Première énigme
Après être retournés à Étretat pour y préparer des affaires de voyage, Lupin et Grognard attendirent que l'arrivée de Herlock Sholmès leur soit signalée par des complices puis prirent la route de Bruxelles, où se trouvait le château de la famille royale de Belgique.
Grognard, qui ne souvenait que trop bien de la conduite, disons, énergique du cambrioleur, avait prit l'initiative de conduire.
Après une dizaine d'heures de voiture, le château apparut dans leur champ de vision.
- Le château est bien gardé. Comment comptez-vous entrer monsieur ?
- Ne t'en fais pas, j'ai ma petite idée ! répondit Lupin le sourire aux lèvres.
Il sortit de son sac une perruque et une casquette a motifs de tartan (rayures entrecroisées) qu'il mit, après s'être maquillé de manière à se faire des rides.
Il enfila ensuite une chemise à carreaux et un long manteau typiquement londonien, de l'époque victorienne, puis s'alluma une pipe.
Grognard, qui avait compris le subterfuge, s'empressa d'enfiler les habits que lui tendait le gentleman cambrioleur : une chemise, un long manteau pareil a celui de lupin, un deerstalker (casquette), et une canne en bois.
Après s'être entièrement déguisés, ils sortirent de la voiture et se dirigèrent vers les gardes.
Le plus grand, qui semblait être le chef, se dirigea vers eux et leur dit d'une voix autoritaire :
- Cette propriété est strictement interdite aux civils, à moins que vous n'ayez un laissez-passer ! Si vous n'en possédez pas, je vous prierais de quitter immédiatement les lieux sous peine d'une arrestation immédiate !
- I'm sorry sir, mais le mystère de la disparition de miss Élisa de Belgique m'intéresse énormément. Je voudrais enquêter dans le but de la retrouver au plus vite. My name is Herlock Sholmès, je suis détective consultant. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de moi ? répondit Lupin en prenant l'accent anglais.
- Herlock Sholmès ? On ne ne m'avait pas informé de votre venue ! Veuillez me pardonner ! Euh, si je puis me permettre, qui est l'homme derrière vous ?
- It's John Watson, mon fidèle assistant.
- Oh évidemment ! Milles excuses, Mister Sholmès.
Le garde les laissa enfin passer, et demanda à un de ses subordonnés de les accompagner jusqu'à la chambre. Lupin et Grognard y entrèrent et demandèrent à celui-ci de les laisser seuls dans la pièce. Trop occupé à manger un sandwich, il accepta sans discuter, heureux de pouvoir finir son repas tranquillement.
Le cambrioleur fit le tour de la pièce et s'arrêta devant un tableau.
- Mon cher Grognard, nous serons dans l'obligation de repasser une fois notre affaire terminée. Ce tableau de Titien (Tiziano Vecelli, 1488-1576) est extrêmement bien conservé et me plaît infiniment ! s'exclama-t-il.
Il regarda ensuite autour de lui et ses yeux s'arrêtèrent sur une inscription en latin gravé dans le mur et à demi effacée.
Equus, cuius alae volant, securim demittit et aerem quatit. Aqua eam amat et propius accedere vult.
- Le cheval, dont les ailes volent, laisse tomber sa hache et secoue l'air. L'eau l'aime et veut se rapprocher. traduisit Lupin après quelques instants de réflexion.
Grognard qui était jusque-là resté silencieux, s'exclama, fier de lui :
- Là, regardez, des chevaux ! dit-t-il en pointant du doigt les grosses statues qui ornaient la cheminée.
- Bravo Grognard, quel sens de l'observation ! répondit Lupin avec un sourire narquois.
Vexé, le jeune homme décida de se taire.
Le cambrioleur se dirigea vers le seul cheval qui portait des ailes et remarqua des écritures.
LE CHEVAL ROI DU MONDE
Cette fois-ci les lettres ressortaient de la pierre.
Arsène Lupin attrapa les L, et les poussa vers le haut, ce qui déclencha une série de petits bruits, pareils à ceux émis lorsque l'on remonte une montre. Il fit de même avec le H, qu'il baissa et le R, qu'il secoua. Il rapprocha ensuite le M et le O, ce qui déclencha l'ouverture d'une porte dans le fond de la cheminée.
Puis, voyant l'air impressionné de Grognard, il commença son explication.
- Vois-tu, Grognard, les deux textes sont liés.
« Le cheval dont les ailes s'envolent » signifie que les « L » doivent s'envoler, donc monter. Pour « laisse tomber sa hache et secoue l'air » il faut baisser le « H » et secouer le « R », et enfin « l'eau l'aime et veut se rapprocher » nous incite à rapprocher le « O » et le « M ». Rien de plus simple !
Le jeune homme, toujours aussi impressionné, suivit le cambrioleur dans le passage secret qui se referma derrière eux.
En arrivant devant le château, Herlock Sholmès fut pris d'un mauvais pressentiment.
- John, avez vous bien pensé à prendre le laisser passer ?
- Oui Herlock, me faites-vous si peu confiance ? répondit celui-ci d'un ton las.
- Voulez-vous vraiment que je vous répondes ?
- Faites comme il vous plaira... dit celui-ci d'un ton irrité.
La voiture se gara et le détective descendit, suivi par le médecin, toujours en colère.
Ils se dirigèrent vers les gardes, et le chef les interpella :
- Cette propriété est strictement interdite aux civils. Avez-vous un laissez-passer ? les questionna-t-il.
- Oui monsieur, le voici. dit John Watson en lui tendant le papier.
Le garde s'en empara et le lu brièvement. Soudain, il poussa un petit cri de surprise. Le laissez-passer était au nom de Herlock Sholmès, alors qui avait-il laissé monter ?!
- Que se passe-t'il ? le questionna Herlock.
- Eh bien monsieur, vous êtes le deuxième Herlock Sholmès que je rencontre aujourd'hui... répondit l'homme, confus.
- Mon cher, laissez moi vous apprendre que le premier Herlock Sholmès que vous avez croisé n'était autre qu'Arsène Lupin. Maintenant, je vous pris de me laisser passer. Lupin doit déjà avoir pris une avance considérable, et je tient à mon violon.
Le garde, qui n'avait pas la référence, ne comprit pas la fin de la phrase, mais permit au détective ainsi qu'à son associé de passer.
Ceux-ci se précipitèrent dans la salle qu'ils trouvèrent, évidemment, vide. Le garde que Lupin avait laissé devant la porte, et qui avait entre temps fini son sandwich, leur affirma qu'il n'avait vu personne sortir, ce qui confirmait la théorie du passage secret.
Après avoir jeté un bref coup d'œil à la pièce, Herlock se dirigea vers le tableau de Titien sur lequel était accroché un petit mot de Lupin :
À l'attention de monsieur Herlock Sholmès
Good morning dear Mister Sholmès,
Comme vous pouvez le voir, je vous ai quelque peu devancé mais je ne doute pas que réussirez sans problème à résoudre l'énigme de cette pièce.
J'y pense, avez vous apprécié ma petite plaisanterie ?!
Vous me le direz lors de notre prochaine rencontre, qui, je l'espère, ne saurait tarder !
Veuillez accepter l'expression de mes sentiments de respectueuse considération.
Arsène Lupin
Cette première lettre était suivie d'une seconde, cette fois-ci destinée au roi de Belgique :
À l'attention de monsieur Léopold II de Belgique, l'actuel roi du royaume de Belgique,
Il y a dans votre salle de musique, un tableau de Tiziano Vecelli d'excellente facture et qui me plaît infiniment.
Dans le grand salon, je note la crédence Louis XVI, les tapisseries de Hennequin de Bruges, ainsi que toute la vitrine des bijoux. Dans le grand couloir, toute l'étagère des miniatures.
Pour cette fois, je me contenterai de ces objets, qui me seront, je crois, d'un écoulement facile.
Je vous prie donc de les faire emballer convenablement et de les expédier à mon nom (port payé) en gare des Batignolles, avant 10 jours... faute de quoi je ferais procéder moi-même à leur déménagement une fois mon affaire en cours terminée. Et comme de juste, je ne me contenterai pas des objets sus-indiqués.
Surtout, ne m'envoyez pas votre Rubens nommé La Madone du Rosaire, qui, malgré le fait que vous l'ayez payé 30 000 francs dans une vente aux enchères, n'est qu'une simple copie, l'originale ayant été détruite par les forces françaises lors du bombardement de Bruxelles en 1695.
Je ne tient pas non plus à la statue équestre d'Henri IV, de Giambologna, qui me semble d'authenticité douteuse.
Veuillez excuser le petit dérangement que je vous cause et accepter l'expression de mes sentiments distingués.
Arsène Lupin
Herlock, mi agacé mi amusé par l'insolence de Lupin, alla avertir les gardes et les pria de remettre la lettre au roi Léopold, dès que l'occasion se présenterait. Ceux-ci, d'abord surpris, finirent par acquiescer.
Pendant ce temps, John, qui passait la pièce au peigne fin (ou du moins qui essayait) se dirigea vers Herlock.
- Je suis forcé d'admettre que je n'ai rien trouvé de mon côté... dit-il dépité.
- Rien d'étonnant mon cher Watson, le sens de l'observation n'a jamais été votre fort. répondit-il d'un air hautain.
- Eh bien décidément, vous savez trouver les mots pour me réconforter... soupira-t-il désespéré.
Herlock repris son inspection, et il lui fallut moins d'une minute pour découvrir l'énigme. 5 minutes plus tard, le passage était ouvert.
Sholmès et Watson s'engouffrèrent dedans suivis par deux gardes, et commencèrent à avancer dans l'obscurité, à l'aide d'une bougie.
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