19. ...Tumultueuse discussion
«I am in control of all
Except Love »
Mes pas effleuraient les herbes, s'enfonçant dans la terre par le poids que j'y mettais. Il valait mieux pour mes sœurs de ne pas oser m'adresser la parole. Malgré tout, Skotia ne fut pas de cet avis, comme toujours. Elle ne se souciait pas de ma colère, ne la craignait pas, car son feu était bien plus rigide que le mien. À tel point que mon courroux n'était qu'une plume lorsqu'elle le décidait, tout comme maintenant.
– Avoue-le.
– Avouer quoi, Skotia ? répondis-je avec une teinte agacée dans la voix, la mettant en garde, en vain.
Elle révéla ses dents aussi blanches que les canines des démones de l'Autre Monde. La sorcière était prête à jeter l'huile sur la flamme qui ne parvenait pas à garder un certain calme impérial, bien trop impulsif.
– Que vous vous plaisez et que bientôt, le mot amour pourra être accroché à la flèche qui pourfendit vos cœurs.
– Je te conseillerais d'abandonner cette conversation, grognai-je.
Elle poussa un gloussement aigu, sourire au coin de ses lèvres. Ses yeux amendes étincelèrent un instant.
– J'ai tout de même l'impression de déceler un brin d'amitié naissante.
Je jetai une œillade à Phoebe qui, avec ravissement, observait les feuilles éclairantes de ses yeux couleur miel et or, teintés de reflets bleutés qui ne faisaient qu'ajouter de la lumière comme les éclats de la glace.
– Phoebe, ne t'y méprends pas, la menaçai-je, et elle me regarda enfin, léger sourire aux lèvres.
– Je veux bien croire que tu ne sois pas amoureuse de lui jusqu'à la folie, mais prends un instant et accorde un regard extérieur. Il hante ton esprit, il te pousse à sourire et vous vous êtes disputés, car ses paroles t'ont touché et ont compté pour toi, affirma-t-elle, et je grimaçai.
– Je le hais.
– Pourtant il est là, et toujours vivant.
– Je le connais à peine.
– Suffisamment pour l'avoir laissé intégrer tes rangs, déclara Skotia sans savoir que je ne faisais que tenir un potentiel ennemi, ou allié, proche de moi, mais que ma flèche visait son cœur.
Lui, empli de mystères dont cette certitude de ces ombres m'avait été révélée le jour précédent, chamboulant la pensée que je me faisais de lui.
– Je te le répète une dernière fois, je le hais du plus profond de mon être et tu ne sais pas à quel point.
– La haine ? Le coup de foudre peut être brutal aux prémices. J'y vois un commencement d'une belle histoire parsemée de pétales de rose, et d'épines. Il y a bien des raisons cachées sous ce sentiment que tu affirmes être la haine pour tout recouvrir. Il souhaite te connaître, tu as su l'intéresser, tu es une déesse emplie de mystère et connue au nord, lorsqu'il est issu du Sud.
– Des absurdités, Skotia. Cela est impressionnant de voir comme tout ce que tu viens de dire est erroné.
– Cela est impressionnant comme tout ce qui je viens de dire est juste, mais tu es aveuglée par la peur de la perte de contrôle de certains de tes sentiments, déclara-t-elle, lançant un regard innocent à ses ongles qui cachait une tempête qui me tombait sur la tête.
– Artemis, écoute ton cœur et cesse donc de te cacher, tu as le droit de vivre, me rassura Phoebe. Que te sussure-t-il ?
– Que je vais le renvoyer chez lui dès le retour de cette chasse, persiflai-je, serrant les poings par cette haine abyssale.
– Artemis, Athènes n'est pas sûre pour lui, tu es son unique espoir. Il t'a supplié de lui venir en aide, il te vénère. Ne le déçois pas.
– Les problèmes des mortels ne sont pas les miens, Phoebe. Je n'ai pas ton tendre cœur. En particulier s'ils ne se situent pas sur mon territoire.
– Artemis, m'interrompit Skotia. Je suis une sorcière, et je te garantis que d'ici les fêtes de Corinthe, tu changeras de pensée.
Je me retournai pour leur faire face, brûlante d'une rage sourde. Les phalanges serrées au point de les blanchir, je savais mes pupilles foudroyantes. Elles s'arrêtèrent elles aussi, les regards qui différaient, mais déterminées à poursuivre ma torture.
– C'est un homme et je suis de l'avis qu'ils ne possèdent aucun droit sur nous, est-ce clair ? Je me suis battue toute ma vie contre ce patriarcat naissant, étouffant la déesse mère. Les hommes nous doivent, et non le contraire. Je les ai vus à l'œuvre et par chance, un jour, je me suis éveillée. Cette communauté est née, les chasseresses, vestige de la gloire respectée des femmes. Nos vœux démontrent notre volonté de ne jamais nous taire comme les immortelles. Nous toutes, nymphes, mortelles, êtres de la nuit, notre voix s'élèvera de nos flèches à travers les cieux devenus argentés par la lune. Nous avons fait vœu de rester chastes.
– Je ne mets pas en doute tes idéaux, bien au contraire, tu es celle qui a su accorder aux femmes un rang de liberté que possèdent les grandes déesses égales aux dieux. Tu as souffert à cause des hommes, tu t'es muée dans la colère envers ceux qui ont brisé, toi et toutes les femmes, mais tu ne sais qu'est-ce l'amour sauf si tu décides de t'ouvrir, me répondit Phoebe de sa voix douce et innocente. Une chose n'en est pas une autre.
Encore persuadée que l'amour était accordé à tous sans exception, elle semblait presque attendre le sien naïvement dans ce monde devenu sauvage, malgré son statut de chasseresse. Elle vivait dans un rêve, une illusion emplie d'espoir, d'une lumière qui me rappelait que la nuit n'était pas obscure.
– Et qu'est-ce d'après toi, l'amour ! ironisai-je.
– Je laisse la parole à Skotia, je ne l'ai pas vécu suffisamment fort, nous confia-t-elle bien qu'une lueur passa dans ses pupilles.
Je fixai désormais la fille d'Hécate dont le regard s'était assombri, mais je sus qu'elle prendrait la parole de sa voix sage et sombre d'être de la nuit, possédant les secrets mystiques de la lune magistrale emplie de la magie redoutée, mais réputée. Elle avait une expérience qui la libérait chaque jour.
– Il existe plusieurs sortes d'amour qui ne sont pas destinés aux mêmes personnes, et dont le sentiment est différent, bien qu'ils portent le même nom. L'amour familial, l'amour fraternel, ou aussi dit celui de l'amitié. Puis, l'amour des amants divisés en deux, celui des éphémères puis le véritable. Les âmes sœurs, mais pas celles qui se complètent comme les jumeaux ou les amis si proches que séparés, ils ne sont qu'une moitié. Je parle des âme-sœurs. Pleines d'un amour sincère, et liées par le ruban aussi rouge que la rose qui les lie à jamais, destinées une à l'autre pour s'aimer d'un amour véridique, réparateur et destructeur à la fois, dépendant l'une de l'autre pour construire ensemble leur dynastie.
Elle marqua un instant silencieux, sa bouche entre-ouverte, et un souffle glacial s'échappa de ses lèvres sanguines.
– La femme a besoin de l'homme, l'homme a besoin de la femme, qu'importe leur sorte d'amour voué l'un à l'autre. Je ne critique pas les chasseresses émancipées à jamais des hommes, supérieures à eux et qui refusent tout contact. Chacun est libre de ses décisions et je suis parmi vous. Ils te craignent, car tu es une combattante dont la liberté de femme et déesse t'a séparé du sexe opposé. Tel fut ton choix de déesse vierge, mais tu restes incomplète comme les autres chasseresses, car nous avons toutes besoin d'une personne qui nous complétera un jour, ou qui le fit. La vie est complète, et pour construire une céramique, il faut l'artisan, la terre et la peinture sans oublier le feu, le bois et bien plus. Ton passé t'a aveuglé, tu as perdu l'amour familial qui de ses conséquences a détruit tous tes espoirs de te relever de ta culpabilité, de vivre une belle vie et de croire en l'amour d'amant.
– Tes paroles n'ont aucun sens ! hurlai-je. J'ai renoncé à la compagnie des hommes.
– Pourtant, Hippolyte est là, répliqua-t-elle, reprenant sa voix sensuelle si certaine d'elle, véhémente par son intonation qui avait prononcé la nécessité d'être aimée et aimer en retour sous ses multiples facettes.
– Je n'avais pas le choix, et vous savez très bien pourquoi je ne le possédais pas.
– Ou bien tu souhaites le voir auprès de toi, car il éveille ce que tu as enfoui, me provoqua Skotia.
– Artemis, tu as un grand cœur qui n'est pas aussi glacial que tu laisses paraître. Il a besoin de ton aide, il est différent.
Désormais, mes pupilles noircissaient autant que mon âme, les lèvres aussi tremblantes que mon cœur, la brise elle-même qui souleva avec douceur mes cheveux ne put calmer ma colère grandissante.
– Elle a un grand cœur bien caché, ricana Skotia.
– Taisez-vous, je ne veux plus vous entendre. Il repartira et le papyrus brûlera.
– Souviens-toi de nous dans quelques semaines, se moqua Skotia, réjouie. Et puis, nous écrivons sur des tablettes. Cela signifie que si elles brûlent, les mots seront gravés à jamais, ricana-t-elle.
Un frissonnement traversa mes lèvres, et je serrai les dents, retenant mes mains de saisir une arme, prête à reprendre la route sous notre arrêt.
– Artemis, montre-moi tes yeux, me demanda Phoebe et j'obéis dans un souffle agacé. Ils brillent d'un éclat que je n'ai jamais vu, inconnu encore à tes yeux. Tu as décidé de couper le fil qui te reliait à ton passé, t'échappant et choisissant pour l'unique fois dans ta vie la facilité. Tu as fui l'Olympe, mais tu ne peux fuir ta famille et les temps d'antan, qu'importe la terre qui les recouvre. Accepte-le, c'est passé, va de l'avant. Ouvre la porte. Adoucie toi comme tu l'étais autrefois, souviens-toi de la lumière qui émanait de toi, recouverte par un voile sombre, celle de l'Hyperborée comme Apollon. Tu ne peux pas revenir en arrière. Je suis peut-être innocente, mais j'ai bien vu qu'il éveille ces sentiments en toi et je suis navrée de lui avoir parlé d'Oarion. Tu possèdes le temps nécessaire qu'il te faut, mais tu en sortiras encore une fois indemne, me rassura-t-elle, ouvrant une plaie dans mon cœur.
Sa naïveté me fit sourire, elle qui n'avait jamais connu la souffrance, elle qui n'avait jamais vécu dans la famille folle dans laquelle j'étais née. Sa foi m'étonnerait à jamais et sa bonté me rappelait Helori. Elle qui était bien plus mature et consciente, et bien qu'elle ne fût pas sujette à l'aspiration de l'innocence de la vie, elle était pourtant innocente dans une guerre qui lui avait ôté la vie.
Phoebe avait raison, Helori comme tant d'autres était morte par ma faute tout comme son frère et son mari. Et, recluse dans le palais de l'Olympe comme les divinités mineures, j'avais cru abolir toute menace émanant de mon âme condamnatoire. Je m'étais trompée, le feu brûlait les chaînes.
– Tu ne fais que ralentir l'inévitable avec les chasseresses.
– Une bride pour l'étalon, ordonnai-je d'une voix amère.
– Tu possèdes la tête de mule que tous disent, Artemis. Tiens.
Je la saisis et me dirigeai vers le cheval à quelques pas pour l'attacher avant de quitter l'enclos, furieuse, mes sœurs à mes talons. Sans un mot, nous retournâmes vers le jeune homme qui patientait en silence, les yeux faisant mine de scruter une direction inverse, mais ses pupilles ne nous avaient pas quittés un seul instant. Nous, les chevaux, les bois.
– Tiens, voici, commençai-je sans lui jeter un regard, mais je fus arrêtée.
La bête se cabra et hennit avec effroi, la corde blessa ma paume comme une flèche à la lame d'obsidienne qui la raclait. Je tins bon, retenant un gémissement de ma peau rougie, et, avec autorité, je le ramenai à terre, le calmant. Mon aura et pouvoir lui parla, le rassurant, et le maîtrisant.
– Désolée, Hipp, Candeon, il n'a pas l'habitude de voir des hommes, préfères-tu une jument ? demandai-je d'une voix bonne à mon goût, mais qui pourtant au fond aurait désirée qu'il lui écrase le crâne, mais un tel acte m'aurait condamné, et je m'étais déjà trompée dans son appelation.
– La jument m'aurait déjà tué, déclara-t-il, et je ne fis que hocher la tête, l'ignorant, mais percevant que mon erreur ne l'avait pas frustré.
– Allons-y, scandai-je en me dirigeant vers ma monture sans n'avoir daigné le regarder droit dans les yeux, mais Skotia m'obligea à revenir sur mes pas.
– N'as-tu pas oublié Sirius ?
Un sourire éclaira mon visage, évaporant mes pensées grignotantes de mon esprit, et je sifflai deux fois d'un son aigu pour appeler le chien qui me répondit par des aboiements avant d'apparaître, accourant vers nous. Le pelage d'un noir de jais brillait sous le soleil. Je crus un instant que par son excitation, il me ferait la fête. Je ne me trompais pas, mais il le fit à Candeon. J'en restai abasourdie, il était bien plus heureux qu'à la source lorsqu'il n'avait fait qu'accepter ses caresses. Aujourd'hui, Sirius sautait aux pieds du chasseur.
– Calme-toi mon beau, je suis aussi content de te revoir, Sirius, le salua-t-il tout en tournant son regard vers moi, attendant un mot de ma part.
– Oui, Sirius, tu le connais déjà, répondis-je d'une voix fragile, me remettant peu à peu de la scène. Il est immortel et autrefois, il appartenait à Oarion. Je n'avais pas eu le cœur de l'abandonner en Crête. Normalement, il est bien plus méfiant et ne s'approche de personne, mais il semble bien t'aimer, ce qui n'est jamais arrivé étant donné qu'il ne laisse personne l'approche mise à part nous trois, expliquai-je d'une voix plus certaine.
– Mais oui, tu m'aimes bien, n'est-ce pas ? s'adressa-t-il au chien qui aboya avec joie.
– Je propose d'y aller, le trajet est long, parvins-je à m'exprimer tout en montant sur ma biche.
Je m'engageai à travers la forêt après avoir traversé le campement laissé aux mains d'Opis. Les chasseresses désignées m'avaient rejointe au fur et à mesure de mon passage, sur leurs montures attribuées.
Les montagnes et arbres se succédèrent avant de s'aplanir légèrement à mesure que nous rejoignions le centre et le sud, laissant place aux collines. Le soleil nous accompagna d'un bout à l'autre de sa course et lorsqu'il commença à disparaître, nous étions arrivées. Une ville royaume se dressait à l'horizon, suffisamment proche pour l'atteindre en peu de temps. Je décidai de m'arrêter à la sortie de la forêt pour ne pas attirer les regards.
Aux alentours, des maisons se profilaient, solitaires, paysannes, mais ils ne s'en prendraient pas à nos montures attachées aux arbres ni à nos quelques affaires posées au sol qui commençaient à devenir des tentes. Lointaines.
– Artemis ? m'interpella une jeune fille me sortant de ma contemplation du crépuscule aux nuances de sang que j'admirais, hypnotisée.
– Oui ?
– Un messager du roi.
Je fronçai un sourcil, nous étions arrivées depuis si peu de temps que certainement des guetteurs s'étaient cachés sur le chemin que nous avions emprunté. Le roi avait eu vent de la chasse que j'organisais sur ses terres, mais je n'avais pas pensé qu'il s'adresserait à moi. Je déviai mon regard plus loin, un jeune homme entouré de chasseresses menaçantes se tripotait les doigts, nerveux et effrayé.
Avec un calme impérial, je me dirigeai vers lui et, à ma vue, il s'inclina, me reconnaissant malgré mon diadème dissimulé dans une besace. Ses membres tremblaient, mais ses yeux restaient dignes de lui, de l'émissaire.
– Que veux-tu ?
– Le roi vous convie à la fête donnée en votre honneur.
Ces simples mots suffirent à me faire frémir et la question ne se posait pas. Je refusais d'assister à une fête organisée par en roi, et à mon honneur. Elle était des riches, je ne m'y étais jamais plu. Corinthe faisait exception, mais elle était la seule, et n'invitait pas uniquement la noblesse. Le roi les organisait pour toutes les castes qui figuraient à travers notre monde.
– Je refuse.
– Artemis, me supplia Phoebe. Tu ne peux pas refuser.
– C'est une fête donnée par des royaux et si j'ai le choix, je ne m'y rendrai pas. Elles me répugnent, tranchai-je, et un vent léger souleva mes mèches de cheveux sans parvenir à calmer ma fureur naissante.
– Chios, s'introduisit Skotia.
– Vous m'y avez emmené de force et elle était destinée au peuple comme aux nobles, bien que nous sachions qui s'y sont majoritairement rendus. Elle restait populaire. Une fête de ce genre, jamais, affirmai-je presque dans un grognement.
– Artemis, cesse donc de faire ta crise d'enfant ! me cria Skotia, se saisissant de mes épaules et les secouant. Nous venons d'en parler, le passé. Tu veux l'effacer, mais il te dicte tes gestes. Va de l'avant et montre au monde qui est la reine Artemis, dame de la nature, maîtresse des fauves. Cesse de te cacher et brille des mille feux de la lune, finit-elle, me lâchant, car sa fugue la faisait apprécier ces événements tout comme la nymphe.
– Non, je mets ici une fin à la conversation.
– Artemis, je t'en prie, tenta Phoebe, mais je restai sourde.
Prête à tourner les talons, je sentis une main se poser sur mon épaule, glaciale, mais brûlante à la fois, coupant un instant mon souffle. Je suivis le tracé de ses doigts, de sa main puis de son bras pour observer son visage qui m'observait avec compréhension, et je frémis sous cette insistance, ces leurs dans ses yeux.
– Je suis là, me murmura-t-il, se voulant rassurant, et ces simples mots éveillèrent une crainte de passé que mes sœurs ne parvenaient pas à me faire voir.
La voix d'un étranger connu était celle qui avait ouvert cette boîte qui m'effrayait, de ceux qui avaient souhaité m'enfermer dans une cage, mais la cage s'était brisée, et j'avais bâti mon royaume sur son or.
Je regardai à nouveau le messager qui ne souhaitait que partir, assistant malgré lui à une querelle d'êtres supérieurs. Elles avaient raison, je me devais de le faire. La réponse jaillit de mes lèvres sans que je ne songe un instant de plus à y réfléchir, poussée par une simple voix.
– Dis à ton roi et à son vizir que j'accepte.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top