Je ne peux plus me contrôler...
La senteur sucrée du chocolat chaud chatouille mes narines. L'eau tombe en trombe du ciel grisâtre.
« Depuis combien de temps habites-tu dans cette cabane? Je lui demande en observant le paysage.
-Deux ans. Après la mort de mes parents, je suis parti habiter chez ma tante mais j'ai voulu prendre ma liberté et je suis venu ici. Peu de temps après j'ai appris qu'ils avaient été enlevés par les Lactosiens, donc je suis resté dans cette forêt. Me raconte-il en essuyant de la vaisselle. »
Je colle mon nez sur la paroi de la vitre où dégoulinent à l'extérieur des gouttelettes de pluie. Et moi, d'où je viens ? Je me remémore chaque moment que j'ai passé dans la Cage aux enfers. Les paroles de Pat' me reviennent et me donne des picotements au cœur. Le mot « capitale » s'affiche dans mon esprit. Oui, je le sais maintenant ! La capitale de Nylim ! C'est là que j'habitais !
« Aaron ! Aaron ! Je me souviens ! J'habite la capitale du royaume de Nylim ! » M'écriai-je, une lueur au fond des yeux.
Aaron passe sa tête par la porte qui délimite la petite cuisine du salon et me regarde en souriant.
« Mais c'est génial ! Nous savons où nous allons nous rendre alors ! me répond-il .
Je me lève brusquement et exprime ma joie en dansant comme une folle entre les pinceaux, les crayons et autres matériels. Malheureusement, je glisse sur une feuille que je n'avais pas vue et me retrouve à plat ventre sur le parquet. Aaron de la cuisine, éclate de rire devant la magnifique chute que je venais de produire. Je frotte mes vêtement et m'assis en tailleur tout en observant une étrange créature au poil court qu'Aaron appelle « Farfouille ». Les poils de la bête s'hérissent et dévoile de belles canines nacrées prêtes à mordre.
« Tu vas bien Fleur ? Farfouille t'embête ? Me questionne Aaron, perplexe.
Je fais non de la tête et continue à observer les manies de la certaine « Farfouille ». Aaron me regarde une nouvelle fois, soucieux et me tend une feuille blanche. Il trifouille dans une petite boîte et y sort un crayon bien taillé.
« On appelle les animaux comme Farfouille un chat. Tu veux le dessiner ? ».
Il me pose le crayon à côté de moi et reprend ses occupations. Je le saisis et commence à dessiner la silhouette. J'entame ensuite les parties du corps : les pattes, la bouche, le museau, les petits yeux...Je m'active à la tâche. Je n'aurai jamais pensé que dessiner était aussi captivant ! Le dessin enfin achevé, je soulève la tête et découvre Aaron, affalé sur le sofa, endormis. Je prends le dessin et le pose sur la petite commode à côté de la fenêtre. Je m'accroupis en face de lui et contemple son visage angélique. Je me mets à rêvasser. Rêver d'une vie paisible et joyeuse où Aaron et moi vivons pleinement. Des éclats de rires, des sourires, de la musique, la nature... La douce rêverie m'emporte et je m'assoupis.
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Je me réveille doucement. Une épaisse couverture me recouvre le dos mais j'arrive tout de même à sentir un courant d'air frais sur mon visage. Je me lève et prend Farfouille dans mes bras. Il se frotte sur ma poitrine et ronronne gaiement. Je parcours la cabane : pas d'Aaron. Mais où a-t' il bien pu passer ? L'inquiétude me prend la gorge. Mes yeux clignotent d'anxiété. J'entends du bruit à l'extérieur : la porte est restée ouverte. Je descends trois marches et aperçois Aaron entouré de soldats qui le menacent. Mon coeur se serre. Je tiens fermement Farfouille dans mes bras. Je descends encore quelques marches et écoute avec difficulté leur conversation.
« Petit, ne nous prend pas pour de séniles soldats ! Nous savons très bien que tu caches la fille, laisses-nous entrer ! Aboie le plus grand d'entre eux.
-Je ne vous laisserez pas entrer ! Vous n'êtes que des vieux bougres ! s'écrie Aaron en écrasant le pied de celui-ci.
-Sale gamin ! Tu crois nous tenir tête ! » Dit-il en le soulevant de terre.
Le soldat s'apprête à le projeter contre un arbre. Je me sens tellement impuissante... Le sang bouillant, les larmes défilant le long de mes joues, je libère une force phénoménale qui se jette avec férocité sur les agresseurs. Horrifiée par mon acte, je dévale les escaliers et admire le désastreux spectacle. Des arbres déracinés, la terre crevassée et craquelée, les fleurs réduites en cendres... Je me précipite vers Aaron et le soulève de mes forces restantes. J'accours vers la forêt et le dépose derrière un énorme buisson. Je caresse son visage poussiéreux en tremblant. Son cœur bat fébrilement et sa respiration est irrégulière. Je pose ma tête sur son torse que je mouille par mes larmes...Que puis-je faire ?
"Une photographie est un fragment de temps qui ne reviendra pas." Martine Franck.
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