C H A P I T R E 27 - Aroha

Je t'aime

Aroha attrapa un caillou dans le sable et le lança rageusement dans la mer dans un cri étouffé. Comment avait-il pu ? Son mari était un naïf manipulable à qui on ne pouvait pas faire confiance. Son seul rôle avait été de négocier avec son peuple. La seule raison pour laquelle la jeune femme avait accepté de se marier avec lui avait été pour sa position auprès des intrus. Elle avait cru en lui. Elle avait commencé à l'accepter, à imaginer une possible vie avec lui.

Il avait tout gâché. Il était faible.

— Idiot ! s'exclama-t-elle.

— Tu ne parles pas de moi, j'espère ? 

Aroha reconnut sa voix directement. Elle se retourna, surprise. Des frissons lui parcoururent le corps dès que son regard rencontra le sien. Cela faisait des jours qu'elle ne l'avait pas vu.

— Non, bien sûr que non, répondit-elle en effectuant un petit sourire gêné. 

Les battements de son cœur s'accélérèrent mais elle se sentait étonnement calme en sa présence.

— Tant mieux, murmura Eimeo en admirant l'horizon. 

La jeune femme se détourna et fit de même. Elle éprouvait toujours le même besoin de se tourner vers la mer quand elle devait évacuer ses émotions. Le doux son des vagues l'apaisait et l'eau fraiche lui caressant les chevilles venait laver toutes ses pensées négatives.

— Je suis vraiment désolé d'avoir tout raconté à Poeti, reprit Eimeo. Et je suis désolé de ce qu'elle t'a fait... Je me suis assuré que cela ne se reproduirait plus.

— Je sais très bien me défendre toute seule, se contenta de répondre la jeune femme. 

Son corps près du sien, Aroha sentit le maori tendre ses muscles. L'avait-il mal pris ?

— J'en suis conscient. Je ne sais pas ce qu'a fait ton mari, mais je suis sûr qu'il doit le regretter. 

Le mot « mari » sonnait bizarrement dans sa bouche. Pendant des mois, elle avait imaginé Eimeo comme son mari, pour au final se sentir gênée de sa présence. Cette idée lui paraissait désormais étrange. Elle pensa alors à Josef et revit les traits de son visage tirés ainsi que son regard peiné lorsqu'il leur expliquait la situation plus tôt. Elle soupira. Sa colère avait une fois de plus pris le dessus sur la raison. Le jeune homme avait montré de nombreux signes d'intérêt et d'affection envers Aroha et son peuple et il lui paraissait stupide qu'il ait fait exprès de les mettre dans cette situation. Il avait dû faire de son mieux.

— Je sais qu'il le regrette, déclara-t-elle sur un ton presque attendri. 

Elle revoyait les yeux bleus de son mari avoir pris une teinte presque grise quand il avait commencé à parler. Pourquoi avait-elle douté de lui alors que son être entier respirait la sincérité ?

Le grand brun se racla la gorge, visiblement surpris par l'attitude changée d'Aroha.

— Je... Aroha, je n'arriverai jamais à t'oublier. 

La jeune femme releva brusquement la tête vers lui, ne s'attendant pas à une telle déclaration.

— J'ai essayé. Vraiment. Mais c'est indéniable, je t'aime de tout mon cœur. Tu es la première et la dernière femme que j'aimerai. 

Aroha sentit un frisson parcourir son corps de part en part. Les yeux noirs et brillants d'Eimeo la fixaient avec tendresse et dévotion, tout comme le faisait Josef. Ne réfléchissant pas, elle s'avança vers lui et sentit son odeur animale qui l'avait fait chavirer tant de fois. Interprétant les gestes de la jeune femme, le soldat se pencha vers elle et captura son menton de ses doigts puissants.

Alors qu'il était sur le point de l'embrasser, la jeune cheffe posa une main sur son torse et effectua une petite pression pour le repousser.

— Je suis une femme mariée, Eimeo. Je suis très touchée par ce que tu me dis, et tu sais que tu es mon premier amour également. Mais... Je ne peux pas te garantir que tu seras le dernier homme que j'aimerai. 

Ne s'attendant pas à ce rejet, le maori recula brusquement, interrompant leur promiscuité. Il sentit presque la présence de Josef entre eux, les séparant.

— Je comprends. 

Leurs yeux se trouvèrent. Elle y voyait beaucoup d'incompréhension et de douleur. Elle ressentit une petite pointe au cœur en comprenant qu'elle était la cause, à nouveau, de son malheur. Étonnement, elle ne le ressentait pas, ce malheur. La jeune femme avait compris quelque chose d'essentiel sur elle-même ainsi que sur son couple. Elle ne pouvait plus être une rebelle maintenant. Elle était une femme, une vraie, elle le sentait au plus profond d'elle-même. Et elle devait agir en tant que tel, avec tendresse et sagesse.

— Aroha ? 

La voix hésitante de Josef interrompit leur contemplation mutuelle et elle se tourna vers son mari. Calmée et étrangement apaisée par cette confrontation, Aroha fit un petit sourire rassurant au nouveau venu. Avant que l'un des hommes ne reprenne la parole, la cheffe se dirigea vers Josef et lui attrapa la main pour le guider jusqu'à leur petite maison.

— Tout va bien ? demanda le Néerlandais, visiblement inquiet par la situation.

— Oui. 

Une fois rentrés, le jeune blond se tint debout, observant chaque geste de sa femme. Allait-elle lui crier dessus ? Le frapper ? Ou juste l'ignorer ? Aroha se contenta de s'asseoir. Elle lui fit un geste pour l'inviter à le rejoindre.

— Je suis désolée d'être partie comme ça tout à l'heure. Je t'en voulais beaucoup et je croyais que tu n'avais pas fait le maximum pour nous sauver. Mais... en parlant avec Eimeo, j'ai compris qu'on fait les choix que l'on pense être les meilleurs pour nous ou pour d'autres personnes... Et je sais que tu as fait de ton mieux et que s'ils t'ont donné cette condition, c'est qu'il n'y a pas d'autre solution d'éviter une attaque de leur part. 

Après avoir fait son petit monologue, la jeune femme observa Josef. Ce dernier, visiblement choqué par son accès de sagesse, s'assit à côté d'elle et laissa quelques larmes couler. Le gris de ses yeux s'échappait, laissant place à un bleu mer réconfortant.

— J'ai vraiment essayé, sanglota-t-il. Je ne voulais pas que ces femmes se retrouvent dans ta position, obligées à se marier à quelqu'un qu'elles n'aiment pas... 

Touchée par ses propos, Aroha posa une main sur la joue humide du blond. D'une légère pression, elle le fit s'allonger sur ses genoux et caressa doucement ses cheveux fins.

— Il est vrai que j'avais l'impression d'être prisonnière de mes propres choix au début. Mais, je ne me suis jamais sentie en danger avec toi. J'ai compris avec le temps que tu n'étais rempli que de bonnes intentions. 

Josef prit doucement la main de sa femme et l'apporta à ses lèvres pour y déposer un baiser rempli de tendresse.

— Je suis contente que tu sois revenu, même si ce n'est pas forcément avec de bonnes nouvelles. 

Le Néerlandais se releva, tenant toujours la main d'Aroha précieusement. Il plongea ses yeux habités d'un nouvel éclat dans ceux, étrangement illuminés, de sa femme.

— Je t'aime, murmura-t-il. 

Au lieu de ressentir du dégout, comme cela aurait été le cas quelques jours plus tôt, la jeune cheffe sourit.

— Je suis fière d'être ta femme, répondit-elle. 

____

Bonjouuuur ! 

Est-ce que la team Eimeo est là pour me tuer ? Je crois bien x)

On l'avait pas vu depuis longtemps notre Eimeo chéri et voilà qu'il se prend un vent... Je suis vraiment méchante avec lui, alors que je l'adore, je vous jure ! 

Mais bon, notre Josef en a vu de toutes les couleurs aussi... 

Que pensez-vous de l'évolution d'Aroha et de ses choix ? 

Que pensez-vous de la petit déclaration d'Eimeo ? Est-ce qu'il aurait dû ? 

Que pensez-vous de la nouvelle attitude d'Aroha face à Josef ? 

C'était un petit chapitre calme avant le retour aux problèmes, j'espère que vous en avez profité ! ;)

Merci de votre lecture ! 

Bisous, Clara <3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top