C H A P I T R E 9 - Josef Damste
Rencontre mouvementée
Cela faisait une journée que Josef et Natai marchaient dans la jungle luxuriante de l'Aotearoa. Ils se dirigeaient vers le village maori le plus rapidement possible, mais Josef n'avait pas beaucoup d'endurance et ralentissait donc beaucoup le chef. De plus, aucun chemin n'existait encore et la forêt était donc difficilement praticable.
Épuisé, Josef finit par s'asseoir sur un rocher en prévenant rapidement Natai. Ce dernier, agacé par la lenteur du néerlandais, tentait de lui faire comprendre qu'ils étaient bientôt arrivés et qu'il ne restait plus qu'une heure de marche avant de pouvoir se reposer. Cependant, les deux hommes avaient toujours autant de mal à se comprendre.
Josef, sentant la tête lui tourner, ferma les yeux pour essayer de retrouver un certain équilibre. Entendant les plaintes de Natai, il décida de se lever et de continuer à marcher. Il ne pouvait pas se reposer si l'aborigène continuait à lui hurler dessus !
Plus il avançait, plus les bruits auparavant agréables de la forêt bourdonnaient dans ses oreilles. Il manqua de tomber plusieurs fois, perdant l'équilibre, avant de trébucher sur un caillou. Il s'étala de tout son long sur le sol boueux, l'odeur de terre envahissant ses narines. Il se redressa doucement et aperçut son genou en sang. Il avait sûrement dû heurter un autre rocher. Épuisé, il n'avait ressenti aucune douleur, mais la vue du sang le rappela à l'ordre. Il n'arrivait plus à continuer. Son corps avait atteint ses limites.
Natai revint sur ses pas après avoir entendu le cartographe chuter. Il l'attrapa par les épaules et le hissa avec une facilité déconcertante. Il sentit le jeune homme vaciller tandis qu'il le remettait droit sur ses jambes. Sans crier gare, Josef s'évanouit entre les bras puissants du maori qui écarquilla les yeux d'étonnement. Natai essaya de secouer le petit blond pour le réveiller mais rien n'y fit, il restait mou et inanimé.
Pressé et ayant peur de se faire rattraper par les pakehas, le chef maori hissa le néerlandais sur son épaule droite et repartit d'un pas rapide vers son village.
Il ne lui fallut que trente minutes pour arriver au premier poste d'observation. Il reconnut Eimeo de loin et émit un sifflement pour qu'il le reconnaisse. Le jeune soldat descendit rapidement et alla aider son chef, découvrant ainsi le jeune étranger.
« Est-ce un prisonnier ? s'empressa de lui demander Eimeo.
— Non, c'est un allié. »
Le soldat se tut et observa ce nouveau venu. Faisant au moins une tête de moins que lui et aussi maigre qu'un enfant, il ne comprit pas en quoi il pouvait être un allié. Pourtant, par respect pour son chef, il ne dit rien et l'aida à le transporter jusqu'au centre du village. Tandis que Natai s'occupait d'installer Josef dans sa cabane, Eimeo partit chercher Aroha, Ivoa et Marama.
Le chef maori allongea le jeune Néerlandais sur une natte et tenta à nouveau de le réveiller. Il lui mit quelques claques afin de le stimuler, ce qui fonctionna assez rapidement. Le blond se réveilla en sursaut et ouvrit grand les yeux. La première chose qu'il vit fut le visage plissé de Natai. Il analysa ensuite rapidement l'endroit où il était. Il comprit qu'il était dans un abris fait de bambous, au toit plutôt bas. Il y faisait sombre et seul un carré de lumière, la porte, éclairait les deux hommes. Une odeur de poisson flottait dans l'air, lui faisant comprendre qu'il était près de la mer.
Alors que Josef allait parler, un groupe de personnes entra en trombe dans la cabane. À sa tête, une jeune femme. Le jeune Néerlandais eut les idées claires pendant une minute, le temps d'analyser l'apparence de la maorie. Ses longs cheveux noirs ondulaient légèrement et encadraient sa poitrine généreuse. Ses lèvres épaisses et légèrement marrons étaient pincées, signe de son agacement. Son visage d'une pureté extraordinaire reflétait son inquiétude et son énervement. Josef était frappé par la beauté de cette jeune femme, mais ce n'était pas le plus marquant. Ce qui le fit frissonner, ce fut le regard de la maorie. Ses yeux bruns entourés de longs cils noirs le fixaient d'un air menaçant. Il sentit que cette femme n'était pas n'importe qui.
« Que fait-il ici ? s'exclama-t-elle, s'adressant à son père.
— Calme-toi, Aroha ! Il nous a aidé, Ivoa et moi. C'est un homme bon. »
La jeune femme fixa son père, puis son frère. Elle ne savait qui croire.
« Ce n'est pas ce qu'Ivoa m'a dit. Comment peux-tu faire confiance à un inconnu ?
— Je vais tout t'expliquer, hine, mais il faut d'abord qu'il voit Amiria. »
Aroha plissa le front, ne sachant que faire. Natai était toujours son chef, en plus d'être son père, mais elle doutait de son jugement.
De son côté, Josef se redressa pour mieux observer la scène. Décelant son geste, la jeune femme s'approcha de lui, sortant un poignard de derrière son dos.
« Bouge encore et je t'égorge ! s'exclama-t-elle, ignorant le fait que Josef ne la comprenait pas. »
Le jeune néerlandais, terrifié et fasciné par cette femme, se stoppa net. Derrière elle, il reconnut Ivoa, un air mauvais sur le visage. Les deux hommes ne s'appréciaient pas mais Josef espérait qu'il se souvienne qu'il avait trahi son peuple pour les sauver, lui et son père. À sa droite, une femme, sa main posée sur son coeur, le fixait avec incrédulité. Le jeune homme ne put s'empêcher de remarquer le tatouage qui habillait son menton et écarquilla les yeux. Il n'avait jamais vu cela. Il jeta un regard à son soi-disant allié pour évaluer la situation. Il essaya alors de se souvenir de quelques mots maoris pour rassurer celle qui le menaçait.
« Mākoha ! lança-t-il en se désignant du doigt. »
La paire d'yeux bruns le fusilla. Il tendit alors sa paume devant lui dans un geste de paix. Puis il tenta d'esquisser un petit sourire.
« Josef, se désigna-t-il, réitérant l'expérience qu'il avait faite à sa rencontre avec Natai et Ivoa. »
Avant qu'il ne puisse ajouter quoique ce soit d'autre, il vit avancer cette déesse d'un pas décidé, brandissant son poignard devant elle. Il essaya de se protéger du mieux qu'il le put, mais il sentit quelque chose s'abattre sur l'arrière de son crâne. Sonné, il toucha le sang qui commençait à tâcher sa chevelure blonde avant de s'évanouir sous les yeux menaçants des maoris.
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L E X I Q U E :
Aotearoa : nom maori désignant la Nouvelle Zélande.
Pakehas : étrangers
Hine : ma fille
Mākoha : gentil
N D A :
Bonsoir !
Voici enfin la rencontre entre Josef et Aroha.. Je sais que vous l'avez beaucoup attendu ! Alors, qu'en pensez-vous ? ;)
Pas très accueillante notre petite Aroha, hein !
C'est un chapitre vraiment court aujourd'hui, j'en suis désolée ! J'espère qu'il vous plaît quand même :)
Je voulais juste faire un petit point histoire ici. Dans ma fiction, les britanniques arrivent quelques mois après les néerlandais en Nouvelle Zélande. Mais ce n'est pas ce qu'il se passe dans la réalité, les britanniques (avec James Cook), arrivent plus d'un siècle après les néerlandais. Je n'en connais pas la raison, mais c'est comme ça x)
Je pense changer ça dans la réécriture, mais pour l'instant, voilà, je voulais que ça soit clair :)
Bisous, Clara <3
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