Illustration haineuse
J'écoute avec précaution son souffle qui s'échappe longuement de sa bouche entrouverte.
Son torse large et chaud me réconforte et me consolide.
Je fuis son entrainte, le rouge me montant aux joues. Ses plus faibles mouvement, accentuent les battements de mon cœur qui s'acharne dans ma cage thoracique.
Je ne me suis jamais sentie aussi légère. Comme si personne ne pouvait m'attraper. Telle une plume qui virevolte dans les airs.
Ai-je soudainement le droit de me sentir libre ?
Aaron me prend le poignet et m'entraîne avec rapidité derrière un buisson.
"Un convoi de soldats murmure-t-il. Ils sont venus voir l'ampleur des dégâts et vous retrouvez..."
Ma peau frissonne. Le regard franc et imperturbable des soldats me rappelle ceux des gardes impassibles de la Cage aux Enfers.
"Chut ! me souffle-t-il. Ils arrivent !"
J'enfouis ma tête dans le buisson et courbe mon dos. Je ferme les yeux, la peur me rongeant.
Je les entends parler entre eux, marcher, courir, observer.
Mes mains tremblent d'anxiété, Aaron les serre contre son cœur.
Le sourire d'Eleanor me vient à l'esprit. Je me rappelle ensuite de Maya, de Pat' et de tous les autres...
Une nouvelle fois les larmes essayent d'occuper ma gorge mais mon cœur résiste et dégage un courage que je ne connaissais pas.
Mes membres se serrent de plus en plus. L'inquiétude m'envahit. Soudain, je n'entends plus rien. Aaron soulève la tête discrètement et me tire en arrière.
"Très bien. Il faut partir le plus rapidement possible, ils vont revenir...Je connais un endroit où personne de malfaisant nous trouvera !" m'adresse-t-il avec sérieux.
Il se lève et part en direction d'un sentier sinueux. Je marche derrière lui le cœur battant.
Je m'étais promis d'amener Maya à sa famille et je ne l'ai pas fais...J'aimerai tous de même la revoir ! Ses petites joues rebondies, ses yeux caramels, ses cheveux bruns noués en deux jolies tresses !
Elle me manque...
Nous nous enfonçons de plus en plus dans la forêt qui nous cache du ciel avec ses magnifiques arbres. Je remarque les plusieurs types de fleurs qui jonchent le sol et les bords du sentier. Liserons, jonquilles, pâquerettes, violettes...
La diversité de la végétation me surprend et me plonge dans une fougueuse admiration de la nature.
Aaron s'arrête brutalement et moi toujours rêveuse d'aventures et de contes de fées, je me cogne contre lui me rappelant à la réalité.
"On est arrivés."
Je secoue la tête dans tous les sens, arrivés où ? Il n'y a rien.
Aaron glousse.
"Regarde vers le haut !"
Je suis son instruction et découvre une magnifique cabane suspendu à un tilleul taillé avec précision vers son sommet.
Mon regard s'engouffre sur celle-ci : elle est complètement conçue en bois et est recouverte d'épaisses couches de mousses.
Un escalier de chêne en colimaçon m'invite à escalader les marches.
Aaron me pousse vers celui-ci et m'adresse un sourire bienveillant. Je m'avance doucement, en faisant attention à ne pas écraser les superbes fleurs qui règnent sur le sol avec élégance.
Sur la pointe des pieds, je monte les marches quatre à quatre en observant la vue imprenable sur la forêt. Une vieille porte de marbre reliée à deux murs de branchages imite une entrée de maison traditionnelle d'après les moindres souvenirs de mon enfance.
Je saisis la poignet et entre dans la cabane.
Des centaines de portraits, de peintures, de griffonnages, de figurines de papier recouvrent le parquet où on avait reversé à plusieurs endroits de la peinture.
La senteur du vieux papier embaume mes narines, je m'assois sur un petit pouf qui traîne par là et observe les nombreux dessins à mes pieds.
Des visages fins et délicats sont griffonnés sur de grandes feuilles blanches.
Je trifouille un peu partout et aperçois un bâtiment qui ressemble étrangement à la Cage aux enfers. Je le saisis et plisse les yeux pour admirer les plus fébriles détails.
Quand soudain, à la dernière fenêtre barronée, une petite brunette suspendu au barreau regarde droit devant elle, des étincelles dans les yeux. Mon coeur se serre. Serai-ce bien moi, sur ce dessin ?
Aaron ouvre la porte, des casseroles dans les bras et se plaint d'avoir perdu un certain pinceau appelé "brochette".
Je me dépêche de ranger tous ses croquis et fais mine d'admirer un vase en porcelaine. Aaron me rejoint en s'essuyant des mains pleines de terre et inspecte les lieux d'un air sérieux.
Il ramasse quelques dessins, les pose sur une table, et tombe sur le dessin que j'avais remarqué. Son regard croise le mien et comprend alors qu'il doit m'expliquer.
"Tu la connais ? me demande-t-il, hésitant.
-Cette petite fille...C'est moi..."
Il se fige et plonge ses yeux dans le dessin comme si on le submergeait. Il déglutit longuement et me dit :
" C'est mon père qui la dessiné... Quand j'étais petit nous campions devant ta prison pour la dessiner. Mes parents étaient les directeurs d'un journal rebel et mon père dessinait les illustrations...Pour dénoncer les Lactosiens, nous venions souvent peindre la prison ou en faire des croquis..Voilà tu sais tout..." récita-t-il.
Je pose ma main sur la sienne et noie mes yeux dans les siens.
"Que sont devenus tes parents Aaron ?" le questionnai-je
Il hoquette. Sa main tremble.Ses yeux fixent le sol.
"I-Ils ont été tués... Tués par les Lactosiens...En temps qu'agents de la liberté ils se devaient de protester , mais on les a trahi et ils sont morts..."
Son souffle se coupe et ses épaules frissonnent.
Quelle idiote je fais...Je n'ai pas de coeur...Il a dû en vivre lui aussi, des monstruosités...
"Aaron, j-je suis vraiment désolée...J'ai éprouvé 'une curiosité malfaisante ! Pardonne-moi !"
Honteuse, je me recroqueville et positionne ma tête sur mes genoux. Je pleurs pour lui. Des larmes brouillent mes yeux plissés de honte.
C'est lui qui devrait pleurer, pas moi...Mais je ne peux m'en empêcher...
Soudainement, Aaron caresse délicatement mes doigts et joue avec les pointes de mes cheveux. Je soulève mon visage et observe ses traits fins qui me sourit. Il frotte mes larmes et me demande :
"Fleur, pourquoi pleures-tu ? me dit-il doucement.
-J-Je sais, c'est idiot...Pardon...susurre-je.
-Mais non...Tu as ta bonne raison à toi, personne ne peut y remédier. me réponds-t-il.
Il me comprend tellement bien...Peut-être parce que nous avons vécus des choses qui nous ont rendus plus forts. Peu importe...Nous nous comprenons.
"La vie se n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre comment danser sous la pluie."
Sénèque.
Le chapitre étant terminé, je m'en vais me coucher ! Il est 0:26 quand même hein ! ✨
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