C H A P I T R E 3 - Josef Damste

An-dre-as

Cela faisait quelques heures que Josef et son équipe étaient rentrés au camp de fortune de leur délégation sur la plage. Quand ils étaient revenus de la jungle, les membres de leur équipage furent tous choqués de les voir accompagnés de deux montagnes de muscles couverts de tatouages étranges sur le corps. Pendant un instant, ils avaient eu la crainte d'être attaqués par un peuple autochtone, ayant peur que leurs pairs aient été faits prisonniers.

Josef, heureux d'avoir découvert un peuple, avait aussitôt fait les présentations. Les deux étrangers inspiraient énormément de curiosité aux néerlandais. Ils analysaient la peau mate de Natai et Ivoa, leurs yeux légèrement en amande et les dessins qui recouvraient les parties les plus musclées de leurs corps. Les deux maoris ne se sentaient pas à l'aise au milieu de ce peuple étrange, mais Natai pressentait qu'ils pouvaient leur apporter beaucoup de richesses. Ivoa, lui, les trouvait ridicules. Habillés de fanfreluches et de tissus aux couleurs criardes, ils ne se fondaient pas du tout dans le paysage. Leur langue était également étrange pour lui, très gutturale et dure. Le jeune homme ne savait pas du tout d'où ils venaient, mais il ne les appréciait déjà pas.

Le jeune cartographe abandonna ses deux nouveaux compagnons et fila dans la tente de l'un de ses plus proches amis. Andreas van Alphen était un linguiste reconnu dans toute l'Europe. Polyglotte et amoureux des lettres, il maîtrisait huit langues. Il avait accompagné de nombreux colons en Afrique pour déchiffrer les différents dialectes des tribus. Josef espérait que son ami allait l'aider à comprendre Natai et Ivoa. Le jeune néerlandais était persuadé que ces deux hommes pouvaient leur apporter de nombreuses connaissances sur les plantes, les animaux et surtout sur le continent qu'ils venaient de découvrir.

« Andreas ! Nous venons de découvrir un nouveau peuple ! s'exclama Josef en entrant dans la tente du linguiste. »

Le concerné leva brusquement la tête et posa son regard noisette sur son jeune ami. Il savait que Josef était un grand optimiste et un rêveur absolu, mais il lut sur son visage qu'il disait la vérité. Andreas recoiffa sa moustache noire bien taillée par réflexe et se leva en se raclant la gorge. Il abandonna la traduction d'un texte en espagnol pour s'approcher du cartographe.

« C'est une langue inconnue ? demanda-t-il de sa voix rauque, abîmée par le tabac qu'il fumait à longueur de journée.

— Oui ! Je ne saurais te dire à quoi elle ressemble, mais ça m'a l'air très joli. Nous sommes tombés sur deux hommes, Natai et Ivoa. Ils ont l'air très coopératifs et je suis sûr qu'ils ont beaucoup de choses à nous dire ! »

Andreas fut immédiatement convaincu. Il attrapa sa pipe, l'alluma rapidement et sortit de sa tente, Josef sur les talons. Il aperçut très rapidement les deux étrangers. Ils étaient tous les deux vêtus d'un pan de tissu autour de la taille, ce qui semblait visiblement suffisant en ce mois de janvier. Les températures sur cette terre en cette période étaient l'équivalent des températures estivales en Europe. Le soleil faisait luire la peau sombre de Natai et Ivoa, mettant en valeur leurs magnifiques tatouages constitués d'animaux et de formes géométriques en tout genre.

Andreas s'approcha d'eux, rapidement intimidé. Il confia sa pipe à Josef et tendit sa main désormais libre aux deux maoris. Ces derniers le regardèrent, intrigués.

« Très bien, ils ne connaissent pas nos principes de civilisation. C'est vraiment un nouveau peuple ! Bravo, Josef ! »

Ce dernier sourit, toujours étonné par les pratiques curieuses et les déductions hâtives de son ami.

« Ils ont sûrement une autre façon de dire bonjour, se contenta de répondre le jeune cartographe.

— Oui, bien sûr, je n'en doute pas ! »

Andreas s'inclina alors devant eux, essayant une nouvelle technique. Puis, il se présenta, posant une main contre son torse.

« An-dre-as, dit-il en insistant sur chaque syllabe. »

Les deux maoris comprirent sa démarche et se mirent à rire, répétant le prénom du linguiste de façon ridicule. Josef ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en voyant son ami rougir de honte. Le cartographe avait compris que ces deux hommes étaient loin d'être stupides, mais Andreas n'avait peut-être pas encore tiré cette conclusion.

« Ils ont l'air d'avoir le sens de l'humour, s'amusa Josef pour taquiner son ami. »

Andreas fit un petit sourire forcé et se reconcentra sur les deux montagnes de muscles. Natai comprit visiblement qu'il essayait de communiquer avec eux, il prit donc la parole.

« Kei te koa au ki te tûtaki i a koe. »

Josef ouvrit grand les yeux, ne comprenant rien à ce que venait de dire Natai. Andreas, de son côté, se contenta de froncer les sourcils.

« Je suppose que c'est une formule de politesse, murmura-t-il pour lui-même. »

Voyant qu'il ne lui était d'aucune aide, Josef décida de rejoindre son capitaine pour parler du futur de leurs nouveaux invités sur le camp. Assis à un bureau sous sa tente, Abel écrivait dans le journal de bord. Il venait de détailler leurs récentes aventures sur plusieurs pages afin que rien ne soit perdu. Josef attendit que son capitaine ait fini pour lui parler.

« Je voulais vous demander ce que nous allions faire de Natai et Ivoa. Je suis persuadé qu'ils peuvent nous apporter beaucoup de connaissances !

— Moi aussi, Josef. Mais, les français ou les anglais vont bien finir par trouver cette terre. Et quand ils arriveront, ils voudront savoir où se trouvent les minéraux précieux. Il faut donc que nous omettions l'existence de ce peuple si nous voulons garder notre avantage. Les Provinces-Unies sont la plus grande puissance d'Europe en ce moment, nous devons le rester.

— Je ne sais pas si Andreas aura appris assez de leur langue d'ici là. Comment arriverons-nous à leur faire comprendre cette situation dans ce cas-là ? s'inquiéta Josef. »

Abel soupira. Il savait que tout cela était risqué. Mais, ces deux hommes pouvaient aider la république des Provinces-Unies à affirmer leur position de dominance en Europe. Pour cela, il ne fallait pas que les français ou les anglais mettent la main sur ce peuple. Mais comment allaient-ils expliquer à ces autochtones à qui il fallait vraiment faire confiance ?

« Je ne sais pas, Josef. C'est ce qui m'inquiète le plus. »

_____

L E X I Q U E

Kei te koa au ki te tûtaki i a koe : Heureux de faire votre connaissance 

N D A : 

Bonjour ! 

Tout d'abord, bonne année 2018 ! J'espère que vous avez passé de beaux moments en famille ou entre amis et que vous entamez cette nouvelle année avec le sourire :). 

Nous retrouvons notre petit Josef aujourd'hui, ainsi qu'un nouveau personnage : Andreas. Que pensez-vous de lui ? 

Pour la phrase en maori dans le texte, je ne l'ai pas traduite juste après parce que je voulais garder un peu de suspense (pour rendre la scène un peu plus drôle). 

A un moment, je dis qu'ils ont découvert un continent. Ce n'est pas une erreur de ma part, oui la Nouvelle Zélande est composée de deux îles, mais nous sommes dans la tête des néerlandais ici et ils pensaient avoir découvert l'autre côté de l'Amérique (donc un continent). 

N'hésitez pas à me donner votre avis sur cette histoire, j'espère vraiment qu'elle vous plaît :)

Bisous, Clara <3

PS : La photo de cette partie représente Cathedral Coves, une plage dans l'île du Nord de la Nouvelle Zélande où j'ai eu la chance d'aller !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top