Libres d'aventures

Hanna me jette un drap dans la figure. Dans la petite tente de toile, un capharnaüm règne éperdument, m'engouffrant dans des vêtements et objets de toutes sortes. Aussi vive qu'un fauve, Hanna s'empresse de préparer fougueusement ses affaires dans un énorme sac ou plutôt plusieurs énormes sacs. Mes yeux fatigués peinent à rester éveiller mais l'engouement qu'éprouve Hanna n'hésite pas à me réveiller. Nous sortons enfin de la tente découvrant Aaron et Ethan, affalés sur le sol, observant le ciel. Hanna mécontente, se jette sur eux et tire Aaron part les pieds.

"Vous vous fichez de nous ou quoi ? On a pas le temps de rêvasser ! Je vous rappelle qu'on a de la route à faire ! s'égosille-t-elle en faisant une mine contrariée.

-Hanna,Hanna...Calme-toi...Il faut savoir se reposer quelques fois ! Tu devrais prendre exemple ! s'exclame le gros homme qui était assis sur une chaise tout à l'heure.

Mes yeux défilent le long de ses imposantes gesticulations. Faisant mine de se frotter la barbe, il m'adresse un regard plein de malice qui me décoche un petit sourire.

"Je me nomme Igor. Clame-t-il les yeux pétillants. Je suis père de cette intrépide jeune fille et également le chef de voyage."

Je déglutis rapidement. Ses mains rondes et potelées pourraient m'assommer en une légère pichenette.

"Fleur ! Fleur !"

Aaron secoue sa main devant mon visage endormi. Ses yeux s'inquiètant, il me prend la main et m'entraîne vers le commencement d'une route de campagne.

"Tu rêvasses beaucoup toi ! Faudra y remédier, un long voyage nous tend les bras !" s'exclame-t-il un sourire jusqu'aux oreilles.

Hanna et Ethan,assis tous deux sur la banquette extérieure d'une vieille charrette nous attendent de pieds fermes. Combien de temps étais-je rester dans ma rêverie ? Je me plaque la main sur le crâne, vérifiant la moindre hausse de température.

Aaron me pousse dans la charette en s'asseyant à côté de moi. Les deux boeufs meuglent en cognant leurs sabots sur le sol, faisant secouer dans tous les sens notre moyen de transport. Les roues crissent sur le sol soudainement provoquant une secousse violente. Aaron sort de la charette en sautant.

Un bourdonnement insupportable m'assaille les tympans. Des cris fusent à l'extérieur. N'écoutant que mon coeur, je sors et tombe par maladresse sur l'une des gigantesques bêtes mi-insectes mi-hommes. Leurs corps douveteux et chaud se balancent dans les airs comme de gigantesques guêpes en vue de nourriture.

Ethan ,horrifié, saisit un poignard de sa sacoche et blesse l'une d'elle qui hurle de douleur.

"Fleur ! Tiens bon !" s'écrie Aaron en se jetant sur ma monture, l'assaillant de coup.

À bout de force, la bête, maîtrisée, s'effondre sur le sol. Ses amies furieuses, la soulève avec leurs petites têtes noires et jaunes et volent en agitant leurs ailes dans la direction opposée. Aaron me rattrape de justesse dans ses bras et nous nous assurons qu'elles se soient bien enfuies.

"Euh...Aaron ? Tu peux me lâcher... dis-je, gênée.

-Ah, euh...Oui, bien sûr ! Je...Désolé..." bafouille-t-il en secouant sa tête.

Il me pose délicatement sur le sol et pose son regard sur ses pieds comme si il n'y en avait pas de plus intéressant. Hanna glousse en donnant sèchement un coup de coude dans les côtés de celui-ci.

"Wouah...Ça commence bien... déclare Ethan encore tout déboussolé. On y va ?"

Et on s'est exécutés. Je me suis assise sur le plancher de la charette, regardant défiler le paysage chargé de plaines et d'animaux en tout genres.

La nuit tombe et l'air se rafraîchit aussi rapidement qu'ils avaient disparus. Hanna propose de s'arrêter à une auberge, profitant de notre dernier somne dans un vrai lit.
L'aubergiste chaleureuse, nous emmène directement dans ses plus belles chambres avec vue sur les belles chaînes de montagnes. Paradisiaque. Comme l'a si bien dit Hanna.

Elle s'est vite étendue sur le lit pour somnoler, dormant toute habillée.

"Tu ne te changes pas ? La questionne- je.

-Dans mon camp, nous dormons nu ou habillé. C'est une tradition que nous honorons toutes les nuits en la respectant. Les froides nuits d'hivers nous dormons nus avec un membre de notre famille. Il n'y a rien de plus chaud et réconfortant que la chaleur humaine.

-Oh...C'est étrange...Je ne connaissais pas...balbutis-je.

-Ne fais pas cette tête là ! Il n'y a rien de dégoûtant !

-Bah...C'est à dire que...Je...Voilà...

-Que des mauviettes ! S'écrie-t-elle en enfonçant son visage dans l'oreiller.

Je m'affale moi aussi sur le bon lit moelleux quand m'avait accordé. Comme un virus contagieux, un vide se propage dans mon corps.

"Dis moi Hanna, que signifie le mot liberté pour toi ?"

Elle détourne le visage vers le mien. Nos regards se plongent l'un dans l'autre avec profondeur.

"Le rêve c'est la liberté. Le bonheur c'est la liberté. L'amour c'est la liberté. À chacun son point de vue. Pour moi, la liberté se résume à ce que nous pouvons entreprendre. À nous de la modéliser."

Sur ce, elle se tut comment emportée par une rêverie enivrante.

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