s'empêcher de jouer avec le feu lui plut.
– Je n'en doute pas. Nous aimons jouer avec les dangers, n'est-ce pas ?
Avec une lenteur plaisante, je m'approchai de lui sans pour autant le faire languir, car l'impatience nous avait habité comme des bêtes. Nos lèvres se scellèrent et je l'embrassai tout d'abord doucement, passant mes bras autour de son cou pour l'attirer vers moi. Un râlement s'échappa lorsque j'entrouvris les lèvres pour goûter à ce nouveau plaisir. Nos dents s'entrechoquèrent tandis que je tentai de l'embrasser tant bien que mal, mais contrairement à lui, j'étais novice.
Il reprit le contrôle, prenant possession de mes lèvres d'une passion dangereuse à mesure que ses mains caressaient mon corps, et la volupté s'empara de moi. Il me déposa sur l'herbe, déposant son corps sur le mien sans pour autant m'écraser. Je le laissai me guider dans ce monde qui m'était inconnu, mais qui pourtant faisait surgir des sensations nouvelles en moi. Je m'étais éprise d'un mortel, d'un chasseur, d'un prince caché, d'un criminel tout aussi brisé que la déesse dont le passé obscur demeurait tapi.
Les caresses qu'il offrait à mon être enflammaient ma peau, parsemant des traces brûlantes à son passage, des signes condamnatoires pour un destin qui désormais je ne maîtrisais plus, me laissant envoûter par ce sentiment aussi rouge que le sang et la salvation. Les plumes retombaient au sol, se mêlant à ce désir naissant.
Les baisers sur mon épiderme qu'il déposait embrumaient ma vue, ne laissant place qu'à la passion destructrice. Ma respiration devint haletante à mesure que ses mains descendaient sur mes cuisses pour remonter mes vêtements tandis que je me débarrassais des bijoux avant de m'occuper de son pagne que je jetai plus loin, m'attardant sur son corps, timidité envolée, mais mes ongles qui s'enfonçaient n'étaient plus signe sanguinaire. Pourtant, avec une douceur qui nous était rare, nous rejoignîmes à nouveau l'herbe.
Je soupirai doucement lorsqu'il déposa ses lèvres un au creux de ma poitrine après m'avoir dévêtu, et mes lèvres s'étaient nichées dans son cou après l'avoir débarrassé de son vêtement. Nous retrouvant nus comme des bêtes dans les bois, nous découvrant.
Ses mains éveillaient ma peau, mes seins pointaient le ciel à mesure que ma poitrine se cabrait, et je plantai mes dents dans son omoplate lorsque son bassin rencontra le mien et à mesure que je joignais mon corps à notre danse, mes ongles s'enfonçaient dans sa peau tout comme ses mains sur la terre, nos visage disparaissant au creux de nos cours.
Mon cœur ne faisait plus qu'effleurer les pétales des roses, ne faisait plus que lacérer des ronces. Il embrassait ces épines, leur permettant de son accord de venir l'entourer, plantant leurs pointes fines dans la chair attendrie, implantant leur trace à même mon être. Significatives de cette malédiction qui nous faisait chuter, ensemble, des cieux. Et nous les mettions au défi sous nos halètements, brisant plus d'une règle sous le plaisir de la chair. Les brumes que créaient nos souffles dans la nuit nocturne ne suffisaient pas à nous dissimuler des étoiles de la voûte obscure, notre seule limite.
Un amour dangereux qui s'avérait être une bénédiction pour nous, entités qui se complétaient sous le clair de lune qui accueillait nos soupirs plaisants, nous élevant plus fort encore dans les cieux. Des bêtes sanguinaires au cœur battant, indomptables et sauvages, n'obéissant pas à qui que ce soit, si ce n'était eux-mêmes. Nous étions pour chacun l'amant éternel dont l'amour incassable briserait les pierres, mais nous étions également les ennemis mortels. Notre fin était inévitable.
Sous la nuit étoilée et les doux rayons de la lune, je perdis mon innocence sans l'once d'un regret, mais nichée au creux de mon corps, je nous savais damnés.
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Bonjour mes victimes!
Je suis actuellement hyper gênée par ce que je viens de sous-entendre...
Mais c'était nécessaire.
La première personne qui me sort qu'Artemis est vierge car son innocence et qui n'a pas enregistré le sous-entendu se retrouve au fond du lac!
Bon, maintenant c'est clair et c'est fait!
Ils sont officiellement en couple après 37 chapitres!
C'était long.
Ils sont lents à la détente
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre, étant un chapitre important n'hésitez pas à me dire vos ressentis!
Je ne suis pas très douée pour les moments romantiques😉😁
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