Chapitre dix-neuf :
Revenir dans cette maison, même au bout quatre jours, éveillait en lui des sentiments désagréables. Une envie de tout casser et de s'effondrer en larme au milieu du salon. Les murs, remplis de vieux démons, semblaient se refermaient autour de lui. Le faire prisonnier à nouveau. Il n'aimait pas cet endroit, il le détestait même. Mais venir un Mercredi après-midi lui permettait au moins d'être seul. Tout était calme, presque reposant. Comme dans ces jours où il attendait le retour de Maël, alors qu'il cachait derrière le mensonge de son travail le fait qu'il allait coucher avec d'autres personnes, des femmes. Il le salissait, pratiquement chaque soir, et il arrivait encore à le regarder dans les yeux en lui prétextant des clients urgents à qui il avait dû rendre visite. Puis lui, faible et naïf, y avait cru. Il avait cru ces tissus de mensonge, il avait cru à un bonheur, il avait cru en son amour. A une réciprocité possible. Puis tout s'était effondré avant même qu'il ne puisse le consommer. Pendant des mois, il avait souffert, il s'était tu, il avait subi sans broncher, il était resté au sol à supporter les coups, à écouter les insultes. Il avait accepté de coucher avec lui, simplement pour satisfaire son plaisir et pour ne pas qu'il lui lève la main dessus en route. Il y avait eu des larmes, des cris, des pleurs, des gémissements, des blessures, du sang, des bleus, des griffures, de l'angoisse, des crises... La tempête. Et à présent, le calme. La sérénité. La liberté. Il se sentait fort, libre et apaisé. Le poids sur ses épaules s'était évaporé. Le soleil avait chassé les nuages noirs pour laisser place à un ciel bleu clair. Les fleurs n'avaient plus peur d'éclore pour illuminer le monde de jolies couleurs vives.
Harry était arrivé il y a plus de trois heures, il terminait d'emballer ses cartons et enterrer ses mauvais démons. Il récupérait tout ce qui lui appartenait : ses vêtements, ses objets personnels, sa vaisselle, ses livres, tout son matériel d'art. La pièce était vide. Si ce n'était ses clichés encore accrochés au mur. Il les détachait en silence, les glissait délicatement dans un album pour ne pas que le voyage les abîme. Puis, il tomba sur le peu de photographies qui restaient de Maël et lui. Trois en tout. Prises à l'improviste, le châtain ne souriait jamais, ne le regardait jamais. Sur l'une, il avait la tête tournée vers le bas, sur l'autre il regardait son téléphone et sur la dernière il lisait un journal. Le bouclé serra les dents et les prit avec lui, descendit les marches rapidement, rejoignit le jardin derrière la maison et alla vers la barbecue. Ils ne l'avaient utilise qu'une fois d'ailleurs. Il glissa alors les papiers dans la poche arrière de son jean, prit quelques copeaux de bois qu'il positionna au fond, un peu de produit pour déclencher le feu. Le paquet d'allumettes en main, il en sortit une, regarda ses doigts suspendus quelques secondes et la craqua finalement. Il la jeta dans le tas de bois et il s'enflamma directement. Ensuite, il saisit les trois clichés, les regarda une dernière fois en serrant ses doigts autour. Puis, sans attendre plus longtemps, les jeta dans le barbecue. Le papier argentique se consuma aussi vite qu'il rencontra la première flamme. Tout partait en fumée, les souvenirs, les démons.
Et le bouclé est heureux. Heureux de mettre un terme à son cauchemar, de tirer un trait sur tout ces mois de malheurs. Ces cartons empilés dans l'entrée étaient le signe d'un nouveau départ, d'une nouvelle histoire qui prenait forme et d'une ancienne qui s'effaçait, qui disparaissait totalement. Derrière lui, envolée, simplement un mirage. Et là, il ferait tout pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Il allait recommencer, à zéro, de A à Z, pour une meilleur résultat. Pour une fin plus heureuse, peut-être. Du moins, il devait tenter sa chance, la saisir avant qu'elle ne lui échappe. Encore une fois. Et avec Zayn à ses côtés, il savait qu'il était en capacité de parvenir à se relever complètement et à tenir droit sur ses jambes même sous un gros coup de vent. La force. Voilà ce qu'il avait acquis durant ces derniers mois, de la force. Physiquement et mentalement. Il avait su prendre les commandes, dire non, s'interposer, s'opposer, montrer enfin son vrai visage. Et non plus se cacher derrière ce masque avec un faux sourire. S'en était terminé de jouer la comédie. A présent, il allait pouvoir vivre, se sentir heureux, fier, confiant et libre. C'était la dernière fois qu'il avait cette clé en main, il la détacha de son trousseau et la posa dans le petit pot à l'entrée où se trouvait déjà des piles et un bouton de veste, encore dans un petit sachet en plastique. Il n'était pas triste ou nostalgique, pas comme quand il avait quitté la maison de son enfance pour faire l'erreur de venir vivre ici. Au contraire, il était presque heureux. Heureux de pouvoir respirer de l'air frais, d'un air nouveau dont il allait remplir ses poumons.
Un sac sur l'épaule, il ouvrit la porte alors qu'il venait de recevoir un message de Zayn pour le prévenir qu'il venait d'arriver. Et en effet, le métis était dehors, appuyé contre sa voiture en compagnie Luke et Michael, venu avec également son propre véhicule afin de pouvoir transporter tous les cartons. Après des étreintes et des retrouvailles, ils se mirent tous au travail. Les cartons portés à bout de bras, dans les coffres et les banquettes arrières. Ils n'étaient pas si nombreux, mais c'était surtout ses livres et son matériel d'art qui prenaient de la place. Et il avait tenu à récupérer absolument toutes ses affaires aujourd'hui. Ne rien laisser derrière pour ne jamais remettre les pieds ici. Maël serait de retour ce soir, avec pour lui seul cette maison vide de toute présence, qu'il allait sûrement combler à nouveau d'ici peu. Tout de même, le bouclé resta debout quelques secondes devant la bâtisse, alors que Zayn sortait avec un dernier petit carton sous le bras, il s'arrêta à ses côtés et glissa sa main libre sur son bras.
« Ça va ? »
« Oui, je vais simplement fermer. »
« D'accord, Michael t'attend dans la voiture. »
Un baiser sur sa joue, tendre et chaud, puis le basané rejoignit son véhicule. Un coffre claqua au loin en même temps que lui fermait la porte. La clé à la main, seule, déliée des autres. Il la regarda quelques secondes puis la rentra dans la serrure. Un tour, deux tours. Puis, il la retira, se pencha et la cacha sous le paillasson verdâtre. Il y écrit marqué en noir, en gras, Bienvenue, mais Harry souffla un Adieu. Rapidement, il se redressa et rejoignit la voiture de Michael. Après mûres réflexion, c'était chez son meilleur ami qu'il allait emménager provisoirement -et il insistait bien sur ce terme- le temps de trouver un autre petit studio, et l'argent pour le payer ainsi que le loyer qui allait avec. Le garçon aux cheveux colorés avait fortement insisté pour qu'il vienne chez lui, cela leur permettrait de se voir plus souvent et surtout ça éviterait au bouclé de se voir contraint de quitter son travail, ses amis, sa ville, pour retourner chez ses parents.
Par la vitre, il regard la maison maudite s'éloigner de sa vie et dû se retenir pour ne pas fondre en larmes, de soulagement, de délivrance. Il sentait un poids immense et lourd s'ôter de ses épaules, libérer son coeur et sa respiration. C'était comme sortir sa tête de sous l'eau alors qu'on y était resté bien trop longtemps, qu'on avait eu le temps de voir des fragments de sa vie défiler devant ses yeux, de sentir les bras de la mort commencer à nous entourer pour nous engloutir. Mais il avait su se relever au bon moment, juste avant de flancher, de basculer de l'autre côté. Et il se sentait littéralement revivre. Un nouveau souffle. Une nouvelle vie. Un nouveau futur. Des fondations plus solides, neuves. Son ami le jaugea en coin, puis tapota son genoux pour attirer son attention.
« Tout ira mieux maintenant. »
« Oui, je sais. Je suis vraiment heureux. »
« Tu mérites de l'être. Je n'arrive pas à croire qu'il ai pu te faire autant de mal et que je n'ai rien vu du tout à son manège, quand je suis venu chez vous et que j'... »
« Ce n'est en aucun cas de ta faute Mikey, crois moi. Tu m'as réellement aidé. »
« Je pense que Zayn est celui qui s'est le plus sacrifié pour toi, Harry. »
« Je sais, il en a fait énormément. Le brun rougit un peu et se mordit la lèvre. Je ne pourrai jamais assez le remercier pour tout ce qu'il a fait. »
« Et, au fait... C'est du sérieux vous deux ? »
« Je n'en sais trop rien, on a encore jamais parlé de cela. Puis avec Maël, ce n'était pas tellement le moment d'y penser, tu vois... ? »
« Maintenant, vous aurez tout votre temps. »
« Oui, c'est sûr. »
« En tout cas, il a l'air de réellement tenir à toi. Ne doute jamais de ça, même si tu veux prendre ton temps, ce que je comprend, et lui aussi, il t'attendra tu sais. »
Harry hocha la tête, un sourire sur les lèvres, tout s'arrangeait. Cela prendrait du temps, mais tout irait mieux. Il le savait, ce n'était que le début. La fin d'un cauchemar. Ses fantômes étaient déjà loin derrière lui, errants, alors qu'il continuait d'avancer. De prendre la route vers la lumière. Vitesse rapide. Le soleil au dessus de lui. Les oiseaux chantaient à nouveau. La chaleur. L'hiver laissait place à l'été. La couche de froid, de neige, fondait pour exposer l'herbe bien verte.
Les voitures s'arrêtèrent devant l'appartement que partageaient Luke et Zayn, ils avaient prévu d'y faire une petite soirée entre amis, histoire de célébrer cette séparation. Les cartons restaient dans les véhicules, au parking, en sécurité alors qu'eux se rendaient à l'intérieur du bâtiment. Andrew avait tout mis en place et été parti acheté de quoi manger et boire en attendant le retour des quatre garçons. Une petite musique d'ambiance remplissait déjà l'air, un titre aux assonances rock et blues. Des petits bols de différents biscuits apéritifs étaient disposées sur la table basse, l'écran de télévision allumé sur un match de foot, sans son, afin de pouvoir entendre la musique et suivre le score en même temps. Luke et Michael s'occupèrent d'aller aider à tout finir de disposer, puis également servir les collations. Harry retira sa veste en silence, et le métis à ses côtés glissa ses doigts jusqu'aux siens afin de les lier, ensemble.
« Comment tu te sens ? »
Sa voix était légère, un petit murmure au dessus de la musique, tout près de son oreille. Les réponses pouvaient être variées, tout un tas d'adjectifs, lui venaient en tête directement : libre, heureux, en sécurité, serein, léger, confiant avec lui-même, fort, intouchable, invincible... Toute une liste se dressait. Pour une fois, les mots ne se trouvaient plus du côté du négatif. Le positif, c'était tout ce qu'il retenait de cette situation. Certains, la plupart d'ailleurs, étaient brisés par les ruptures, mais lui s'en servait pour se reconstruire, pour avancer bien droit. En face. La route n'était plus sinueuse et longue. Il était presque arrivé au bout, au point qu'il cherchait à atteindre depuis le début, alors il ne pouvait n'en être que soulagé et ravi. Un sourire déforma ses lèvres rosées tandis que son pouce caressait le dos de la main de Zayn, délicatement.
« Je ne pourrais jamais aussi bien que maintenant. »
« Je suis tellement fier de toi. »
« Sans ton aide, sans tout ce que tu as fait pour moi, je n'y serais jamais arrivé. »
« Mais tu es fort, tu l'as toujours été, seulement ce connard avait tellement d'emprise sur toi que tu ne pouvais pas t'en rendre compte. Seulement, c'est fini, il ne te fera plus jamais de mal. Pas tant que je suis là. Et je ne suis pas prêt de m'en aller. »
Harry se rapprocha d'avantage de lui et posa avec douceur ses lèvres sur les siennes, un baiser court mais qui signifiait énormément. Un merci silencieux. Leurs amis et le décor autour ne semblait plus avoir aucune importance. Seul comptait les battements incessants de leurs coeurs et ce courant électrique qui les traversait de toute part à chaque fois, à chaque contact. Il posa son front contre le sien et ses mains sur ses hanches, pour mieux le coller à lui, pour mieux sentir son odeur et les frissons sur sa peau. Le métis ouvrit la bouche, le regard fixé sur lui, prêt à se lancer, à sortir les mots qui lui brûlaient la langue depuis trop longtemps.
« Harry... »
« Et les gars venez, on va ouvrir la bouteille de champagne ! Elle vient tout droit de France, Andrew l'a ramené de son voyage. »
Luke venait de l'interrompre dans son élan, Zayn poussa un soupir en se reculant et se résigna à remettre ce moment à plus tard. Il aurait toute la nuit pour aborder ce sujet et de toutes manières les garçons ne resteraient pas très tard. Harry passerait la nuit ici, le basané avait insisté pour, il lui en parlerait donc à ce moment là. Il lui fait alors signe de laisser tomber et de le suivre. Ils se retrouvèrent tous dans le salon, le bouclé prit place dans le canapé aux côtés du brun. Michael était debout, une bouteille à la main, un tire bouchon dans l'autre. Il l'ouvrit et un peu de champagne jaillit pour se retrouver ensuite sur la table. Un à un, ils furent servis. Sous la célébration, la soirée commença. Et Harry ne pouvait se sentir plus à sa place que maintenant. Ses amis le faisaient sentir chez lui, bien qu'il venait de perdre son foyer, et c'était de loin la meilleure sensation au monde. Se sentir entouré, aimé et protégé malgré tout ce que la vie pouvait mettre en travers de son chemin.
Le champagne coulait à flot, à peine une heure, et bouteille était presque terminée, d'autant que plusieurs canettes de bières entamées se trouvait sur la table. Ils étaient tous affairés à quelque chose, Michael suivait le match de foot avec attention, du monde le score, Luke et Andrew parlaient avec Harry de voyages et autres sujet d'évasion. Zayn, de son côté, buvait sa collation en silence. Il observait tout, prenait parfois part aux conversations qui se déroulaient entre ses amis, mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir l'esprit ailleurs. Bien entendu, il était plus qu'heureux que le bouclé soit enfin libéré de son cauchemar et des griffes de Maël. C'était une excellente nouvelle, un grand pas en avant. Et, évidemment, il l'aiderait à ne plus reculer, à se sentir en sécurité. Plus jamais personne ne lui ferait de mal, tant qu'il serait là pour veiller sur sa santé et sa personne. Plus jamais il ne revivrait une telle souffrance. Et s'il n'était pas intervenu dans sa vie, qui sait combien de temps ce mensonge, cet enfer, aurait-il continué ? Jusqu'à où sa douleur aurait-elle été poussée ? Son état se serait d'avantage dégradé. Il avait fallu que quelqu'un vienne et bouscule sa vie, pour qu'il se prenne conscience que ce qu'il endurait n'était pas normal. Zayn était arrivé à temps. Avant que tout ne soit trop tard pour envisager un retour en arrière.
Pourtant, à présent qu'il se sentait soulagé, heureux également, il appréhendait tout de même la suite. Ce qu'il ressentait à l'égard du bouclé ne faisait plus aucun doute, même son meilleur ami avait su le voir, il était tombé amoureux. En le sauvant d'une relation destructrice. Et maintenant qu'il ne l'avait plus rien que pour lui, il ne savait pas quoi faire, quoi dire. De peur de brusquer Harry, d'intégrer un malaise dans ce lien qu'ils entretenaient. Après tout, ils agissaient comme un couple ; ils s'embrassaient, se câlinaient, s'appelaient souvent par des surnoms, dormaient ensemble... Mais, est-ce que tout ces gestes avaient seulement la même signification pour les deux jeunes hommes ? Et si cela ne fonctionnait que dans un seul sens ? Si ce n'était pas réciproque ? S'il se mettait à croire en amour qui n'était pas possible ? Dans un sens, Harry aurait pu trouver un point d'appui, un réconfort en lui, sans pour autant ressentir de l'amour, juste de l'amitié forte. Cela le tracassait depuis le début de la journée, depuis qu'il le savait en train de déménager. Le bouclé le remarque bien, il tourna le regard vers lui, alors que Luke et son copain discutaient avec Michael, et il glissa une main contre sa jambe pour venir chercher sa main.
« Hey... Ça va ? »
« Mh oui, ne t'en fais pas. »
« Tu voulais me dire un truc tout à l'heure ? »
« Oui, mais... Je t'en parlerai ce soir, ça peut attendre. »
« Ça a l'air d'assez te tracasser pourtant. »
« Je te jure que ça va Haz. »
« Promis ? »
« Promis. »
Harry fit une petite moue adorable, le genre de tête devant laquelle personne ne pouvait résister. Et, face à cela, le métis aborda un sourire amusé avant de lui voler un baiser. L'autre garçon étendit ses lèvres dans un grand sourire à son tour, puis il vint poser sa tête sur son épaule, leurs doigts toujours liés ensemble. Indestructibles. Rien qu'avec un contact comme celui-là, Zayn se sentait un minimum rassuré, au point d'oublier petit à petit ce qui posait problème. Pas totalement. Mais aussi pour profiter de la chaleur de son corps et des frissons que son souffle brûlant sur son cou lui provoquait. En même temps, il essayait de contrôler les battements trop rapides de son coeur, au creux de sa poitrine, afin que Harry ne puisse pas remarquer cette cadence irrégulière. Heureusement pour lui, Michael commença à lancer un sujet à propos du café, ce qui occupa son attention, malgré cela il ne bougea pas d'un poil, toujours blottit contre son torse. Et là, à cet instant précis, Zayn se sentait à sa place. Ils se sentaient tous les deux à leur place.
Vers vingt trois heures, Michael décida de rentrer chez lui, finalement suivi de Andrew et Luke qui voulait passer la nuit avec lui. Après un dernier au revoir, la porte se referma sur le silence. Harry finissait de ramener les bouteilles vides à la poubelle de la cuisine, Zayn alla remettre le canapé en place, puis fumer rapidement une cigarette au petit balcon. Face à la ville. A peine quelques minutes plus tard, il fut rejoint par l'autre garçon, il se glissa à ses côtés et observa l'immense ciel étoilé au dessus de leur tête. Les étoiles brillaient pour eux.
« Tu sais que je faisais avec ma mère quand j'étais petit ? On regardait le ciel le soir, toujours, on s'allongeait dans un transat du jardin juste avant d'aller au lit, et on fermait les yeux fort en faisant un vœu. J'y croyais pas trop, je savais que c'était plus pour la forme, parce qu'au fond c'est juste de la chance. Puis, je ne sais pas, j'ai continué à le faire quand même au fil des années, et quand tout a dégénéré avec Maël, j'ai commencé à demander de l'aide, qu'on me sauve. Et... Tu es apparu. Peu de temps après mon premier vœu de ce genre. »
« Dis comme ça, je sonne presque comme un miracle. »
« C'est peut-être le cas. »
« Bon j'avoue jeune Styles, tu as découvert mon secret. Je suis en réalité une fée envoyée par les cieux, ma mission est de t'aider à accomplir ton rêve. Répondit le métis en souriant, pour le taquiner. Maintenant que mon devoir est accompli, je vais pouvoir repartir parmi les miens. »
« Oh non, gentil fée, ne me laisse pas. »
Ensemble, ils se mirent à rire en même temps, alors que le basané venait d'écraser sa cigarette dans le cendrier sur la petite table du balcon. Un moment enfantin. Puis, il se tourna pour faire face au bouclé qui passa ses bras autour de sa nuque et écrasa ses lèvres contre les siennes. Comme ça, sans prévenir. Et c'était précisément ça qui leur plaisait, l'imprévu. La surprise. Quand ils étaient pris au dépourvu. Un baiser beaucoup plus passionné et long que le dernier qu'ils avaient échangé en début de soirée. Peut-être parce qu'ils se retrouvaient seuls, surveillés uniquement par les étoiles scintillantes hautes dans le ciel. Zayn glissa ses mains sur sa taille et le colla contre son corps. Ils s'agrippaient l'un à l'autre, se tenaient, se serraient fort. Pour ne plus se lâcher, pour se fondre l'un dans l'autre. Leurs fronts posés l'un contre l'autre, leur souffle court et leur coeur qui battait comme s'il venait de courir un marathon sous un soleil de plomb.
« Je ne rigolais pas. »
« Quoi ? Tu crois vraiment que je suis un fée alors ? »
« Mais non, idiot ! Le bouclé lui tapa gentiment le torse en entraînant leurs rires, avant de secouer la tête. Quand je disais de ne pas me laisser, je le pensais. »
« Et tu n'as pas besoin d'en douter. Je t'ai promis que je resterai non ? »
« La première fois que Maël a levé la main sur moi, pour une broutille d'ailleurs, il m'avait promis ensuite qu'il ne le referait plus... »
De ce point de vue là, effectivement, les choses pouvaient être remises en question. Pourtant, Harry sentait bien que le métis était sincère. A quoi cela aurait-il servi qu'il fasse tout ça, qu'il le sauve si, au final, il le laisserait tomber ? En y repensant, cela n'avait aucun sens. Malgré tout, il ne pouvait pas s'empêcher de douter, de se poser des questions. Il venait de sortir d'une relation longue et compliquée, son comportement était de ce fait justifiable. Du moins, un peu. Les yeux chocolats du métis semblaient crier une vérité qu'il n'osait pas annoncer, ils brillaient d'une lueur étrangement chaleureuse. Qui donnait envie au bouclé de venir se blottir au creux de ses bras et de ne jamais s'en décoller. Seulement, avant de se jeter dans le vide, dans le noir, il devait s'assurer que quelqu'un serait là pour lui tenir la main et être ses yeux, son fil directeur.
« Je ne t'abandonnerai pas. Jamais. »
« Prouve-le moi. »
Une nouvelle bombe était lancée. Zayn la tenait fermement dans ses mains et avait à présent le choix entre la jeter loin ou la laisser exploser entre eux pour créer un brasier d'étincelles brillantes. Ce qu'il attendait depuis longtemps. A partir de cet instant, des tas de possibilités de réponses s'offraient à lui : l'inviter à sortir, une sorte de dîner romantique où il pourrait lui avouer ses sentiments. Une sortie en ville, au cinéma puis au restaurant. Un petit voyage. Lui montrer le projet qu'il était en train de monter méticuleusement sur lui, l'exposition, secrète, dont il était le sujet central, le coeur. Il monta ses mains au visage du bouclé à peine éclairé par la lumière du salon qui passait par la baie vitrée et celle de la ville. Son regard ancré dans le sien, électrique. N'importe qui autour, une tiers personne, aurait remarqué sans aucun mal l'amour qui suintait de ces deux corps. C'était une évidence. Seulement là, les gestes ne suffisaient plus. Ils avaient besoin de poser des mots dessus pour le réaliser. De le dire à voix haute pour se rendre compte que c'était bel et bien réel, palpable. Pas juste un tour de leur esprit. De l'avouer pour être fixé sur le futur. Celui qu'ils désiraient construire ensemble. Les deux mots étaient là, ils brûlaient la langue du métis et sautillaient dessus, prêt à sortir. Jamais il n'avait senti son coeur s'emballer aussi rapidement. Prouve-le moi. C'était simple pourtant, la preuve se trouvait là. A portée de main. Il lui suffisait d'ouvrir les lèvres pour faire sortir les sons, pour les assembler et donner cette belle mélodie : je t'aime.
Et Harry était là, pendu à ses lippes, attendant le verdict. Au fond, il le savait, il le sentait, il le lisait. Sur son visage, dans son langage corporel. La manière dont il posait ses mains sur lui de manière possessive, tu es à moi. La manière dont il le dévorait du regard constamment, je te vois. La manière dont il l'embrassait, avec tellement de douceur et de tendresse qu'il avait l'impression d'être Icare allant se brûler les ailes et voler trop près du soleil, sans pour autant jamais tomber, je te ressens. La manière dont il se préoccupait de lui et de sa santé plus que quiconque, le faisant toujours passer avant lui-même, je te protège. Et la manière dont il souriait sans arrêt à ses côtés, ce qui faisait briller ses yeux, comme si Harry exerçait toujours une bonne influence sur lui, je t'aime.
Sa mère lui avait souvent répété que dire je t'aime n'était pas nécessaire pour montrer ce qu'on ressentait pour quelqu'un. Qu'on pouvait très bien utiliser des gestes, d'autres mots, des attentions particulières. Mais là, dans ce cas précis, il pensait justement que c'était la chose à faire. Je t'aime. I love you. Te quiero. Ich liebe dich. я люблю тебя ! Ti amo. 私はあなたが好きです。
Utiliser ce langage universel pour exprimer un sentiment particulier, unique. Qu'on accordait qu'à une seule personne, un singulier.
« Moi aussi Zayn. Moi aussi, je t'aime. »
C'était extraordinaire à quel point deux petits mots, aussi communs et rependus, pouvaient avoir un tel effet sur le coeur d'une personne.
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