33. Loup

« All Monsters
Are Human»

Brillant de toute sa splendeur dans le ciel parsemé d'étoiles, la lune surplombait la forêt silencieuse. L'heure était venue, annonçant dans un silence la chasse. Je ravalai ma salive, et passai mes deux poignards à ma ceinture. Le carquois empli de flèches faites d'un mélange d'argent et d'or ainsi que l'orichalque, le métal des dieux. Je n'en fus pas plus rassurée, ni même lorsque je saisis mon arc et sentis la corde tendue vibrer sous mes doigts.

La nuit était décisive, mais mon esprit était encore embrumé des paroles échangées avec les deux déesses plus tôt dans la journée. Je tentais de les dissimuler sous une épaisse couche de feuillage, et commençais à y parvenir avec l'espoir que je sois lucide pour la traque. Un regard à Phoebe qui tremblait de tout son être, et Skotia qui, d'un calme royal, trahissait son inquiétude de ses yeux qui révélaient rarement ses sentiments.

– Ne me regardez pas ainsi, je ne vais pas le chasser, uniquement le chercher.

– Le chercher ? débuta Skotia, avançant d'un pas. Un loup, Artemis, veux-tu te souvenir des horreurs que font ces bêtes en Grèce ? Ce ne sont pas de majestueux lions, mais des sauvages loups, et là, c'est un métamorphe. Tu es la déesse des fauves, mais ne te crois pas invincible.

– C'est dangereux d'y aller seule, ne veux-tu pas de la compagnie ? ajouta Phoebe de sa voix douce.

– Si nous sommes à plusieurs, il se sentira menacé. J'irai seule, métamorphe ou pas, c'est une bête, et je les chasse, les monstres. Et ils périssent, je ne perds jamais.

– Tous ne sont pas des monstres. Seul le chemin qu'ils ont choisi de suivre, tout comme les mortels. Les qualifier de monstres, de héros, ou de simples habitants, tout dépend du noir ou du blanc dominant, avança Phoebe.

– Mon frère, mon meilleur ami, moi-même appartenons au monde de la nuit, nous ne sommes pas des monstres pour autant, lâcha Skotia dans un claquement de langue.

– Vous avez raison, débutai-je. Il peut ne pas être un monstre et donc pas dangereux, j'irai seule, les piégeai-je.

– Artemis, nous ne connaissons pas ses attentions.

– Nul ne m'en a fait part, il n'est pas dangereux.

– Au contraire, répliqua Skotia. Il a su se dissimuler avec ce pouvoir puissant, mais bloqué, qu'il possède et sans malédiction, dans un empire où tous les loups furent bannis depuis Lycaon. Tu devrais t'inquiéter.

– Demande au moins à Hippolyte de t'accompagner, tentèrent-elles tout en murmurant qu'il ne saurait qui était l'animal sauvage entre le Loup et moi.

– Je pars, m'empressai-je de répondre, ne souhaitant pas qu'une troisième personne m'en dissuade et encore moins lui après ce qu'il venait de se passer, car l'hésitation de laisser le Loup le faucher pourrait être mortelle.

Elles ne répondirent rien, mais je sentis leur aura qui désapprouvait mon choix. Mes sœurs pour la première fois craignaient l'une de mes chasses.

Je sortis de la tente en trombe, le cœur battant à toute vitesse, et accélérant au fur et à mesure que je me laissais avaler par les bois épais. Le temps me devint rapidement inconnu et mes pas ne faisaient que fouler le sol infini. Je promenais mes yeux sur le paysage, avec crainte, avec la sensation qu'un être m'observait bien que l'unique son qui se faufilait entre les arbres était mon souffle. Les craquements permettaient l'absence d'un battement de mon cœur.

La forêt m'avait engloutie, pourtant, je savais où aller sans que je ne sache d'où me venait cet instinct. Sous la brise, les arbres dansaient doucement de leurs branches encore habillées. Un silence avait envahi l'espace, une absence de toute chose, comme si les êtres habitant ces lieux avaient fui à l'entente d'un danger. Ni même les dryades daignèrent se détacher de leur corps de bois.

Mes pupilles s'arrêtèrent sur un point vide de toute vie, pourtant, j'avais cru apercevoir une ombre se faufiler entre les arbres. J'avançai doucement le visage crispé et la main se dirigeant lentement à la manche de cuir de mon poignard.

Je retins un cri lorsque je sentis une chose me frôler la jambe et que furtivement, une bête disparue. Quelques instants s'écoulèrent dans une ambiance éternelle, et un craquement retentit derrière moi. Je me retournai à la hâte et aperçus une silhouette qui se volatilisa. Il n'y avait plus de doute, un loup. Un autre mouvement derrière mon dos attira mon attention et je lui fis face en une action fugace qui battit le vent comme un fouet.

Il était bien là, m'observant, émettant une aura telle que Skotia m'avait décrite. Puissante, incroyablement puissante que mon souffle en fut même coupé par ce halo digne des plus grands immortels.

Ses iris brillaient dans les noirceurs de la nuit des mille feux des nuances bleues et vertes qui semblaient danser dans ses yeux tels des aurores boréales qui contrastaient avec son pelage sombre. Sans la moindre menace, il disparut dans un buisson en direction duquel je me dirigeai à pas lents, prenant garde de ne pas écraser les brindilles qui parsemaient le sol, tout en encochant une flèche.

Les mains tremblantes, je m'arrêtai devant la fougère, pressentant, sachant qu'il ne tarderait pas à jaillir de sa cachette, ses intentions encore floues. Je n'entendais que ma respiration chaude et profonde se mêler à l'air froid de la nuit avec paix sans que la brise ne vienne la suspendre à ses bras enjôleurs et qu'elle l'emporte à travers les bois. Je sentis une goutte de sueur couler le long de mon dos, me provoquant des frissons dans ce laps de temps qui me sembla sans fin. Jusqu'à ce qu'il émerge sous forme humaine, éteignant ses yeux qui dans la nuit brillèrent un court instant avant de revenir à leur forme première.

Dans les lueurs de la lune, je pus distinguer ses traits, ses cheveux aussi noirs que les ailes d'un corbeau et ses yeux pers. Lâchant mon arc qui tomba sans un bruit sur l'herbe qui l'amortit, je retins un cri tout en faisant un pas en arrière, puis un autre, sans m'arrêter. Reculant, tétanisée et le corps prit par des tremblements incontrôlables tandis que mes lèvres bougeaient sans émettre le moindre son.

Mon pied se mêla à une racine, m'emportant dans sa chute, et je tombai rudement au sol. Intimidée, je relevai pourtant la tête pour que ses yeux puissent à nouveau plonger dans les miens, tentant de contrôler l'effroi qui m'avait saisi. Il se détacha du buisson et des flammes vertes entouraient le bas de son corps, semblant provenir de son collier qui brillait tout comme elles avant de perdre son éclat. Il était vêtu.

Instinctivement, je me traînai au sol pour le fuir sans parvenir à trouver la force de me relever pour l'affronter. Il ressentait ma crainte non dissimulée envers lui sans que je n'en connaisse l'origine profonde. Son aura terrifiait.

– Calme-toi, je ne vais pas te faire du mal, me rassura-t-il.

J'arrêtai de reculer et fixai de longs instants sa main tendue dans ma direction, accueillante. Je déglutis, mes doigts tremblants se posèrent sur les siens, le frôlant dans un premier temps et, ressentant la chaleur émaner de son épiderme, je saisis sa main. Avec délicatesse, il m'aida à me relever, mais à peine me lâcha-t-il, que je m'éloignai une nouvelle fois de quelques pas, mes doigts cherchant mes poignards.

Nous nous jaugeâmes de longs instants tandis que ma crainte qui n'avait pas de raison d'être envers lui s'évaporait dans les airs nocturnes, mais une petite larme était restée accrochée à mon cœur, enserrant mon ventre dans le nœud des dieux.

– Par toutes les divinités anciennes, tu es un loup, Hippolyte, réussis-je à m'exprimer dans un souffle poussé comme un murmure libérateur.

– Il fallait que je te le dise.

– Tu es un loup, un loup, commençai-je à balbutier. Un métamorphe, affirmai-je une nouvelle fois, réalisant à nouveau le danger qui se trouvait face à moi, qui pourrait s'avérer être un ennemi, mais je le refusais.

– Je peux te l'expliquer.

– Est-ce que, tu, tentai-je, mais je ne pouvais pas émettre le moindre son.

Les questions défilaient sous mes yeux, nombreuses, sans fin, apeurées. Doucement, sa main saisit la mienne pour qu'elle vienne se poser sur son cœur. Je le sentis battre avec force, expulsant le sang à travers son corps sous les muscles fermes et inhumains. Une autre anatomie, plus résistante, plus forte, plus puissante, plus sauvage. Surnaturelle aux yeux des humains mortels.

– Artemis, commença-t-il sans pour autant libérer ma main. Je suis de ton côté, sache-le, je n'ai aucun lien avec Lycaon.

– Il y a-t-il une autre meute ? m'étonnai-je, fronçant les sourcils et songeant déjà à attaquer, ou m'allier.

– Non, je suis un solitaire.

– Tes parents sont-ils...

– Le pouvoir des métamorphes coule dans les veines de ma famille, chacun en a hérité d'une manière différente. J'ai eu droit au loup, mon frère au serpent et ma sœur... Qu'importe, esquiva-t-il avec une telle légèreté, que je la laissai écouler.

– Quelle différence as-tu avec les autres loups si tu es un métamorphe et non un lycanthrope ? Es-tu tout de même un loup ? Possédant toutes les légendes qui coulent dans tes veines ? m'enquis-je, mon esprit tournant à la vitesse des vents du sommet des montagnes.

– Je ne suis pas maudit, la pleine lune ne m'affecte pas, elle m'aide à canaliser plus de pouvoir, mais même ainsi, je ne dépends pas d'elle, me transformant à ma guise. C'est pour ces raisons que je te l'ai dissimulé, tu courrais moins de danger, m'avoua-t-il avant de changer d'air, plus sombre, plus menaçant, pour continuer son discours tout en enserrant ma main.

Sa peau était à la fois glaçante et brûlante contre la mienne, et les sons de sa respiration me parvenaient. Des battements de tambours à la discrétion animale dans l'air nocturne pour ceux qui ne parvenaient pas à entendre. J'étais presque collée à lui, nos souffles qui s'abattaient sur nos peaux, des frissons qui nous parcouraient à mesure que les murs tombaient.

– Tu le sais, Lycaon approche. Tu le ressens et en es consciente aussi bien que moi. La guerre arrive et l'occident est impliqué. Le loup du nord approche, je devais agir, affirma-t-il d'une voix grave qui me fit frémir. Je te le promets, je te protégerai, vous protégerai. En indiquant ma présence, je lui ai fait comprendre qu'il ne pourra rien tenter, du moins seul. Il reviendra, avec des alliés, me garantit-il, me libérant de son emprise.

– Tu es puissant, repris-je, retrouvant mon courage. Mais tes pouvoirs sont bloqués.

– Être un loup en Grèce est dangereux, fut son unique réponse qui resta en suspens dans l'air mystique.

– Que fais-tu en Grèce lorsque pour un être de ton espèce elle représente un danger ? Les loups ont été bannis, et bien que tu sois un métamorphe, ta forme est lupine. Comment fais-tu pour survivre ? continuai-je sur mes questions sans me laisser impressionner, et sans parvenir à départager l'ennemi de l'ami.

– Lycaon règne sur le continent et même si tu l'as vaincu, les loups y sont toujours. Et puis, il est revenu, il arrive. Ce n'est pas une simple guerre Artemis, tu le sais aussi bien que moi, me coupa-t-il nettement dans mon fil conducteur, ce qui me fit serrer les dents devant sa prise de contrôle que je récupérai rapidement.

– J'ai besoin de réponses, Hippolyte, et si tu ne veux pas me les donner, je les découvrirai par moi-même, et te piégerai s'il le faut, osai-je lui dire, emportée par mon trouble. N'oublie pas que je suis reine, et aucun bois, roche, flamme ou eau n'est suffisamment apeurant pour me faire reculer. Je suis celle qui abat les fortifications, pas l'inverse.

Il ne daigna me répondre, et dans ses yeux, j'y lus sa volonté de garder l'avantage de ses secrets pour lui, et bien que je le comprenais, je refusais de me laisser hypnotiser par nos ressemblances. Même si j'étais encore troublée, lâchant prise lorsque je pensais l'avoir ressaisi, la vision, bien que floue et dictée par mes sentiments contradictoires face à cette révélation, je ne pouvais pas le prendre comme un sujet inconnu. Je l'avais pris sous ma protection, il m'assurait ne pas être un ennemi et je le croyais. Je n'étais pas aussi déterminée à l'écarter pour le vaincre, car nous étions dans le même camp. Un loup ne devrait pas changer la donne.

Je soupirai doucement, une légère douleur s'éveillant dans mon crâne à mesure que mes souvenirs et mes craintes revenaient. Percevoir cette tiare si proche de mes doigts, et ces ennemis appartenant même à ma famille qui tentaient de m'abattre, provoquaient cet abîme de noirceur dans lequel je refusais de tomber. Mais la moindre erreur me ferait perdre, et je refusais de perdre. Quant à tomber, j'étais déjà au sol à ramper pour m'élever davantage cette fois.

– Calme-toi, me murmura-t-il relevant mon menton pour plonger ses pupilles noires dans les miennes que je sentis aussi humides que mes lèvres devenues tremblantes.

Elles étaient sujettes à la panique qui me submergeait sans que je ne la maîtrise. La perte de toute notion suite à ce choc aussi violent qu'une pierre qui percutait l'arbre de plein fouet sans retenue. Je n'avais pas réalisé à tel point une feuille pouvait provoquer tant de remous. Son pouce effleurait doucement ma peau, et je me reculai d'un pas, brisant ce contact charnel par les sensations qu'il provoquait.

– Je te l'expliquerai, tout ce que tu voudras, me promit-il d'une voix caressante, me rassurant. Pour l'instant, tu es perdue, et je te comprends.

J'acquiesçai, sentant mon corps parcouru par des secousses légères, mais se répercutant sur chaque parcelle de mon épiderme parsemé de grains sableux. Il avait des secrets, dont certains, il était prêt à me les révéler, à moi. La fatigue épuisante de ces derniers jours, de mes joutes verbales avec ma plus proche famille m'attaqua d'un seul coup de poignard. Je me sentis défaillir, mais ses bras encerclèrent ma taille pour me rapprocher de son torse auquel je me retins malgré moi.

Je fuyais ses yeux, consciente que je me perdrai dans ses nuances hypnotisantes, rusées et dangereuses. Il m'était par contre impossible d'ignorer nos corps serrés l'un contre l'autre, et mon envie folle de ne pas me laisser soutenir par quelqu'un, préférant être celle qui le faisait, battait. Mais parfois il fallait se laisser s'approcher, et je ne parvenais pas à combattre cette sensation plaisante qui nous parcourait, et nos visages si proches que je sentais.

Hippolyte m'aida à me remettre sur pieds tandis qu'une douleur sourde résonnait dans mon crâne, et que ces instants s'effaçaient dans la nuit. Les lueurs dans nos yeux ne mentaient pourtant pas, mais elles restèrent dans le silence de la nuit.

– Nous rentrons, m'ordonna-t-il, et je ne pus que souffler mon accord. Monte.

D'un regard interrogateur, je vis ses yeux briller à nouveau avant qu'il ne se transforme sous mes yeux, enveloppé dans ces feux verts semblables à des flammes se mêlant à la brume. Je ne réagis pas tout de suite, mais finis par m'éveiller. Je saisis mon arc que je passai à mon épaule avant de le chevaucher, méfiante, et de m'accrocher à son cou et ses poils soyeux avec force.

Il partit telle une flèche qui fondait l'air à travers les arbres qui se mélangèrent, formant un mur d'un vert presque noir. En quelques instants, il traversa cette interminable distance pour s'arrêter à l'entrée du campement. Les chasseresses y étaient rassemblées et, arc en main, nous visaient. Je m'empressai de descendre pour venir me placer devant lui, les mains en l'air, le protégeant.

– Paix, brisai-je le silence d'une intonation impériale.

Certaines abaissèrent leur arc, d'autres refusèrent de m'obéir et même, le tendirent davantage à l'instant où un cri de surprise jaillit en union. Un regard en arrière, il avait repris forme humaine et comme la première et dernière fois, il était vêtu, et entouré de ces flammes qui disparurent.

– Il ne vous fera aucun mal.

Elles ne m'écoutaient déjà plus, discutant dans un vacarme assourdissant. Elles étaient en désaccord, mais sur un point, se plaçaient sur une même ligne. Il était une menace, un danger à éliminer d'une quelconque façon, et de préférence la mort. Leurs airs ravagés par la haine qui creusaient leurs joues fendues par les cicatrices de la guerre tels les torrents d'eau asséchés des plaines, créant des failles dans la terre à jamais marquée.

– Silence ! hurlai-je, et en un souffle, elles se turent. Rien de tout cela ne se fera, nul mot ne sera exprimé et le secret restera ici. Préparez vos affaires, nous partons pour Corinthe. Maintenant.

Elles s'exécutèrent bien que surprises et désapprouvant ce choix irrationnel. Je ne le protégeais pas pour lui, mais pour moi-même. Dans une vie, il fallait laisser planer le stylet sur la plaque d'argile encore mouillée et y inscrire nos décisions plus tard, après mûre réflexion. Je peinais, impulsive, mais cette fois-ci, le moindre faux pas me serait fatal, et les erreurs du passé murmuraient aux oreilles des ronces sous mes pieds.

Une macabre mélopée. Je sentais la lame plus proche encore.

Phoebe et Skotia se dirigèrent rapidement vers nous et l'observèrent longuement. Je n'osai pas le regarder droit dans les yeux, sachant que la croisée de nos pupilles gonflerait nos cœurs d'un instant intime que nous avions été les seuls à partager, mais la douceur était rêche. Je revenais à moi.

– Tu es un loup, c'est...

– Inattendu, coupa sèchement Skotia.

Une discussion retranscrite par le regard s'ensuivit entre les deux nouveaux ennemis, et des flammes apparurent aux extrémités des membres de la fille d'Hécate. Skotia le menaça avec noirceur, lui avec un soupçon de crainte accompagné de mise en garde. Leurs lueurs illuminaient les pénombres, des feux dans la nuit comme dernier avertissement. Phoebe, quant à elle, était tout aussi désemparée que moi. Ils avaient échangé et le sujet m'échappait.

–  Que faites-vous éveillées ? questionnai-je, mettant fin au conflit silencieux qui éteignit tout signe surnaturel de leur part, venant d'un monde à l'éther présent.

– Tu étais partie depuis longtemps, nous allions partir à ta recherche.

La culpabilité rongea doucement les os qui me soutenaient. À cause de moi, toutes connaissaient son secret. Une traîtresse, qui condamnait, une fois de plus, la prochaine serait peut-être celle de trop.

– Préparez vos affaires.

Je ne jetai un regard à personne, et décidai de m'éclipser dans ma tente. Nul ne me retint, comprenant que je nécessitai d'un semblant d'air et d'un espace dont moi seule connaissais les mystères qu'il dissimulait dans le manteau de la nuit.

Hippolyte m'avait accordé sa confiance. Les secrets qui hantaient nos âmes, nous plongeant dans un tourment éternel, nous condamnant dans le temps et qui étaient partagés signifiait que pour cette personne, nous n'étions pas une brindille, mais une branche solide. Désormais, la vie prenait une autre tournure. Tout était différent, mais je ne parvenais pas à percevoir avec clairvoyance ces nouvelles armes.

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