9🚀Kerio-6K

Journal de bord du capitaine – Date stellaire 5026-5-Z5

Moi, Arsène Flamingo, le magnifique, le merveilleux, l'extraordinaire, le majestueux capitaine du SS-Barbara a survécu à la gueule de bois.

Après une longue soirée sous traitement médicamenteux de RB-13, j'ai pu renaitre de mes cendres et sublimer ma magnifique magnificence !

Mon ami, le capitaine Aukanai nous a quittés... Euh pas dans le sens « il est mort » ! Dans le sens « il est reparti ». Je dois secrètement avouer que son vaisseau pète la classe ! Mais rien ne remplacera ma Barbara.

Jim Aukanai m'a appris des choses concernant la lieutenant Niki Darkwhisper et-


*tousse*


— Quoi ?

— Est-ce que vous vendez toujours vos journaux de bord sur l'U-ternet ? demanda Almyra. Non parce que là vous vous apprêtez à donner des informations confidentielles.

— Oua merci Almyra ! répondit sur un ton sarcastique le capitaine. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi ! Arsène Flamingo est vraiment un-

— Ok c'est bon j'ai compris !

— L'achat est bloqué à un seul acheteur et je m'assure que ce soit toujours le même.

— Qui est ?

— Le comte Flamingo.

— Votre... ?

— Mentor.

— Adakor.

— Hein ?

— Mon mentor à moi s'appelait Adakor. C'était un scientifique de renom.

— Ah d'accord.

Donc je disais que Jim Aukanai m'avait parlé de Niki Darkwhisper et de l'incident du Liberty Terminal. Cox a hacké une énième base de données protégée avec les pieds de la Confédération et a trouvé un rapport d'enquête volé à un détective privé et destiné à la Coalition.

Nous l'avons tous lu.

Les membres de l'équipage en ont conclu que Niki Darkwhisper était très possiblement, à 95% impliquée et dangereuse. Moi, j'en ai conclu qu'elle pourrait être utile et que si elle devenait hostile, nous ferions comme l'enquêteur et nous fuirions à l'autre bout de l'univers pour lui échapper.

Arsène Flamingo termina son rapport les mains jointes devant lui, le regard perdu vers l'infinité de l'espace. Devant lui, la station Olympus qu'ils n'avaient pas quittée depuis trois jours et sur laquelle il était maintenant dangereux d'aller. Pourquoi ? Parce que les r0iolsiens n'allaient pas tarder à les retrouver et l'équipage se devait d'être dans le vaisseau à ce moment-là.

Le capitaine avait un plan pour se débarrasser d'eux. Au moins pour quelques jours.

Il savait, grâce à Aukanai, que la Confédération venait d'envoyer sur R0iols une escouade pour aider le peuple à se révolter contre les mangeurs de chairs humaines. Information que les vaisseaux poursuivant le SS-Barbara ne connaissaient pas et il comptait en profiter.

— Capitaine, commença Cox, assis au poste de communication, je détecte plusieurs vaisseaux sortant de l'hyperespace dans quelques secondes.

— Parfait. Almyra, tout est prêt ?

— Bien sûr !

— Robbie ?

— Voici votre soda mon capitaine, dit Robbie en arrivant vers lui.

— Parfaitement parfait.

Une dizaine de vaisseaux de la flotte r0iolsienne apparurent devant le SS-Barbara, prêt à faire feu sur l'équipage. Flamingo ouvrit son soda, but une grande gorgée avant de pousser un cri de satisfaction. Il fit un large sourire et appuya sur une série de boutons devant lui avant de prendre le volant du vaisseau. Ce dernier fit un tour sur lui-même, prêt à partir en hyper-espace mais le capitaine avait bien prévu un petit cadeau pour la flotte.

Il actionna un dernier bouton et si le son était audible dans l'espace, les bruits des vaisseaux s'entrechoquant auraient été effroyables à entendre.

Le SS-Barbara avait émis une violente onde perçue par les vaisseaux ennemis qui les avait fait se percuter les uns des autres en détraquant complètement leurs systèmes de navigation : s'ils étaient tentés de repartir à la poursuite du SS-Barbara, ils auraient déjà bien du mal à atterrir sans dégâts sur une planète.

— Ça pète la classe ton truc Almyra, dit-il pour la féliciter à sa façon.

— Oui... Il y a encore des choses à corriger mais je suis contente de l'avoir essayé. Tu avais raison capitaine, leurs vaisseaux fonctionnent avec la même énergie que celle contenue dans la sphère que tu m'as offerte. Ça n'aurait pas marché aussi bien sinon.

— J'ai toujours raison Almyra. Tu parles à Arsène Flamingo.

— Faites-nous partir d'ici.

— Qui ça ?

— ...Faites-nous partir d'ici extraordinaire capitaine Flamingo.

— Entends-je de l'énervement dans ta voix ? Tu peux me la refaire ?

— Bouge ton cul Flamingo !

Il rigola avant d'enclencher le passage en hyperespace, laissant derrière lui des vaisseaux complètement paralysés.

Le capitaine se leva de son siège en s'étirant et porta sa boisson à ses lèvres jusqu'à ce qu'un puissant mouvement le fasse tomber en arrière, passer au-dessus de son siège et rouler jusqu'au pare-brise, du soda plein le t-shirt.

Il se releva d'un coup, regardant lequel de ses équipiers l'avait fait tomber, mais constata qu'eux aussi étaient tombés de leurs sièges. Robbie quant à lui ressemblait à une tortue sur le dos, agitant ses bras et incapable de se relever.

Il regarda à travers le pare-brise et constata que le vaisseau était à l'arrêt. Ils avaient été arrêtés en plein hyperespace, situation qui avait 50% de chance de les tuer mais justement, de la chance, Flamingo n'avait que ça.

— Mes dents ! s'écria Almyra en se relevant. C'était vous capitaine ?

— Oui Almyra, j'ai eu une soudaine envie de tous nous tuer ! répondit-il d'un ton sarcastique.

— Oh ça va !... Est-ce qu'on a encore du carburant au moins ?

— C'est toi qui devais faire le plein non ?

— Non c'était Cox.

— Euh non c'était Robbie, répondit Cox.

— Robbie ?

— Oui capitaine ? dit-il de sa petite voix métallique, toujours allongé au sol.

— Est-ce que tu as fait le plein du vaisseau ?

— Oui capitaine.

— Bon, ben ce n'est p-

— La semaine dernière capitaine.

Ils se tournèrent tous vers Robbie avec une expression neutre cachant leur colère. Cox s'approcha du robot pour le remettre debout car il commençait à lui faire pitié, Almyra plongea sa tête dans ses mains en signe de désespoir et Flamingo éclata soudain de rire.

Plus par nervosité qu'autre chose.

— On est foutus, murmura-t-il toujours avec un sourire aux lèvres.

— Capitaine, commença Cox, il suffit de voir notre position. Avec un peu de chance, nous ne sommes sûrement pas loin d'une station spatiale.

Le rire d'Arsène Flamingo était incontrôlable et devenait de plus en plus inquiétant. Passer aussi près de la mort à cause de l'erreur du robot, se retrouver au milieu de nulle part sans carburant... Il avait beau faire le malin, lorsqu'il ne pouvait plus s'enfuir face à des situations difficiles, il craquait.

— On devrait appeler le capitaine Aukanai, chuchota Almyra.

— Quoi ? Tu es devenue faible ou tu as craqué sur le géant diable bleu ?

— Alors... dit Cox à voix haute sans faire attention à ses collègues. Nous sommes dans le système 6K mais... Keoria-6K est trop loin pour recevoir un signal de notre part.

— On devrait appeler un ami, continua-t-elle.

— Tu t'es cru dans « Qui veut gagner des millions » Almyra ?!

— STOP ! Je n'aime pas voir mes amis se disputer !

Ils se tournèrent à nouveau vers le petit robot qui venait de crier. Le robot regarda Arsène Flamingo dont le rire stressant s'était arrêté pour laisser place à un air sérieux. Le capitaine se leva et se tourna vers le pare-brise, semblant reprendre doucement son calme et ses esprits. Il commença à se parler à lui-même et Almyra et Cox surent qu'il ne fallait pas le déranger et qu'une idée brillante allait germer de son esprit.

« Faut que j'aille pisser. »

En fait non.



Le capitaine revint quelques minutes après avec la sphère donnée à Almyra.

— Il y a encore de l'énergie dans ce truc ? demanda-t-il.

— Oui mais notre vaisseau est pas compatible avec cette source d'énergie.

— Mais notre téléporteur si.

Il leur fit signe de le suivre jusqu'à la salle de téléportation, poussa la sphère dans l'appareil lié aux réceptacles de téléportation et attendit silencieusement. Les socles se mirent alors à briller, signe que l'énergie provenant de la sphère était utilisable.

— Ça peut fonctionner... commença Almyra. Mais c'est de la folie Flamingo. Clairement.

— Je croyais que tu adorais mener des expériences ? C'est le bon moment.

— Qui va y aller ?

— Pas moi, répondit Flamingo du tac au tac.

— C'est votre idée capitaine, dit Cox, pour une fois faites preuve de courage !

— T'as craqué. Robbie n'a qu'à y aller, c'est un robot et si ça foire il se retrouvera juste à flotter dans l'espace.

— D'accord capitaine, répondit le robot sans hésitation en se plaçant sur la plateforme.

Almyra prit une bonne dizaine de minutes pour configurer la plateforme avant de faire signe que tout était prêt.

— Si tout va bien, tu vas atterrir sur Kerio-6K. Il y a une station-service, elle appartient à la Confédération mais peu importe, tu utilises les unités du compte général du SS-Barbara et tu nous ramènes un bidon de carburant. Si tu te retrouves dans l'espace... et bien contente de t'avoir connu.

— Et ne va pas dans la station de la Confédération ! rajouta Flamingo. Et évite les agents de la Confédération aussi. Tu prends le bidon, tu reviens à l'endroit où tu as atterri et tu nous envoies un signal pour que l'on te fasse revenir. Compris ?

— Oui capitaine ! Tout sauf la Confédération !

Almyra enclencha la téléportation en priant silencieusement pour le petit robot. Quelques secondes après sa disparition, ils reçurent un signal de sa part : l'éclair de lucidité de Flamingo avait été utile, Robbie était arrivé sur Kerio-6K.

— Pourquoi envoyer Robbie capitaine ? demanda Cox. Je croyais qu'il était très important pour vous ?

— Oui. Mais il a fait preuve de stupidité en oubliant de remplir le réservoir. Et tu sais que je déteste les gens qui font preuve de stupidité.



Les roues de RB-13 avaient du mal à avancer sur le sol noir et rocailleux de la planète Kerio-6K. Il faillit tomber plusieurs fois sur le côté et qui disait « tomber » disait « rater ». Le capitaine Flamingo comptait sur lui, tout l'équipage comptait sur lui et il en était conscient : il voulait aider ses amis.

Il n'aimait pas les voir en colère, il ne comprenait pas toujours ce qu'ils disaient, surtout leurs « blagues » mais ce qu'il détestait le plus c'était voir son capitaine perdre son éternel sourire.

Arsène Flamingo était son propriétaire, son premier ami. Il n'avait aucun souvenir de leur rencontre mais savait au fond de sa conscience éveillée que l'homme avait changé sa vie de machine.

Perdu dans ses pensées, Robbie ne vit pas le petit caillou devant lui et tomba en avant. Il commença à agiter les bras pendant que les personnes se rendant à la station-service, comme lui, le regardaient avec étonnement sans l'aider. Il resta dans cet état pendant une trentaine de minutes... et des gens n'hésitèrent pas à venir prendre des vidéos de lui, ne percevant pas la détresse du robot qui ne pouvait parler, son haut-parleur étant contre le sol rocailleux.

— Qu'est-ce que vous faites ? demanda une voix féminine.

— On filme un robot qui essaie de se relever ! répondit une des personnes devant Robbie.

— Et vous ne l'aidez pas ?

— On attend de voir comment il va s'y prendre p-

Robbie sentit le sol trembler, comme si on venait de lâcher quelque chose par terre. Les personnes autour de lui ne disaient plus rien et il les sentit partir en courant. Enfin, quelqu'un se décida à le relever et il put observer un alien étendu sur le sol se compressant la joue avant de partir lui aussi en courant.

« Robbie ? »

La personne qui le tenait dans les airs le retourna et le posa au sol. Robbie ressentit de la joie à la vue de la masse de cheveux frisés familière.

— Lieutenant Niki Darkwhisper ! s'écria-t-il.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Robbie lui raconta toute l'histoire : l'arme paralysante, l'arrêt en hyperespace, le sursaut de génie de Flamingo... Elle l'écouta attentivement avant qu'il reprenne la parole pour la questionner :

— Et toi, que fais-tu ici ?

— C'est... Je suis venue chercher des affaires. J'étais basée sur Kerio-6K avant... tout ça.

Robbie vit passer dans les yeux de Niki un soupçon de tristesse, très vite chassé par son assurance naturelle.

— Je peux essayer de te soigner, dit le robot.

— Je ne suis pas blessée Robbie.

— C'est comme m'a dit le capitaine ?

— Comment ?

— Une « blessure invisible » ?

Niki sourit aux propos du petit robot et à son innocence. Elle prit le bidon vide tombé à côté de lui et l'accompagna à la station-service.

Aujourd'hui, rien ne la liait à sa mission donnée par la générale Karenalistika à savoir l'espionnage d'Arsène Flamingo dans le but de le discréditer. Elle avait eu le droit, avant de commencer cette mission, de se rendre sur Kerio-6K. Là où tout avait commencé.

Elle avait vécu ici pendant quelques mois avec son peloton, les hommes et femmes dont elle était en charge et qu'elle avait formés : une grande famille. Ils la respectaient, ils l'admiraient et même si ses compétences en direction laissaient clairement à désirer, chaque combat dans lesquels ils étaient entraînés, elle les avait remportés. Jusqu'à la guerre d'UC4, cette bataille inégale où ils étaient 20 contre 1000. C'était tellement absurde en y repensant.

Elle n'avait pas pleuré ses subordonnés. Elle ne pleurait jamais et avait oublié ce que c'était que d'être profondément triste après avoir tué autant de personnes dans sa vie.

— C'est bon Robbie ? dit-elle au robot qui refermait le bidon bien rempli. Ils doivent te téléporter c'est ça ? Tu veux que je t'accompagne ?

— Oui, je veux bien. Tu es une amie.

— Je ne suis pas sûre que tu saches vraiment ce qu'est « l'amitié »...

— C'est quand on aime quelqu'un, qu'on le trouve gentil envers nous et que l'on passe de bons moments avec lui... et qu'on peut compter sur lui !

— Et tu penses que je suis ton amie ?

— Oui, je t'aime bien et tu as aidé le capitaine alors tu es une amie. Même si vous vous êtes disputés.

— On ne s'est pas disputés...

— Tu lui as crié dessus et quelques heures après il m'a dit qu'on ne te reverrait plus.

— Est-ce qu'on est obligés d'avoir cette conversation Robbie ?

— Non.

— Alors ne l'ayons pas. Ça m'énerve de parler de Flamingo.

Arrivé à l'emplacement, Robbie envoya un signal à ses compagnons et attendit. Niki lui remit le bidon et commença à partir avant qu'il l'attrape par le poignet.

— Robbie je dois y aller.

— Tu ne veux pas venir avec moi ? Je t'aime bien lieutenant Niki.

— Non c'est gentil mais je ne suis pas trop d'humeur à voir Flamingo aujourd'hui...

— Reste avec moi. Tu es mon amie.

— Bon écout-

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle fut téléportée avec le petit robot qui avait fermement gardé son emprise sur elle, sa nouvelle amie. Arrivée dans le vaisseau, elle jeta un regard mauvais au robot qui s'écria « CAPITAINE ! ».

Niki suivit son regard et écarquilla les yeux devant le corps inanimé d'Arsène Flamingo, gisant au sol et perdant son sang.



Nouveau segment d'Arsène Flamingo ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Qu'est-il arrivé à Arsène lorsque Robbie était sur Kerio-6K ? Vos théories ?

Comment va réagir Niki en revoyant Flamingo après leurs "adieux" ?

N'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire !  


[Correction du 5 décembre 2020]

Musique ♫   FM-84 - Breathe

https://youtu.be/ZCJo8CDyqlQ



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