32🚀Soda à l'orange

Tu es déjà morte.

Niki se réveilla en sursaut dans un lieu totalement inconnu. Ses doigts caressèrent la couette rouge à poids jaunes la recouvrant et elle constata avec horreur qu'elle était habillée d'un kigurumi chat noir dont la capuche arrivait avec miracle à retenir l'intégralité de sa touffe de cheveux.

« Maooooo ! »

Elle tourna la tête avant de froncer les sourcils, une moue dubitative, en regardant son ancienne « collègue tueuse » Sweetwhisper allongée à côté d'elle dans un kigurumi de licorne, à moitié endormie.

« Salut chaton. » entendit-elle soudainement près de son oreille avant de chercher d'une main sa dague, sans succès. Le comte Flamingo, assis sur une chaise à côté du lit, l'observait avec attention, presque d'un œil lubrique qui fit imaginer le pire à la lieutenant.

— Vous m'avez droguée et abusé de mon corps c'est ça ?

— Tu me prends pour qui ? répondit le comte avec un air choqué et la main sur le cœur. Je suis le comte Flamingo ! J'ai beau être un pervers, je ne suis pas un violeur ! D'ailleurs, je fournis toujours un contrat de « consentement mutuel » avant de coucher avec une femme. Une habitude que je transmets à chacun de mes agents.

— ... Vous voulez dire qu'Arsène Flamingo se trimbale avec des contrats à chaque fois qu'il va coucher avec une femme ? Celui dont il serait plus facile de faire la liste des femmes avec qui il n'a pas couché dans l'univers que l'inverse ?

— C'est moi qui l'ai formé donc oui. Et puis comme ça personne ne peut l'accuser de viol pour se venger de lui.

— C'est... tordu mais malin.

Le comte cligna d'un œil avant d'attraper un gratte-dos en patte de chat et de donner des coups sur le visage de Sweetie avec pour qu'elle se réveille. Cette dernière poussa un petit grognement avant de se lever, imitée par Niki. Les deux femmes se tenaient droites comme des i par réflexe de leurs années dans la Confédération devant le comte habillé d'un grand peignoir bleu corail et de chaussons à plumes jaune poussin.

— Sweetie, raconte à Niki ce qu'il s'est passé hier soir mon trésor.

— Très bien ! Niki, tu es restée diner après le départ de l'équipage du SS-Barbara et nous avons bu tous ensemble avec les autres agents Flamingo. Le comte t'a également partagé un soda à l'orange qui a eu l'effet de délier ta langue.

— C'est vraiment une belle invention ce soda à l'orange comblé à de l'alcool ! Tu m'as raconté pleiiiins de choses !

— C'est des conneries, répondit Niki sceptique.

— C'est bien une réponse de junkie, Niki Darkwhisper. Ou devrais-je dire Niki Brown ?

La lieutenant ouvrit en grand la bouche tellement elle était surprise. Elle avait avoué à la dernière personne pensable son nom de famille qu'elle trouvait elle-même ridicule tant il était banal, mais aussi parce que s'appeler « Brown » quand sa peau est marron était presque une blague.

Le comte Flamingo fit un grand sourire avant de lui demander de la rejoindre dans son bureau dès qu'elle serait fraiche et disponible. Sweetie fit un petit salut à Niki avant de la laisser seule avec ses interrogations : qu'avez-pu elle révéler ? Et comment un soda à l'orange dégoûtant mais apparemment addictif, mélangé à de l'alcool, pouvait agir aussi facilement sur son corps ?


⭐⭐⭐


« CHA CHI NICHI ! CHE CHUPER CHON ! » s'exclama le comte Flamingo, la bouche pleine de céréales multicolores, de nouvelles grosses lunettes en forme d'étoiles sur son nez et un chapeau énorme à paillettes.

Niki avala une cuillère de ces céréales sans grande motivation alors que ses yeux dérivaient sur la décoration extrêmement kitch du salon où l'avait emmenée le comte. Des agents « Flamingo » passaient de temps à autre en uniforme pour remettre des rapports à un comte plus absorbé par sa dégustation qu'autre chose.

« Oh ! J'ai trouvé le jouet licorne ! » s'écria-t-il en sortant un petit jouet de la boite de céréales et en le rangeant dans la poche de son peignoir.

« Mais qu'est-ce que j'ai fait de ma vie pour me retrouver là... » pensa Niki en se tapant le front.

— Bon, petit marron... Je peux t'appeler « petit marron » ? Tu veux du soda à l'orange ?... Bon bonbon. Je suis content que tu te sois dévoilée devant moi.

— On se calme, répondit-elle blasée, vous m'avez droguée pour que j'avoue des choses sur moi !

— Il n'y a aucun avocat ici pour te défendre ! MOUHAHA ! *kof kof*. Si je t'ai demandé de rester ici quelques jours, ce n'est pas pour t'admirer en kigurumi : j'ai besoin d'en savoir plus sur toi et le rôle que tu as à jouer dans cette histoire.

— Quelle histoire ?

— Celle dans laquelle on se trouve. Celle dont les mots sont à l'instant tapés par une machine à écrire électronique de la main de notre créatrice. Oui, créatrice. J'aimerais tellement que l'auteure de cette histoire soit une femme.

— What the fuck ? Je savais clairement que vous aviez un grain mais là c'est vr-

— Tu ne veux pas que j'apprenne la vérité c'est ça ?! l'interrompit-il en levant le poing en l'air. C'est quoi le plan ?! Qu'est-ce que cette Niki vient foutre dans l'histoire hein ?! Réponds !... Ah ben non, elle ne va pas me répondre. C'est une sadique.

Niki Darkwhisper ne comprenait plus rien à la démence du comte Flamingo qui se calma aussi soudainement qu'il s'était mis en colère. Marre de supporter cette folie, elle aborda le sujet l'ayant fait rester sur cette planète au lieu de repartir avec l'équipage du SS-Barbara.

« Vous aviez dit que vous répondriez à mes questions n'est-ce pas ? Comment se fait-il que vous ayez accès à autant de technologie et surtout un moyen de voyager entre les dimensions ? Et pourquoi vous ne le partagez pas ? D'ailleurs pourquoi je n'ai jamais entendu parler de quelconque « agent Flamingo » mise à part Arsène alors qu'ils semblent tenir un rôle important ? »

Le comte la regardait en ruminant comme une vache, du lait coulant de sa bouche qu'il essuya d'un revers de la main avant de taper dans ses mains. Sweetie arriva quelques secondes plus tard pour venir débarrasser le repas et apporta un soda à l'orange qu'il but cul sec.

— Je viens du futur, balança-t-il cash.

— Ouais c'est ça, répondit Niki avec un petit rictus moqueur, et moi en réalité je suis un androïde.

— Peut-être, qui sait ? Tu as déjà essayé de tirer des rayons laser avec tes yeux ?

— La vérité, monsieur le comte.

— Je viens vraiment du futur mais pas du futur de ce monde, je viens d'un futur d'un autre univers. MIND BLOW ! Tu ne t'y attendais pas à ça hein petit marron ?!

— Franchement... Même si c'est la vérité, j'ai appris tellement de choses en quelques jours que je suis hermétique aux révélations pour au moins un mois.

— Je suis Arsène Flamingo.

Un ange passa. Enfin pas vraiment car les paroles de « We Can Work It Out » des Beatles résonnaient dans les haut-parleurs de la pièce.

Et subitement, Niki eut un fou rire inquiétant faisant presque frissonner le comte qui tentait de rester sérieux.

— Crois-le ou non, mais je suis bien Arsène. Mais du futur. Et d'un autre univers. Ce n'est pas moi qui en ai décidé ainsi, c'est la créatrice de notre histoire.

— Y'a quoi dans ton soda à l'orange ? demanda-t-elle toujours en se tenant les côtes, morte de rire. Un truc qui te fait planer c'est ça ? Je pense que ça se saurait si tu étais Arsène.

Le comte poussa un petit soupir avant de lui sourire, de se lever et de se mettre dos à elle. Il commença à défaire son peignoir bleu corail alors que Niki le menaçait de lui trancher le membre s'il ne s'arrêtait pas et, lorsqu'il fit tomber son peignoir en s'arrêtant à la naissance de son postérieur, la lieutenant ne put retenir un hoquet de surprise.

Les mêmes marques de fouets que dans le dos d'Arsène. Exactement au même endroit avec quelques-unes en plus mais avec un aspect plus « vieux » dû à l'âge du comte.

— Ce n'est pas possible... balbutia Niki. Non c'est...

— La vérité. Arrête de regarder mes fesses maintenant petit marron !

— Mais non c'est... Enfin comment est-ce que...

Le comte Flamingo retira enfin ses lunettes en étoiles mais également son grand chapeau et se rassit devant Niki, les yeux exorbités : c'était bien Arsène. Elle reconnaîtrait ces cheveux noirs et ces yeux marron entre mille mais... Il était tout de même très différent.

Déjà, il avait une vingtaine d'années en plus et le visage marqué par des cicatrices... mais aucune balafre à l'œil. Un œil marron et non noisette, identique à son voisin. Il était rasé de près et ses cheveux noirs étaient grisonnants.

Mais c'était bien une version alternative et plus âgée d'Arsène.

Un millier de questions embrouillaient l'esprit de Niki qui se sentit défaillir légèrement et du retenir sa tête avec son poing sur son front à la manière d'un penseur. Elle planta ses yeux dans ceux du comte qui la regardait avec amusement. Cette lueur de malice qu'elle avait déjà aperçue dans les yeux d'Arsène.

Cependant, malgré ses nombreuses questions, elle se devait de faire des choix :

— Est-ce qu'Arsène est au courant que... son mentor est lui-même ? Oh bordel ça veut dire qu-

— Qu'Arsène s'est secouru de l'emprise de Dream Reaper et s'est élevé pendant des années lui-même ! Plutôt classe hein ? On ne plus dire qu'Arsène Flamingo n'est pas unique en son genre ! Mais oui, il est au courant mais ne voit pas la chose de cette manière. Pour lui je ne suis qu'une version de lui en mode « papy » dont il n'a plus aucune obligation de respecter. Si je me souviens bien d'ailleurs, quand je lui ai appris qui j'étais, il m'a fui et a rejoint la Confédération.

— On nage en plein délire...

— Et encore, si tu trouvais qu'Arsène était déjà classe, attends de connaître toute l'histoire !

Niki se massa les tempes, un mal de tête la submergeant à cause du flot d'informations à traiter.

— Mais alors, si toi le « comte Flamingo » as secouru l'Arsène de cet univers, qui t'as secouru toi ?

— Personne, répondit-il en reprenant une gorgée de soda. J'ai passé plus d'années à subir les tortures de Dream Reaper, et ça se voit bien sur mon visage, avant de me libérer et de prendre ma vie d'esclave en main ! Ce serait assez long et compliqué à expliquer mais lorsque j'ai pu arriver du futur dans ce nouvel univers, je suis directement allé sauver mon double. C'est le seul univers où j'ai réussi à le sauver et c'est pour ça que j'ai installé ma base ici.

— Qu'est-il arrivé aux autres versions d'Arsène ?

— Pas assez fortes pour survivre. Trop malchanceuses. Dans certains univers, Arsène était en sécurité sur Terre, dans d'autres, il n'existait tout simplement pas. Comme Barbara.

La lieutenant tilta sur le prénom de Karenalistika, voulant en savoir plus sur cette relation tant spéciale entre eux qui faisait qu'Arsène la considère comme la femme qu'il aime le plus dans cet univers. Elle qui pourtant, il semblait le détester.

« Pourquoi est-il aussi attaché à Barbara ? Je veux dire, ils n'ont pourtant pas l'air en bon terme, elle semble l'avoir trahi pour je ne sais quelle raison et c'est à cause d'elle qu'il a un œil en moins ? »

Le comte Flamingo se redressa soudainement, un air dubitatif sur le visage, ne comprenant pas du tout de qui parlait la lieutenant jusqu'à ce qu'il se rappelle des paroles de son double : il ne lui avait jamais parlé de « Barbara ». Cette femme était la seule de son petit groupe à ne pas être au courant de qui elle était et de son implication dans la vie d'Arsène et, si le capitaine ne lui disait pas rapidement qui elle était, cela jouerait en sa défaveur. Niki pensait clairement que « Barbara » était Karenalistika.

Néanmoins, le comte Flamingo voulut tenter quelque chose avant de se décider à avouer lui-même qui était « Barbara » :

— Dis-moi Niki... Qu'est-ce que tu attends d'Arsène ? Qu'est-ce qu'il t'apporte et surtout pourquoi tu sembles si proche mais à la fois tellement loin de lui ?

— Vous devriez le savoir monsieur « je voyage entre les dimensions » ! s'exclama-t-elle avec exaspération.

— Non justement, je te l'ai dit : « Tu es un mystère pour moi ». Si certains existent et n'existent pas dans plusieurs univers, toi c'est la première fois que je te vois. J'ai observé la vie d'énormément de mes doubles et tu n'apparais que dans la vie de l'Arsène de cet univers. Tu es spécial petit marron. Maintenant réponds à ma question.

— Je ne sais pas... commença-t-elle en se massant le front. Arsène est...

« Qu'est-ce qu'il est pour moi ? Simplement un homme intelligent et malin mais pervers et narcissique qui m'a de nombreuses fois sauvé la vie ? Un ami ? Un meilleur ami ?... Un moyen d'atteindre enfin la liberté que je convoite depuis peu ? » pensa-t-elle en fixant la table en bois.

— Tu te rends compte, petit marron, que tu es la seule personne à avoir cru qu'il était en vie ? À avoir traversé les galaxies jusqu'à moi, un inconnu un peu louche il faut le dire, tout ça dans l'espoir de le retrouver ? À avoir changé d'univers pour le ramener ici ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?

— Parce qu'Arsène me fait espérer une liberté qu-

— Arrête, l'interrompit-il l'air soudainement sérieux. Ta liberté, tu l'avais à la minute où tu as défié la Confédération en quittant ton poste pour aller le sauver. Tu aurais très bien pu t'éclipser et démarrer une nouvelle vie entre-temps. Arrête de te servir du prétexte de « liberté » petit marron parce que si tu le désirais vraiment, avec tes capacités tu pourrais être libre depuis un bon moment.

— Tu veux les voir mes capacités ?! s'écria Niki soudainement en attrapant le couteau à pain trainant sur la table et en le plantant violemment dans cette dernière.

Ses yeux étaient devenus bien plus sombres et son expression presque sauvage. Elle n'aimait pas qu'on lui montre l'évidence : oui, si elle avait été rationnelle et en accord avec sa personnalité, elle aurait fui la Confédération. Cette Confédération qu'elle considérait de moins en moins comme sa famille, plus comme une prison. Un cocon confortable contrairement à la vie de mercenaire que le capitaine Flamingo lui avait suggéré.

Mais elle n'avait rien. À part ses économies, elle n'avait aucun lieu de vie et ne savait pas piloter de vaisseaux spatiaux donc aucun vrai moyen de fuite.

Les traits du visage du comte Flamingo se radoucirent malgré l'excès de colère de la tueuse devant lui.

« Elle n'est pas sûre de ce qu'elle ressent. Autant se servir de Barbara pour réveiller ses vrais sentiments alors ! » pensa-t-il avant qu'elle ne repose le couteau à plat.

— Pour en revenir à Barbara eh bien... C'est tout de même son premier amour. C'est normal qu'il soit attaché, ils ont vécu tellement de choses ensemble. Je suis convaincu qu'une petite partie de jambes en l'air suffirait à les-

— Tais-toi.

— Je te répondais, c'est tout. De toute façon tu t'en fiche non ? Tu as repoussé ses avances d'après ce qu'il m'a fait comprendre.

— Tais-toi j'ai dit.

Niki se mit à jouer avec la pointe de son couteau, les yeux dans le vide, ne pouvant plus penser à autre chose qu'au retour d'Arsène dans les bras de cette foutue Karenalistika. Le comte se contenta de sourire face à cette attitude mais prit tout de même une décision pour aider la femme qui avait friendzoné son double.

« Tu veux ta liberté Niki Darkwhisper ? Laisse-moi t'apprendre à piloter alors. Donne-moi une semaine, des cours intensifs, et tu sauras piloter. Pas comme un jeune pilote mais au moins assez bien pour ne pas mourir écrasé par un astéroïde. Et lorsque tu auras goûté à la liberté, tes pensées seront plus claires. »



Alors, qu'avez-vous pensé de ce moment chez le comte Flamingo ? C'est vraiment un personnage haut en couleur xD

...De la révélation sur sa véritable nature ? Est-ce que vous vous y attendiez ? (je sais qu'il y a une des lectrices qui l'avait supposé, je me suis tellement retenu pour ne rien dire !)

Que pensez-vous des sentiments de Niki pour Arsène ? Va-t-elle un jour se rendre compte de l'évidence ?!

Que pensez-vous de la proposition finale du comte ? Qu'attendez-vous de la suite ?

N'hésitez pas à voter et donner votre avis en commentaire !


[Correction du 6 décembre 2020]


  Musique ♫ The Beatles - We Can Work It Out 

https://youtu.be/Qyclqo_AV2M



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top