42.9🚀Tigrou et autres mindfucks

[Il y a six ans, après la pluie d'étoiles pourpres]

« Tu vas mourir, Arsène Flamingo. »

La tête plongée dans le sable noir, le jeune Arsène émit un grognement avant de la relever et d'essuyer négligemment la bave dégoulinant de sa bouche. Il fixa la patte poilue tendue vers lui et l'attrapa sans grand intérêt afin de se lever.

Il toussa bruyamment, crachant du sable et du sang alors que ses côtes lui faisaient un mal de chien... Lorsqu'il remarqua enfin qu'il ne voyait que d'un seul œil.

L'autre ne lui apportant qu'une obscurité infinie.

« Oh merde... » se contenta-t-il de dire en touchant là où son œil droit devait normalement se trouver. Il leva enfin la tête vers celui l'ayant aidé et fut surpris de tomber nez à nez avec une tête de tigre.

— Quoi ? grogna l'animal. J'ai un truc sur le museau ?!

— Non, juste... Rien.

— Alors relève-toi et bats-toi !

— Hein ?

Le tigre roux sortit un couteau de sa ceinture alors que du sang dégoulinait de sa combinaison bleu nuit et que ses grognements ressemblaient plus à des gémissements de douleur que de rage.

Arsène Flamingo n'avait aucune idée d'où il était tombé ni pourquoi il devait se battre jusqu'à ce qu'une image lui revienne en tête.

— ROBBIE ! s'écria-t-il. Où est Robbie ?!

— Je suis là capitaine.

Le petit robot était coincé sur le dos, agitant ses bras métalliques et incapable de se redresser dans le sable. Flamingo soupira de soulagement avant de porter sa main à sa ceinture à la recherche de son pistolet laser, mais rien.

— Allez, bats-toi !

— Euh... Excuse-moi... Tigrou ?

— C'est Tigerwhisper !

— Ok euh... Est-ce que tu saurais où on est ? Et pourquoi tu veux me faire la peau ?

— Tu ne te souviens de rien ? Vraiment ?

Arsène haussa les épaules avant de soutenir le tigre manquant de défaillir dans le sable. Ce dernier avait perdu trop de sang pour marcher tout seul, alors le capitaine le fit s'allonger et déchira les manches de sa veste à l'aide du couteau tombé au sol.

Il fit un garrot pour interrompre la circulation du sang de celui l'ayant menacé et s'assit à côté de lui en fixant l'horizon : une mer de sable noir s'étendait à perte de vue alors que derrière lui, le bruit des vagues se faisait entendre plus loin.

— Où sommes-nous Tigrou ?

— Tiger...whisper, articula le tigre en fixant le ciel. Je ne sais pas plus que toi où nous sommes. Nos vaisseaux se sont percutés avant de traverser un trou de ver et nous nous sommes écrasés sur cette vaste île déserte.

— Et pourquoi tu veux te battre contre moi alors que, visiblement, ta blessure est grave ?

— Parce que j'ai pour mission de t'assassiner. Je suis un Whisperer, c'est mon travail.

— Ah oui... l'unité spéciale de la Confédération. Mais pourqu-

Soudain, tout lui revint en mémoire comme un flash.

La pluie d'étoiles pourpres qu'il avait malencontreusement engendrée, détruisant un univers alternatif entier.

Le rapport de Barbara, notifiant qu'il avait refusé d'appliquer les ordres de mission.

La première tentative de suicide de Robbie qu'il avait empêché mais qu'il aurait voulu appliquer sur lui-même.

Le jugement du Conseil de la Confédération qui lui avait fait signer un contrat de confidentialité sur leur mission puis la démission express présentée au même conseil.

Et enfin, la dernière fois où il avait vu Barbara Karenalistika.

Il allait quitter le vaisseau mère de la Confédération avec un Robbie aux pulsions suicidaires inquiétantes, mais Barbara s'était dressée devant lui. Elle savait que l'état presque sans vie d'Arsène lui serait fatal et, même si elle l'aimait, elle avait reçu l'ordre de le faire taire à jamais.

Alors elle avait tenté de le blesser mais, n'étant qu'à moitié motivée, elle avait fait une erreur : Barbara avait tranché l'œil droit d'Arsène. Ce dernier, subitement réveillé, avait crié à la mort en la maudissant de tous les noms car son manque de détermination venait de mettre un terme à la carrière prometteuse de pilote de son ancien amant.

La haine qu'elle avait pu lire dans son œil encore valide lui avait brisé le cœur... alors elle avait fui. Mais, le Conseil de la Confédération ayant pris une mesure supplémentaire pour se débarrasser d'un homme instable en sachant trop, avait engagé un des derniers tueurs de l'unité des Whisperers.

— Tigerwhisper... murmura Arsène en se souvenant de tous les événements. D'accord... Tu m'as poursuivi en vaisseau et tout est parti en couilles...

— Je te le fais pas dire !.. C'était ma toute dernière mission avant d'enfin quitter les Whisperers... Qu'on me rende ma liberté et qu'on enlève ce foutu code de mon cerveau !

— Un code ?

Le tigre grogna de douleur et regarda le ciel écarlate au-dessus d'eux.

— Nous n'avons aucune chance de survivre. Il ne doit me rester que quelques minutes avant que ma conscience ne soit transmise à mes héritiers.

— Ta conscience ?

— Mon espèce, les Furfelins, transmettons nos expériences à notre descendance lors de notre mort afin que notre espèce apprenne toujours de ses erreurs et devienne de plus en plus intelligente.

— C'est bien pratique ça ! Tu persistes dans la mémoire collective, ce qui fait que tu ne meurs jamais dans l'esprit des gens !

— Ouais enfin je ne peux pas dire adieu aux gens que j'aime.

— C'est pas faux.

— Il y avait une femme... Elle avait la plus belle des chevelures d'humains que je n'avais jamais vu. Nous avons passé une nuit ensemble et j'ai appris il y a quelques jours qu'elle venait d'avoir un enfant et que d'après l'analyse de son ADN, c'était le mien. J'aurais pu être père.

Le tigre toussa avant de déchirer la manche de son uniforme et de tendre le tissu à Arsène en murmurant faiblement « Tiens, c'est pour ton œil. ». Le jeune capitaine ne se fit pas prier et l'attacha pour qu'il recouvre entièrement sa plaie.

« Toi et le petit robot, vous n'allez pas survivre ici. J'espère que tu n'avais aucun regret, Arsène Flamingo. »

Quelques secondes après ces dernières paroles, le tigre roux poussa un dernier soupir et s'éteignit sur la plage de sable noir. Même s'il ne le connaissait pas, Arsène prit la peine d'enterrer le corps de l'assassin souhaitant sa mort après s'être soigné grâce à l'attirail de Robbie.

Deux jours entiers passèrent sans aucun signe de forme de vie. Arsène et Robbie marchèrent sans répit dans le désert de sable noir avant d'en atteindre la fin : une plage identique à celle qu'ils avaient quittée lors de leur arrivée.

« Peut-être que la seule chose qui nous attend est la mort... C'est bien tout ce que je mérite. » répétait-il chaque heure en observant le robot peinant de plus en plus à le suivre.

— Capitaine... commença le petit robot, je ne me sens pas très bien.

— Combien de capsules de soin reste-t-il dans ton compartiment ?

— Zéro. Vous avez avalé la dernière hier soir.

— Alors nous allons mourir. J'aurais voulu intégrer le club des 27 mais il faut croire que je mourrais seul, tel un inconnu. Un humain de 24 ans que tous ont déjà oublié et ayant accompli qu'une série de choses insignifiantes.

— Vous n'êtes pas seul capitaine, je su- je suis- l-là.

Le petit robot s'arrêta de rouler dans le sol alors que ses yeux s'éteignaient, synonyme qu'il n'avait plus du tout de batterie. Arsène tomba les genoux dans le sable pour le regarder et le serrer dans ses bras avant de se laisser tomber à ses côtés.

« Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie ? J'ai été un gamin triste puis un esclave, un adolescent se rebellant contre mon propre « moi » d'un futur alternatif, un pilote à qui on file les pires missions et enfin un tueur responsable d'un génocide universel. Ah oui aussi un piètre petit-ami, un mauvais fils et un boulet de frère. »

« Finalement, la mort est la seule récompense que je mérite. »


⭐⭐⭐


« Réveille-toi, on y est presque. »

Arsène ouvrit les yeux avec difficulté alors que défilaient devant lui des symboles étranges inscrits sur des murs de pierre. Allongé dans un grand filet, il se faisait trainer par un inconnu encapuchonné dans un lieu à peine éclairé.

— Vous allez me violer ? demanda-t-il en tentant de se dégager du filet.

— Stupide flamant rose. Descends si tu peux marcher.

Le capitaine s'exécuta et en profita pour observer les lieux : un long couloir en pierre, des lumières artificielles incrustées dans les murs couverts de symboles indéchiffrables et la couche de poussière au sol lui firent tout de suite penser à un tombeau de l'ancienne Égypte terrienne.

— On est où ? En Enfer ?

— Avance, on n'a pas beaucoup de temps.

— On se connaît ?

— Oui et non.

— D'accord, merci pour cette fabuleuse réponse hyper détaillée et claire.

— On y est.

L'homme mystérieux fit tomber sa capuche, dévoilant une longue chevelure lisse et noire, faisant hésiter Arsène sur le véritable genre de son sauveur.

Ils arrivèrent dans une grande pièce quasiment vide mais avec une énorme boite en verre et en suspension au milieu de la salle à peine éclairée. Les symboles recouvraient tous les murs y compris le plafond mais Arsène n'eut pas le temps de les déchiffrer, la personne mystérieuse l'entraînant devant la boite en verre.

— ...Qu'est-ce que c'est que ce truc ? demanda le capitaine en se rapprochant du trésor.

— C'est un artefact. La seule chose qui peut te sortir du cycle infernal de la malchance.

What the fuck ?

— C'est « la chance ». Un artefact légendaire existant aléatoirement dans le temps et l'espace qui, dans les mains d'une personne ordinaire ferait de lui un dieu mais qui, dans tes mains, Arsène Flamingo, te rendra « fabuleux ».

— Rien que ça !... Mais comment tu connais mon nom toi ?

L'étranger passa alors sa main dans ses cheveux avant de les attacher d'un élastique à son poignet et de se tourner vers Arsène en le fixant de ses yeux verts brillants. C'était bien un homme avec une peau aussi blanche que celle d'Arsène et un air très confiant.

— Je viens du futur.

— Ok.

— ... Tu n'as pas l'air plus choqué que ça ?

— Le type qui m'a éduqué était une version plus vieille de moi venant d'un univers alternatif donc je commence à m'habituer à ce genre de spatio-timo-trucs.

L'homme sortit un pointeur laser de la poche de son manteau afin de créer un trou dans la paroi en verre retenant le trésor semblable à une petite étoile brillante. Lorsqu'il termina sa tâche, il tendit la main et l'artefact se déplaça jusqu'à lui avec lenteur sous le regard ébahi du capitaine.

— Je pense que je me suis mal exprimé, Arsène Flamingo. Je ne viens pas du futur. C'est toi qui es dans le futur.

— AH D'ACCORD.

— En traversant le trou de ver, tu as fait un saut dans l'espace mais surtout dans le temps de plus d'une centaine d'années.

— OKLM.

— J'ai eu pour mission de t'amener ici, dans ce temple, afin que tu t'empares de cet artefact de chance. Tu es le seul Arsène de tous les univers alternatifs à pouvoir le posséder. C'est grâce à toi et à cet artefact qu-... Est-ce que ça va ?

— TOUT VA BIEN, répondit Arsène, la respiration erratique.

L'homme attendit qu'il reprenne sa respiration et ait le temps d'encaisser la surprenante révélation.

— Où est Robbie ? réussit-il à articuler. J'ai besoin d'une pilule, ou de rhum, d'un truc fort... Je ne vais pas tenir le coup-là. Comment je vais faire pour retourner à mon époque ?!

— Calme-toi s'il te plait. Il est en sécurité, en train de recharger ses batteries avec ma sœur. On estime toujours que c'est à partir de ce moment précis que tu es « parti en vrille » donc ce serait bien de limiter les dégâts dans cette ligne temporelle. Nous avons dû revenir à ce moment précis des dizaines de fois parce que tu faisais tout foirer ou que tu perdais l'artefact.

Arsène tomba sur ses genoux, respirant de plus en plus fort et irrégulièrement, jusqu'à ce que l'homme ne pose une main chaleureuse sur son épaule et lui sourit en lui tendant la petite étoile brillante.

— Écoute Arsène, tu mérites de connaître le bonheur et sache que grâce à tout ce que tu vas accomplir, tu vas rendre un paquet de gens heureux.

— J'ai détruit un univers entier ! Comment est-ce qu'on peut vivre avec ça ?! Comment est-ce que je peux m'accepter ?!

— Il va falloir que tu le supportes. Nous avons besoin de cette pierre de chance, c'est vital pour nous tous.

— Vous n'avez pas un moyen de retourner dans le passé et empêcher la pluie d'étoiles pourpres ?

— Nous avons essayé mais impossible, la ligne temporelle a subi trop de changements. Personne n'est au courant pour ton saut dans le futur, pas même le comte Flamingo. Il faut que tu saisisses cette chance.

— Et après hein ? Je possède ce soi-disant artefact, et ensuite ? Qu'est-ce que je fais de ma vie ? Est-ce que je dois aider les plus démunis ou boire à en perdre la raison ? Que dois-je faire pour rendre les gens heureux ?!

— Tu dois vivre comme tu le souhaites et découvrir toi-même ton destin.

— Ça ne veut putain de rien dire ça.

Arsène tendit la main vers l'homme qui déplaça l'étoile en lévitation jusqu'à lui. Le capitaine la regarda attentivement et se sentit étrangement serein, plus confiant et surtout rempli d'espoir concernant le futur.

— Comment est-ce que tu t'appelles ? demanda Arsène en le fixant.

— Ça n'a pas d'importance.

— T'as une tête à t'appeler Jérôme. Ou Vivien. Et comment est-ce que je retourne dans le passé ?

— Ne t'inquiète pas. Selon nos calculs, il a dû avoir le message et va pouvoir te téléporter. Mets juste la pierre à la place de ton œil droit.

— Il ?

Même avec l'absence de réponse, Arsène retira le bandeau de fortune et inséra la petite étoile frétillante lorsque de la lumière jaillit et qu'il poussa un cri de douleur.

« Ah ce n'est pas trop tôt ! » s'exclama une voix féminine venant d'arriver dans la pièce.

Le capitaine continua à crier en martelant le sol de son poing jusqu'à ce que la lumière disparaisse et laisse place à un œil marron parfait. Il cligna plusieurs fois des yeux, approcha et éloigna sa main avant qu'un large sourire apparaisse sur son visage ravi.

« C'est... juste... incroyable. Je vois. Je vois à nouveau ! Limite je vois mieux qu'avant ! »

Arsène releva la tête vers l'homme et dévisagea la femme arrivée à ses côtés, Robbie dans ses bras. Elle avait de courts cheveux noirs au carré, une peau hâlée et des yeux d'un vert aussi brillant que celui de l'homme à ses côtés.

— RENDS LE MOI FEMME DU FUTUR ! s'exclama-t-il en se relevant et en lui arrachant Robbie des bras.

— Il a déjà pété un câble ? Je m'attendais à plus de... « classe » venant de lui. Je suis choquée et déçue.

Holy shit ! jura l'homme aux longs cheveux noirs. C'est maintenant qu'on doit le téléporter à son époque.

Ils se regardèrent en haussant les épaules alors qu'un halo de lumière se dessinait sur le sol, entourant Flamingo et le petit robot en mode veille.

Arsène sursauta en voyant son corps se couvrir de lumière et se décomposer petit à petit en particules. Il tenta de reposer une question dont le sens se perdit à cause de la téléportation, avant que l'homme ne jure et lui crie :

« J'ai oublié ! Le code ! Il faut absolument que Ni- »

Le code ?



ARSÈNE FUCKING FLAMINGO IS BACK MOTHERFUCKER !

Après des mois d'absences, Arsène Flamingo est de retour... dans un demi-chapitre 😅 Que voulez-vous, c'est la tradition avant d'entamer un nouvel arc ! Vous retrouverez bientôt l'Arsène de notre présent, Robbie, Almyra, Cox et Niki ! En attendant...

AUJOURD'HUI C'EST MON ANNIVERSAIRE 🎉

Qui dit anniversaire dit petit cadeau à suivre dans la galerie#2 déjà disponible avec trois nouveaux dessins ainsi que la photo de mon tatouage so flaminguesquien !

En attendant j'espère que vous avez aimé ce demi-chapitre. La sortie des chapitres d'Arsène Flamingo sera généralement le mardi MAIS sortie assez aléatoire dépendant de mon écriture (donc peut-être un mardi sur deux, qui sait ?) car je suis à fond sur l'écriture d'une autre histoire.

FLAMINGO OUT  and LET'S FUCKING GO !


[Correction du 6 décembre 2020]


 Musique ♫ Arsène Flamingo - Main theme 

https://youtu.be/INkd6E5EJhM



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