7🚀60P-Olympus

Journal de bord du capitaine – Date stellaire ... Merde.

Moi, Arsène Flamingo, le magnifique, le blablabla capitaine du SS-Barbara a eu un black-out. Un putain de black-out...

Après ma victoire à la course intergalactique, j'ai retrouvé les membres de mon équipage dans un vieux rade de la station Olympus, système solaire 60P. On s'est clairement mis une mine.

Le problème c'est que j'ai un putain de black-out. J'ai l'impression d'être dans Very Bad Trip, le film terrien que Cox m'a téléchargé. En parlant de Cox, je ne suis pas sûr qu'il soit encore sur le SS-Barbara. Sa sœur, elle, est en train de passer la matinée la tête dans la cuvette. J'aimerais bien prendre des photos mais je suis épuisé et surtout...

J'ai paumé Robbie. Le seul à avoir les médocs pour faire partir notre gueule de bois.

Quelle idée d'amener avec nous un robot ? Il m'arrive très rarement de faire preuve de stupidité mais quand je le fais... Je suis vraiment dans le mal pour commencer à me critiquer, moi le fabuleux Flamingo... !

Bordel.



Le capitaine Flamingo se leva péniblement, retenant avec force une envie de vomir et supportant difficilement son mal de tête. Il s'assit sur un siège devant un grand écran et tapa le matricule de son ami : en leur offrant leur boucle de ceinture avec le logo du SS-Barbara, Flamingo avait placé dans lesdites boucles des émetteurs, au cas où l'équipage venait à être séparé. S'il n'était pas fatigué, il se serait félicité lui-même d'avoir fait preuve d'autant d'intelligence.

Envie qu'il réprima lorsqu'il se rappela qu'il n'avait pas équipé le petit robot d'un de ces émetteurs.

« Arsène, parfois je me dis que si on te tuait, tu en oublierais de mourir tellement tu es stupide...» se dit-il à lui-même en se frappant le visage avant de regretter son geste.

Après avoir repéré la position de son ami, visiblement perdu dans la forêt tropicale de 60P-Olympus, le capitaine attrapa sa veste en cuir et souhaita que la mission ne dure que peu de temps tellement il avait besoin d'une douche mais surtout parce que rester trop longtemps à un endroit n'était plus envisageable avec tous les R0iolsiens à ses trousses.

Il se surprit à penser à la jeune Darkwhisper. Pas si jeune que ça puisqu'ils n'avaient que 4 ans de différence et que s'il fouillait bien sa mémoire, il avait sûrement du l'apercevoir ou en entendre parler lorsqu'il servait la Confédération. Pourquoi lui avait-il sauvé la mise ? Parce qu'il se sentait redevable, rien de plus. Elle lui avait évité de se faire manger par cette foutue Anastasia et il n'aimait pas avoir de dette.

Et puis elle avait raison. Il s'en foutait des conséquences de ses actes, ou du moins c'est ce qu'il laissait paraître. Il aimait être libre, faire ce qu'il voulait et tant que la chance était avec lui, il savait qu'il s'en sortirait toujours. Comme lors de la course intergalactique où, si sa chance n'avait pas accru sa réactivité, il serait mort avec son vaisseau écrasé par un astéroïde.

— Almyra ! cria-t-il en direction des toilettes, la voix éraillée. Je sors chercher ton frère et Robbie. Préviens-moi s'il y a un blême !

— Ne crie pas s'il t-

Et elle vomit.



« CAPITAINE ! »

Cox agitait ses bras frénétiquement avant de s'appuyer sur un arbre et de pencher la tête vers le sol. Lui qui malgré sa solide constitution, souffrait du même mal que ses compagnons et commun à tous les gens ayant trop bu. Arsène Flamingo arriva avec un sabre laser dans les mains et coupa les grandes feuilles qui lui barraient la route dans cette jungle qu'était la planète 60P-Olympus.

— Hey, dit-il en rangeant son sabre à sa ceinture. Est-ce que tu sais comment j'ai eu ce truc ? Impossible de m'en souvenir.

— Tu l'as volé à un fan de Star Wars, la saga de films terriens. Il était en train de l'agiter dans le bar en chantant l'air de la cantina et comme ça te saoulait, tu lui as balancé une bouteille sur la tête et récupéré son sabre.

— Putain. C'est quoi « la cantina » ?

— Capitaine... Je suis un grand fan de la culture de ta planète donc je connais mais toi ! Tu es censé les avoir vu ces films non ?!

— Ouais euh... Disons que je n'avais pas les mêmes centres d'intérêt que tout le monde.

— J'ai limite honte de toi.

— Oh ta gueule Cox.

Cox fit une mine extrêmement choquée avant de s'assoir sur l'herbe jaune avec son capitaine qui semblait pensif.

— J'ai fait un black-out Cox, avoua-t-il au bout de quelques minutes.

— Ça arrive aux meilleurs, capitaine.

— On est que tous les deux, appelle-moi Arsène.

— Ooooh cap-

— Non en fait laisse tomber. Continue de me dire « capitaine »... Tout ça pour dire que je n'ai aucun souvenir de la soirée et comme Almyra est en train de salement morfler, j'ai besoin de ton témoignage pour retrouver Robbie.

— Alors... dit-il en frottant son crâne vert. On est allés au « Nectar des dieux » sur la station au-dessus de cette planète pour fêter votre victoire... Je crois que vous avez payé une tournée à tout le monde ! À un moment vous avez essayé de danser sur une des tables... Ah mais je crois que j'ai une vidéo de ça !

Cox sortit une petite sphère de sa ceinture et la tourna doucement, faisant défiler par hologramme des images sans aucun sens jusqu'à s'arrêter devant une image précise. Il cliqua sur l'hologramme qui prit la forme d'un écran vidéo et fit signe au capitaine de venir près de lui.

« ....AAAAAAH VOUS Z'ALLEZ M'REGARDER ! » cria le capitaine sur une table, une bouteille à la main. Il commença à faire de petits pas de danse pendant qu'Almyra derrière lui était morte de rire et que Robbie se contentait d'applaudir. Le capitaine s'écroula ensuite au sol avant de crier une insulte dans une langue inconnue pour Cox.

— Bon... dit-il en se frottant le menton. Tu peux peut-être supprimer cet enregistrement ?

— Laissez-moi vous appeler Arsène alors. Au moins une fois !

— ...OK ! Ça ne nous apprend pas où est Robbie.

Ils se mirent à réfléchir chacun de leur côté pendant plusieurs minutes avant que Cox ait une illumination.

— Ça y est ! Je m'en souviens !... Oh merde.

— Quoi ?

— Je crois que vous avez accepté de lui faire sa mise à jour.

— Ah...

— Et je crois que c'est moi qui m'y suis collé. Et c'est pour ça que je me suis réveillé sur la planète 60P-Olympus. Robbie s'est sauvé.

Le capitaine se leva d'un coup et fit les cent pas avant de crier. Ce n'était pas la première fois que Cox le voyait en colère, une vraie colère que Flamingo ne pouvait pas cacher avec son éternel sourire. Cox savait que RB-13 était important pour lui mais en ignorait la raison, sachant seulement que le robot était le premier membre du SS-Barbara et seul compagnon du capitaine pendant quelques années.

Flamingo s'arrêta et commença à se parler à lui-même. Une habitude très perturbante pour le kratzorien qui à sa rencontre avec le capitaine, pensait que ce dernier était atteint de schizophrénie. Il n'avait d'ailleurs jamais eu d'explication quant à cette manie et s'était habitué avec le temps.

— Comment retrouver un petit robot dans une jungle capitaine ?

— On doit juste... avancer.

— Très bien capitaine.



Ils marchaient depuis deux bonnes heures, la chaleur était difficilement supportable et l'air était lourd à cause de l'humidité. La jungle n'était pas hostile et la faune n'était composée que d'oiseaux exotiques et d'animaux herbivores se balançant sur les branches des arbres. Le plus dur était la flore : de grands arbres dont les feuilles compliquaient la traversée de la jungle et obligeaient les voyageurs à se tracer eux-mêmes un chemin.

Flamingo, un grand bâton pointu en guise de canne dans la main, fatigué de marcher et de couper les grandes feuilles, avait confié son sabre laser volé à Cox qui menait la marche. Il ne savait pas où aller et la seule consigne du capitaine était de continuer tout droit. Il avait une grande confiance en lui et même si le caractère de Flamingo l'exaspérait, surtout lorsqu'il parlait aux femmes, il le considérait comme son ami. Le seul qu'il pouvait avoir s'il oubliait sa sœur.

Il le suivrait jusqu'au bout de l'univers.

« À droite. »

Cox suivit la direction sans rien dire et se réjouit enfin de sortir de la jungle et d'arriver sur une petite colline d'herbe jaune avec en contrebas un lac d'une eau bleu turquoise. Il observa les alentours, vide de toute vie, pendant que le capitaine s'écroulait sur le sol, fatigué par la marche. Il enleva sa veste en cuir noir et fit une grimace en reniflant le vêtement. Cox fit de même sur son t-shirt et imita la même grimace : ils avaient vraiment besoin de retrouver Robbie, c'était le seul qui savait comment s'occuper des tâches ménagères de l'équipage, dont le lavage et repassage.

— Pourquoi vous portez toujours un t-shirt col roulé capitaine ? Vous devez avoir chaud et je suis sûr que je ne vous ai jamais vu l'enlever.

— J'ai honte de mon teint blafard, répondit-il en essayant de réguler sa respiration. Il n'y a que Robbie et certaines femmes qui ont le droit de me voir torse nu.

— Le droit ? Carrément !... Je ne sais pas comment vous faites pour... enfin...

— Quoi ?

— Le sexe. Ça me dégoûte.

— C'est normal, c'est dans les caractéristiques de ton espèce asexuelle. Vous préférez donner mille fois plus d'importance aux sentiments amoureux. Les humains sont plus... complexes. Ne me prends pas pour exemple.

— Vous avez beau être mon ami, je ne sais pas grand-chose de vous...

— Tu sais que je suis magnifique, merveilleux, extraordinaire et majestueux. C'est suffisant.

— Modeste surtout.

Flamingo rigola légèrement avant de se redresser et d'approcher de Cox.

— Je suis désolé Cox, dit-il d'un ton plus sérieux.

— Pourquoi mon capitaine ?

— Pour ça.

Soudain, Flamingo planta son bâton pointu dans la cuisse de Cox qui hurla plus de surprise que de douleur et s'étala sur le sol.

— PUTAIN ARSÈNE ! cria Cox en retirant doucement le bâton de sa jambe. Mais qu'est-ce qui te prend ?!

— Tu viens de me crier dessus par mon prénom, là on est amis !

— Mais t'es cinglé ou juste incroyablement stupide ?!

— Traite moi encore de stupide et je replante ce bâton dans ta cuisse.

— Arsène Flamingo tu es-

Cox s'interrompit en voyant son capitaine sourire à pleines dents et regarder au loin. Des bruits se rapprochaient de plus en plus d'eux... des « bips ». Cox s'assit en compressant sa main sur la petite blessure de sa cuisse en plissant les yeux.

C'était Robbie. Le bruit métallique de ses chaines et de ses roues, ces petits « bips » en cas d'urgence... Il avait entendu le cri de douleur de Cox et son programme s'était réveillé.

— RB-13 est programmé avant tout pour soigner les gens et au moindre cri de douleur, son système le pousse à s'approcher de la source de ce cri. Il fallait que l'on s'éloigne de la jungle pour que cela fonctionne et je savais qu'un robot comme lui ne resterait pas dans un environnement pouvant brouiller ses capteurs.

— C'est... je ne sais pas quoi dire. Vous auriez pu m'en parler avant !

— Tu es massif Cox, je n'ai pas assez de force pour vraiment te faire mal, seulement pour te causer une blessure mineure. Si tu avais su, tu n'aurais pas crié.

— C'est... malin. Comme toujours, capitaine, tes actions me surprennent.

— Je n'aurai pas blessé mon « ami » sans raison.

— C'est tellement émouvant de vous l'entendre dire ! répondit Cox presque les larmes aux yeux.

Robbie finit par arriver jusqu'à eux sans rien dire et approcha ses mains métalliques de la blessure de Cox. Son compartiment avant s'ouvrit, il fouilla dedans et en sortit un pansement à tête de chat qu'il tendit à Cox.

— Votre blessure est mineure, dit-il d'une voix plus robotique encore que d'habitude, tenez.

— Merci RB-13.

— Êtes-vous satisfait de mes services ?

— Euh... oui ?

— Parfait.

Robbie s'immobilisa quelques secondes puis ses yeux mécaniques se mirent à bouger de haut en bas avant de reporter leur attention sur Cox et le capitaine.

— Oh. Capitaine Flamingo.

— Robbie.

— ...Capitaine...

— Cox, choppe-le.

Cox se jeta sur le petit robot qui tentait en vain de se débattre en criant de sa voix métallique. Arsène Flamingo se massa les tempes avant de fouiller dans sa sacoche et de sortir une clé USB.

— Non capitaine ! s'écria Robbie. Laissez-moi ! Je veux mourir ! Laissez-moi mourir !

— Désolé Robbie mais j'ai encore besoin de toi.

— C'est injuste ! Laissez-moi mourir ! Le monde est cruel ! Si froid !

— Le monde est cruel... mais si beau, Robbie. Et tu vas devoir apprendre à vivre avec cette idée.

— Non capitaine ! Regardez dans votre organe qui s'appelle « cœur » et faites preuve de pitié !

— Désolé.

Flamingo inséra avec difficulté la clé USB dans le port situé à l'arrière de RB-13. Ce dernier arrêta soudainement de s'agiter et ses yeux se refermèrent.

« Annulation de la dernière mise à jour. Chargement de la sauvegarde précédente. »

— C'est la deuxième fois en deux ans que je le vois comme ça et c'est toujours aussi déroutant.

— Ouais...

— Arsène ? Pourquoi est-ce qu'il tient tant à mourir ? Les robots conscients sont généralement ceux qui veulent le plus vivre et profiter de leur existence ?

— Robbie a vu des choses... Des choses qu'il n'aurait pas dû voir aussi jeune. Ça a perturbé ses circuits et maintenant la moindre mise à jour le ramène à cet état...

— Est-ce qu'un jour il pourra changer ?

— Je l'ignore Cox. Je l'espère...

« Chargement terminé. »

RB-13 ouvrit ses yeux métalliques et regarda le capitaine.

— Bonjour capitaine.

— Bonjour Robbie. J'ai un doute, rappelle-moi qui suis-je ?

— Vous êtes Arsène Flamingo, le magnifique, le merveilleux, l'extraordinaire, le majestueux capitaine du SS-Barbara.

— Quel est ton dernier souvenir ?

— Vous en train de danser sur une table du bar « Nectar des dieux » de la station Olympus du système solaire 60P. Almyra en train de rire, Cox en train de filmer et moi en train de vous applaudir.

— Tant mieux. Heureusement que tu peux faire des sauvegardes automatiques... Mais pourquoi ce moment Robbie ?

— Parce que c'était un moment où nous étions tous heureux. Même vous capitaine.

Flamingo sourit mais cette fois-ci Cox remarqua de la tristesse dans les traits de son visage. Pour lui, Arsène Flamingo était toujours heureux mais il se rendit compte qu'il avait encore beaucoup à apprendre sur son ami.

— Quand est-ce que vous ferez ma mise à jour, capitaine ?

— ...Quand j'estimerai que c'est nécessaire. En attendant, rentrons au vaisseau. Je connais quelqu'un qui a dû foutre un bordel monstre dans les toilettes du vaisseau et tu es le seul capable de nettoyer ça !

— Très bien capitaine ! dit-il d'une voix enjouée.

Cox regarda le capitaine en train d'appeler sa sœur jumelle pendant que Robbie se souciait enfin de sa présence et lui tendit sa petite main métallique pour l'aider à se relever, ce qui était totalement inutile car il était bien plus grand que lui, mais il prit sa main par gentillesse.

« Je pense que l'on va tous s'éloigner de l'alcool pendant quelque temps... » pensa-t-il.



Alors ? Que pensez-vous de ce cours séjour sur 60P-Olympus ? De la relation Cox/Arsène ?

Du changement d'attitude de Robbie après une mise à jour ? Pourquoi a-t-il des envies suicidaires ?

N'hésitez pas à voter et à donner votre avis dans les commentaires !


[Correction du 5 décembre 2020]


  Musique ♫ Krosia - Youth

https://youtu.be/6tZE0Ryx7Fk



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