C H A P I T R E 29 - Josef Damste
Sans failles
Il faisait nuit quand Aroha et Ivoa revinrent au village. Les ongles de Josef avaient totalement disparus, ayant été rongés toute la journée. Le jeune homme avait redouté cette journée à partir du moment-même où son beau-frère lui en avait parlé la veille. Savoir que sa femme retournait auprès de l'homme qui avait voulu la marier de force à son fils l'inquiétait énormément. Et puis, il se souvint qu'elle avait dû l'épouser sous la contrainte et il s'en voulut d'avoir eu de telles pensées.
Même après cette soirée magique qu'il venait de passer avec Aroha, le jeune Néerlandais ne pouvait s'empêcher de ressentir une culpabilité plus ou moins pesante à l'égard de sa liberté capturée. Il avait l'impression d'être le geôlier de sa propre femme alors qu'il ne souhaitait que son bonheur.
Bien sûr, elle commençait petit à petit à s'ouvrir... mais combien de temps cela allait-il durer ? L'envoyer voir son ennemi pour offrir son frère à marier n'était pas la chose qui allait la mettre dans les meilleures conditions pour construire une vie à deux.
Alors, quand Josef vit sa femme arriver ce soir-là, il ne put s'empêcher de remarquer ses sourcils froncés. Il savait que quoique fût sa décision, elle avait été dure à prendre. Il devait se montrer comme un soutien pour elle et espérait de tout cœur qu'elle ne lui tiendrait pas rigueur de cette nouvelle épreuve qu'il lui imposait.
Quand leurs yeux se rencontrèrent, le regard d'Aroha s'adoucit légèrement. Le cœur de Josef eut un raté, comme à chaque fois qu'il voyait sa déesse. Il semblait surpris de sa beauté et de sa prestance chaque jour. La jeune cheffe s'approcha de lui et lui déposa un léger baiser sur la joue tandis qu'Ivoa se tenait en retrait, visiblement perturbé par cette journée. Que s'était-il donc passé ?
— Je vais rassembler tout le monde pour leur raconter ce que nous avons décidé avec Ivoa. Est-ce que tu peux aller chercher mes parents et Moana, s'il te plaît ?
Le jeune homme acquiesça et se dirigea vers la maison de sa belle-famille, sans vraiment y penser. Il n'en pouvait plus d'attendre. Il voulait savoir si sa négociation avec les Néerlandais avait vraiment causé la perte de cette tribu. Il avait besoin de savoir s'il avait raison de se sentir coupable.
En quelques minutes, tout le monde fut rassemblé autour d'Aroha et de son frère. Leurs parents ainsi que leur jeune sœur étaient parmi la foule, écoutant leur cheffe.
— Comme vous le savez tous, mon mari Josef a négocié avec les nouveaux arrivants pour former une alliance avec eux. Il y a quelques mois, nous avons reçu des menaces de la part de la tribu d'Ari et nous avons jugé important de nous protéger. Cependant, pour établir cette alliance, nous avons dû faire face à une condition difficilement acceptable. Pour ne pas nous faire attaquer des intrus, nous devons les aider à former une colonie en leur offrant des femmes de notre tribu.
Cette dernière phrase fut accueillie par de nombreux murmures paniqués. Les membres de la tribu n'étaient pas au courant de tous ces faits politiques qui s'étaient déroulés récemment. Ils avaient juste cru avoir scellé une alliance lors du mariage entre leur cheffe et l'intrus qu'était Josef. Mais ça n'avait été qu'à moitié le cas...
Le jeune Néerlandais fixa son regard à celui d'Aroha et tenta de lui transmettre tout le soutien dont il était capable. Elle lui fit un faible sourire avant de reprendre son air sérieux.
— Nous ne voulions pas en arriver là. Nous avons donc décidé d'aller à la rencontre d'Ari aujourd'hui pour tenter de créer une alliance avec lui. Pour cela, Ivoa s'était porté volontaire pour épouser l'une de ses filles.
Josef entendit un cri d'étonnement. Il tourna la tête et aperçut Poeti, la jeune sœur d'Eimeo. La jeune femme avait couvert sa bouche de sa main droite, visiblement choquée par l'annonce. Ivoa n'avait pas dû la prévenir avant de partir. L'ancien amant de sa femme l'attrapa par les épaules pour la soutenir, les sourcils froncés et les yeux rivés sur Aroha. Le frère de cette dernière, quant à lui, fixait le sol, imperturbable.
— Nous avons rencontré la fille ainée d'Ari, Hera, qui était d'accord pour épouser Ivoa. Cependant, Ari avait une autre condition.
Aroha ferma les yeux un instant et déglutit. Les battements du cœur de Josef s'accélérèrent. Quelle était cette condition ? Avait-il exigé d'Aroha qu'elle renonce à son mariage avec lui et qu'elle épouse Anaru ? Josef porta ses doigts à sa bouche, se rongeant le bout des doigts jusqu'au sang.
— Il... la jeune femme se racla la gorge avant de continuer. Il voulait que Moana épouse Anaru.
Cette annonce eut un effet foudroyant sur l'audience. Natai et Marama furent les plus surpris. L'ancien chef posa sa main sur l'épaule de sa plus jeune fille et la serra contre lui tandis que sa femme attrapait sa main encore minuscule. La principale concernée ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait, mais l'inquiétude ambiante lui fit monter les larmes aux yeux.
— J'ai dû prendre une décision, et j'en prends l'entière responsabilité. Je ne peux pas autoriser Ari à marier ma sœur qui n'est même pas encore une femme à un homme bien plus âgé. Nous allons donc accepter la condition des intrus.
Un murmure mitigé traversa les membres de la tribu. Certains étaient d'accord avec Aroha, jugeant la condition d'Ari inacceptable, tandis que d'autres s'indignaient de sa décision. Josef vit de nombreuses femmes fondre en larmes, comprenant que leur destin était scellé contre leur volonté. Il sentit toute cette tristesse et cette colère au plus profond de lui-même et ne put s'empêcher de se dire que, oui, sa culpabilité était justifiée.
— Si des femmes sont volontaires pour cette nouvelle vie, venez me voir. Sachez que je veillerai personnellement à ce que chacune d'entre vous soit traitée avec respect. Sinon, nous romprons l'alliance et nous ferons la guerre s'il le faut.
Les mots d'Aroha était remplis de détermination. Quand il la voyait ainsi, Josef ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était littéralement née pour être cheffe. Une admiration sans faille envahit son cœur. Il savait que sa femme avait eu un choix impossible à faire à cause de lui mais il voyait dans son regard qu'elle ne lui en voulait pas.
Malgré toutes ces épreuves, il sentait Aroha de plus en plus proche de lui. Il savait qu'elle était la femme de sa vie. Et il souhaitait de tout son cœur qu'il soit l'homme de sa vie.
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Bonsoir !
C'est en cette heure très tardive que je vous poste ce court chapitre... Il n'y a pas vraiment d'action, pas trop de nouvelle intrigue... Disons que c'est un chapitre transition.
Autant vous le dire tout de suite, les choses vont s'accélérer. Il ne reste qu'une dizaine de chapitres avant la fin et celui-ci est le dernier "de transition".
Donc accrochez-vous bien parce que vous n'êtes pas prêts pour ce qui va venir et ça va commencer dès le prochain chapitre ! (ça va, je tease bien ma suite ?)
Je n'ai pas vraiment de questions pour vous, ce chapitre est pas tip top donc... donnez moi vos prédictions pour la suite, que je vois si je suis trop prévisible ou non ! Voyez loin, n'ayez pas peur ;)
Gros gros bisous, Clara <3
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