C H A P I T R E 32 - Aroha

Règlement de comptes

Aroha n'avait jamais vu Josef dans un tel état. La déception et la haine dans son regard l'avaient choquée, ne croyant jamais voir cette facette de son mari. Elle ne pensait même pas qu'une telle part de sa personnalité puisse exister.

Bien sûr, elle comprenait sa réaction qui était légitime. De plus, elle ne pouvait s'empêcher de repenser au magnifique sourire qu'il avait fait lorsqu'elle lui avait annoncé sa grossesse. Elle savait d'ores et déjà qu'il allait être un père formidable. Ceci étant s'il acceptait l'enfant...

Elle décida de suivre son mari pour l'empêcher de faire une bêtise. S'il avait décidé de régler ses comptes avec Eimeo, il risquait de se blesser gravement. Même si le soldat était avant tout pacifique lors de ce genre de conflits, il pouvait ne pas faire preuve de patience à l'égard du mari de son grand amour.

Cependant, ce qui inquiétait le plus Aroha, c'était qu'Eimeo apprenne sa grossesse de la bouche de Josef. Elle voulait lui annoncer elle-même, lui faisant clairement comprendre que Josef serait le père coûte que coûte.

La jeune femme sortit de son habitation et marcha vers la cabane d'Eimeo, à la lisière de la forêt. Elle hâta le pas lorsqu'elle entendit la voix de Josef, visiblement énervé, hurler le nom du soldat. Elle arriva après ce qui lui sembla des heures devant une scène qu'elle craignait depuis son mariage avec Josef.

Le jeune Néerlandais, le visage rougi par l'énervement, posa un doigt accusateur sur le torse du soldat. Aroha s'approcha pour écouter leur échange, espérant qu'il ne tourne pas à la violence.

— Tu vas rester loin d'Aroha jusqu'à la fin de ta vie, c'est compris ? Ne lui parle pas et ne la regarde même pas ! 

Eimeo, visiblement surpris par le changement de comportement de Josef, haussa les sourcils et se pinça les lèvres. Il avait pris beaucoup de distance avec Aroha depuis son mariage et il considérait avoir respecté leur couple. Alors, voyant que Josef le provoquait du regard, le soldat attrapa son doigt et le tordit légèrement pour lui faire comprendre qu'il ne faisait pas le poids contre lui.

Le Néerlandais ne broncha pas, ignorant sans doute la douleur qui se répandait dans ses phalanges.

— Tu n'as pas d'ordre à me donner, marmonna Eimeo, essayant de contenir sa colère.

— Je suis le mari de la cheffe de tribu alors j'ai le droit de tout faire pour protéger ma famille, répliqua Josef, de plus en plus rouge. 

Eimeo recula, analysant les paroles de son adversaire. Puis, il la vit. La jeune femme, jusqu'alors spectatrice impuissante de cette dispute, s'avança.

— Josef, s'il te plaît, il faut qu'on parle que tous les deux. 

Le concerné se retourna brusquement vers elle, la fusillant du regard. Les yeux bleus tempête de son mari lui serrèrent le cœur.

— Ne te mêle pas de ça, Aroha, répondit-il sèchement.

— Je suis la principale concernée ! s'exclama-t-elle, piquée par les paroles de son mari. 

Elle s'avança encore plus et s'interposa entre les deux hommes. Elle fit dos à Eimeo, plongeant son regard dans celui, meurtri et énervé de Josef.

— Que se passe-t-il, Aroha ? demanda alors le soldat, posant une main rassurante sur son épaule. 

Considérant ce geste comme inadmissible, Josef écarta sa femme et fixa Eimeo dans les yeux.

— Je t'ai dit de ne pas la toucher, le menaça-t-il entre ses dents. 

Sans attendre une réponse de la part du soldat, le jeune Néerlandais lui lança un poing dans la figure. Ses phalanges se heurtèrent à la mâchoire solide du soldat et il sentit un craquement inquiétant dans sa main.

Se reculant d'un geste, Josef gémit en serrant sa main contre lui. Sa femme se précipita vers lui, tentant d'examiner les dégâts.

Eimeo, quant à lui, se frottait doucement la joue rougie par l'impact du Néerlandais. Ses yeux cherchèrent ceux d'Aroha, espérant une explication à la soudaine folie de son mari.

— Aroha, est-ce que tu vas finir par me dire ce qu'il se passe ? s'exclama le soldat, perdant patience face au silence prolongé de la jeune femme. 

La concernée ne répondit rien, se contentant de caresser doucement la main blessée de son mari. Josef, se laissant à moitié faire, prit alors la parole.

— Si elle ne veut pas te répondre, c'est qu'elle a de bonnes raisons ! 

Eimeo soupira bruyamment, sa colère montant de plus en plus. Il désirait plus que tout remettre cet incapable à sa place.

Alors qu'il commençait à s'approcher de lui, prêt à lui régler son compte, Aroha fit volte-face et planta ses yeux aussi noirs que la nuit dans ceux d'Eimeo.

— Je suis enceinte. 

Le soldat recula brusquement, heurté par cette annonce. Son visage devint étrangement pâle tandis qu'il fixait tour à tour Aroha et Josef. C'était donc pour cela que le Néerlandais s'en prenait à lui. Aroha était enceinte et l'enfant était peut-être de lui !

Une euphorie incontrôlable s'insinua dans le corps d'Eimeo. Il était possiblement père d'un enfant qui serait le fruit d'une vraie relation amoureuse non forcée. Alors que le soldat commençait à sourire, Josef se dégagea de l'emprise d'Aroha pour se planter, à nouveau, devant lui.

— Souris encore plus et je te jure que je te tue ! 

Choquée par ces paroles, Aroha tira son mari par le bras pour le ramener vers elle. Elle s'insinua entre les deux hommes et fit face à Eimeo.

— Je suis désolée que tu l'apprennes ainsi. Mais, si mon enfant est de toi, Josef sera celui qui l'élèvera et l'aimera comme son propre fils. 

Tandis que l'information faisait son bout de chemin auprès d'Eimeo, Josef sentit son cœur accélérer. Aroha venait, une bonne fois pour toutes, de le choisir. Un soulagement presque égoïste l'envahit. Il put voir le visage de son rival se décomposer, visiblement sous le choc de l'annonce d'Aroha. La cheffe, quant à elle, sentit ses joues chauffer. Cette situation lui brisait le cœur mais elle n'était plus la seule à être impactée par ses décisions, elle devait à présent penser à son enfant. Avoir un père illégitime n'était pas la meilleure façon pour lui de grandir, surtout en tant que futur chef de tribu.

Aroha savait qu'elle avait pris la bonne décision. Cependant, elle n'aurait jamais cru en souffrir autant.

Alors que tout le monde semblait se calmer, Ivoa, ayant entendu des cris, s'approcha du trio.

— Que se passe-t-il ici ? 

Il regarda à tout de rôle Aroha, Josef et Eimeo. Il remarqua la joue qui commençait à virer au bleu du soldat et la main légèrement saignante de son beau-frère. Enfin, il aperçut l'air dévasté de sa sœur qui se tenait entre les deux hommes.

— Aroha ? insista Ivoa.

— Nous en parlerons une autre fois, Ivoa. Nous devons tous aller à ton mariage ! s'exclama la jeune cheffe, tentant de prendre un air enjoué. 

Le frère fronça les sourcils, peu convaincu de ce changement d'attitude. Mais, son mariage étant dans à peine deux heures, il décida d'oublier momentanément les problèmes de sa sœur pour se concentrer sur son propre bonheur.

— Ce n'est pas avec cette tête et cette main que vous allez venir à mon mariage ! s'exclama-t-il, exaspéré. Josef, viens avec moi, nous allons voir Amiria. Aroha, va te préparer avec maman et Moana. Et toi, Eimeo, va aider Poeti, s'il te plaît. 

La jeune cheffe observa son frère arranger la situation sous ses yeux. Elle n'en avait pas la force aujourd'hui. Elle posa discrètement sa main sur son ventre, tentant de se rassurer et d'envoyer de l'amour à son futur enfant, mais la violence de la scène à laquelle elle venait d'assister lui avait donner la nausée.

Elle fut dont la première à quitter le petit groupe pour se diriger vers la cabane de ses parents, espérant de tout cœur trouver du réconfort auprès de sa propre mère. 

____

Bonsoir tout le monde ! 

ça fait un petit moment que je n'ai pas publié... Je m'en excuse, vraiment ! La plupart d'entre vous le sait, j'avais des partiels et mes dernières semaines de cours ont été assez intenses avec beaucoup de dossiers à rendre et des oraux. Je suis donc en vacances ! Je vais essayer d'accélérer la publication d'Aroha pour rattraper un peu mon retard :). 

Mais, en ce qui concerne ce chapitre, qu'en avez-vous pensé ? Personnellement, je ne suis pas trop satisfaite... J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche mais je ne sais pas quoi exactement donc n'hésitez pas à me dire si vous sentez que quelque chose ne va pas ! 

Gros bisous, Clara <3


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